KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
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KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE, FRANCOIS SOUDAN
par FreeDiomi le 15 août 2014
Kabila, cartes sur table
25/06/2007 à 16:00 Par Propos recueillis à Kinshasa par François Soudan
Désormais sûr de lui, le président parle sans détour de Bemba, de la guerre à l’Est, de la corruption, des mobutistes… et de Sankara.
Cité de l’Union africaine, quartier du mont Ngaliema, Kinshasa, mardi 12 juin en début de matinée. Joseph Kabila, 36 ans, reçoit Jeune Afrique pour sa première grande interview depuis le début de l’année. La veille encore, il portait au menton la barbe naissante des jeunes sages, qu’il lui arrive de laisser pousser. Mais c’est rasé de près, en costume taillé sur mesure, qu’apparaît le président congolais. Lisse, net, presque impénétrable. Sur son bureau, qui fut celui de son père assassiné en 2001, un ordinateur, un dictionnaire anglais-français, des dossiers aux couleurs de la République, un livre d’art sur la Turquie et, derrière, posée sur une étagère, une photo de lui-même avec Jacques Chirac sur le perron de l’Élysée. Fauteuils de cuir moutarde,
tapis orientaux. L’ensemble est clair, impersonnel, un rien kitsch.
À l’écouter parler de sa voix à la fois adolescente et métallique, dans un français impeccable – que de progrès en ce domaine depuis six ans ! -, on se demande comment le fils du très autoritaire et tonitruant Laurent-Désiré Kabila peut porter sur ses épaules le poids d’un pays continent aussi peuplé que la France. Élu en octobre 2006 avec 58 % des voix, cet homme secret, introverti et énigmatique recèle en vérité une grande habileté politique, une évidente force de caractère, un vrai courage physique, et cette sorte d’aura ambiguë que projettent autour d’elles les personnalités indéchiffrables aux réactions imprévisibles. De son père omnipotent et écrasant, Joseph Kabila a hérité une tendance à se méfier de ses congénères – il n’a, parmi ses pairs chefs d’État, aucun véritable ami – mais aussi un sens exacerbé du patriotisme et de la puissance potentielle du Congo. L’apprenti maladroit et mutique des premières années, que l’on disait manipulé par le « clan des Katangais » et que les présidents recevaient avec condescendance et paternalisme, a cédé la place à un homme sûr de lui, à l’humour acide et dont la réserve naturelle ne passe plus désormais pour de la timidité.
Chez lui, il le sait, la situation reste mouvante. Du Bas-Congo aux deux Kivus, les tensions sont toujours vives. Alors que le riche Katanga rêve d’autonomie les yeux rivés sur l’Afrique australe, Kinshasa, mégapole polluée, vibrante et anarchique de sept millions d’habitants, peine à se relever. Partout, les fruits de la paix et de la démocratie se font attendre pour une population exsangue, prompte à fustiger les lenteurs et les lourdeurs d’un gouvernement obèse. Quant à l’état de grâce, il est mort les 22 et 23 mars dernier, lorsque la Garde républicaine a taillé en pièces les miliciens du sénateur Jean-Pierre Bemba, en plein cœur de la capitale. En quasi-exil au Portugal depuis deux mois et demi, celui qui fut le principal adversaire de Joseph Kabila à la présidentielle de 2006, recueillant 42 % des voix au second tour, ne semble pas près de rentrer à Kinshasa, tant son éloignement arrange tout le monde – y compris ses propres lieutenants et le président du Sénat, l’ex-dinosaure mobutiste Kengo wa Dondo.
De tout cela et de bien d’autres choses, Kabila parle ici sans détour, cartes sur table. À l’issue de notre entretien, dans une grande salle voisine, face à soixante ministres et vice-ministres, sagement assis avec, à sa droite, Antoine Gizenga, 82 ans, Premier ministre aux allures de patriarche, le chef de l’État congolais a présidé le Conseil de gouvernement. Lorsque, après avoir scanné la salle de ses yeux perçants, il a pris la parole d’une voix douce pour nous demander de bien vouloir respecter le huis clos des débats, on aurait pu entendre les mouches voler. Qui a dit que Joseph, fils du mzee, n’avait pas de charisme ?
Jeune Afrique : Au lendemain de votre élection, il y a huit mois, vous avez défini cinq chantiers prioritaires. Cinq défis que vous avez promis de relever pendant votre mandat : les infrastructures, la santé, l’éducation, l’habitat, l’eau et l’électricité. D’ici à 2011, en si peu de temps, la tâche paraît gigantesque. Vous n’avez pas vu trop grand ?
Joseph Kabila : Le mandat de cinq ans, ce n’est pas moi qui en ai défini la durée, c’est la Constitution. Mais n’ayez crainte : en 2011, chacun de ces cinq chantiers aura considérablement évolué. Il y faut, certes, des moyens, bien au-delà des 180 millions de dollars octroyés par la Banque mondiale ou des malheureux 25 millions du FMI. Le gouvernement et moi, nous nous battons pour cela. C’est l’étape actuelle.
Il y faut aussi des conditions. La bonne gouvernance en est une. Dans vos discours, vous ne cessez de fustiger ce que vous appelez « les antivaleurs » : corruption, gabegie, détournements, etc. Fort bien. Sauf que ce terme d’« antivaleurs » a été forgé par un certain Mobutu Sese Seko, qui prétendait lutter contre, avec les résultats que l’on connaît. Quelles garanties ont les Congolais que l’Histoire ne se répétera pas ?
Mobutu pouvait effectivement faire ce genre de promesses sans que cela soit suivi d’effets. Mais le gouvernement d’aujourd’hui n’est pas celui de Mobutu. Il est issu d’élections démocratiques qui se renouvelleront à l’avenir et il a donc tout intérêt à tenir ses obligations de résultats. Deux exemples : la réforme en cours de la justice et la Commission de révision des contrats miniers. Et puis, c’est une affaire de conviction. La bonne gouvernance est une exigence des Congolais, je me dois d’y répondre.
Les Congolais semblent déçus tout de même par les lenteurs du gouvernement. L’état de grâce est terminé, et le désenchantement pointe. En avez-vous conscience ?
Nul n’est plus pressé dans ce pays que le président de la République. Nul n’est plus impatient que moi de voir des résultats. Mais le Congo est un géant endormi depuis quarante ans et qui commence tout juste à se réveiller. Ce n’est pas une mince affaire, en tout cas pas une affaire de huit mois. Nous sortons de plusieurs années de guerre, ne l’oubliez pas. Cela dit, je comprends la frustration des gens, elle est légitime. Mais qu’on nous laisse travailler un peu avant de juger ce gouvernement. En septembre prochain, il sera possible de tirer un premier bilan.
Votre Premier ministre Antoine Gizenga est une personnalité éminemment respectable. Un monument historique, dit-on. Mais il a 82 ans et derrière lui une vie éprouvante. Son âge n’est-il pas un handicap ?
Je ne le pense pas et je me garderai bien d’émettre sur son action un jugement prématuré. Je vois plutôt qu’il travaille et que son gouvernement travaille. Pour le reste, je vous l’ai dit, attendons septembre.
Jean-Pierre Bemba, votre principal adversaire politique, qui a recueilli 42 % des voix lors de l’élection présidentielle, vit depuis plus de deux mois au Portugal dans une sorte d’exil qui ne dit pas son nom. N’est-ce pas là un raté de taille dans le fonctionnement de la toute jeune démocratie congolaise ?
Écoutez. Ségolène Royal a obtenu 47 % à la présidentielle française. Est-elle partie se cacher ou se soigner en Nouvelle-Zélande ? Non. Elle est restée à Paris pour se battre sur le terrain politique. Le dysfonctionnement est ailleurs. Si M. Bemba est parti, c’est que le terrain sur lequel il a voulu jouer le troisième tour des élections – et sur lequel il a perdu – n’avait rien de politique. Les événements des 22 et 23 mars dernier ont été très graves. Il est indispensable d’en identifier les responsables et de les traduire en justice, sinon on risque de ne jamais en finir avec l’impunité dans ce pays. Ce que je dis là est également valable pour les événements du Bas-Congo, fin janvier, et pour ceux de l’Ituri. Le sénateur Bemba est, certes, parti de Kinshasa le 11 avril avec l’autorisation du président du Sénat. Mais la justice congolaise, elle, réclame son dû. Le procureur général de la République a ouvert une enquête et demandé la levée de l’immunité parlementaire de M. Bemba. Laissons donc la justice faire son travail.
