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LES CAUSES DU TERRORISME CIBLE CONTRE L’ARCHIDIOCESE DE BUKAVU

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LES CAUSES DU TERRORISME CIBLE CONTRE L’ARCHIDIOCESE DE BUKAVU Empty LES CAUSES DU TERRORISME CIBLE CONTRE L’ARCHIDIOCESE DE BUKAVU

Message  Calcul 16/12/2009, 11:36 pm

ELEMENTS D’ANALYSE SUR

LES CAUSES DU TERRORISME CIBLE CONTRE L’ARCHIDIOCESE DE BUKAVU


Ce 09 Décembre 2009


Par le Prof. Abbé Richard MUGARUKA M.


(Document d’analyse destiné au comité de crise de l’Archidiocèse de Bukavu)





Au delà de l'émotion légitime et justifiée suscitée par les assassinats ciblés contre les prêtres, les religieux, les religieuses et les institutions de l'archidiocèse de Bukavu, une réflexion et une analyse objectives s'imposent à ce sujet.. Il faut, en effet, éviter d'une part, de présenter comme un fait divers ou un accident du au hasard, une situation dont la répétition pose problème, et d'autre part, de laisser s'installer cette pratique criminelle, injuste et traumatisante contre des innocents. Pour endiguer cette dérive, il est important et urgent d'en rechercher et d’en élucider les causes..



Pourquoi Bukavu, et, en particulier, l'archidiocèse de Bukavu, ses prêtres, ses religieux et ses religieuses et ses institutions ?



Avant de tenter de répondre à cette il est important de noter que, dans la plupart des cas, ces crimes à répétition dirigés contre les ecclésiastiques et les religieux de l’archidiocèse de Bukavu, ont été perpétrés, selon les témoins, par des hommes armés, en uniforme militaire.

Il sied également de signaler que les quatre derniers actes criminels sont intervenus au cours des trois derniers mois :


- attaque et pillage du presbytère et prise des prêtres en otage à Ciherano le 3 octobre 2009 à 20h et leur libération contre paiement d’une rançon le surlendemain ;

- attaque et pillage du complexe scolaire de Nyangezi dirigé par les frères maristes, le 5 octobre 2009 à 19h ;

- attaque du presbytère de Kabare et assassinat par balle de l’abbé Cizimya Daniel, le 6 décembre 2009 à 2h ;

- assassinat par balle de la sœur Denise au monastère cistercien de Murhesa, le 7 décembre à 19h.



Ces assassinats s’inscrivent dans la série de nombreux autres perpétrés, ces deux dernières années, dans le Sud Kivu et surtout à Bukavu, contre des civils innocents, et en particulier contre les leaders d’opinion, notamment les journalistes et les chefs coutumiers.



Enfin, aucune des enquêtes judiciaires engagées n’a jusqu’ici abouti à des résultats probants. Il faudrait attendre leurs conclusions pour se prononcer définitivement sur les faits et établir les responsabilité s. Toutefois, à défaut de tout dispositif préventif, il y a lieu de craindre que la série noire ne s’arrête pas là.



Par ailleurs, comme nous le verrons, les causes de cette situation ne sont pas principalement locales : elles relèvent des décisions prises par les dirigeants du pays au niveau national dans le contexte d’un Etat congolais affaibli et sinistré, et en rapport avec la configuration géopolitique et géostratégique actuelle de la sous région des Grands Lacs d’Afrique et du monde. C’est donc à ces différents niveaux qu’il faut porter le débat et examiner cette situation, si l’on veut y apporter une solution adéquate.



Quelles sont donc les causes de ce terrorisme dirigé contre l’Eglise catholique à Bukavu, qui fait penser à un processus de « somalisation » dans le Kivu ? Et quelles sont les pistes de solution susceptibles d’’être explorées et exploitées ?



