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Patrick MBEKO : Une valeur sûre ! Très belle Analyse ..

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Message  Libre Examen 3/3/2016, 3:53 am

On nage en plein théorie de l'irresposabilisme.
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Message  Libre Examen 3/3/2016, 4:13 am

El-Shaman a écrit:Ceux qui sont contre le paradigme ,ou la vision Africaine de voir le monde et joue la carte Mobutu pour nous démontré que Mobutu avait cette vision,et pourtant il n'avait rien fait. Je n'ai pas besoin d'apprendre à ceux-là que Mobutu n'avait rien d'un panafricaniste.Il avait juste de très bon discours pour séduire les nationaliste Africain et Lumumbiste.Nous pouvons comparer les discours de Mobutu sur l'Afrique au discours de J. Kabila Kabange en ce qui concerne l'enseignement. Lors de son investiture le 20 septembre 2011  Kabila avait dit ceci :
[...] S'agissant du secteur de l'éducation,le quinquennat que nous inaugurons ce jour sera marqué par une forte réduction du taux d'analphabétisme ; l'effectivité de la gratuité de l'enseignement primaire et de la bourse d'études pour les finalistes du cycle supérieur et universitaire,l'augmentation du taux de scolarisation des enfants;l'amélioration de la qualité de l'enseignement ; une plus grande professionnalisation de celui-ci ; la poursuite de la construction et la modernisation des infrastructure scolaire,pour permettre à notre jeunesse d'étudier dans des conditions décentes ; et la réforme de l'enseignement supérieur et universitaire,de manière à l'aligner sur les standards internationaux."
Un très bon discours comme vous pouvez voir. Mais si vous jetez maintenant un coup d'oeil dans le secteur éducatif de la RDC.... Shocked  Je n'ai pas besoin de vous apprendre.
Bref ! Mobutu était aussi comme ça lorsqu'il parlait de son authenticité etc...ET POURTANT, NOUS SAVONS TOUS QUE MOBUTU IL ÉTAIT PRO AMÉRICAIN,PRO OCCIDENTAL,PRO IMPÉRIALISTE..Il était un très bon amis des Américain et l'on dit même qu'il avait financer les élections de G.Bush père.
Pensez-vous vraiment que le système politique occidental peut aimé quelqu'un qui travaille vraiment pour l'intérêt de son peuple ? Quelqu'un qui critique l'occident comme le faisait par exemple le commandant Hugo CHAVEZ ?
Non, Mobutu était de mèche avec l'occident. Voila pourquoi il à échouer. Sur l'authenticité Mobutu est comme Joseph Kabila. IL FAIT UN BON DISCOURS, MAIS IL FAIT LE CONTRAIRE DE CE QU'IL PRÊCHE. DONC ILS NE SONT PAS DES EXEMPLES QUE VOUS POUVEZ NOUS DONNEZ.

Pourriez-vous donner une raison valable pour laquelle, par exemple, on devrait même continuer à bâtir des écoles ou des hôpitaux ?
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Message  El-Shaman 3/3/2016, 10:22 am

ndonzwau a écrit:

Mobutu dictateur, marionnette des blancs, patati patata : nous voilà partis pour un siècle où un Mobutu remplacera un autre Mobutu et ainsi de suite parce que nous n'aurons pas fait l'effort d'analyser tous les facteurs qui ont permis que Mobutu règne trois décennies, ils nous concernent aussi, hélas !
On ne "colonise" pas un peuple impunément pendant 25-32 ans !

Continuons ainsi et l'Afrique fabriquera encore et encore ses tyrans l'un après l'autre !


Voila mon pauvre avis, peut-être rapide, peut-être infondé, peut-être sévère mais qui ne se veut ni méchant ni prétentieux, mais que j'ai glané des laborieuses observations de ma petite vie et auquel je tiens encore jusqu'à preuve du contraire, même si je respecte l'avis contraire des autres !


Compatriotiquement !



# Si haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul #
# Que faisait Dieu avant la création ? De toute éternité, il préparait d'épouvantables supplices pour celui qui poserait cette question. #
Peut-être que c'est toi qui ne voit pas les facteurs qui ont fait que Mobutu à régner 32 ans. Moi je les vois et je n'ai plus besoin de l'analyser.D'ailleurs en écoutant la vidéo de Patrick Mbeko qui ouvre ce fil,plusieurs de ces facteurs sont évoquer.Donc nous ne sommes plus au stade de l'analyse de ce que nous connaissons déjà et plusieurs parmi ceux qui prônent le paradigme Africain ont déjà analyser. Non, nous sommes au stade de prévenir, d'avertir, d'apporter la nouvelle aux Africains qui dorment encore en rêvant que l'Homme blanc (le système occidental) va lui sortir de là où ce même système l'avait mis.
Quant à ceux qui concerne le fait de pensé par soi-même,je ne veux même pas m'étendre là-dessus. Je veux seulement dire un petit mot.Si les lecteurs inviter  veulent savoir vraiment qui ne pense pas par lui-même dans ce forum.Il suffit juste de voir qui apporte dans ce forum des centaines des liens venant dans tous le sens pour comprendre que certains ne pensent plus par eux-même,parce que leurs analyses à 84 % ne sont que les pensées des autres.
-Moi par exemple je soutiens Mr Mbeko dans la vision pro africain qu'il à ici dans cette vidéo.Tandis que je suis farouchement opposé à lui en ce qui concerne le dialogue pour la RDC, car Mr Mbeko comme nous les savons tous= EST UN ANTI-DIALOGUE DE 1er PLAN.
Cela montre que je pense par moi-même chère lecteurs invités du forum CongoDiaspora. Ce n'est pas parce que je ne partage pas l'avis de mr Mbeko sur le dialogue, que je dois lui rejeté lorsqu'il dit une vérité en ce qui concerne le rapport des forces entre l'Afrique et l'occident.
El-Shaman
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Message  ndonzwau 3/3/2016, 3:46 pm

Admin a écrit:
ndonzwau a écrit:Dites-moi sincèrement, Admin, y'a-t-il un seul Noir digne de ce nom sur cette terre qui n'approuve pas le constat de Sarkozy; connaissez-vous un seul vrai Africain qui ne soit pas d'accord avec ?
Si avec le blanc Sarkozy nous sommes tous d'accord avec le vol de notre histoire, notre exploitation mentale par le blanc c'est que peut-être l'essentiel est aujourd'hui ailleurs; nous ferions donc peut-être mieux de regarder autre part plutôt que de perdre notre temps avec un fait sur lequel nous nous accordons tous...

Pour moi, c'est donc l'axe stratégique qui importe : devons-nous épuiser notre énergie à blâmer le blanc ou appuyer le levier qui est plus à notre portée càd nous même ?
Voilà où nous divergeons et pas sur ce constat !


Bien sûr nous devons prendre conscience de cette douloureuse histoire, dénoncer l'exploitation passée et présente de l’esclavagiste, du colonisateur et du néocolonialiste mais selon moi, le plus urgent, le plus important et le plus efficace c'est dépasser cette étape pour agir hic et nunc !
Ce serait une bouc-émissérisation stérile du blanc qui risque de nous laisser l'illusion d'agir alors que nous faisons du sur-place !

Et L'axe prioritaire et efficace qui me semble tout indiqué c'est de nous regarder dans ce que nous avons fait jusque-là et surtout depuis ce demi-siècle de souveraineté en Afrique pour y trouver les éléments endogènes de nos impasses et agir sur eux !
Le reste n'est que construire un mur de lamentations mais en attendant que Dieu nous y répondre sachons qu'il nous a mis sur cette terre en êtres responsables et non en pleureurs éternels...
Voilà ma ligne !


Compatriotiquement!


Ndonzwau,

Oui il a des noirs qui ne sont pas d'accord avec ce constat,  ils se sentent toujours dans l'obligation de nous rappeler que sans l'homme blanc nous serions restés sauvages. .. Ils oublient que ces blancs ont aussi été "sauvages" ...

Pour le reste je dois vous dire , vous 'rappeler" j'espère, que le Mundele nous tient encore enchaînés  et jusqu'au coup. Il suffit de regarder avec des yeux grandement ouverts, la situation de notre pays pour voir comment on est encore sous la colonisation. Non non non l' africain n' a pas encore connu l'indépendance. ... Il est dans une indépendance illusoire.