Quelle est votre analyse des événements de mars ? Certains, dans votre entourage, assurent que Jean-Pierre Bemba voulait s’emparer du pouvoir par la force – ce que ce dernier dément formellement. D’autres avancent la thèse de la panique : Bemba refusait de désarmer sa garde parce qu’il craignait pour sa sécurité…
Il y a un peu de tout cela. De l’affolement sans doute, mais aussi une volonté de porter atteinte aux institutions élues de ce pays. Le résultat, vous le connaissez. Vingt-quatre heures de combat à Kinshasa et beaucoup de vies fauchées.
Combien ? Un ambassadeur européen a parlé de deux cents à six cents morts.
C’est exagéré. Plus d’une centaine, sans doute, dont les militaires et les policiers. Mais une centaine de trop.
Avez-vous reçu l’aide de troupes angolaises ?
Non, absolument pas.
Pourtant, cela se dit et se publie toujours.
Vous savez, la rumeur, ici, c’est comme une maladie grave. Elle emporte toujours ceux qui la propagent.
La communauté internationale vous a accusé d’avoir fait à cette occasion un usage disproportionné de la force. Que répondez-vous ?
Lorsque l’armée libanaise utilise ses chars lourds et ses hélicoptères de combat pour venir à bout de deux à trois cents miliciens islamistes terrés dans un camp de réfugiés, tout le monde trouve cela normal. À Kinshasa, nous avions six cents rebelles en face de nous. Aucun hélicoptère n’est entré en action et très peu de blindés. J’ai privilégié l’usage de l’infanterie sur celui des chars, afin de réduire le nombre des victimes. À cause de cela, nous avons perdu plus de quarante hommes. Soyons sérieux : l’usage de la force a été tout à fait proportionnel à la menace, voire en deçà.
Souhaitez-vous que la procédure ouverte contre le sénateur Bemba aille à son terme ?
Je crois que c’est le souhait de tout le monde. En tant que garant de la Constitution, je dois faire en sorte que ces événements ne se reproduisent pas. Il est donc nécessaire que la justice fasse son travail.
Quel était, selon vous, l’objectif de Jean-Pierre Bemba ?
Je vous l’ai dit. La prise du pouvoir.
Et que comptait-il faire de vous dans cette hypothèse ?
M’éliminer physiquement.
En êtes-vous sûr ?
Il le disait ouvertement à tout le monde, en plein Kinshasa : « ce sera moi ou lui », « aujourd’hui, on va le tuer ». Quand on regarde bien le plan de progression de ses troupes les 22 et 23 mars, il est clair que son but était de prendre d’assaut ma résidence. Que voulez-vous de plus ?
Vos proches ont ouvertement critiqué le comportement des Casques bleus de la Monuc lors de ces événements. Partagez-vous ces accusations de passivité ?
J’avoue que je me pose certaines questions. La Monuc n’a pas de rôle proactif, et c’est là tout le problème. Les Casques bleus étaient présents tout autour du QG de Bemba quand les miliciens drogués en sont sortis pour s’attaquer à la police et à l’armée. Ils sont restés l’arme au pied sans intervenir. Il y a de quoi s’interroger.
Une réconciliation est-elle encore possible entre vous et M. Bemba ?
En tant que chef de l’État, je n’en fais pas une affaire personnelle. Mais il faut que la justice passe.
Et s’il se décidait finalement à accepter les conditions sécuritaires prévues par les accords de novembre 2006 pour les anciens vice-présidents, c’est-à-dire douze gardes du corps et pas un de plus, pourriez-vous passer l’éponge ?
Il faudra y réfléchir à deux fois. Après ce qui s’est passé, tout est à revoir. Je vous le rappelle : il y a eu des morts, beaucoup de morts. Et le temps de l’impunité est révolu.
De très violents affrontements ont opposé il y a cinq mois votre armée aux membres du mouvement Bundu dia Kongo, dans la province du Bas-Congo, faisant plus de trois cents morts. Saura-t-on un jour qui est responsable ?
J’y compte bien. Une commission d’enquête s’est rendue sur le terrain à la demande du procureur général. Nous attendons également la levée de l’immunité parlementaire d’un député directement impliqué dans ces incidents(1). L’Assemblée nationale vient d’examiner ce dossier. J’attends son rapport, car j’aimerais bien, moi aussi, savoir exactement ce qui s’est passé.
N’y a-t-il pas eu une occasion manquée au lendemain de votre élection ? Pourquoi n’avez-vous pas profité de votre victoire pour tendre la main à Jean-Pierre Bemba et l’inclure dans une formule d’union, une sorte de partage du pouvoir ?
C’eût été au contraire une erreur historique. Les élections démocratiques de 2006 ont été une vraie révolution, et il était hors de question de donner aux Congolais l’impression que rien n’avait changé. Qu’est-ce qui a plombé ce pays pendant des décennies, si ce n’est précisément cette conception du pouvoir comme un gâteau à partager ? Pour les politiciens de cette époque, l’État et la nation étaient de simples slogans, seul comptait leur intérêt propre : « Je suis ministre ou PDG, j’ignore de quoi demain sera fait, il faut donc que j’accumule tout de suite. » Une culture de la prédation qui a donné les résultats que l’on connaît. Je suis un homme de consensus, je ne suis donc pas, dans le fond, hostile à l’ouverture. Mais à condition que ceux qui entrent au gouvernement ne cherchent pas à le saboter. Et puis, la question se pose-t-elle vraiment ? Je crois me souvenir que Jean-Pierre Bemba s’est prononcé contre un gouvernement d’union nationale et que son parti a adopté la même position à l’égard du Premier ministre Gizenga. Aurais-je dû les supplier de nous rejoindre ? Vous me connaissez mal…
Depuis, l’opposition semble avoir pris la tête du Sénat. Avez-vous été surpris par l’élection de Kengo wa Dondo à la présidence de la Chambre haute du Parlement ?
En politique, il faut s’attendre à tout. Je suis un démocrate, je l’ai prouvé, j’ai donc accepté ce résultat sans état d’âme.
D’autant plus que Kengo a été élu avec des voix issues de votre propre majorité…
Oh, vous savez, j’ai moi aussi été élu avec des voix issues de l’opposition !
Derrière Kengo wa Dondo, les anciens mobutistes ont fait un retour en force au Sénat. Mokolo wa Mpombo, Mario Cardoso, Bemba Saolona, Lunda Bululu… Tous y occupent des postes importants. Ce n’est pas évident de devoir cohabiter avec les collaborateurs de celui que votre père a combattu pendant quarante ans…
Notre combat était dirigé contre un régime et un système, le mobutisme. Aujourd’hui, le mobutisme a disparu. Tous ceux qui ont travaillé avec Mobutu sont désormais des citoyens comme les autres, avec les mêmes devoirs et les mêmes droits, dont celui de faire partie de l’élite politique de ce pays. Ceux dont vous parlez ont été élus. C’est cela aussi la démocratie. Je ne pense pas qu’ils ont pour objectif de restaurer les habitudes et les errements du passé. Si tel était le cas, nous leur barrerions la route.
Pourriez-vous travailler avec Kengo ?
Quand on est parvenu à travailler – difficilement, j’en conviens – avec quatre vice-présidents, dont deux anciens rebelles, et à organiser les premières élections générales libres dans l’histoire du Congo, je crois que l’on peut travailler avec tout le monde. Moi, en tout cas, je travaille avec tout le monde, sauf avec le diable. Et Kengo n’est pas le diable.
En septembre prochain, ce sera le dixième anniversaire de la mort de Mobutu au Maroc. Pourquoi ses cendres n’ont-elles toujours pas été rapatriées chez lui, à Gbadolite ?
Dès 2001, j’ai envoyé à Rabat une délégation s’entretenir de cette question avec la famille du défunt maréchal. Mon souhait était et demeure que la dépouille soit ramenée au Congo pour y être inhumée. Qu’est-ce qui bloque ? Je crois que vous devriez poser la question à son fils, le ministre d’État Nzanga Mobutu. Peut-être y a-t-il des divergences à ce sujet au sein même de la famille. En ce qui me concerne, en tout cas, je ne vois aucun obstacle à ce qu’un ancien chef de l’État soit enterré dans son pays de la façon la plus officielle qui soit.
L’État congolais compte-t-il s’opposer à la récupération par la famille Mobutu de quelque 6 à 7 millions de dollars bloqués dans des banques suisses et qui pourraient être dégelés en 2008 ?