A. LES CAUSES



1. Les causes apparentes ou immédiatement perceptibles



a) Les prêtres et les religieux sont des témoins gênants des viols, des massacres et des violations des droits de l'homme massivement perpétrés dans cette région depuis 1996 par les diverses rebellions et factions armées y compris les Forces armées de la République démocratique du Congo. Depuis l’implication directe de l’ONU dans la transition en RDC, ces crimes se commettent sous l'oeil impuissant et coupable de la MONUC qui se contente de les dénoncer sans les prévenir ou les empêcher, et surtout, sans assurer, conformément à son mandat, la protection des populations civiles innocentes.



b) Nul n’ignore le rôle de premier plan joué par l’Archidiocèse de Bukavu, sous la houlette de ses évêques successifs, dans la résistance populaire à l’invasion et à l’assujettissement de la RDC par diverses coalitions politico militaires rwando-congolaises illégales qui mènent une guerre meurtrière dans le pays depuis 1996 à ce jour. De là à considérer l’Eglise catholique comme l’institution à abattre pour briser la résistance populaire à l’hégémonie rwandaise qui s’est installée et se renforce dans la région à la suite de la faiblesse et de la capitulation militaires et diplomatiques de Kinshasa face à Kigali, il n’y a qu’un pas qui a été franchi. La tactique choisie à cette fin, c’est le terrorisme ciblé contre l’Archidiocèse de Bukavu, ses prêtres, ses religieux et religieuses, et ses institutions.



c) Les prêtres et les religieux ainsi que les institutions d'Eglise constituent des caisses de résonnance de l'insécurité qui règne dans la région et de l'incapacité de l'Etat à protéger ses populations et de restaurer l'autorité de l'Etat. L’assassinat des prêtres et des religieux est médiatisé, tandis que les crimes, plus nombreux mais tout aussi crapuleux, perpétrés contre des civils sont moins connus et suscitent moins de réactions et d'émotion dans l'opinion aussi bien locale et nationale qu'internationale. Les trois assassinats des journalistes à Bukavu, assassinats jusqu’ici non élucidés, participeraient de la même stratégie du choix porté sur des cibles susceptibles d’une large médiatisation et donc d’influence dans l’opinion tant nationale qu’internationale.



d) Les groupes armés non gouvernementaux chercheraient à attirer l'attention nationale et surtout internationale sur leurs revendications, dans l’espoir de décrocher des négociations politiques débouchant sur des accords qui leur permettraient d'accéder au partage du pouvoir tout en échappant à la justice. Cette pratique immorale et antidémocratique a été institutionnalisé e depuis la transition, en RDC avec la formule 1+4. Elle a été soutenue et installée avec la complicité de la communauté internationale. Les soldats de l’armée nationale, quant à eux, recourraient au crime afin d'attirer l'attention sur leur situation salariale et sociale désastreuse (sous-paiement, impaiement, retard de paiement, détournement de leur solde et de leurs rations alimentaires par les officiers... ).



2. Les raisons politiques, géostratégiques et géopolitiques



a) La poursuite du plan de la balkanisation de la RDC et de l'annexion de sa partie orientale au Rwanda


Cet objectif qui n'a pas été possible de réaliser par la guerre, n’a pas été abandonné. Sa concrétisation se poursuivrait par de nouvelles stratégies consistant à créer et à maintenir à l’est du pays un climat d'insécurité qui démontre l'incapacité de l'Etat congolais à pacifier, à sécuriser, à gérer et à gouverner cette partie de son territoire[1]. Ce plan de la balkanisation de la RDC est en cours avec la complicité de l’Etat congolais incapable de maitriser sa démographie, de contrôler le flux migratoires à ses frontières et de sécuriser son territoire.


Bien plus, le premier bénéficiaire de ce plan, notamment le Rwanda qui y trouverait la solution à son problème crucial de surpopulation et d’insuffisance d’espace vital, est parvenu à s’imposer militairement et diplomatiquement, sur la RDC fragilisée par une guerre d’usure, par la mauvaise gouvernance et par la corruption, l’incurie et la vénalité de bon nombre de ses dirigeants.. Prenant acte des rapports réels de force entre Kigali et Kinshasa, la communauté internationale a imposé à celle-ci l’acceptation de l’hégémonie rwandaise dans la région et le partage des ressources et de territoire congolais avec ses voisins, ouvrant, de ce fait, la voie à un processus larvé de l’annexion du Kivu au Rwanda[2].



b) Ce climat de « ni guerre ni paix » qui perdure dans l'est de la RDC continue à favoriser l'exploitation illégale des ressources naturelles et stratégiques dont regorge cette partie du pays, par les réseaux maffieux étatiques et non étatiques, nationaux et internationaux mis en place à la faveur de la guerre et qui ont leurs bases de transit dans les pays limitrophes, notamment le Rwanda et l'Uganda et même le Burundi. Les rapports successifs des experts de l’ONU ont bien identifié ces réseaux maffieux demeurés actifs jusqu’à ce jour, avec la complicité des Etats voisins et autres occidentaux et asiatiques…explicitement identifiés et connus[3], qui les hébergent.



c) La tactique de la diabolisation systématique de tous les leaders politiques et religieux Bashi[4] par le lobby tutsi qui les fait passer pour des "racistes" afin de briser, en la décapitant, la résistance populaire congolaise du Kivu à la politique hégémonique, expansionniste, militariste et prédatrice du régime de Kigali.