Certains n'ont même pas le luxe d'abandonner le FRANC comme monnaie alors que le colonisateur a abandonné la dite monnaie ... naseka to nalela !? Je ne te parle même pas du président qu'on révoque sous une petite escale ... demandez au peuple centreafricain.
Des dictateurs  qui tuent leurs peuples sous l'encouragement du bienfaiteur et gentil "ex" colonisateur ... demandez au peuple de Brazzaville, du Burundi ou de la RDC.
Je ne parlerai même pas de celui qu'on  embarque pour la CPI pcq il a demandé un récomptage des voix après avoir échappé à un coup d'état commandité par le colon lol demandez au peuple ivoirien

Non kulutu Ndonzwau me lamenter! ? Oh non pas moi. To za na bitumba!  Les africains conscients ne se lamentent pas! Ils sont déjà au front.  Un jour,  to ko libérer madele na biso

Ainsi donc selon vous, Admin, il y a une portion inquiétante d'Africains qui croient qu'une "sauvagerie préjudiciable " aurait persisté sans l'incursion du blanc chez-nous; il y aurait beaucoup à en dire mais soit...

Pour le reste, je ne retiendrais que votre bel espoir, "Les africains conscients ne se lamentent pas! Ils sont déjà au front.  Un jour,  to ko libérer madele na biso"...
Si contrairement à ce que je crains, càd notre anti-impérialisme tape-à-l’œil risque de nous démobiliser à ne chercher dans le blanc que notre bouc-émissaire, celui-ci nous aidera davantage dans notre combat de libération et de responsabilisation; pourquoi pas ?
Me voilà déjà rassuré par votre détermination !


Compatriotiquement!



# Si haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul #
# Que faisait Dieu avant la création ? De toute éternité, il préparait d'épouvantables supplices pour celui qui poserait cette question. #

ndonzwau


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Message  Libre Examen 3/3/2016, 4:49 pm

El-Shaman a écrit:Ceux qui sont contre le paradigme ,ou la vision Africaine de voir le monde et joue la carte Mobutu pour nous démontré que Mobutu avait cette vision,et pourtant il n'avait rien fait. Je n'ai pas besoin d'apprendre à ceux-là que Mobutu n'avait rien d'un panafricaniste.Il avait juste de très bon discours pour séduire les nationaliste Africain et Lumumbiste.Nous pouvons comparer les discours de Mobutu sur l'Afrique au discours de J. Kabila Kabange en ce qui concerne l'enseignement. Lors de son investiture le 20 septembre 2011  Kabila avait dit ceci :
[...] S'agissant du secteur de l'éducation,le quinquennat que nous inaugurons ce jour sera marqué par une forte réduction du taux d'analphabétisme ; l'effectivité de la gratuité de l'enseignement primaire et de la bourse d'études pour les finalistes du cycle supérieur et universitaire,l'augmentation du taux de scolarisation des enfants;l'amélioration de la qualité de l'enseignement ; une plus grande professionnalisation de celui-ci ; la poursuite de la construction et la modernisation des infrastructure scolaire,pour permettre à notre jeunesse d'étudier dans des conditions décentes ; et la réforme de l'enseignement supérieur et universitaire,de manière à l'aligner sur les standards internationaux."
Un très bon discours comme vous pouvez voir. Mais si vous jetez maintenant un coup d'oeil dans le secteur éducatif de la RDC.... Shocked  Je n'ai pas besoin de vous apprendre.
Bref ! Mobutu était aussi comme ça lorsqu'il parlait de son authenticité etc...ET POURTANT, NOUS SAVONS TOUS QUE MOBUTU IL ÉTAIT PRO AMÉRICAIN,PRO OCCIDENTAL,PRO IMPÉRIALISTE..Il était un très bon amis des Américain et l'on dit même qu'il avait financer les élections de G.Bush père.
Pensez-vous vraiment que le système politique occidental peut aimé quelqu'un qui travaille vraiment pour l'intérêt de son peuple ? Quelqu'un qui critique l'occident comme le faisait par exemple le commandant Hugo CHAVEZ ?
Non, Mobutu était de mèche avec l'occident. Voila pourquoi il à échouer. Sur l'authenticité Mobutu est comme Joseph Kabila. IL FAIT UN BON DISCOURS, MAIS IL FAIT LE CONTRAIRE DE CE QU'IL PRÊCHE. DONC ILS NE SONT PAS DES EXEMPLES QUE VOUS POUVEZ NOUS DONNEZ.



Cher El-Shaman,

Nous pensons que la lutte contre l’impérialisme, la lutte contre toute sorte de domination, la lutte contre le système mondial actuel est une lutte idéologique, laquelle lutte  aspire à monde meilleur que celui dans lequel nous vivons. Ce n’est pas une lutte propre à l’Afrique; nous dirons qu’elle est humanitaire.

Lorsque nous proclamons qu’il nous faut nous déprogrammer, qu’il nous faut vivre comme si la colonisation n’a jamais eu lieu, qu’il nous faut retrouver notre âme, qu’il nous faut vivre selon nos us et coutumes, selon nos propres valeurs, ill nous faut nous croyons établir ce que cela implique de manière pratique. Il s’agit pour nous de faire une sorte de comptabilité, c’est-à-dire, d’établir honnêtement, sans complaisance, d’un côté ce que nous étions et avions avant la colonisation (nos valeur, nos us et coutumes, etc.) et de l’autre côté, ce que nous avons perdu avec la colonisation. C’est ayant fait cette comptabilité, que nous pouvons mettre fin à la colonisation que nous vivons jusqu’à aujourd’hui, que nous pouvons pour ainsi dire nous déprogrammer. Nous pouvons alors dire que nous rejetons tout ce que le colonialisme nous a amené et en voici la liste. À partir d’aujourd’hui nous rejetons tout ça. Et voici maintenant comment nous vivions avant le colonialisme. Et on en fait également une liste. Et à partir de cette liste, nous disons voilà comment nous allons vivre désormais.

C’est pourquoi lorsqu’on échange, il est toujours bon d’aller au-delà de concepts car les concepts restent vagues. Ils dissimulent la réalité. Certains aiment à se dissumuler devant de langages savant. Il faudrait être capable de vulgariser. Quand quelqu’un vient avec un concept, il faut interroger rigoureusement le concept qu’il sort et les conséquences que cela peut avoir dans sa propre vie, et comment compte-il vivre de manière pratique selon le concept qu’il soutient.

Pour illustrer nos propos, nous pensons, par exemple, que le lieu par excellence de la déprogrammation de l’Africain est l’introduction chez nous de l’enseignement de type occidental avec la création des instituions où l’on enseigne des doctrines et les idéologies qui nous sont étrangères telles que l’impérialisme, l’anti-impérialisme, le capitalisme, le socialisme ou des matières telles que l’économie, la médecine, la sociologie, l’anthropologie, etc. Devons-nous abolir ces institutions pour retrouver notre âme que nous avons perdue à travers les enseignements que nous y avons subis ?

Qu’en est-il d’autres phénomènes sociaux qui désormais ont un impact réel sur notre vie sociale et de tous les jours. Qu’en est-il, par exemple de notre musique congolaise moderne ? Faudrait-il comme les combattants l’ont décidé l’abolir ? Qu’en est-il du football, lequel a inspiré le slogan yebela. Nous faudrait-il interdire le football ? Voyons comment le pouvoir KABILA a réagi par rapport à la manifestation de joie de la population qui a suivi la victoire des Léopards ?

Par rapport à nos us et coutumes, à nos valeurs, quel regard avons-nous aujourd’hui, par exemple, par rapport à la dot. Nous considérant, nous même comme féministe, nous préconisons dans notre famille d’abolir la dot. Nous reconnaissons que nous seul à soutenir cela. Même nos sœurs sont contre nous.

Voilà cher El-Shaman, quelques exemples concrets des choses qu’il nous faudrait examiner. Qu’est-ce que ça implique personnellement de me déprogrammer et de vivre en tant qu’Africain comme nos ancêtres vivaient avant la colonisation. C’est au niveau individuel faire un arbitrage de ce qu’on va gagner et de ce qu’on va perdre. Et l’être humain étant un être égoïste va toujours faire le choix de privilégier ses intérêts. Voilà ce qui explique l’ire de ce cher Patrick Mbeko quand on lui demande de vivre selon les principes qu’il prêche, c’est-à-dire qu’il se déprogramme.

La dénonciation de l’impérialisme et du colonialisme n’est pas propre à l’Afrique. Elle a commencé en dehors de l’Afrique, par des non-Africains. Strictement parlant, le nationalisme, tout comme la dénonciation de l’impérialisme et du colonialisme ne font que partie de notre assimilation, de notre aliénation mentale. Nous ne faisons que réadapter ces doctrines et idéologies à nos réalités.

Le nationalisme congolais n'existerait pas n'eut été de la colonisation; le discours anti-Tutsi n'existerait pas non plus. Ces deux discours font partie de notre aliénation mentale.
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Message  djino 17/3/2016, 6:49 pm




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Message  djino 17/3/2016, 7:06 pm

Bravo Patrick Mbeko pour le Prix Victoire Umuhoza 2016 & merci à nos frères RWANDAIS qui militent pour la vérité.