Six millions seulement ? Je crois me souvenir qu’à une certaine époque, il y en avait beaucoup, beaucoup plus. À un moment, l’État congolais avait entamé des démarches pour recouvrer cet argent. Ces démarches n’ont pas, depuis, été poursuivies, d’où la perspective que vous évoquez. Pour l’instant, je n’ai pas ce dossier en main. Je verrai.
Comptez-vous rouvrir un jour le procès des assassins présumés de votre père, qui ont été jugés et condamnés à de très lourdes peines ? Ou persistez-vous à dire qu’il n’y aura ni pardon ni révision ?
Le terme d’assassins présumés n’est pas correct puisque, comme vous le dites vous-même, ils ont été jugés et reconnus coupables. Dès lors, je ne vois pas pourquoi nous devrions rouvrir ce procès. C’est clair.
De nombreux Congolais préfèrent toujours vivre en exil…
Je m’insurge contre ceux qui fuient leur pays en invoquant de prétendus prétextes de sécurité, alors qu’ils le font pour des motifs purement alimentaires. Les anciens dignitaires mobutistes sont pour la plupart revenus en toute liberté. Beaucoup ont recouvré leurs biens en justice ou tentent de le faire.
Quand l’armée congolaise sera-t-elle en mesure d’assurer la sécurité intérieure et extérieure du pays ?
Chaque jour, cette armée monte un peu plus en puissance. Je me suis donné deux ans pour former des unités combattantes capables de défendre notre intégrité nationale. C’est un processus qui s’achèvera avec l’intégration de toutes les forces armées congolaises présentes sur notre sol. Y compris la Garde républicaine, dont deux bataillons ont déjà été intégrés.
Vous avez critiqué le rôle de la Monuc lors des événements de mars. Ce contingent, fort de 17 000 hommes, doit-il rester et, si oui, jusqu’à quand ?
La Monuc joue un rôle essentiel. Mais elle doit être beaucoup plus efficace. Quand on voit ce qui se passe à l’est du pays, où sont concentrées 80 % de ses forces, on se pose mille et une questions. Si la Monuc ne devient pas plus active, si elle n’obtient pas de meilleurs résultats sur le terrain, si le Conseil de sécurité ne lui donne pas des instructions en ce sens, sa présence même n’aura plus peu à peu sa raison d’être. Déjà, les populations de l’Est se demandent parfois à quoi elle sert.
Le général Laurent Nkunda et ses sept mille miliciens du Nord-Kivu font-ils, à vos yeux, partie des « forces négatives » à éradiquer, ou espérez-vous encore le ramener au bercail ?
Écoutez. Le statut de M. Nkunda est clair. Il a été nommé général de brigade par le gouvernement en 2003, avec une affectation précise : le commandement de la 8e région militaire du Nord-Kivu. Lui et d’autres officiers ont refusé de prêter serment et de regagner leurs bases, entrant ainsi en dissidence. En 2004, après avoir rassemblé des centaines de jeunes gens armés, il a fait mouvement vers le Sud-Kivu et s’est emparé par la force de la ville de Bukavu. Et cela au vu et au su de la Monuc et de la communauté internationale, qui voudraient aujourd’hui nous voir négocier avec ce monsieur. Trois jours plus tard, nous avons repris Bukavu. Nkunda et sa bande se sont alors repliés au Nord-Kivu. Un mandat d’arrêt a été délivré contre lui par la justice militaire. Fin 2006, il a de nouveau puisé des effectifs au sein de deux brigades non encore intégrées afin d’attaquer la localité de Goma, objectif que nous l’avons empêché d’atteindre. J’ai néanmoins proposé, au début de cette année, que le processus d’intégration des hommes de Nkunda au sein de l’armée nationale se poursuive, en commençant par l’étape de l’identification. Nous en sommes là. Mais je dois dire que M. Nkunda n’est pas un cas unique. Il y a, au Nord-Kivu, un certain nombre de criminels de guerre recherchés par la justice nationale et internationale, qui ont fait de cette région leur bastion.
Il y a aussi, dans l’Est, quelques milliers d’irrédentistes hutus rwandais opposés au régime de Kigali, ex-génocidaires et Interahamwes de la première, voire de la seconde génération…
Six mille hommes à peu près, soit cinq fois moins qu’il y a dix ans. Pour eux, il y a deux options : soit ils déposent les armes et rentrent chez eux au Rwanda, soit nous les désarmons de force et nous les expulsons.
Pensez-vous que Laurent Nkunda bénéficie du soutien du Rwanda ?
J’espère bien que non. Mais, dans la région des Grands Lacs, tout est possible…
Pourquoi n’y a-t-il toujours pas eu d’échange d’ambassadeurs entre Kinshasa et Kigali ?
La réouverture des ambassades, c’est l’étape ultime. Si cela intervient dans six mois, un an ou cinq ans, je veux que ce soit sur des bases solides et sans aucune suspicion réciproque. Auparavant, nous devons régler une fois pour toutes ce casse-tête des groupes armés entretenus par l’un ou l’autre pays contre son voisin. Vous avez évoqué le cas Nkunda, mais il y a d’autres groupes, jusqu’en Ituri.
Avec l’Angola, un différend frontalier vous oppose à propos d’une demi-douzaine de villages de la région de Kahemba, dans le Bandundu. Ne craignez-vous pas que cela dégénère en conflit ouvert ?
Absolument pas. Nous avons de très bonnes relations avec les autorités de Luanda. Cette affaire est simple : dans cette zone comme tout le long de notre frontière avec l’Angola et la Zambie, il existe des endroits mal délimités, d’autant que nous avons de part et d’autre des populations à la fois identiques et mouvantes. D’où des contradictions. En l’occurrence, il s’agit de villages congolais à la population mixte. Des commissions conjointes ont travaillé, des enquêtes ont eu lieu. Il faut maintenant avoir recours à une technologie moderne afin de fixer une fois pour toutes le tracé commun tout le long de la frontière – soit 2 500 kilomètres.
Vous vous êtes rendu début juin au Congo-Brazza. À l’issue de cette visite officielle, vous avez eu une petite phrase qui prête à interprétation : « J’ai passé la nuit à Brazzaville et je suis toujours vivant. » C’était de l’humour ?
À votre avis ? Bien sûr. Je faisais référence à la rumeur, toujours la rumeur, selon laquelle les autorités de Brazzaville seraient nos ennemies jurées, alors que mes rapports avec le président Sassou Nguesso sont excellents. Il faut parfois savoir sourire de la rumeur.
Regrettez-vous Jacques Chirac ?
C’est un homme bien. Il a, je crois, puisqu’il me l’a dit, une affection particulière pour l’Afrique et aussi pour moi. Un monsieur bien, donc…
Vous avez encore un problème, disons de visibilité, à l’égard des Congolais. Ils se plaignent de ne pas vous voir, de ne pas vous entendre. Seriez-vous fâché avec la communication ?
Et, pourtant, le président est là ! Et il travaille, sans repos ni vacances. Cela fait plus de dix ans que je mène cette vie quasi monacale, sans compter les années au maquis. J’ai beau être encore jeune, il arrive que le corps se fatigue. Devrais-je communiquer sur cela ? Je vais bientôt commencer de longues tournées à l’intérieur du pays, comme je l’avais promis. Là, vous me verrez, vous m’entendrez. Mais si c’est du culte de la personnalité que vous recherchez, vous risquez d’attendre longtemps.
Avez-vous changé ?
Oui, et mon pays aussi. Lorsque je regarde en arrière, je me dis que j’ai acquis, en termes d’expérience et de sagesse, ces six dernières années, ce que d’autres accumulent pendant toute une vie. Quant au Congo, il est de retour dans la cour des grands de ce continent. On ne tardera pas à s’en apercevoir.
http://www.jeuneafrique.com/Article/LIN24067kabilelbatr0/Actualite-Afrique–kabila-cartes-sur-table..html
Lire l’article sur Jeuneafrique.com : | Kabila, cartes sur table | Jeuneafrique.com -
http://democratiechretienne.org/2014/08/15/kabila-a-francois-soudan-en-2007mais-joseph-kabila-nest-pas-comme-les-autres-jai-donne-ma-parole-dhonneur-en-promulguant-cette-constitution-je-ny-toucherai-donc-pas-le-pouvoir-use-il-f/
par FreeDiomi le 15 août 2014
Kabila, cartes sur table
25/06/2007 à 16:00 Par Propos recueillis à Kinshasa par François Soudan
Désormais sûr de lui, le président parle sans détour de Bemba, de la guerre à l’Est, de la corruption, des mobutistes… et de Sankara.