LL EE NNSS Munzihirwa, Kataliko, anciens archevêques de Bukavu pendant la guerre...ont été ainsi faussement accusés de tribalisme et de racisme par le lobby tutsi afin d'édulcorer et de décrédibiliser leur action prophétique en faveur de la paix et leur dénonciation des violations massives des droits de l'homme et des viols et des massacres odieux perpétrés contre les populations civiles innocentes.


Aujourd’hui, S.E. Mgr Maroyi François Xavier fait l'objet de la même diabolisation au sein des officines des ambassades occidentales à Kinshasa, qui, dans leur naïveté et leur habituelle complaisance envers Kigali en raison de leur responsabilité dans le génocide au Rwanda, se laissent facilement manipuler et intoxiquer par le même lobby tutsi, infiltré dans toutes les organisations internationales, et même au sein des institutions d'Eglise.

Aujourd'hui, l'Archidiocèse de Bukavu est exclu lorsqu'il s'agit d'accorder des aides financières internationales des pays de l’UE, dans le cadre du processus de la pacification de l'est de la RDC , sous le prétexte que les prêtres de Bukavu et leur pasteur seraient des racistes anti-tutsi, traumatisés par la guerre.

Ce faisant d’ailleurs, on inverse les rôles : les bourreaux coupables prennent la place des victimes innocentes, et ces dernières deviennent paradoxalement les bourreaux et les coupables. Quelle injustice !


d) L’incapacité de l’Etat congolais à sécuriser et à protéger sa population. Sur le plan militaire et sécuritaire, l’échec des opérations militaires Umoja wetu, Kimya I et Kimya II a été constaté et dénoncé par le récent rapport des experts de l’ONU[5].

Le commandant de la MONUC , le général Babacar Gaye a déclaré à la presse[6], en novembre dernier, que les éléments du FDLR n’ont été neutralisés qu’à 35%, tandis que les experts de l’ONU ont, dans leur dernier rapport, signalé que le FDLR recrute des nouveaux combattants au Rwanda et qu’il les fait entrer en RDC par le Burundi et l’Uganda[7]. Pendant ce temps, les populations civiles innocentes du Kivu, en errance à la suite des opérations militaires contre les FDLR, continuent à être victimes des viols, des exactions de tous genres (maisons incendiées, assassinats…) de la part de tous les groupes armés étrangers et nationaux.

L’intégration des Tutsi Rwandais dans les FARDC, à l’occasion du brassage des troupes du CNDP, à la suite des accords de décembre 2008 et de l’opération Umoja wetu, a renforcé le caractère hétéroclite et la non fiabilité de l’armée nationale congolaise. Ce sont ces unités brassées, conglomérats de bandes armées, dont certains commandants issus du CNDP ( ndrl : et des FDRL) continuent à rester inféodés à Kigali, qui sont déployées dans le Kivu dans le cadre de l’opération Kimya II. Une bonne part des crimes, des viols, des vols, des assassinats et des violations des droits de l’homme leur est imputable et leur est effectivement imputé par de nombreux rapports de la MONUC et des organisations humanitaires présentes sur le terrain[8].



e) Sur le plan diplomatique, la RDC n’a été capable ni de gagner la guerre contre le CNDP(armé par Kigali), ni de négocier une vraie paix. Ce qui pousse le Rwanda à continuer à tirer profit de sa victoire militaire et diplomatique pour mieux asseoir son hégémonie dans la sous-région et favoriser le déversement d’une partie de sa population dans le Nord Kivu. L’existence d’une administration parallèle dans le Masisi et dans Rutshuru illustre bien cette présence persistante du CNDP, dont les accointances avec Kigali ne sont pas à démontrer. Bien plus, la récente tentative avortée de l’invasion de l’est par les Tutsi à la frontière burundaise, et l’invasion en cours, du territoire de Rutshuru par des dizaines de milliers de rwandais démontrent combien la régularisation des relations diplomatiques entre la Kinshasa et Kigali a été un marché des dupes.


f) Sur le plan politique, l’opacité et l’absence du débat démocratique qui ont entouré Umoja wetu, Kimya I et Kimya II, et l’intégration des rwandais présents dans le CNDP au sein des FARDC par le truchement d’un brassage précipité et empirique, continuent à alimenter les frustrations et les incompréhensions de la population congolaise qui assiste médusée au bradage de l’intégrité du territoire et de la souveraineté nationale. En négociant la paix avec le Kigali sans l’appui et en dehors du peuple congolais,et après des revers militaires devant Nkunda, Kinshasa s’est fragilisé davantage et s’est lui-même condamné à une capitulation sans condition et aux conséquences préjudiciables à l’intérêt national.