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Message  Libre Examen 28/3/2016, 2:47 am



Tiré de Facebook d'Emmanuel Nzuzi : LES ARCHIVES NATIONALES DU CONGO-ZAÏRE


https://www.facebook.com/emmanuel.nzuzi/videos/961883630562280/?pnref=story

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Message  ndonzwau 8/4/2016, 11:07 pm

" DIALOGUE
Organe de l'asbl "Dialogue des Peuples"
Année 2016 n° 3
… page 17 1 Histoire (RDC)
Un faux qui a la vie dure
Par Guy De Boeck

° http://www.congoforum.be/upldocs/3%20Histoire%20LII%20Miss.pdf
Dès 1984, dans le cadre du centenaire de la Conférence (15 novembre 1884 - 26 février 1885), le RP Fr. Bontick1 , historien africaniste, écrivait qu’on pouvait s'attendre, à l’occasion de ces commémorations alors imminentes, à des réexamens et des réévaluations du rôle prépondérant de Léopold II. S’agissant d’un homme qui a sans cesse été angélisé ou diabolisé, traité de Grand Philantrope, d’Apôtre de la Civilisation, de Vainqueur des Marchands d’Esclaves, mais aussi de Monstre d’avidité et de Génocidaire, digne prédécesseur d’Hitler, on ne peut douter de ce que, en effet, il y avait place pour bien des réévaluations, même sans tomber dans des nuances byzantines.
Le Roi-Souverain (roi constitutionnel des Belges et Souverain absolu de l'Etat Indépendant du Congo) fut l'objet d'innombrables caricatures, féroces pour sa vie aussi bien privée que publique. Certains de ses contemporains, qui furent aussi ses adversaires s'attaquèrent aussi au roi par des écrits soi-disant rédigés par lui-même. Il n'est nullement étonnant que ce genre littéraire ait trouvé des pratiquants jusqu'à nos jours et cela même en Afrique.

C’était même pratiquement inévitable. L’Histoire s’appuie sur des documents. Modifier le tissu de documents sur lesquels elle s’appuie, c’est donc changer l’Histoire elle-même. Quoi de mieux, dès lors, que de verser aux débats les aveux signés du coupable ? « Faux et usage de faux ! », s’écrient les juristes, « Mon Dieu, que c’est laid ! ». A quoi les faussaires – quand on les retrouve ! – répliquent que leurs intentions sont pures, que tout ce qui touche la période coloniale a été falsifié par le colonisateur et citent le proverbe africain: « Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur ». Comment dire autrement que l’histoire des vainqueurs n’est pas l’histoire tout court, que le débat sur la mémoire collective n’est pas seulement question d’objectivité mais de rapport de force ? Sans doute, certains de ces faux ont-ils été forgés, la conscience tranquille, par des faussaires convaincus que le « la fin justifie les moyens » et qu’ils ne faisaient que
rétablir la véritable Histoire !


1 François Bontinck En marge du centenaire de la Conférence de Berlin(1884-85), Zaïre-Afrique:
économie, culture, vie socialenaire, Année 1984 pp 245-252 2


De telles pratiques ne sont pas neuves, et ne se rencontrent pas seulement en histoire africaine ou coloniale. Parmi les faux et manipulations de documents qui ont joué un rôle dans l’Histoire, citons la « loi salique » qui réservait la couronne de France aux mâles. Si opportunément découverte, au départ, parce que des doutes planaient sur la légitimité de Jeanne, fille de Louis X… ou de l’amant de sa mère, impliquée dans l’affaire des « partouzes » de la Tour de Nesles, elle servit, peu de temps après, un but plus patriotique : repousser les prétentions des rois d’Angleterre, descendants directs des Capétiens mais par l’intermédiaire… d’une femme.
Plus près de nous, il y a la manipulation de la « dépêche d’Ems » par Bismarck, qui contribua au déclenchement de la guerre de 1870 et donc à l’expansion allemande. On peut mentionner encore un considérable dossier de faux « monté » dans les bureaux de l’Armée française pour « prouver » la culpabilité de Dreyfus et éviter ainsi que l’Armée « perde la face », ou encore le « Livre blanc » des Alliés sur les causes de la guerre de 14-18, comprenant beaucoup de documents faux et presque aucun qui ne fût falsifié, destiné à mettre en évidence la « responsabilité exclusive de l’Allemagne ». Enfin, n’oublions pas les inusables Protocoles des Sages de Sion qui, bien que leur caractère de faux soit établi surabondamment, sont encore mentionnés par des groupes antisémites, voire certains régimes, comme preuve de l'existence d'un complot juif international.
C'est pourquoi, dans le cadre des anniversaires qui s'annonçaient alors dans le contexte d’ensemble du centenaire de la Conférence de Berlin (1884-85), Bontick voulut signaler un faux grossier attribué à Léopold II. Il s'agissait d'un texte dactylographié répandu, depuis 1980 au moins, travers le Zaïre et portant le titre: 'Discours du Roi Léopold II à l'arrivée des premiers missionnaires au Congo'. Le texte semblait exister en plusieurs versions, mais les variations étaient mineures et le propos toujours le même : les missionnaires catholiques avaient été des pions du projet colonial léopoldien et ils avaient utilisé la Bible pour aliéner mentalement les Congolais et faciliter leur exploitation. Avec le but de rétablir la vérité, Bontinck prouvait que le texte de ce discours était un faux de fabrication relativement récente. Il sembla tomber dans un oubli mérité…

Internet est aujourd’hui l’un des lieux où se négocient les mémoires et l’histoire, où les fragments et les traces s’échangent et se déplacent, où les attributions et les authentifications se font et se défont. Les croisements les plus surprenants se produisent, comme en témoigne le fait que le faux, attribué au roi des Belges et souverain de l’État indépendant du Congo, Léopold II, est à nouveau mentionné dans un article de Ngalamulume Kalala, lequel nous dit, en passant qu’il (le faux) « a donné lieu à une discussion intéressante sur le site académique H-Net, que cette présentation utilise et prolonge » 2 . 22 ans après l’alerte donnée par le RP Bontinck, le « Discours de Léopold II aux Missionnaires » avait refait surface.
Alors que le prêtre belge faisait remonter le faux discours royal à quatre ans, ce qui en situait l’origine vers 1980, Ngalamulume Kalala le fait remonter jusque dans les années 1970. A cette époque un texte dactylographié anonyme de deux à trois pages circulait au Zaïre (actuelle République démocratique du Congo), tantôt présenté comme un « Discours du Roi Léopold II à l’arrivée des premiers missionnaires au Congo en 1883 », tantôt comme un « Extrait de la causerie du ministre des Colonies, M. Jules Renquin, en 1920 aux premiers missionnaires catholiques du Congo Belge », ou encore comme un « Extrait du message du ministre... ».


2 Ngalamulume Kalala, « Léopold II et les missionnaires. Les circulations contemporaines d'un faux», Politique africaine 2/2006 (N° 102) , p. 128-133 www.cairn.info/revue-politique-africaine-2006-2-page-128.htm.

En 1984, François Bontinck avait démontré, par une critique interne et externe, que ce document était un faux.
Bontinck faisait aussi l’hypothèse que le texte était d’origine relativement récente et probablement congolaise, même s’il avait pu s’inspirer, de plus ou moins près, de l’abondante littérature critique qui, au début du XX° siècle, en Belgique, mais surtout en Grande-Bretagne et aux États-Unis, s’était attaquée à Léopold II et à son projet colonial.
Cette mise au point scientifique n’avait donc pas eu d’effet et le texte avait continué à circuler, dépassant les frontières du Congo, notamment grâce au réseau Internet où il vient alimenter les mémoires contemporaines de la colonie.
Mais, trêve de bavardage, que dit ce texte ?