Cité de l’Union africaine, quartier du mont Ngaliema, Kinshasa, mardi 12 juin en début de matinée. Joseph Kabila, 36 ans, reçoit Jeune Afrique pour sa première grande interview depuis le début de l’année. La veille encore, il portait au menton la barbe naissante des jeunes sages, qu’il lui arrive de laisser pousser. Mais c’est rasé de près, en costume taillé sur mesure, qu’apparaît le président congolais. Lisse, net, presque impénétrable. Sur son bureau, qui fut celui de son père assassiné en 2001, un ordinateur, un dictionnaire anglais-français, des dossiers aux couleurs de la République, un livre d’art sur la Turquie et, derrière, posée sur une étagère, une photo de lui-même avec Jacques Chirac sur le perron de l’Élysée. Fauteuils de cuir moutarde,
tapis orientaux. L’ensemble est clair, impersonnel, un rien kitsch.
À l’écouter parler de sa voix à la fois adolescente et métallique, dans un français impeccable – que de progrès en ce domaine depuis six ans ! -, on se demande comment le fils du très autoritaire et tonitruant Laurent-Désiré Kabila peut porter sur ses épaules le poids d’un pays continent aussi peuplé que la France. Élu en octobre 2006 avec 58 % des voix, cet homme secret, introverti et énigmatique recèle en vérité une grande habileté politique, une évidente force de caractère, un vrai courage physique, et cette sorte d’aura ambiguë que projettent autour d’elles les personnalités indéchiffrables aux réactions imprévisibles. De son père omnipotent et écrasant, Joseph Kabila a hérité une tendance à se méfier de ses congénères – il n’a, parmi ses pairs chefs d’État, aucun véritable ami – mais aussi un sens exacerbé du patriotisme et de la puissance potentielle du Congo. L’apprenti maladroit et mutique des premières années, que l’on disait manipulé par le « clan des Katangais » et que les présidents recevaient avec condescendance et paternalisme, a cédé la place à un homme sûr de lui, à l’humour acide et dont la réserve naturelle ne passe plus désormais pour de la timidité.
Chez lui, il le sait, la situation reste mouvante. Du Bas-Congo aux deux Kivus, les tensions sont toujours vives. Alors que le riche Katanga rêve d’autonomie les yeux rivés sur l’Afrique australe, Kinshasa, mégapole polluée, vibrante et anarchique de sept millions d’habitants, peine à se relever. Partout, les fruits de la paix et de la démocratie se font attendre pour une population exsangue, prompte à fustiger les lenteurs et les lourdeurs d’un gouvernement obèse. Quant à l’état de grâce, il est mort les 22 et 23 mars dernier, lorsque la Garde républicaine a taillé en pièces les miliciens du sénateur Jean-Pierre Bemba, en plein cœur de la capitale. En quasi-exil au Portugal depuis deux mois et demi, celui qui fut le principal adversaire de Joseph Kabila à la présidentielle de 2006, recueillant 42 % des voix au second tour, ne semble pas près de rentrer à Kinshasa, tant son éloignement arrange tout le monde – y compris ses propres lieutenants et le président du Sénat, l’ex-dinosaure mobutiste Kengo wa Dondo.
De tout cela et de bien d’autres choses, Kabila parle ici sans détour, cartes sur table. À l’issue de notre entretien, dans une grande salle voisine, face à soixante ministres et vice-ministres, sagement assis avec, à sa droite, Antoine Gizenga, 82 ans, Premier ministre aux allures de patriarche, le chef de l’État congolais a présidé le Conseil de gouvernement. Lorsque, après avoir scanné la salle de ses yeux perçants, il a pris la parole d’une voix douce pour nous demander de bien vouloir respecter le huis clos des débats, on aurait pu entendre les mouches voler. Qui a dit que Joseph, fils du mzee, n’avait pas de charisme ?
Jeune Afrique : Au lendemain de votre élection, il y a huit mois, vous avez défini cinq chantiers prioritaires. Cinq défis que vous avez promis de relever pendant votre mandat : les infrastructures, la santé, l’éducation, l’habitat, l’eau et l’électricité. D’ici à 2011, en si peu de temps, la tâche paraît gigantesque. Vous n’avez pas vu trop grand ?
Joseph Kabila : Le mandat de cinq ans, ce n’est pas moi qui en ai défini la durée, c’est la Constitution. Mais n’ayez crainte : en 2011, chacun de ces cinq chantiers aura considérablement évolué. Il y faut, certes, des moyens, bien au-delà des 180 millions de dollars octroyés par la Banque mondiale ou des malheureux 25 millions du FMI. Le gouvernement et moi, nous nous battons pour cela. C’est l’étape actuelle.
Il y faut aussi des conditions. La bonne gouvernance en est une. Dans vos discours, vous ne cessez de fustiger ce que vous appelez « les antivaleurs » : corruption, gabegie, détournements, etc. Fort bien. Sauf que ce terme d’« antivaleurs » a été forgé par un certain Mobutu Sese Seko, qui prétendait lutter contre, avec les résultats que l’on connaît. Quelles garanties ont les Congolais que l’Histoire ne se répétera pas ?
Mobutu pouvait effectivement faire ce genre de promesses sans que cela soit suivi d’effets. Mais le gouvernement d’aujourd’hui n’est pas celui de Mobutu. Il est issu d’élections démocratiques qui se renouvelleront à l’avenir et il a donc tout intérêt à tenir ses obligations de résultats. Deux exemples : la réforme en cours de la justice et la Commission de révision des contrats miniers. Et puis, c’est une affaire de conviction. La bonne gouvernance est une exigence des Congolais, je me dois d’y répondre.
Les Congolais semblent déçus tout de même par les lenteurs du gouvernement. L’état de grâce est terminé, et le désenchantement pointe. En avez-vous conscience ?
Nul n’est plus pressé dans ce pays que le président de la République. Nul n’est plus impatient que moi de voir des résultats. Mais le Congo est un géant endormi depuis quarante ans et qui commence tout juste à se réveiller. Ce n’est pas une mince affaire, en tout cas pas une affaire de huit mois. Nous sortons de plusieurs années de guerre, ne l’oubliez pas. Cela dit, je comprends la frustration des gens, elle est légitime. Mais qu’on nous laisse travailler un peu avant de juger ce gouvernement. En septembre prochain, il sera possible de tirer un premier bilan.
Votre Premier ministre Antoine Gizenga est une personnalité éminemment respectable. Un monument historique, dit-on. Mais il a 82 ans et derrière lui une vie éprouvante. Son âge n’est-il pas un handicap ?
Je ne le pense pas et je me garderai bien d’émettre sur son action un jugement prématuré. Je vois plutôt qu’il travaille et que son gouvernement travaille. Pour le reste, je vous l’ai dit, attendons septembre.
Jean-Pierre Bemba, votre principal adversaire politique, qui a recueilli 42 % des voix lors de l’élection présidentielle, vit depuis plus de deux mois au Portugal dans une sorte d’exil qui ne dit pas son nom. N’est-ce pas là un raté de taille dans le fonctionnement de la toute jeune démocratie congolaise ?
Écoutez. Ségolène Royal a obtenu 47 % à la présidentielle française. Est-elle partie se cacher ou se soigner en Nouvelle-Zélande ? Non. Elle est restée à Paris pour se battre sur le terrain politique. Le dysfonctionnement est ailleurs. Si M. Bemba est parti, c’est que le terrain sur lequel il a voulu jouer le troisième tour des élections – et sur lequel il a perdu – n’avait rien de politique. Les événements des 22 et 23 mars dernier ont été très graves. Il est indispensable d’en identifier les responsables et de les traduire en justice, sinon on risque de ne jamais en finir avec l’impunité dans ce pays. Ce que je dis là est également valable pour les événements du Bas-Congo, fin janvier, et pour ceux de l’Ituri. Le sénateur Bemba est, certes, parti de Kinshasa le 11 avril avec l’autorisation du président du Sénat. Mais la justice congolaise, elle, réclame son dû. Le procureur général de la République a ouvert une enquête et demandé la levée de l’immunité parlementaire de M. Bemba. Laissons donc la justice faire son travail.