Bien plus, les FARDC continuent à entretenir des liens résiduels de complicité avec les FDLR, au point qu’il y a lieu de se demander si les opérations militaires en cours ne sont pas des simulacres destinés à couvrir des trahisons inavouables[9].

Kinshasa porte la responsabilité de la situation sécuritaire chaotique consécutive aux accords rwando-congolais de décembre 2008, demeurés jusqu’à ce jour secrets.

Et lorsque la population qui en est victime s’en plaint, certains dirigeants lui rétorquent cyniquement que c’est elle, la population, qui est complice des FDLR qui la maltraitent… Ils orchestrent une campagne systématique de désinformation sur la situation sécuritaire qu’ils ne maîtrisent pas. Certains croient soutenir le régime en demandant à la population de s’organiser pour se défendre contre les soldats indisciplinés de l’armée nationale dont certains éléments se rendent coupables de viols, de massacres, d’exactions et de graves violations des droits de l’homme.

Alors qu’il revient au commandement militaire d’encadrer les soldats et d’assurer la discipline au sein de l’armée, certains dirigeants se croient en droit de défendre, avec un cynisme et une arrogance méprisants, ces criminels, en s’en faisant ainsi les complices. En tout état de cause, un gouvernement qui n’est pas en mesure d’assurer la sécurité de sa population, devrait démissionner. Chercher à transformer en vertu une telle incapacité, relève de la prostitution intellectuelle et d’un militantisme politique irrationnel et contreproductif. La sécurisation de la population constitue, en effet, la mission et le devoir primordiaux de tout Etat.





B. Quelques pistes de réflexion et de solution



Le problème de l’insécurité persistante à l’est de la RDC s’inscrit dans le contexte global de la défaillance, de la déliquescence, de la faiblesse et de la démission de l’Etat congolais. Il ne pourra être résolu de manière définitive que par la restauration de l’Etat congolais et de son autorité sur l’ensemble du territoire.



Cette restauration de l’Etat repose sur quatre piliers : une classe dirigeante compétente, honnête et acquise à la bonne gouvernance ; une justice indépendante et impartiale et efficace ; une administration a-politique et rigoureusement organisée ; et enfin, une armée républicaine, performante et dissuasive.



Plus immédiatement, dans l’est de la RDC , il faudrait :



Sur le plan interne, demander et obtenir :



- l’encasernement de toutes les unités militaires brassés et leur transfert dans des camps situés dans les provinces de l’ouest du pays ;

- la planification de leur démobilisation progressive et de leur insertion socio-économique ;

- leur remplacement par des unités républicaines, disciplinées et mieux encadrées ;

- la protection des populations civiles innocentes et des déplacés en errance dans la région ;

- la mise en place d’une justice rigoureuse et efficace, chargée des dossiers des viols, des incendies des villages, des assassinats et des autres violations des droits de l’homme ;

- la déclassification et la revisitation en toute transparence par l’Assemblée nationale, des accords de paix conclus en décembre 2008 et portant sur l’opération militaire conjointe rwando-congolaise Umoja wetu.

- l’évaluation par une commission parlementaire, des résultats des opérations militaires Kimia I et Kimia II et du dossier de l’invasion du Kivu par des Rwandais se faisant passer pour des réfugiés congolais ;

- l’évaluation globale, par une autre commission parlementaire, de la situation sécuritaire à l’est de la RDC, notamment dans les Uélé, en Ituri, dans le Nord Kivu et le Sud Kivu.

- la mise en place d’un processus efficace du contrôle des flux migratoires des populations à la frontière orientale du pays et le recensement de la population.