Le texte3

Discours du roi Léopold II aux missionnaires accueillis au Congo belge en 1883
DEVOIRS DES PRÊTRES ET PASTEURS BLANCS DANS CETTE PATRIE DU CONGO BELGE
Révérends Pères, Pasteurs et Chers Compatriotes,
Soyez les bienvenus dans notre grande patrie du Congo belge, la tâche qui vous est confiée de remplir est très délicate et demande beaucoup de tact. Prêtres et Pasteurs, vous venez certes, pour évangéliser, mais cette évangélisation s’inspire de notre grand principe : avant tout, les intérêts de la métropole. Le but essentiel de votre mission n’est point d’apprendre aux Noirs à connaître Dieu.
Ils le connaissent déjà depuis leurs ancêtres. Ils prient et se soumettent à Nzambi Mpungu, que je sache, et aussi à Nzambi Mawesi, etc.
Ils savent que tuer, voler, coucher avec la femme d’autrui, calomnier, insulter, etc. est mauvais. Ayons le courage de l’avouer, vous ne venez pas leur apprendre ce qu’ils savent déjà. Votre rôle est essentiellement de faciliter les administrateurs et les industriels. C’est-à-dire que vous interpréterez l’évangile de la façon qui sert le mieux nos intérêts dans cette partie du monde. Pour ce faire, vous veillerez entre autres à désintéresser nos sauvages noirs des richesses dont regorgent leur sous-sol afin d’éviter qu’ils s’y intéressent ou qu’ils nous fassent une concurrence meurtrière rêvant un jour à nous déloger de cette partie avant que nous ne nous enrichissions.
Votre connaissance de l’Évangile vous permettra de trouver des textes qui recommandent et qui font aimer la pauvreté. Par exemple : « Heureux les pauvres car le Royaume des Cieux leur appartient ; il est plus difficile pour un riche d’entrer au ciel qu’à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, etc. » Vous ferez donc tout pour que les nègres aient peur de s’enrichir pour mieux mériter le ciel, les soutenir petit à petit pour qu’ils ne se révoltent jamais un jour. Les industriels et les administratifs seront obligés de se conformer à ce que je vous recommanderai, à vous Prêtres et Pasteurs Blancs, de temps en temps pour vous faire craindre de ne pas avoir peur de recourir à la violence (injurier, battre).
Il ne faudra pas que les nègres ripostent ou se nourrissent de vengeance. Pour cela, vous leur enseignerez par tous les moyens et vous insisterez pour qu’ils suivent l’exemple de tous les Saints qui ont tendu les joues, qui ont pardonné les offenses, qui ont reçu les crachats et les insultes sans tressaillir, il faudra les décourager et les détacher de tout ce qui pourrait leur donner le courage de nous affronter. Je songe ici spécialement à leurs nombreux fétiches de guerre qu’ils prétendent ne point abandonner.



3 Comment choisir une version « authentique » d’un faux qui circule largement ? On a retenu ici une des versions les plus détaillées, disponible à l’adresse : http://realisance.afrikblog.com/archives/2005/12/30/1163634.html

Votre action doit porter essentiellement sur les jeunes afin qu’ils n’hésitent point de nous saluer. Quand le commandement du Père (Dieu) est en contradiction avec celui des missionnaires qui sont les pères spirituels de leurs âmes, vous insisterez particulièrement sur la soumission et l’obéissance même aveugle. Cette vertu se pratique mieux quand il y a absence de critique. Apprendre aux é1èves à croire et non à raisonner. Ce sont là, chers Prêtres, Pasteurs et Compatriotes, quelques-uns des principes que vous appliquerez sans faute. Vous en trouverez beaucoup d’autres dans les livres et textes qui vous seront remis à la fin de cette séance. Vous verrez donc ce que je recommanderai à vous, Prêtres et Pasteurs Blancs :
1- Évangelisez les noirs jusqu’à la moelle des os afin qu’ils ne se révoltent jamais contre les injustices que vous leur ferez subir. Faites-leur réciter chaque jour : « heureux ceux qui pleurent, car le Royaume des Cieux leur appartient ».
2- Convertissez les noirs au moyen des chicottes, gardez leurs femmes à la mission pendant neuf mois afin qu’elles travaillent pour vous. Courtisez-les s’il le faut et exigez ensuite à ces convertis qu’ils offrent en signe de reconnaissance des bonnes viandes, poules, coqs et œufs chaque fois que vous visitez leurs villages. Faites tout pour éviter que les Noirs ne deviennent riches. Pour ce faire, chantez-leur chaque jour qu’il est impossible à un homme riche d’entrer dans le Royaume des Cieux. Faites-leur payer une taxe chaque semaine à la messe de Dimanche. Détournez cet argent prétendument destiné aux pauvres, pour avoir des magasins importants là où vous êtes (Paroisse, Procure) et transformez vos missions ainsi en de gros centres commerciaux florissants et aidez légèrement les pauvres pour encourager d’autres Blancs à investir régulièrement.
3- Demandez aux noirs de mourir de faim et vous autres, vous mangerez cinq fois par jour ; en plus, que vos ventres soient toujours pleins de bonnes choses et que vos bouches exhalent partout l’odeur des oignons.
4- Instituez pour eux un système de confession qui fera de vous de bons détecteurs pour dénoncer tout noir à une prise de conscience pour la revendication de l’indépendance nationale.
5- Enseignez une doctrine que vous ne mettrez pas en pratique et peut-être s’ils vous demandent pourquoi vous comportez-vous contrairement à ce que vous prêchez, répondez-leur : « vous les noirs, suivez ce que nous disons, et non pas ce que nous faisons ». Et s’ils répliquent en disant qu’une foi sans œuvres est une foi morte, fâchez-vous en appliquant le fouet et répondez-leur : « heureux ceux qui croient sans protester ».
6- Dites-leur que les statuettes que vous gardez chez vous sont l’œuvre de Satan, confisquez-les et allez remplir vos Musées au Vatican ainsi que ceux de Tervueren. Faites oublier aux noirs leurs ancêtres afin qu’ils adorent les vôtres qui ne les écouteront jamais ; par exemple les saintes : la Vierge Marie, Sainte Thérèse, Saint Martin, etc.
7- Faites-leur prier en les mettant à genoux comme punition et obligez-leur à réciter le chapelet dix fois ou plus.
8- Ne présentez jamais une chaise à un Noir qui vient vous voir. Ne l’invitez jamais, donnez-lui tout au plus une cigarette. Ne l’invitez jamais à manger avec vous même s’il égorge pour vous une poule ou un coq chaque fois que vous arrivez chez lui. Bref, lorsque vous aurez accompli tout cela, notre pays la Belgique sera très riche et c’est plus tard seulement, lorsque les Noirs auront compris, que nous essayerons de les aider pour l’amour de Dieu, car on ne réveille pas un chat qui dort.
Je vous en remercie vivement.
S.E. Le Roi des Belges Léopold II


Une falsification évidente et évidemment africaine

Si Léopold II avait prononcé en 1883 les mots « Congo belge », ce n’aurait pas seulement été un anachronisme, mais aussi une faute diplomatique de première grandeur, ce qui est nettement plus grave !
Jusqu’en 1885, pour ce qui est de ses projets coloniaux, Léopold II a avancé masqué derrière des organisations scientifiques ou humanitaires, telles que l’AIA, l’AIC, le CEHC… Et, même après 1885, il a toujours tenu à distinguer soigneusement l’Etat Indépendant du Congo de la Belgique. Il n’aurait certainement pas fait allusion, à la même date à notre pays la Belgique, puisque l’EIC avait un personnel très international et que parmi les ordres missionnaires, certains, comme les Pères Blancs ou les Jésuites, présentaient eux aussi toute une bigarrure de nationalités.
Au XIX°s, la tolérance entre les différentes confessions chrétiennes n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Il est hautement improbable qu’aucune haute personnalité se soit jamais adressée simultanément au clergé catholique et aux pasteurs protestants. Et c’est encore plus vraisemblable pour Léopold II, assez enclin au sectarisme dans ce domaine4 .

Si l’on prend au pied de la lettre les mots accueillis au Congo, le discours devrait évidemment avoir été prononcé en terre congolaise, par exemple à l’arrivée du bateau, puisque c’est à la porte d’entrée que l’on « accueille » un visiteur. Or, Léopold II n’a jamais mis un pied au Congo.
Durant toute la période coloniale, jamais les Belges n’ont fait allusion à un autre pays que la Belgique en l’appelant la « patrie ».
Dans l’hypothèse d’un texte donné comme datant des années ’20 et venant du ministre des Colonies, Bontinck souligne que c’est Louis Franck, et non Renkin (pas Renquin), qui était ministre des Colonies en 1920. Et il semble malaisé d’admettre que Jules Renkin ait été jusqu’à oublier son propre nom ! Enfin, parler, comme dans certains intitulés de la « causerie du Ministre », des « premiers missionnaires » à propos de 1920 est tout simplement ridicule : ils étaient là depuis bien plus longtemps !

Il n’est pas difficile d’en conclure que le document est un faux forgé de toute pièce, et même qu’il n’a pas été forgé par un ou des Belges, qui auraient évité les erreurs les plus manifestes. Un certain nombre de tournures, fautives ou simplement maladroites, sont des « africanismes ». Et l’on voit mal quels Africains auraient eu l’idée de s’en prendre à la propagation du christianisme en lui reprochant ses liens avec Léopold II, si ce n’est un ou des Congolais.