Quelle est votre analyse des événements de mars ? Certains, dans votre entourage, assurent que Jean-Pierre Bemba voulait s’emparer du pouvoir par la force – ce que ce dernier dément formellement. D’autres avancent la thèse de la panique : Bemba refusait de désarmer sa garde parce qu’il craignait pour sa sécurité…
Il y a un peu de tout cela. De l’affolement sans doute, mais aussi une volonté de porter atteinte aux institutions élues de ce pays. Le résultat, vous le connaissez. Vingt-quatre heures de combat à Kinshasa et beaucoup de vies fauchées.
Combien ? Un ambassadeur européen a parlé de deux cents à six cents morts.
C’est exagéré. Plus d’une centaine, sans doute, dont les militaires et les policiers. Mais une centaine de trop.
Avez-vous reçu l’aide de troupes angolaises ?
Non, absolument pas.
Pourtant, cela se dit et se publie toujours.
Vous savez, la rumeur, ici, c’est comme une maladie grave. Elle emporte toujours ceux qui la propagent.
La communauté internationale vous a accusé d’avoir fait à cette occasion un usage disproportionné de la force. Que répondez-vous ?
Lorsque l’armée libanaise utilise ses chars lourds et ses hélicoptères de combat pour venir à bout de deux à trois cents miliciens islamistes terrés dans un camp de réfugiés, tout le monde trouve cela normal. À Kinshasa, nous avions six cents rebelles en face de nous. Aucun hélicoptère n’est entré en action et très peu de blindés. J’ai privilégié l’usage de l’infanterie sur celui des chars, afin de réduire le nombre des victimes. À cause de cela, nous avons perdu plus de quarante hommes. Soyons sérieux : l’usage de la force a été tout à fait proportionnel à la menace, voire en deçà.
Souhaitez-vous que la procédure ouverte contre le sénateur Bemba aille à son terme ?
Je crois que c’est le souhait de tout le monde. En tant que garant de la Constitution, je dois faire en sorte que ces événements ne se reproduisent pas. Il est donc nécessaire que la justice fasse son travail.
Quel était, selon vous, l’objectif de Jean-Pierre Bemba ?
Je vous l’ai dit. La prise du pouvoir.
Et que comptait-il faire de vous dans cette hypothèse ?
M’éliminer physiquement.
En êtes-vous sûr ?
Il le disait ouvertement à tout le monde, en plein Kinshasa : « ce sera moi ou lui », « aujourd’hui, on va le tuer ». Quand on regarde bien le plan de progression de ses troupes les 22 et 23 mars, il est clair que son but était de prendre d’assaut ma résidence. Que voulez-vous de plus ?
Vos proches ont ouvertement critiqué le comportement des Casques bleus de la Monuc lors de ces événements. Partagez-vous ces accusations de passivité ?
J’avoue que je me pose certaines questions. La Monuc n’a pas de rôle proactif, et c’est là tout le problème. Les Casques bleus étaient présents tout autour du QG de Bemba quand les miliciens drogués en sont sortis pour s’attaquer à la police et à l’armée. Ils sont restés l’arme au pied sans intervenir. Il y a de quoi s’interroger.
Une réconciliation est-elle encore possible entre vous et M. Bemba ?
En tant que chef de l’État, je n’en fais pas une affaire personnelle. Mais il faut que la justice passe.
Et s’il se décidait finalement à accepter les conditions sécuritaires prévues par les accords de novembre 2006 pour les anciens vice-présidents, c’est-à-dire douze gardes du corps et pas un de plus, pourriez-vous passer l’éponge ?
Il faudra y réfléchir à deux fois. Après ce qui s’est passé, tout est à revoir. Je vous le rappelle : il y a eu des morts, beaucoup de morts. Et le temps de l’impunité est révolu.
De très violents affrontements ont opposé il y a cinq mois votre armée aux membres du mouvement Bundu dia Kongo, dans la province du Bas-Congo, faisant plus de trois cents morts. Saura-t-on un jour qui est responsable ?
J’y compte bien. Une commission d’enquête s’est rendue sur le terrain à la demande du procureur général. Nous attendons également la levée de l’immunité parlementaire d’un député directement impliqué dans ces incidents(1). L’Assemblée nationale vient d’examiner ce dossier. J’attends son rapport, car j’aimerais bien, moi aussi, savoir exactement ce qui s’est passé.
N’y a-t-il pas eu une occasion manquée au lendemain de votre élection ? Pourquoi n’avez-vous pas profité de votre victoire pour tendre la main à Jean-Pierre Bemba et l’inclure dans une formule d’union, une sorte de partage du pouvoir ?
C’eût été au contraire une erreur historique. Les élections démocratiques de 2006 ont été une vraie révolution, et il était hors de question de donner aux Congolais l’impression que rien n’avait changé. Qu’est-ce qui a plombé ce pays pendant des décennies, si ce n’est précisément cette conception du pouvoir comme un gâteau à partager ? Pour les politiciens de cette époque, l’État et la nation étaient de simples slogans, seul comptait leur intérêt propre : « Je suis ministre ou PDG, j’ignore de quoi demain sera fait, il faut donc que j’accumule tout de suite. » Une culture de la prédation qui a donné les résultats que l’on connaît. Je suis un homme de consensus, je ne suis donc pas, dans le fond, hostile à l’ouverture. Mais à condition que ceux qui entrent au gouvernement ne cherchent pas à le saboter. Et puis, la question se pose-t-elle vraiment ? Je crois me souvenir que Jean-Pierre Bemba s’est prononcé contre un gouvernement d’union nationale et que son parti a adopté la même position à l’égard du Premier ministre Gizenga. Aurais-je dû les supplier de nous rejoindre ? Vous me connaissez mal…
Depuis, l’opposition semble avoir pris la tête du Sénat. Avez-vous été surpris par l’élection de Kengo wa Dondo à la présidence de la Chambre haute du Parlement ?
En politique, il faut s’attendre à tout. Je suis un démocrate, je l’ai prouvé, j’ai donc accepté ce résultat sans état d’âme.
D’autant plus que Kengo a été élu avec des voix issues de votre propre majorité…
Oh, vous savez, j’ai moi aussi été élu avec des voix issues de l’opposition !
Derrière Kengo wa Dondo, les anciens mobutistes ont fait un retour en force au Sénat. Mokolo wa Mpombo, Mario Cardoso, Bemba Saolona, Lunda Bululu… Tous y occupent des postes importants. Ce n’est pas évident de devoir cohabiter avec les collaborateurs de celui que votre père a combattu pendant quarante ans…
Notre combat était dirigé contre un régime et un système, le mobutisme. Aujourd’hui, le mobutisme a disparu. Tous ceux qui ont travaillé avec Mobutu sont désormais des citoyens comme les autres, avec les mêmes devoirs et les mêmes droits, dont celui de faire partie de l’élite politique de ce pays. Ceux dont vous parlez ont été élus. C’est cela aussi la démocratie. Je ne pense pas qu’ils ont pour objectif de restaurer les habitudes et les errements du passé. Si tel était le cas, nous leur barrerions la route.
Pourriez-vous travailler avec Kengo ?
Quand on est parvenu à travailler – difficilement, j’en conviens – avec quatre vice-présidents, dont deux anciens rebelles, et à organiser les premières élections générales libres dans l’histoire du Congo, je crois que l’on peut travailler avec tout le monde. Moi, en tout cas, je travaille avec tout le monde, sauf avec le diable. Et Kengo n’est pas le diable.
En septembre prochain, ce sera le dixième anniversaire de la mort de Mobutu au Maroc. Pourquoi ses cendres n’ont-elles toujours pas été rapatriées chez lui, à Gbadolite ?
Dès 2001, j’ai envoyé à Rabat une délégation s’entretenir de cette question avec la famille du défunt maréchal. Mon souhait était et demeure que la dépouille soit ramenée au Congo pour y être inhumée. Qu’est-ce qui bloque ? Je crois que vous devriez poser la question à son fils, le ministre d’État Nzanga Mobutu. Peut-être y a-t-il des divergences à ce sujet au sein même de la famille. En ce qui me concerne, en tout cas, je ne vois aucun obstacle à ce qu’un ancien chef de l’État soit enterré dans son pays de la façon la plus officielle qui soit.
L’État congolais compte-t-il s’opposer à la récupération par la famille Mobutu de quelque 6 à 7 millions de dollars bloqués dans des banques suisses et qui pourraient être dégelés en 2008 ?