Sur le plan diplomatique, il faudrait :



- Obtenir que le Rwanda organise le dialogue politique interwandais pour résoudre le problème rwando-rwandais du génocide et des FDLR . Toutes les solutions militaires proposées par la Communauté internationale ont, en effet, échoué. Et la RDC ne peut continuer à vivre son présent et à hypothéquer son avenir sur fond du passif du passé d’un autre pays. N’ayant pas pu traduire en justice et traquer les auteurs de la mort de près de six millions de ses citoyens, victimes d’une guerre postérieure au génocide rwandais de 1994, la RDC n’a aucune raison qui puisse justifier qu’elle continue à accepter que son armée serve d’instrument de poursuite par Kigali de ses rebelles rwandais du FDLR présumés génocidaires qui ne peuvent rentrer chez eux, faute des conditions politiques de sécurité et d’accueil. La RDC est un pays souverain qui ne peut et ne doit s’inféoder au Rwanda dans une opération qui sacrifie ses propres intérêts et met en jeu la vie de sa population de l’est.



- Quant au partage des ressources naturelles de la RDC , il ne peut légalement lui être imposé de l’extérieur et à son détriment. La RDC est un Etat souverain qui demeure le propriétaire légal de son sol et de son sous-sol. Tout partage de ses ressources naturelles doit se faire dans le strict respect de cette souveraineté garantie par le droit international, et donc dans la légalité et la transparence.



- Il faudrait, enfin, que la Communauté internationale s’implique davantage dans la lutte contre les réseaux maffieux étatiques et non étatiques, locaux et internationaux, ainsi que contre les multinationales qui continuent à se servir du Rwanda et de l’Uganda et d’autres pays limitrophes, comme bases d’accès à l’exploitation frauduleuse et illégale des ressources naturelles de la RDC .Il est en effet de notoriété publique que l’insécurité persistante à l’est de la RDC est alimentée par l’exploitation illégale des ressources naturelles du pays.





CONCLUSION



La RDC n’est la propriété privée de personne : elle appartient au peuple congolais tout entier. Bien plus, les dirigeants congolais n’ont le devoir de gérer le pays conformément à la volonté du peuple, souverain premier. Ils n’ont pas le droit d’inverser les rôles en prenant le peuple en otage et en lui imposant leur diktat ou des décisions contraires à ses intérêts vitaux. Les élections n’ont pas donné un chèque en blanc aux dirigeants élus qui demeurent comptables devant le peuple et doivent lui rendre régulièrement compte. Les dirigeants autocrates, cyniques, arrogants qui se croient autorisés à se soustraire au contrôle du peuple, à le manipuler et à l’asservir, sont des tyrans en puissance et des fossoyeurs de la démocratie. Ils devraient rendre le tablier. Enfin, l’Etat a, comme mission et devoir primordiaux, de sécuriser sa population. Un Etat incapable de protéger sa population est un Etat défaillant et sans raison d’être. En politique comme en géopolitique, la faiblesse constitue non seulement un vice, mais aussi et surtout une faute lourde et souvent fatale.





Fait à Kinshasa, le 10 Décembre 2009



Prof. Abbé Richard MUGARUKA M.

[1] Sous le titre évocateur « Bakanisation en marche : changement de méthodes », le quotidien kinois Le Potentiel, du 19 octobre 2009, écrit : « Floraison d’études sur la problématique du développement des pays africains. Quatre thèses ont tendance a émergé pour expliquer cette situation : étendue géographique, densité démographique, ressources naturelles et montée en puissance de l’ethnicisme. Des théories qui vont à l’encore des objectifs de l’Union africaine de réussir l’intégration sous-régionale, tant sur le plan économique et politique, mais qui favorise la création des « Etats nains ». Le Soudan, le Nigeria, l’Angola et la RDC sont visés. Comme pour dire , la balkanisation a la peau dure ».

[2] Voici ce que rapporte à ce sujet un article paru dans le quotidien kinois La Tempête des Tropiques, du 25 Novembre 2009, sous le titre évocateur : « Prolifération de maquis et afflux des réfugiés rwandais. Le Kivu subit une annexion silencieuse » : « Les instigateurs et les partisans de ce plan machiavélique l'auraient-ils enterré, ou auraient-ils tout simplement temporisé? Le regroupement des belligérants majeurs et mineurs à Kinshasa, gratifiés des primes d'encouragement à la guerre avec leur coparticipation à la gestion du pays qu'ils venaient de piller et de ravager; le processus électoral dont sont sortis les nouvelles institutions et leurs animateurs; l'accord de Nairobi signé entre Kinshasa et Kigali, la conférence de Goma sanctionnée par un acte d'engagement signé par le gouvernement et tous les groupes armés opérant au Kivu ; l'installation à Goma d'une structure supranationale permanente composée des Plénipotentiaires de certaines puissances d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord ;le brassage ; les opérations militaires combinées RDC-Rwanda au Nord Kivu ; l'intégration des éléments du CNDP dans les institutions; les opérations Kimia II etc.