Lorsqu’on a l’habitude de dépouiller un peu fréquemment les journaux congolais, la présentation du document apparaît frappante : la mise en page et les formules sont exactement celle qu’emploient les journaux congolais lorsqu’ils reproduisent un communiqué officiel ou le texte d’une allocution prononcée par une haute personnalité.
Ils ont notamment l’habitude d’inclure le « je vous remercie de votre attention », qu’en général l’orateur prononce mais n’écrit pas dans le texte, et d’adorner celui-ci d’une signature, que l’on accompagne toujours des titres de la personne, négligeant superbement le fait qu’en Europe, mentionner son titre de « docteur » ou de « professeur », alors que l’on a parlé en tant qu’homme politique, ne se fait pas. Incongruité qui a échappé au faussaire, de même que le titre d’un roi, qui est « Sa Majesté » et non « Son Excellence », et le fait que les souverains –et ils sont seuls à faire ainsi – signent de leur seul prénom. Léopold II aurait donc signé « Léopold », sans autres fanfreluches.
Bref, devant mettre en page un « Message royal », le faussaire a tout simplement repris
le « lay-out » des allocutions gouvernementales dans un journal de Kinshasa.


4. La reine Victoria écrivait à Léopold I° que « Léo est terriblement intolérant » dans le domaine religieux.

Pourquoi avoir écrit ce texte ?

Ngalamulume Kalala explique : « Partons ici de la première apparition attestée de ce texte et de son contexte congolais. Son succès initial doit être compris à la lumière de l’histoire du conflit qui a opposé l’État zaïrois à l’Église catholique à partir de 1971 : cette année-là, le cardinal Malula, celui-là même dont l’initiative d’africanisation (« inculturation » ) de l’Église catholique avait inspiré au président Mobutu, dans sa quête de légitimité, la fameuse politique d’« authenticité », était entré en conflit ouvert avec le régime en s’opposant à l’introduction des cellules de la Jeunesse du mouvement populaire de la révolution (JMPR) dans les écoles et séminaires catholiques.La réplique du pouvoir fut sévère : nationalisation des écoles confessionnelles, abolition de l’instruction et des fêtes religieuses, exil du cardinal à Louvain et campagne de propagande contre l’Église catholique dans les médias nationaux.

En 1972, en écho au discours officiel, Verkys Kiamuangana Mateta, chef de l’orchestre Vévé de Kinshasa, composa la chanson intitulée « Na komitunaka » (« Je me pose des questions », en lingala) 5 . qui dénonçait précisément l’aliénation résultant du catholicisme, religion jugée importée et raciste. Cette rumba eut un grand succès, et tous les bars et clubs du pays la jouaient à longueur de journée. Les paroles renvoyaient directement à la dispute entre l’État et l’Église catholique…
Si aucun élément ne permet encore de donner un auteur au « Discours de Léopold », il est fort probable que c’est dans le cadre de l’affrontement entre l’Église et l’État zaïrois que le texte a été produit.
Mais l’Église catholique avait au Congo d’autres adversaires, qui ont beaucoup fait dans les années qui ont suivi pour la diffusion du texte : les Églises indépendantes congolaises, nées d’une rupture avec les Églises occidentales, n’hésitèrent pas à l’utiliser comme outil de propagande contre l’Église catholique, leur principal concurrent sur le marché des « biens du salut ».
En 1981, l’« extrait du message du Ministre » fut reproduit par la plus célèbre des Églises indépendantes congolaises, l’Église kimbanguiste, comme un document authentique, à l’occasion de l’inauguration du Temple de Nkamba6  .

Par la suite, le texte a encore été largement diffusé, et bien au-delà des frontières du Congo. Ainsi, dans les années 1990, alors que les adversaires du régime rwandais post- génocidaire se faisaient fort de souligner la politique pro-tutsi menée par les colons belges, la lettre a été réemployée : dans certaines versions de la lettre, les missionnaires reçoivent pour instruction de s’appuyer sur les Tutsis pour dominer les Congolais7
Une carrière prolongée et internationale Dans le contexte congolais et dans le cadre de l’une ou l’autre tentative pour jeter le discrédit sur les églises missionnaires, évoquer leurs liens avec la colonisation, qui autrefois avaient été parfois beaucoup trop évident, était logique.


5 Voici le premier couplet, qui en dira plus qu’un long discours : « Aye nakomitunaka Nzambe oh nakomituna oh Poso muindo ewuta nde wapi oh? Koko na biso ya kala yé nani eh Yesu mwana nzambe ye nde mondele Adamu na eva bango nde mindele Ba santu nionso bango mpe mindélé Pona nini oh”. C’est à dire : “Ah, Je me suis toujours demandé. Dieu, je me suis toujours demandé La peau noire est venue d’où ? Notre ancêtre premier, c’est qui ? Jésus, le fils de Dieu est un «blanc» Adam et Eve sont des «blancs» Tous les saints sont des «blancs» Pourquoi ? www.afrikara.com/index.php?page=contenu&art=972. 6 F. Bontinck, « En marge du centenaire de la Conférence de Berlin… », art. cit. 7 Voir à ce propos la contribution de J.-L. Vellut à la discussion de la lettre sur le réseau H-Net. 7

Il est plus étonnant de voir notre « faux » faire une carrière prolongée et internationale à l’intérieur de l’Afrique, et même bénéficier de traductions. Car ce texte a depuis quitté la région des Grands Lacs.
Il apparaît en 2000 dans les ouvrages de deux intellectuels camerounais, deux plaidoyers sur l’histoire et le (sous-)développement de l’Afrique8   Il y est utilisé pour caractériser le projet colonial, pour documenter la « programmation cynique, sans état d’âme, tout simplement criminelle qui a préludé à l’introduction ou la venue des Missionnaires », pour montrer que « la pénétration européenne en Afrique n’a jamais comporté un aspect humanitaire » 9 . Notons ici que l’un des ouvrages est publié chez Menaibuc, un éditeur camerounais sensible à l’afrocentrisme et à la « kamétologie10 ». Dans les années qui suivent, le texte circule sur Internet et les ouvrages camerounais déjà cités sont parfois mentionnés comme source C’est par exemple le cas sur le site de P. Bayala11, un intellectuel burkinabè établi en Suisse :

Sur Internet, Léopold II est cité dans des contextes variés – par exemple en septembre 2005, dans les controverses sur les rapports entre la France et le Cameroun qui se développent entre internautes camerounais à la suite de l’interdiction des avions de la compagnie camerounaise en France12  ... Ou encore dans une philippique contre la longue histoire du « “terrorisme étatique” que la Belgique pratique en RDC, avec la bénédiction de l’Union européenne et de l’Administration Bush » 13  , où l’on découvre, en passant, une nouvelle méthode de critique historique : « La véracité de cette déclaration de Léopold II a été implicitement confirmé par Louis Michel, alors ministre belge des affaires étrangères, en se fâchant et en s’opposant à la publication du documentaire programmé par la “ Deux” , intitulé “ Les crimes de Léopold II au Congo ».… sous la pression de l’actuelle maison royale belge et d’un communiqué de presse d’un Louis Michel au bord de l’apoplexie, la VRT, qui a aussi diffusé le film, a coupé un commentaire faisant le parallèlisme entre la colonisation de Léopold II et le génocide hitlérien... » (Lisez votre document à Big Loulou : s’ils se fout en rogne, la pièce est authentique !).
On retrouve encore ce même texte dans les attaques de Kayemb Nawej, un « prophète » katangais qui célèbre Moïse Tshombé, Simon Kimbangu et Raël, l’empire lunda et le royaume kongo, et appelle ses lecteurs à apostasier la religion catholique14 ...

Mais il y a mieux. Le texte circule également en anglais – il est également cité par Chinweizu, un intellectuel nigérian, dans l’édition du 6 octobre 2005 du Vanguard, quotidien nigérian disponible en ligne15  .... Il n’est pas interdit de penser que le subit intérêt des anglophones pour ce factum puisse être lié à la parution en 1998, aux Etats-unis, de King Leopold's Ghost16 (1998) un livre d'Adam Hochschild qui décrit l'exploitation de l'État indépendant du Congo par Léopold II et les crimes
qui y furent commis. Cela provoqua dans le monde anglo-saxon un courant d’intérêt, de
publications ou de re-publications, notamment la production d’un documentaire par la BBC,
pour les exactions de la période léopoldienne. Dans la foulée, il se trouva un nouveau lectorat
pour les publications des campagnes humanitaires des années 1900, qui furent retentissantes
surtout en Grande-Bretagne. On relut donc les livres et articles de J.D. Morel et des auteurs
proches de la Congo Reform Association, notamment The crime of Congo de Connan-Doyle
et King Leopold’s Soliloquy de Mark Twain. En moins de deux, Léopold se trouva rhabillé pour
l’hiver et tout prêt à servir de figure emblématique, sorte de Croquemitaine incarnant toutes les
horreurs possibles de la colonisation.



