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Un guerisseur en Tanzanie

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Un guerisseur en Tanzanie Empty Un guerisseur en Tanzanie

Message  regarder et bien voir. 20/4/2011, 8:24 pm

Par rfi.fr

Depuis plusieurs semaines, ils sont des dizaines de milliers de personnes à affluer dans le village de Samunge perché dans les collines du district de Ngorongoro dans le nord de la Tanzanie. Le but : boire une potion considérée comme miraculeuse concoctée par un ancien pasteur luthérien surnommé le Babu ("grand-père" en swahili). Celui-ci affirme qu’il peut guérir de toutes les maladies y compris le SIDA, à partir d’une racine d’arbre aux vertus diurétiques, tandis que le gouvernement semble dépassé par les événements.
A peine le soleil s’est-il levé que les moteurs des voitures se remettent à vrombir. La file d’attente s’étale sur plusieurs kilomètres. Des gens s’étirent sur leur siège, font quelques pas sur la route pour se dégourdir les jambes, après avoir passé la nuit à l’intérieur, à tenter tant bien que mal de trouver le sommeil. Ceux qui ont dormi dans des tentes commencent à préparer le thé sur leur réchaud à gaz. LeBabu doit commencer à 8 heures pétantes la distribution de son breuvage, mais avant cela, entouré de deux officiers de police, il entame un discours dans un micro relié à un porte-voix à piles, tenu par un jeune homme visiblement préoccupé d’éviter les larsen. Des centaines de personnes se rassemblent autour de lui pour l’écouter religieusement. Cet ancien pasteur luthérien demande au public :

- Savez vous de quoi guérit ma potion ?

Un homme lève la main : - ça guérit du cancer, du Sida, et de l’hypertension…

- Savez vous ce qu’il faut faire après avoir bu la potion si vous êtes atteints du Sida ?

- Euh oui, il faut arrêter de pratiquer le sexe ».

Cette réponse fait glousser tout le monde. Le Babu précise : « il faut surtout attendre 7 jours pour que la potion agisse, et ensuite aller à l’hôpital pour faire un examen et constater la guérison ». Après une prière, il rappelle à tout le monde qu’il n’a rien à voir avec un mchawi ("sorcier" en swahili) ou un mganga ("magicien"). « C’est Dieu qui m’a directement donné le pouvoir de guérir, c’est donc lui qu’il faut remercier ». Après ce préambule, il s’asseoit sur la chaise qui lui est dédiée, sous une ample bâche en plastique. Sur des plateaux sont disposés des dizaines de tasses reçues avec empressement par les passagers des voitures qui vont défiler jusqu’à la nuit tombée, ainsi que par les groupes de Maasai, qui eux sont venus à pied. Soudain, le bruit tonitruant d’un hélicoptère fait lever les têtes vers le ciel. L’engin atterrit en soulevant des nuages de poussière. Une jeune femme en sort. Tatu Madika a payé une somme astronomique pour faire venir sa sœur, malade du Sida, au visage émacié à Samunge. Son corps extrêmement maigre est posé sur une moto. Elle va être amenée en urgence devant le Babu. « Nous sommes allées dans tous les hôpitaux du pays, elle a pris plein de médicaments, rien n’a fonctionné, explique sa sœur Tatu. Quand on est malade, il faut tout tenter ».



« Comment savoir si cela soigne ou pas ? »



Alors que la potion coûte la modique somme de 500 shillings tanzaniens, soit environ 20



La potion ne peut être distribuée que par le Babu, sinon il n'y a pas de guérison.
Stephanie Braquehais

centimes d’euros, certains sont prêts à dépenser des milliers de dollars pour acheminer des patients jusqu’au village enclavé du Babu. La concoction boue dans des marmites. Des dizaines de volontaires aident le Babu à la préparer, et à la distribuer. Le mélange est fabriqué à partir de racines d’un arbre, connu pour ses vertus diurétiques. La semaine dernière, la file d’attente devant le village de Samunge, situé dans le district de Ngorongoro atteignait 60 kilomètres.

Face à cet engouement d’une ampleur inégalée, le gouvernement tanzanien met surtout l’accent sur le déploiement de forces de sécurité, mais le pouvoir du Babu n’est pas une minute remis en question. « Si cela soigne ou pas, nous ne sommes pas arrivés à une telle conclusion, reconnaît Stephen Wasira, député et ministre d’état aux relations sociales, qui a fait le déplacement pour venir goûter au breuvage, mais nous ne sommes pas inquiets, puisque c’est celui qui le boit qui constate si cela réussit ou pas, demander au gouvernement de parler pour les personnes malades n’est pas facile, ils sont des milliers ici comment savoir s’ils sont guéris ».

La semaine dernière, la ministre de la Santé a tout de même réclamé une enquête sur la plante médicinale, soulignant que la frénésie autour du phénomène pouvait porter atteinte à la lutte contre le virus du Sida.


regarder et bien voir.


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