Six millions seulement ? Je crois me souvenir qu’à une certaine époque, il y en avait beaucoup, beaucoup plus. À un moment, l’État congolais avait entamé des démarches pour recouvrer cet argent. Ces démarches n’ont pas, depuis, été poursuivies, d’où la perspective que vous évoquez. Pour l’instant, je n’ai pas ce dossier en main. Je verrai.
Comptez-vous rouvrir un jour le procès des assassins présumés de votre père, qui ont été jugés et condamnés à de très lourdes peines ? Ou persistez-vous à dire qu’il n’y aura ni pardon ni révision ?
Le terme d’assassins présumés n’est pas correct puisque, comme vous le dites vous-même, ils ont été jugés et reconnus coupables. Dès lors, je ne vois pas pourquoi nous devrions rouvrir ce procès. C’est clair.
De nombreux Congolais préfèrent toujours vivre en exil…
Je m’insurge contre ceux qui fuient leur pays en invoquant de prétendus prétextes de sécurité, alors qu’ils le font pour des motifs purement alimentaires. Les anciens dignitaires mobutistes sont pour la plupart revenus en toute liberté. Beaucoup ont recouvré leurs biens en justice ou tentent de le faire.
Quand l’armée congolaise sera-t-elle en mesure d’assurer la sécurité intérieure et extérieure du pays ?
Chaque jour, cette armée monte un peu plus en puissance. Je me suis donné deux ans pour former des unités combattantes capables de défendre notre intégrité nationale. C’est un processus qui s’achèvera avec l’intégration de toutes les forces armées congolaises présentes sur notre sol. Y compris la Garde républicaine, dont deux bataillons ont déjà été intégrés.
Vous avez critiqué le rôle de la Monuc lors des événements de mars. Ce contingent, fort de 17 000 hommes, doit-il rester et, si oui, jusqu’à quand ?
La Monuc joue un rôle essentiel. Mais elle doit être beaucoup plus efficace. Quand on voit ce qui se passe à l’est du pays, où sont concentrées 80 % de ses forces, on se pose mille et une questions. Si la Monuc ne devient pas plus active, si elle n’obtient pas de meilleurs résultats sur le terrain, si le Conseil de sécurité ne lui donne pas des instructions en ce sens, sa présence même n’aura plus peu à peu sa raison d’être. Déjà, les populations de l’Est se demandent parfois à quoi elle sert.
Le général Laurent Nkunda et ses sept mille miliciens du Nord-Kivu font-ils, à vos yeux, partie des « forces négatives » à éradiquer, ou espérez-vous encore le ramener au bercail ?
Écoutez. Le statut de M. Nkunda est clair. Il a été nommé général de brigade par le gouvernement en 2003, avec une affectation précise : le commandement de la 8e région militaire du Nord-Kivu. Lui et d’autres officiers ont refusé de prêter serment et de regagner leurs bases, entrant ainsi en dissidence. En 2004, après avoir rassemblé des centaines de jeunes gens armés, il a fait mouvement vers le Sud-Kivu et s’est emparé par la force de la ville de Bukavu. Et cela au vu et au su de la Monuc et de la communauté internationale, qui voudraient aujourd’hui nous voir négocier avec ce monsieur. Trois jours plus tard, nous avons repris Bukavu. Nkunda et sa bande se sont alors repliés au Nord-Kivu. Un mandat d’arrêt a été délivré contre lui par la justice militaire. Fin 2006, il a de nouveau puisé des effectifs au sein de deux brigades non encore intégrées afin d’attaquer la localité de Goma, objectif que nous l’avons empêché d’atteindre. J’ai néanmoins proposé, au début de cette année, que le processus d’intégration des hommes de Nkunda au sein de l’armée nationale se poursuive, en commençant par l’étape de l’identification. Nous en sommes là. Mais je dois dire que M. Nkunda n’est pas un cas unique. Il y a, au Nord-Kivu, un certain nombre de criminels de guerre recherchés par la justice nationale et internationale, qui ont fait de cette région leur bastion.
Il y a aussi, dans l’Est, quelques milliers d’irrédentistes hutus rwandais opposés au régime de Kigali, ex-génocidaires et Interahamwes de la première, voire de la seconde génération…
Six mille hommes à peu près, soit cinq fois moins qu’il y a dix ans. Pour eux, il y a deux options : soit ils déposent les armes et rentrent chez eux au Rwanda, soit nous les désarmons de force et nous les expulsons.
Pensez-vous que Laurent Nkunda bénéficie du soutien du Rwanda ?
J’espère bien que non. Mais, dans la région des Grands Lacs, tout est possible…
Pourquoi n’y a-t-il toujours pas eu d’échange d’ambassadeurs entre Kinshasa et Kigali ?
La réouverture des ambassades, c’est l’étape ultime. Si cela intervient dans six mois, un an ou cinq ans, je veux que ce soit sur des bases solides et sans aucune suspicion réciproque. Auparavant, nous devons régler une fois pour toutes ce casse-tête des groupes armés entretenus par l’un ou l’autre pays contre son voisin. Vous avez évoqué le cas Nkunda, mais il y a d’autres groupes, jusqu’en Ituri.
Avec l’Angola, un différend frontalier vous oppose à propos d’une demi-douzaine de villages de la région de Kahemba, dans le Bandundu. Ne craignez-vous pas que cela dégénère en conflit ouvert ?
Absolument pas. Nous avons de très bonnes relations avec les autorités de Luanda. Cette affaire est simple : dans cette zone comme tout le long de notre frontière avec l’Angola et la Zambie, il existe des endroits mal délimités, d’autant que nous avons de part et d’autre des populations à la fois identiques et mouvantes. D’où des contradictions. En l’occurrence, il s’agit de villages congolais à la population mixte. Des commissions conjointes ont travaillé, des enquêtes ont eu lieu. Il faut maintenant avoir recours à une technologie moderne afin de fixer une fois pour toutes le tracé commun tout le long de la frontière – soit 2 500 kilomètres.
Vous vous êtes rendu début juin au Congo-Brazza. À l’issue de cette visite officielle, vous avez eu une petite phrase qui prête à interprétation : « J’ai passé la nuit à Brazzaville et je suis toujours vivant. » C’était de l’humour ?
À votre avis ? Bien sûr. Je faisais référence à la rumeur, toujours la rumeur, selon laquelle les autorités de Brazzaville seraient nos ennemies jurées, alors que mes rapports avec le président Sassou Nguesso sont excellents. Il faut parfois savoir sourire de la rumeur.
Regrettez-vous Jacques Chirac ?
C’est un homme bien. Il a, je crois, puisqu’il me l’a dit, une affection particulière pour l’Afrique et aussi pour moi. Un monsieur bien, donc…
Vous avez encore un problème, disons de visibilité, à l’égard des Congolais. Ils se plaignent de ne pas vous voir, de ne pas vous entendre. Seriez-vous fâché avec la communication ?
Et, pourtant, le président est là ! Et il travaille, sans repos ni vacances. Cela fait plus de dix ans que je mène cette vie quasi monacale, sans compter les années au maquis. J’ai beau être encore jeune, il arrive que le corps se fatigue. Devrais-je communiquer sur cela ? Je vais bientôt commencer de longues tournées à l’intérieur du pays, comme je l’avais promis. Là, vous me verrez, vous m’entendrez. Mais si c’est du culte de la personnalité que vous recherchez, vous risquez d’attendre longtemps.
Avez-vous changé ?
Oui, et mon pays aussi. Lorsque je regarde en arrière, je me dis que j’ai acquis, en termes d’expérience et de sagesse, ces six dernières années, ce que d’autres accumulent pendant toute une vie. Quant au Congo, il est de retour dans la cour des grands de ce continent. On ne tardera pas à s’en apercevoir.
La Constitution vous donne droit à deux mandats de cinq ans. Vous devrez donc, si vous êtes réélu, quitter le pouvoir au plus tard en 2016, à l’âge de 45 ans. Ne serez-vous pas tenté de faire modifier cette disposition pour demeurer aux affaires ?
La Constitution, c’est sacré…
Certains de vos pairs l’ont dit. Avant de changer d’avis.Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter.
Doit-on vraiment vous croire ?Je vous donne ma parole d’officier. Que voulez-vous de plus ?
La révision en cours d’une soixantaine de contrats miniers signés pendant la période de transition ne risque-t-elle pas de gêner certains membres de votre entourage ?