8 P. Fokam, Et si l’Afrique se réveillait. Paris, Éditions du Jaguar, 2000, p. 14-16, et la préface de J.-C. Tietcheu à S. Fê-Nkap, Le Livre sans nom. Yaoundé, Menaibuc, 2000, p. 4-5. La version du texte est identifiée comme un discours de Léopold à des missionnaires en partance pour l’Afrique, en 1883, ce qui permet de contourner le problème posé par le verbe « accueillir ».. 9 Ibid, p. 4-5. 10 http://d1258754.u48.infinology.net/sdl2005/catalogue/fiche.php?idexpo=1834&lang=fr. 11 www.bailos.net. 12 www.cameroon-info.net/cin_reactions.php?s_id=16784#. Les internautes font référence à des sources écrites – les journaux Afric-Nature et Le Réformateur Chrétien. 13 http://udpsliege.afrikblog.com/archives/2006/04/22/1747208.html. 14 www.nlongi.be/eglise-colonisation.phpwww.nlongi.be/eglise-colonisation.php. 15 www.vanguardngr.com/articles/2002/politics/october05/06102005/p106102005.html. 16 En français « Les fantômes du roi Léopold, Un holocauste oublié » Le sous-titre en coup de poing est celui de la traduction française, non de l'original anglais, paru aux États-Unis : Une histoire de cupidité, d'horreur et d'héroïsme dans l'Afrique coloniale. La nouvelle édition en français parue en 2007 traduit le titre d'une manière
plus exacte en: Les Fantômes du roi Léopold : La terreur coloniale dans l'État du Congo, 1884-1908


Dans les commentaires qui accompagnent sa diffusion de la « lettre », Chinweizu s’attaque non seulement au régime colonial et à l’Église catholique, mais aussi aux dirigeants des Églises dites de « réveil », évangéliques et pentecôtistes, qui « continuent à exercer le même mandat », « à diaboliser les dieux africains, et angliciser les noms africains », et « à attaquer et détruire les sanctuaires africains qui ont réussi à survivre. ».
On s’attaque aussi au christianisme de la diaspora africaine « qui continue le mandat léopoldien » de lavage des cerveaux. On décèle là une interprétation afrocentrique du texte – Chinweizu, qui a étudié aux États-Unis, cite d’ailleurs comme sources de la lettre Vera Nobles et Chiedozie Okoro. Leur rôle n’est pas établi, mais leur personnalité est révélatrice : C. Okoro est professeur de philosophie à l’université de Lagos, très intéressé par les religions africaines et la critique du monothéisme ; Vera Nobles est, elle, une enseignante, mariée à Wade Nobles, un intellectuel afrocentriste afro-américain notable.
La version nigériane de la lettre a d’ailleurs trouvé un lectorat sur les sites afrocentristes américains17 et nul doute que, de là, il « rayonne sur la monde », comme la Statue de la Liberté. Jolie carrière, à tout prendre, pour un « faux forgé au Congo, il y a plus de quarante ans, comme argument dans une querelle entre un dictateur et un prélat, tous deux retournés en poussière depuis longtemps.

Est-ce tout ?

Ngalamulume Kalala conclut : « Difficile, face à la trajectoire de ce texte, de ne pas penser à un autre faux célèbre, les Protocoles des Sages de Sion. Comme les Protocoles, il est probablement né d’une manipulation politique, avant de trouver des publics passionnés et de devenir un fragment du dialogue continu entre le passé et le présent, des conflits mémoriels. Cette trajectoire témoigne du poids de la colonisation dans les imaginaires contemporains en Afrique – et en Amérique noire. Il témoigne également de la labilité des processus mémoriels, de leur interpénétration permanente, ainsi que de la fluidité des circulations contemporaines – le rôle d’Internet apparaît ici comme essentiel »
Est-ce tout ce qu’il y a à dire ? Il me semble que non !

Il faudrait, à mon avis, se poser la question : Pourquoi certains documents, parmi lesquels il faut certainement ranger le Protocole aussi bien que le Message du Roi, refont-ils inlassablement surface, alors que leur fausseté a été surabondamment prouvée, démontrée, établie, sans aucun doute raisonnable possible ? Et ceci nonobstant le fait que, dans le cas du faux Message du Roi, il est forgé avec passablement de maladresse et que son inauthenticité saute aux yeux.


 
17 www.afrocentriconline.com/phpBB2/viewtopic.php?p=828613.


Et, toujours à mon humble avis, la réponse ne doit pas être cherchée bien loin. Quand les hommes se sentent contraints de croire à l’incroyable, c’est qu’ils en ont, au fond du cœur, un besoin profond, viscéral, que l’on peut, au choix, qualifier de « psychologique » ou ne pas qualifier du tout.
Ce besoin est même à l’origine de la démarche du faussaire, car celle d’un forgeur de faux documents historiques est radicalement différente de celle du faussaire « de droit commun » qui vise, en contrefaisant des objets d’art, des titres, des valeurs ou des signatures, à faire passer une coquette somme de la poche du « pigeon » dans la sienne. Le faussaire « historique » vise à fournir une preuve documentaire d’un fait, dont il est par ailleurs persuadé qu’il est la vérité vraie. Dans son esprit, il ne commet donc pas de « faux », car ce mot inclut l’idée de « tromperie », au contraire, il aide à la manifestation de la vérité, en un certain sens, il « détrompe » même !

Constatons que le Protocole aussi bien que le Message du Roi, prétendent apporter la preuve d’un complot. Dans la cervelle détraquée et obsédée de l’antisémite, c’est « le complot universel des Juifs pour dominer le monde ». Dans l’esprit d’un militant africain (afrocentriste, kamétologiste, panafricain ou simplement patriote, peu importe), il s’agit du complot des puissances européennes du XIX° siècle – ou, plus largement, du capitalisme et de l’impérialisme - pour soumettre, décerveler, déculturer, abêtir, affaiblir les Africains, pour ensuite les exploiter cruellement à leur profit. L’implantation des églises chrétiennes occidentales faisait partie de ce complot, qui fut bien entendu ourdi derrière le dos des Africains. J’entends d’ici les commentaires sur ce que cela a de « caricatural, exagéré, simpliste, etc… ».
Qu’il me soit donc permis de rappeler à mes commentateurs que ce complot a bien existé, qu’il est connu dans les livres d’histoire sous le nom de « Conférence de Berlin » et qu’on aurait cherché en vain, dans tout le palais du Prince de Bismarck-Schönhausen la moindre trace d’un Africain. On n’en eût pas trouvé, même sous les meubles. Plus « derrière le dos » que ça, tu meurs ! Et, si l’Acte de Berlin18 parle surtout de commerce et de liberté de navigation, les missionnaires et les savants font partie, avec bien sûr les marchands, de ceux dont on veut faciliter la circulation.

De plus, en 1876, Léopold II, qui a eu vent des voyages de Stanley, convoqua à Bruxelles une Conférence Internationale de Géographie. Celle-ci fonda l'Association Internationale Africaine. Léopold II en était le président. L'AIA19 se proclame "neutre" sur le plan religieux, ne mettant en avant que des valeurs humanistes telles la science et le commerce. Mgr. Lavigerie, fondateur des Pères Blancs, réagit à cette prétention de planter en Afrique « le drapeau de la Science » en appelant à y « planter la Croix » et préconise, dans un rapport au pape de janvier 1878, l'envoi de deux "caravanes", en direction respectivement du lac Tanganyika et du lac Nyanza (Victoria)20 .
En ce qui concerne le Congo, toutefois, cette atmosphère de méfiance ne perdurera guère. A preuve, deux citations prises au hasard, parmi des centaines qui auraient été possibles : «Actuellement, le gouvernement favorise, autant qu'il le peut, la diffusion de l'Évangile et le dévouement des missionnaires. Il faut assurer la situation actuelle. Ne pas s'annexer le Congo est, au point de vue religieux, l'abandon au protestantisme de cette merveilleuse colonie» 21 . Il s'agissait alors de désarmer les réserves perceptibles dans le monde catholique à un moment où le gouvernement belge comptait soumettre aux Chambres un traité acceptant la cession par le Roi à la Belgique de ses droits de souveraineté sur le Congo.