Toutes ces stratégies n'ont pas mis fin à la guerre et ramené la paix au Kivu. La situation va toujours de mal en pis. Les rapports de la Monuc et des ONG de défense des droits de l'homme aussi bien internationales que nationales décrivent dramatiquement cette situation, tant et si bien que d'autres parmi elles s'attirent le foudre du pouvoir. Le pourrissement • d'une situation chronique qu'on ne parvient pas à maîtriser ou à endiguer, peut à la longue devenir le fait accompli. C'est vers là que le Kivu s'achemine.. La balkanisation peut s'opérer par des procédés directs ou indirects, tous les chemins menant à Rome.

La faillite de toutes les stratégies et la persistance de l'imbroglio sur le terrain n'autorisent pas à pressentir le contraire. Des groupes armés rebelles font allégeance aux institutions légales du pays, sont intégrés dans l'armée régulière et mêlés aux opérations de pacification. D'autres, par contre, déjà repentis et familiarisés avec les FARDC, font défection et retournent dans le maquis ».



[3] On peut notamment lire dans le Rapport n° S/2008/773 du 12/12/ 2008 du Conseil de sécurité de l’ONU, aux § 128 et 129 ce qui suit.. Au § 128 : « Selon le Centre d’évaluation, d’expertise et de certification des substances minérales précieuses et semi-précieuses (CEEC), en 2007 la RDC a exporté officiellement à l’est du pays à peu près 14.694tonnes de cassitérite, pour une valeur d’environ 45 millions de dollars US ; 1.193 tonnes de wolframite, pour une valeur d’environ 4.270.000 dollars ; et 393 tonnes de coltan pour une valeur d’environ 3.620.000 dollars. Les statistiques officielles du CEEC indiquent que pour l’année en cours (2008) le volume des exportations de cassitérites avait déjà atteint près de 12.000 tonnes en juillet, pour une valeur estimée à environ 127 millions de dollars en raison des pics enregistrées dans le cours de l’étain avant que les prix des produits de base ne chutent sur les marchés mondiaux. La production du coltan avait alors atteint près de 300 tonnes,, pour une valeur d’environ 5.420.000 dollars. En 2007, 105 kilogrammes d’or ont été officiellement produits. Le Groupe estime que touts ces chiffres sont très en dessous de la réalité, en raison notamment de la sous-estimation systématique de la teneur en minerai, il a reçu des témoignages fiables d’exportations massives en contrebande dans les papys voisins.

§ 129. La cassitérite, le coltan et le wolframite sont officiellement exporté par des entreprises installées en Belgique, au Rwanda, en Malaisie, en Thaïlande, au Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, à Hong Kong (Chine), au Canada, en Fédération de Russie, en Autriche, aux Pays-Bas, en Suisse, en Inde, aux Emirats Arabes uni et en Afrique du Sud. Les principaux points d’exportation de ces minerais sont Mombasa et Dar-ès-Salaam. La cassitérite et le coltan sont utilisés dans l’industrie électronique, tandis que le wolframite entre dans la composition du tungstène. L’or sort en contre bande par les pays voisins avant de rejoindre principalement les Emirats arabes unis et l’Europe ».

[4] Voir Jeune Afrique n° 2514, du 15 au 20 mars 2009, à la page 42, dans la grande interview de Paul Kagame, où ce dernier, contre tout respect du principe de parallélisme de forme, s’en prend à Vital Kamerhe, alors président de l’Assemblée nationale, qui n’était pas son homologue.

[5] Voir Rapport confidentiel du Groupe des experts de l’ONU sur la RDC , rapport datant du 9 novembre 2009 et référencié par les journaux belges « « La Libre Belgique » et « Le Soir », du 25 novembre 2009. Selon le journal Le Soir, « les rebelles hutus rwandais qui sévissent dans l’est de la République démocratique du Congo ont bâti un réseau de financement et de soutien international qui fait échec à toute tentative de neutralisation ».