Cela ne me gêne pas à titre personnel, ni aucun de mes proches. De quoi s’agit-il ? D’une évaluation de la situation, cinq ans après l’adoption du code minier en 2002 : qu’est-ce qui n’a pas marché ? Comment corriger les erreurs ? Comment mieux profiter des réussites ? C’est une démarche responsable qui n’a qu’un seul but : la réappropriation par le Congo de son patrimoine minier. Il ne s’agit pas de régler des comptes avec tel ou tel partenaire étranger ou congolais, mais de se dire, les yeux dans les yeux, ses quatre vérités.
Votre gouvernement compte soixante ministres et vice-ministres. Êtes-vous sûr qu’aucun d’entre eux ne songe à profiter de son poste pour s’enrichir ?
Je l’ai clairement dit en Conseil des ministres : ce type de mentalité est désormais banni.
Et si l’un d’entre eux est attrapé la main dans le sac ?
Sa destination est toute trouvée : la prison de Makala.
À qui pensez-vous ?
Je ne vous le dirai pas ! Une chose est sûre : quand on fera le bilan en septembre prochain, il y aura beaucoup de candidats pour Makala.
Manifestement, le mois de septembre sera décisif…
Ce gouvernement aura six mois d’exercice plein. Il faudra faire le point, redresser ce qui doit l’être et planifier la suite. L’année 2008 devra être celle de la vraie relance économique. Les équipements ont été commandés, les chantiers sont définis, place au décollage.
Avec une dette publique de 14 milliards de dollars, que vous traînez comme un boulet…
Jusqu’à quand le traînerons-nous, ce boulet ? Si j’avais l’argent pour rembourser ces milliards, croyez-moi, je n’hésiterais pas. Le simple service de cette dette nous coûte 30 à 50 millions de dollars par mois ! Rien qu’avec cette somme, nous pourrions transformer Kinshasa. Notre objectif est donc clair : atteindre le plus vite possible le point d’achèvement de l’initiative PPTE(2).
Lors de notre dernier entretien, en avril 2006, vous aviez confessé votre admiration pour Che Guevara. Mais on me dit qu’en réalité votre vraie référence, c’est Thomas Sankara, le président burkinabè assassiné en 1987. Exact ?Qui vous l’a dit ? Et puis, peu importe. C’est vrai.
Pourquoi ?
Comment le dire sans heurter qui que ce soit ? Sankara était un visionnaire. J’avais 16 ans quand il est mort. Je crois qu’il s’est sacrifié pour nous. Il nous manque beaucoup, voilà tout.
Quelle leçon vous a-t-il apprise ?
La fierté. Si les Congolais retrouvent le sens de la fierté et si j’ai pu contribuer à réunir les conditions pour que mon pays soit un jour la Chine de l’Afrique, j’aurais accompli ma mission.
Au Congo, comme ailleurs, l’activisme des Chinois inquiète les Occidentaux…
Mais pas les Congolais ! Lorsqu’il s’agit de refaire le grand boulevard Lumumba qui relie Kinshasa à l’aéroport de N’Djili, l’Union européenne renâcle et la Chine offre ses services. Si c’est notre bien et notre développement que veulent nos amis occidentaux, ils devraient donc s’en réjouir.
Votre épouse, Marie Olive Kabange, s’est démenée pendant la campagne électorale. La première dame ferait-elle de la politique ?
Non, je ne le pense pas. C’est une personne tout à fait déterminée, c’est vrai, et qui m’a beaucoup aidé. Mais elle a aussi ses activités propres dans les domaines caritatif et humanitaire.
C’est un atout pour vous ?
Un atout et une chance. La femme est l’avenir de l’homme, dit-on. Et les Congolaises sont l’avenir du Congo.
http://www.jeuneafrique.com/Article/LIN24067kabilelbatr0/Actualite-Afrique–kabila-cartes-sur-table..html
Lire l’article sur Jeuneafrique.com : | Kabila, cartes sur table | Jeuneafrique.com -
http://democratiechretienne.org/2014/08/15/kabila-a-francois-soudan-en-2007mais-joseph-kabila-nest-pas-comme-les-autres-jai-donne-ma-parole-dhonneur-en-promulguant-cette-constitution-je-ny-toucherai-donc-pas-le-pouvoir-use-il-f/
KOTA
Re: KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
LE RESPECT DE LA PAROLE DONNEE EST UNE VALEUR UNIVERSELLE, MEME PARMI LES CIVILS.
SI L AUTORITE EST LA CERTIFICATION DE LA VERITE, CEUX QUI MENTENT LA PERDENT INEVITABLEMENT....
SI L AUTORITE EST LA CERTIFICATION DE LA VERITE, CEUX QUI MENTENT LA PERDENT INEVITABLEMENT....
KOTA
Re: KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
Admin, ce sujet de kabila existe deja sur ce forum... pourquoi Kota vient poster un autre qui aborde le meme sujet sur la parole d'officier de kabila?
zobattants
Re: KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
quelle excuse banale pour faire ecarter l epine dans vos pieds/ inutile de se cacher derriere une feuille de figue
KOTA
Re: KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
Kota, pourquoi tu n'as jamais commente quand Mr. NgongaEbeti avait poste cet article??? N'est-ce pas il s'agit du meme sujet? alors pourquoi polluer le forum au lieu de consolider les sujets?
Admin abeti nga kara... likambo te...
https://congodiaspora.forumdediscussions.com/t7673-fameuse-interview-de-joseph-kabila-ou-des-2007-il-affirmait-ne-pas-etre-tente-de-modifier-la-constitution#144319
Fameuse Interview de Joseph Kabila ou dès 2007 il affirmait ne pas être tenté de modifier la constitution!
Message NgongaEbeti le Dim 13 Juil - 1:08
Je croyais que cette interview avait été réalisée avec Colette Braeckman alors qu'en realite c'etait Jeune Afrique qui l'avait faite. Ici, Joseph Kabila dit tres clairement , des 2007, qu'il n'avait aucune intention de modifier la constitution pour se mainteninr au pouvoir et sous l'insistence du journaliste, il affirme meme qu'il n'est pas a compter parmi les presodents africians qui s'adonnent a ce genre de pratiques. Bref, voici l'interview en entier car elle contient d'autres infos importantes sur d'autres sujets comme les mines par exemple.
Tout le monde sur ce forum, j'en sui presque certain, avait lu cet interview a l'epoque et donc cela ne sera qu'une 2eme lecture pour nombreux ici. Mais cela ne nous sert qu'a illustrer, encore une fois, comment tout ce debat sur une modification de la constitution en vue du maintien de Joseph Kabila au pouvoir n'est qu'un pietre proces d'intention de la part d'une opposition pauvre, a cours d'idees et mal-inspiree.
http://cdfafrique.afrikblog.com/archives/2007/06/29/5462081.html
Admin abeti nga kara... likambo te...
https://congodiaspora.forumdediscussions.com/t7673-fameuse-interview-de-joseph-kabila-ou-des-2007-il-affirmait-ne-pas-etre-tente-de-modifier-la-constitution#144319
Fameuse Interview de Joseph Kabila ou dès 2007 il affirmait ne pas être tenté de modifier la constitution!
Message NgongaEbeti le Dim 13 Juil - 1:08
Je croyais que cette interview avait été réalisée avec Colette Braeckman alors qu'en realite c'etait Jeune Afrique qui l'avait faite. Ici, Joseph Kabila dit tres clairement , des 2007, qu'il n'avait aucune intention de modifier la constitution pour se mainteninr au pouvoir et sous l'insistence du journaliste, il affirme meme qu'il n'est pas a compter parmi les presodents africians qui s'adonnent a ce genre de pratiques. Bref, voici l'interview en entier car elle contient d'autres infos importantes sur d'autres sujets comme les mines par exemple.
Tout le monde sur ce forum, j'en sui presque certain, avait lu cet interview a l'epoque et donc cela ne sera qu'une 2eme lecture pour nombreux ici. Mais cela ne nous sert qu'a illustrer, encore une fois, comment tout ce debat sur une modification de la constitution en vue du maintien de Joseph Kabila au pouvoir n'est qu'un pietre proces d'intention de la part d'une opposition pauvre, a cours d'idees et mal-inspiree.
http://cdfafrique.afrikblog.com/archives/2007/06/29/5462081.html
zobattants
Re: KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
pas de problème on va les fusionnerzobattants a écrit:Admin, ce sujet de kabila existe deja sur ce forum... pourquoi Kota vient poster un autre qui aborde le meme sujet sur la parole d'officier de kabila?