18 http://www.congoforum.be/upldocs/Acte%20de%20Berlin%201885.pdf 19 C’est l’AIA qui signera avec des chefs coutumiers les « traités » dont il sera fait état à Berlin pour fonder l’EIC sur « les territoires de l’AIA ». 20 Les Pères Blancs sont disponibles pour ces caravanes, puisqu'ils ont une formation de missionnaires et ne demandent qu'à partir, mais que le contexte politique de l'heure ne leur permet pas d'agir là où ils étaient au départ supposés le faire: en Algérie. C'est à partir de là que Lavigerie, qui avait des ambitions d'apôtre des Musulmans, va se trouver embarqué sans trop l'avoir voulu dans une spirale qui va faire de son ordre le principal apôtre de l'Afrique centrale. 21 Dans «Une interview auprès du R.P. Van Artselaer, supérieur des missions de Scheut», Mouvement géographique, 3 mars 1895, cols. 67-68


Révélateur de l'esprit du temps, il y aussi un projet de concordat établi en 1897 par Mr de Béthune, un des plus actifs protecteurs des missions belges au Congo, qui prévoyait un serment d'allégeance à prêter par les évêques du Congo: « Je jure [...] fidélité au Roi-Souverain. Si dans mon diocèse ou ailleurs j'apprends qu'il se trame quelque chose au préjudice de l'État, je le ferai savoir au Gouvernement ». Consulté, le juriste catholique J. Van den Heuvel exprima ses réserves devant une clause rédigée des termes pareils !22 .
Nous avons déjà là de quoi tenir pour certain qu’une certaine atmosphère de « bonne entente » a régné entre colonisateurs et missionnaires, dès l’époque de Léopold II. Dans le domaine du crime, la « bonne entente » s’appelle « complicité ». Et c’est bien de crimes qu’il a été question lors de ces campagnes humanitaires des années 1900 en Grande-Bretagne où il était question du « caoutchouc rouge » et des « mains coupées ». Or, à ce propos, tout le monde est unanime pour constater un fait : les témoignages dont il est fait état émanent de diverses sources, parmi lesquelles les missionnaires protestants anglo-saxons dominent nettement. Par contre, des Missions catholiques s’élève un silence assourdissant, dans lequel d’aucuns ne tarderont pas à voir un silence complice.

A l’époque, en 1906, Mgr Roelens, Vicaire Apostolique de Moba, publia dans la presse un article significativement intitulé « Une bonne réponse ». Son argumentation se résume à ceci : « Les régions concernées par le ‘caoutchouc rouge ‘ et celles où il y a des missionnaires catholiques sont tout à fait différentes ». Il ajoute même que c’est volontairement que les crimes ont eu lieu loin des yeux des missionnaires. 23 . Malheureusement, il a aussi été établi, au-delà de tout doute raisonnable que cette affirmation de Roelens était un mensonge pur et simple24 . Si on ne se braque pas sur le seul « red rubber », et que l’on considère tout ce qui relève de l’impôt abusif, des violences et pillages de la soldatesque, des exécutions sommaires, etc… force est de constater que les diaires25 des missions en sont pleins, précisément dans son diocèse, dans les environs de Moba, donc pratiquement à la porte de Mgr Roelens. Mieux, il s’est plaint lui-même des abus dans une lettre au commandant de Mtowa-Urua (Albertville/Kalemie). Il écrivait en 1904, à propos du portage. « La route est jalonnée des cadavres de ces malheureux ; sur chaque caravane il y a cinq pour cent de mortalité sur la route même, sans compter ceux qui vont mourir chez eux ou qui restent impotents pour le reste de leurs jours. On m’a cité les cas d’une caravane de 600 porteurs dont 72 ne sont pas revenus… »
Les missionnaires catholiques n’allaient jamais critiquer le système mis en place par le roi. Au contraire, ils allaient en assurer la propagande, comme l’évêque Vanronslé, des pères de Scheut, l’indique en 1904 : "...jamais ni moi-même ni, à ma connaissance, personne parmi mes missionnaires, nous n’avons été témoins oculaires d’un acte de cruauté, ni d’un effet quelconque d’un tel acte…".
Les documents prouvent surabondamment le contraire. Monseigneur mentait.



On ne peut en tirer qu’une seule conclusion : autant il est vrai que les missionnaires 22 Cité par F. BONTINCK[1981], pp.270-271 23 V Roelens « Une bonne réponse » Missions des Peres Blancs. mars l906. pp 65 72 également paru dans Le Bren public 24De Boeck Guy, Les Héritiers de Léopold II ou l’Anticolonialisme impossible / Tome I Le Temps du Roi, Brainele-Château, Dialogue, 2005 Cfr pages 239 – 241 25 Le « diaire » (du latin « diarius », journalier) est une invention de Mgr Lavigerie. Il imposa à ses missionnaires de tenir une sorte de « journal de bord », où les événements devaient être notés, au jour le jour.


On ne peut en tirer qu’une seule conclusion : autant il est vrai que les missionnaires catholiques étaient trop loin des « lieux du crime » pour avoir été directement témoins des atrocités du « caoutchouc rouge », et doivent donc être acquittés du chef de complicité tacite dans ces cruautés-là, autant ils sont coupables d’avoir tu une atmosphère de terreur entretenue dans tout le pays par les représentants du pouvoir. Il n’ont pas vu « le pire », mais ils auraient dû aviser le monde de ce que « l’ordinaire » était déjà grave !
Ajoutons que, comme à l’ordinaire dans l’Eglise catholique, qui est une structure très hiérarchisée avec une discipline stricte, la décision de ne pas parler vint d’en haut. Qu’un petit pasteur local écrive directement dans la presse est imaginable chez les Protestants. Les catholiques prennent note, et transmettent à leur hiérarchie. Et celle-ci en fait ce qui lui semble bon.
Le silence, et il existe indéniablement, est celui de la hiérarchie. Dès alors, le comportement individuel des Missionnaires est celui de régulation des tensions à l’intérieur d’un système, et non de dénonciation du système dans son ensemble.

Il peut y avoir à cela deux raisons qui ne s’excluent d’ailleurs pas. La première est que, malgré tout, la plupart des missionnaires catholiques étant belges, dans la colonie du Roi catholique des Belges, ils ne se sentaient pas avec l’EIC la même distance que les missionnaires protestants qui, eux, étaient et se sentaient bien « à l’étranger ». D’où pouvait provenir une propension à « laver son linge sale en famille ». L’autre, c’est que l’Eglise avait fait son deuil des théories Planque/Comboni/Lavigerie de "régénération de l'Afrique par les Africains eux- mêmes". Il n’était plus question de chercher des « Clovis noirs », mais bien de prêcher à l’ombre des baïonnettes coloniales. La colonisation ne se fait jamais sans violence et il fallait s’en accommoder, en Afrique, tout comme on s’accommodait, en Europe, des régimes politiques existants. Négocier avec ces régimes, tant à propos de ce qui se passait en métropole que de leur attitude envers les Missions dans leurs colonies, cela relevait de la diplomatie vaticane. On peut soupçonner qu’aux alentours de 1900, il parut préférable à l’Eglise catholique de ne pas utiliser ouvertement ce qu’elle savait, mais d’en tirer avantage pour négocier avec l’EIC les accords de 1905 et 1906 qui fixaient les rapports entre l’Eglise et l’Etat…

Il faut d’ailleurs remarquer que c’est là une attitude qui persistera à travers toute la période coloniale, et se retrouve encore, beaucoup plus près de nous, chez la CENZa , puis la CENCo, malgré une certaine évolution, timidement positive.
Les catholiques, encore une fois, prennent note, et transmettent à leur hiérarchie. Et ce que dit la base est précis. Il y a des noms, des faits, des chiffres… Puis, au fur à mesure qu’on s’élève dans la hiérarchie, les faits deviennent de plus en plus évanescents, pour ne donner finalement, à la Conférence épiscopale nationale, qu’un discours moralisateur sans consistance ni relief.
Citons encore quelques menus faits, datant, eux, du Congo belge. En 1912, les écoles des missions reçurent au total pour environ 50.000 fr de subsides. En 1919 il s’agissait de 72.150 Fr., en 1923 de 145.000 et en 1924, de 220.500 Fr. Or, si 1912 se situe encore sous l’administration du catholique Renkin qui n’avait en principe rien à refuser aux missionnaires, les autres années, où l’augmentation est fort significative, se situent sous le ministère Franck, libéral mais partisan, comme Voltaire, d’une religion qui assure la docilité du peuple.

Ce progrès des subsides montre en tous cas que les déclarations du ministre, comme celles de 1930 : “Ce qui nous donne surtout bon espoir c’est que toute l’élite des coloniaux, à quelque opinion qu’il appartienne, est aujourd’hui persuadée que seule la religion chrétienne catholique, basée sur l’autorité, peut être capable de changer la mentalité indigène, de donner à nos noirs une conscience nette et intime de leur devoir, de leur inspirer le respect de l’autorité et l’esprit de loyalisme à l’égard de la Belgique.”26, n’étaient pas de simples politesses rhétoriques, mais correspondaient bien à une option profonde et réfléchie : la question fondamentale, c’est le maintien de l’ordre, pour laquelle la religion est moyen efficace, bon marché et ne soulevant pas de protestations, au contraire du recours à la force.