Voir surtout le rapport n° S/2009/603 du 23 novembre 2009 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui

« conclut que les opérations militaires menées contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) n’ont pas permis de démanteler les structures politiques et militaires de cette organisation sur le terrain dans l.est de la République démocratique du Congo. Le nombre croissant des combattants des FDLR qui font défection et l'expulsion temporaire des FDLR de bon nombre de leurs bases ne constituent qu'un succès partiel puisque ce groupe armé .est reconstitué en plusieurs lieux dans les Kivus et continue de recruter de nouveaux combattants. Le rapport montre que les FDLR continuent de bénéficier d'un appui résiduel mais important d'officiers supérieurs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), en particulier d’officiers de la 10e région militaire (Sud-Kivu), et qu’ elles ont conclu des alliances stratégiques avec d'autres groupes armés aussi bien dans le Nord-Kivu que dans le Sud-Kivu. Les FDLR ont utilisé des réseaux d'appui extérieurs régionaux et internationaux sur le terrain pour contrecarrer les effets de Kimia II (opération militaire dirigée par les FARDC contre les FDLR), notamment des réseaux en place au Burundi et en République-Unie de Tanzanie. Le Groupe d’experts a également établi que les FDLR disposent d’un vaste réseau international dans la diaspora qui participe à la gestion quotidienne du mouvement, à la coordination des activités militaires et du trafic d'armes et à la gestion des activités financières. Le rapport présente deux études de cas sur la participation de personnes liées à des organisations confessionnelles. Le Groupe a enquêté sur l'exploitation en cours des ressources naturelles par les FDLR dans les Kivus, notamment des gisements d'or et de cassitérite qui, selon ses calculs, continuent de fournir des millions de dollars de financement direct aux FDLR. Le rapport montre comment les réseaux d'exploitation d’or des FDLR sont étroitement imbriqués aux réseaux de commercialisation opérant en Ouganda et au Burundi ainsi que dans les Émirats arabes unis. Le Groupe relève aussi qu’un certain nombre d'entreprises d'exportation de minéraux, dont certaines ont été citées dans son précédent rapport en 2008, poursuivent leurs transactions commerciales avec les FDLR. Le rapport montre que les acheteurs finals de cette cassitérite sont notamment la Malaysia Smelting Corporation et la Thailand Smelting and Refining Company, propriétés de Amalgamated Metals Corporation, société du Royaume-Uni.



Le rapport contient une analyse sur l’.intégration des groupes armés non Étatiques dans les FARDC dans le cadre du processus d.intégration accélérée entamé en janvier 2009 ainsi qu'avant et pendant les opérations militaires conjointes des FARDC et des Forces de défense rwandaises (FDR), Umoja Wetu et Kimia II. Dans ce contexte, les officiers du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), en particulier le général Bosco Ntaganda, détiennent toujours des armes lourdes acquises pendant leur période de rébellion, alors même qu...ils sont officiellement intégrés dans les FARDC et contrôlent toujours des activités génératrices de revenus et des administrations locales parallèles. Le Groupe présente aussi des preuves documentaires indiquant que le général Ntaganda continue d'agir en tant que commandant en second de l'opération Kimia II..



Les officiers du CNDP déployés dans le cadre de l’opération Kimia II des FARDC ont tiré profit de leur déploiement dans des régions riches en ressources minérales, notamment à la mine de Bisie à Walikale, au Nord-Kivu, et dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu. Dans ces régions, les commandants des FARDC sur le terrain sont d'anciens officiers du CNDP. Le Groupe présente dans le rapport des preuves indiquant que des responsables militaires du CNDP ont directement participé à l'approvisionnement en minéraux d’entreprises d’exportation installées dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, dont certaines sont également des fournisseurs des mêmes sociétés internationales susmentionnées.



Le Groupe a vérifié l'application du paragraphe 5 de la résolution 1807 (2008), dans lequel le Conseil de sécurité a décidé que tous les États devront notifier au Comité des sanctions tout envoi d’armes ou de matériel connexe en République démocratique du Congo et toute fourniture d'assistance ou de services de conseil ou de formation ayant un rapport avec la conduite d'activités militaires dans le pays, d’autant qu'il a découvert que du matériel militaire des FARDC était constamment détourné au profit de groupes armés non gouvernementaux, notamment les FDLR. Le Groupe a relevé, preuves irréfutables à l'appui, des livraisons irrégulières d’armes à la République démocratique du Congo en provenance de la République populaire démocratique de Corée et du Soudan ainsi que des livraisons de camions et d'aéronefs qui ont été utilisés par les FARDC. Le rapport révèle aussi que certains États n.ont pas notifié au Comité des sanctions les services de formation qu’ils fournissaient aux FARDC ».