Il s’agit donc bien d’une priorité donnée, moins à l’enseignement religieux qu’à l’implantation d’une « religion d’autorité et de loyalisme » à des fins d’ordre et de docilité, sur l’objectif de créer un enseignement officiel neutre.
A cette réserve près que le complot a eu lieu au grand jour et que les comploteurs n’ont jamais revêtu la panoplie du « conjuré » de mélodrame, avec masque, poignard et manteau couleur de muraille, le « complot a bien eu lieu et l’Eglise catholique y était bien impliquée, même si cela s’est fait de manière indirecte et compliquée.
Seulement, pour le savoir, il faut dépouiller de nombreux documents, dont la lecture est fréquemment lassante et qui, d’ailleurs, ne sont pas facilement accessibles. Le faussaire va donc supprimer les détours inutiles, résumer la teneur du message en y incluant de nombreuses référence aux plus mauvais souvenirs de la colonisation (inégalités, mépris, vexations et humiliations) pour les rattacher au vécu, et l’attribuer directement aux figures les plus emblématiques : le Roi du côté des colonisateurs et les Missionnaires, du côté de l’Eglise. Dès lors, on a sur le complot un argumentaire léger et aisément portable, mis à la portée de tous.

A quoi servent alors les « complots ». Ils ont cinq fonctions qu'ils peuvent remplir dans l'imaginaire — et dans la réalité, puisque la mise au jour d'un complot (n'existant parfois que dans l'esprit de ses « découvreurs ») est souvent suivie de l'organisation bien réelle d'un contre- complot :
- aider à l'identification des forces occultes à l'origine du complot— et confirmer qu'elles sont impitoyables;
- lutter contre ces forces en révélant les secrets qui les rendent puissantes ;
- justifier la contre-attaque contre l'ennemi désormais clairement identifié comme totalement néfaste ;
- mobiliser (les foules et/ou les autorités, c’est selon) pour la cause que les révélateurs du complot défendent ;
- recréer un monde intelligible, fût-il épouvantable et terrorisant.

Emplois, fonctions et réapparitions du « Message du Roi »

Il ne me semble pas subsister de doute sur le fait qu’au départ, dans les années ’70, le « Message » a été concocté dans une officine mobutiste, avec pour but assez étroit et à court terme de glisser une peau de banane sous les pas de Mgr Malula, durant la fameuse série des « incidents » qui l’a opposé à Mobutu. Son message est de rappeler que l’Eglise catholique est étrangère, non-africaine, coloniale, et que, comme telle elle est associée aux plus mauvais souvenirs de la colonisation (inégalités, mépris, vexations et humiliations). Si on ne veut pas revoir ceux-ci, il faut se tourner vers « l’authenticité ».



26 Citations d’après « Le Congo belge », Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1930, I, p. 311, II, p. 208 13


Même si le but premier était assez étroit (l’introduction des cellules de la JMPR dans
les écoles et séminaires catholiques), la riposte du pouvoir fut globale, consista en une rupture
totale avec l’Eglise catholique, allant jusqu’à la campagne de propagande contre elle sur les
ondes des médias nationaux, dans laquelle prit place la chanson « Nakomitunaka » dont nous
avons parlé. A l’époque, il courait deux rumeurs : l’une prêtait à Mobutu l’intention d’imposere Kimbanguisme comme religion officielle de l’Etat, l’autre, qui courait chez les chrétiens, y compris certains religieux, annonçait des persécutions27 .
Même si le « coup » avait des visées à court terme, la diffusion du document tendait à transmettre le message « Détournez-vous des religions coloniales importées » qui, lui, est à long terme.
C’est certainement comme tel qu’il a intéressé deux catégories de lecteurs. D’une part, il ne pouvait que plaire aux Eglises indépendantes, Kimbanguistes en tête, qui y voyaient un argument contre leur plus puissant concurrent. D’autre part, il a éveillé l’intérêt des afrocentristes de toutes tendances parce que ceux-ci exhortent les Africains à se « nettoyer l’esprit », à se « décoloniser le cerveau » des croyances aliénantes léguées par la colonisation, dont les religions.

Alors que les sectateurs de Mobutu avaient un objectif précis et limité, ils ont néanmoins produit un texte qui peut s’utiliser, dans le cadre d’un combat pour le « retour à une africanité intégrale », fatalement à (très) long terme, n’importe où et n’importe quand.
Par contre, on a aussi pu constater, ces dernières années, que le « Message du Roi » faisait des réapparitions, par pointes sporadiques, entr’autres sur « l’Internet congolais » 28, en certaines circonstances. Ce sont des occasions où l’Eglise catholique s’est montrée décevante et où, semble-t-il, on lui rappelle d’où elle vient (à moins que soit un aide-mémoire à l’usage du public). Ce fut par exemple le cas à l’occasion de rentrées des classes où l’on estimait, semble-t-il, que l’épiscopat rechignait à prendre sa part du fardeau.
Mais surtout, cela se produit quand le mécontentement envers l’Eglise est lié aux questions électorales, perpétuel sujet d’irritation des Congolais durant les dix dernières années. L’Eglise est en effet la seule organisation qui fasse suffisamment le poids face au pouvoir pour pouvoir se permettre d’élever la voix sans subir illico toutes les rigueurs de la répression. Or, elle a cruellement déçu à trois reprises au moins.
En 2005, on sait qu’une « scène de ménage » à propos des élections, a opposé le cardinal Etsou et l’abbé Malumalu. On pensait que le Cardinal avait acculé l’abbé à reconnaître qu’il avait organisé les élections en faisant voter un « corps électoral inconnu », faute de recensement préalable de la population. Ce fait à lui seul suffirait à en « plomber » gravement la crédibilité. On n’en sut jamais le fin mot, Etsou étant mort peu après.

En 2011, les élections de novembre-décembre ont donné des résultats qu'une personne avisée, réfléchie, d’esprit libre et critique devrait considérer comme nuls, donc sans gagnant29 . L’Eglise, qui s’était vantée d’avoir déployé un réseau serré d’observateurs n’a jamais publié les résultats partiels constatés par ceux-ci, malgré cette déclaration du Cardinal Laurent



27 Je puis en témoigner personnellement, puisque je me trouvais alors au Congo, où j’enseignais dans une école catholique. Certains de mes collègues me donnaient l’impression de se croire revenus au temps de Néron. 28 J’appelle ainsi l’activité de diffusion sur Internet, sous une autre forme que les sites, blogs, Facebook ou Tweeter, accessibles à tout le monde. Il s’agit essentiellement des « groupes », comme p. ex. les « groupes Yahoo ». 29 La suite aurait dû être l'annulation pure et simple, des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge. Au lieu de quoi on n’a assisté qu’à des élucubrations pour défendre la victoire « officielle » de JKK, et à d’autres élucubrations pour défendre celle, tout aussi hypothétique, de Tshisekedi.


Monsengwo, archevêque de Kinshasa : « Les résultats publiés ne sont conformes ni à la justice ni à la vérité “. On n’a donc que des résultats dont la crédibilité est nulle.30
Cette année, enfin, après un certain nombre de déclarations très fermes de Monsengwo ou de la CENCO, l’Eglise s’est inclinée sans murmurer lorsqu’on lui a interdit de commémorer la « Marche des Chrétiens », en février, par une nouvelle marche.
Il semble bien qu’à chaque fois que l’Eglise « se déballonne » l’un ou l’autre farceur brandisse le « Message du Roi » comme une sorte de signal furieux ou goguenard, qu’on pourrait traduire par « Alors, les curés ? On reprend son rôle du ’Joyeux temps des colonies’ ? On distribue l’opium au peuple ? »
Singulière ironie du sort ! Un faux commis dans l’intention de nuire à l’Eglise catholique finit par servir à lui rappeler son véritable rôle ! Mais ne dit-on pas que « Dieu écrit droit avec des lettres courbes » ?"



30 Les élections de 2011 ont, par-dessus le marché, été entachées de fraudes et de manipulations à un point tel qu’elles ont donné des résultats qui, en réalité, sont encore inconnus. Les fraudes les plus importantes ayant eu lieu au niveau des centres de compilation, on ne pourrait se rapprocher de la « vérité des urnes » qu’en se référant aux PV des bureaux de vote, dernière opération publique et vérifiée par des témoins. Les chiffres de la CENI ne s’accompagnaient pas de ces PV, les chiffres publiés par l’UDPS, non plus. L’Eglise s’est tue. Les législatives ont été dignes de la présidentielle, sinon pires. Mais la CSJ a entériné les résultats de la présidentielle et des législatives. Le temps s’est écoulé, les résultats des élections demeureront à jamais inconnus. C’est d’autant plus certain que la CENI a fait incinérer tous les documents relatifs aux élections de 2006 et 2013 en octobre 2014, soit, en ce qui concerne les plus récents, après un délai de trois ans seulement, anormalement court pour ce genre d’affaires."


Compatriotiquement!


# Si haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul #
# Que faisait Dieu avant la création ? De toute éternité, il préparait d'épouvantables supplices pour celui qui poserait cette question. #

ndonzwau


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