[6] Voir le quotidien kinois, Le Palmarès, n° 4682, du 13 Novembre 2009 où l’on peut lire que selon le Général Babakar Gaye, commandant de la MONUC , « près de 35% des combattant FDLR ont été neutralisés depuis le lancement de leur traque dans les provinces du Nord Kivu »

[7] Contrairement aux idées reçus, les combattants FDLR en action dans les deux Kivu ne sont pas tous issus du groupe des présumés génocidaires réfugiés en RDC en 1994. Le recrutement de nouveaux combattants se poursuit, encore aujourd’hui, à partir du Rwanda, via le Burundi et l’Uganda, dans la communauté des Hutus, qui subit le despotisme tutsi au pouvoir à Kigali dans un pays où les Hutus représentent 85% de la population. Voici ce que rapporte à ce sujet le § 19 du Rapport n° S/2009/603 du 23 novembre 2009 du Conseil de Sécurité de l’ONU : « La MONUC a indiqué que, de janvier au 30 octobre 2009, 1 261 combattants des FDLR se sont rendus, accompagnés de 1 785 personnes à charge au total, ce qui représente environ deux fois le nombre de combattants des FDLR rapatriés et trois fois le nombre total enregistré de personnes rapatriées entre la signature du Communiqué de Nairobi en 2007 et la fin novembre 2008. Pendant ce temps, les FDLR ont effectué de nouveaux recrutements de Hutus congolais et de quelques Hutus rwandais qu.ils ont fait entrer dans le pays par le Burundi et l’Ouganda. Il est par conséquent difficile de déterminer si les effectifs des FDLR qui, selon les estimations du Groupe, atteindraient 6 000 à 8 000 combattants en 2008, ont considérablement diminué »..



[8] Le journal La Tempête des Tropiques du 25 Novembre 2009, rapporte dans l’article déjà cité : « Les troupes amalgamées, composées d'éléments de toutes provenances ne peuvent constituer une armée sûre et de confiance.. C'est un corps disparate, mêlé d'agents perturbateurs d'autodestruction qui vont nuire à l'ensemble. Ce sont ces troupes qu'on a eu dans les opérations dont on déplore les bavures. Malheureusement ce sont les, FARDC qui en font les frais ». Voir également le rapport précité n° S/2009/603 du 23 novembre 2009, du Conseil de Sécurité de l’ONU, notamment les §§ 180, 182, 183, 184 signalent, au sein des unités intégrées et brassées des FARDC, la présence des soldats et des officiers demeurés inféodés à Nkunda et donc à Kigali.
[9] Le Rapport S/2009/603 du Conseil de Sécurité de l’ONU, en son § 21, « a notamment mis au jour les liens résiduels mais importants qui existent entre les FARDC et les FDLR. ». Explicitant cette assertion, le rapport poursuit en son § 23 : Le Groupe a établi la réalité de plusieurs cas de détournements d’armes et de munitions issus des stocks des FARDC au profit de plusieurs groupes armés non étatiques, en particulier les Maï Maï, le Front national de libération (FNL)2, les Forces républicaines fédéralistes (FRF) et les FDLR. Nonobstant les opérations militaires entreprises par les FARDC contre les FDLR, il a réuni des preuves et des témoignages attestant de la participation de certains officiers de ces mêmes FARDC, notamment de hauts responsables contrôlant la dixième région militaire (Sud-Kivu), à des détournements délibérés de matériel militaire. Les cas constatés ne donnent pas une image complète de l’étendue du soutien matériel que les FARDC apportent aux groupes armés non étatiques. Le Groupe n‘en estime pas moins que les autorités de Kinshasa sont conscientes de certaines de ces fuites sans pour autant prendre les mesures qui conviennent, ce qui est préjudiciable au contrôle que les FARDC sont censées exercer sur leurs propres stocks internes, ainsi qu’à leurs opérations militaires contre les FDLR. Le Groupe a constaté une tentative de détournement de matériel militaire dans la dixième région militaire en décembre 2008 et corroboré plusieurs autres cas de détournement ayant eu lieu en 2009 grâce à découverte, avec la collaboration de la MONUC , de caches d’armes et à l’aide de plusieurs témoignages recueillis au cours de ses travaux dans le Sud-Kivu, dont ceux fournis par des responsables de la justice militaire.

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