Admin- Admin
Re: KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
Merci, honorable administrateur, pour la magnanimite et votre Impartialite...
Bon weekend a vous et a Kamerhe( meme si on l'attaque de partout...)
Deja vu, anyone?
Bon weekend a vous et a Kamerhe( meme si on l'attaque de partout...)
Deja vu, anyone?
zobattants
Re: KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
JOSEPH KABILA, MOBUTU LIGHT / JEUNE AFRIQUE
par FreeDiomi le 19 août 2014
RDC : Joseph Kabila, Mobutu light ?
Joseph Kabila n’est plus le jeune homme introverti qu’il était en arrivant au pouvoir. © AFP
Il y a dix ans, c’est un Joseph Kabila mystérieux et timide qui prenait la place de son père, assassiné. Beaucoup ont alors cru au réveil congolais. Mais aujourd’hui, le chef de l’État marche sur les pas de ses deux prédécesseurs et règne sur un pays sinistré, miné par la corruption et la violence. Retour sur un espoir déçu.
L’énigme Joseph Kabila n’en est plus une. Longtemps, le jeune homme timide qui prêta serment le 26 janvier 2001 à l’Assemblée nationale congolaise sous les yeux incrédules des députés, de ses compatriotes et de la communauté internationale, a su faire du mystère un allié. Dans un pays habitué depuis quatre décennies à être dirigé par des personnalités écrasantes, charismatiques et dictatoriales, ce gamin de 29 ans qui écoutait plus qu’il ne parlait, suggérait plus qu’il ne s’exprimait, était à la fois un risque et une chance. Risque d’être rapidement balayé par l’un de ses mentors. Chance d’être enfin le chef moderne, modeste et avisé qui saura faire progresser la République démocratique du Congo (RDC) de l’état de satrapie vers les rivages de la bonne gouvernance.
Dix ans plus tard, le masque est tombé.
La chrysalide qui inspirait à Jacques Chirac, George W. Bush, Kofi Annan et au roi des Belges un irrépressible désir de protection, au point de le porter à bout de bras sur le tipoye de l’élection présidentielle de 2006, est devenu un papillon solitaire et autocratique, de la famille de ces lépidoptères tropicaux connus sous le nom de monarques, lesquels se nourrissent du suc des plantes vénéneuses – en l’espèce, ici, du pouvoir. Aujourd’hui, alors que la RD Congo se dirige tout droit vers un scrutin à la magistrature suprême prévu pour novembre prochain et taillé sur mesure pour sa reconduction (un seul tour), Joseph Kabila Kabange règne sur un pays sinistré, gangrené par la corruption, miné par l’injustice, l’impunité et les scandales financiers.
Pourquoi et comment un homme qui incarna tant d’espoirs et fut à un moment si populaire, en est-il venu à s’inscrire dans la désespérante lignée des Bula Matari, ces « casseurs de pierres », surnom donné par les Congolais à tous ceux qui, de Léopold II à Kabila père en passant par Mobutu, les ont gouvernés pour le pire ? Chronique d’une métamorphose avortée…
Acte I : Joseph entre en scène
Kinshasa, le 17 janvier 2001. Réunis d’urgence autour de la table du Conseil national de sécurité, les ministres ont les yeux fixés sur un fauteuil vide : celui du président Laurent-Désiré Kabila. Tous savent déjà que, grièvement blessé la veille par l’un de ses gardes du corps, le « kadogo » Rachidi Minzele Kasereka, le « Mzee » a été évacué à la hâte en direction d’Harare, au Zimbabwe.
Mais tous ignorent que ce transfert chez Robert Mugabe est en réalité un maquillage. La mort du tombeur de Mobutu a été constatée la veille en fin d’après-midi par les urgentistes de la clinique Ngaliema, où son chef d’état-major particulier, le colonel Eddy Kapend, l’a fait transporter dans les minutes qui ont suivi l’assassinat. Et pour cause : afin que soit maintenue pendant quelques heures la fiction d’une agonie réversible, la totalité du personnel de la clinique a été embarquée de force avec la dépouille en direction du Zimbabwe. Nul ne doit parler, le temps que se règle la succession.
Chuchotements, regards en coin, bouffées d’angoisse, les ministres n’ont qu’une seule question en tête : qui va s’asseoir dans le fauteuil présidentiel ? L’attente est interminable. Tout à coup, le directeur de cabinet du « Mzee » fait son entrée, accompagné d’un jeune homme en uniforme, les yeux baissés, le béret sagement plié sur l’épaulette, que chacun reconnaît aussitôt : « Le chef de l’État a été blessé. Il est en soins intensifs à Harare. Le général-major Joseph Kabila a été désigné pour assurer l’intérim. Je vous demande de l’applaudir. » Le fils du défunt se pose un bref instant dans le fauteuil du chef. Applaudissements debout. Fin de la séance. Il n’a pas dit un mot.
Aux yeux de tous ceux qui assistent à la scène, ce personnage fragile, visiblement tétanisé par ses nouvelles responsabilités, arrivé la veille à minuit sous une pluie battante depuis Lubumbashi, où son père l’avait relégué pour le punir de la déroute de Pweto face aux troupes rwandaises, est une solution bâtarde et éphémère de compromis. Ils n’ont pas tort. En coulisses, le Zimbabwe et l’Angola, les deux parrains du régime de Kinshasa, poussent leurs pions sans que l’on sache encore aujourd’hui pourquoi le colonel Eddy Kapend, qui eut alors tous les pouvoirs pendant près de vingt-quatre heures, ne les a pas utilisés à son profit. Le problème, pour les faiseurs de rois d’Harare et de Luanda, c’est qu’ils ne parviennent pas à s’accorder et que leurs efforts s’annihilent. Alors autant mettre en avant un général de 29 ans au destin de fétu de paille, que l’on balaiera le moment venu. Mais on ne se méfie jamais assez des marionnettes : il arrive parfois que ce soient elles qui tirent les fils.
Acte II : Joseph, le bon élève
Pendant trois ans, jusqu’au mauvais tournant pris avec la démission contrainte de Freddy Matungulu Mbuyamu, sans doute le ministre de l’Économie et des Finances le plus apte qu’ait connu la RD Congo depuis longtemps, le style Kabila étonne et séduit. À l’intérieur comme à l’extérieur, vis-à-vis de ses pairs, le jeune chef de l’État apparaît comme un élève attentif, désireux d’apprendre le métier, proche de la jeunesse, discret et qui a en horreur le culte de la personnalité.
La mise à l’écart en douceur des gardiens du temple kabiliste Abdoulaye Yerodia Ndombasi et Mwenze Kongolo, ces « tontons » qui avaient le don de l’agacer en l’appelant « fiston », est bien vue par l’opinion. Joseph s’entoure d’un « comité stratégique » dynamique et imaginatif dans lequel on retrouve Vital Kamerhe, Guillaume Samba Kaputo, Léonard She Okitundu, Kikaya Bin Karubi, les généraux Etumba, Olenga, Numbi et quelques autres. Il y a aussi, bien sûr, un petit homme passe-muraille, ingénieur des mines aussi intelligent que secret, ex-gouverneur du Katanga brusquement apparu sur le devant de la scène lors des obsèques du « Mzee », et devenu depuis ministre à la Présidence : Augustin Katumba Mwanke. Une amitié complice le lie à Joseph, qui venait régulièrement se réfugier chez lui à Lubumbashi lorsqu’il avait maille à partir avec son tyran de père. Mais en ce début des années 2000, Katumba Mwanke n’est pas encore le génie décrié de Kabila. Dissimulateur, habile, sûr de lui et de sa connaissance intime des rouages de son jeune maître, ce Katangais de Pweto se fait humble.
C’est avec cette équipe et le soutien sans faille de la communauté internationale que le Joseph Kabila première manière engrange les succès. Les accords de Pretoria et de Luanda débouchent sur le retrait des troupes rwandaises et ougandaises, et le dialogue national peut enfin s’ouvrir avec l’opposition. Sur le plan économique, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qui avaient cessé toute collaboration depuis plus de vingt ans, reviennent, des programmes plein leurs cartons. « Je veux faire de la RD Congo la Chine de l’Afrique ! » proclame Kabila.
Mais le printemps de Kinshasa connaît son premier accroc début 2003. Le principal artisan de ce petit miracle qu’est le retour des bailleurs de fonds s’appelle Freddy Matungulu Mbuyamu et il a un vilain défaut : cet ancien du FMI est honnête, intransigeant sur les dépenses et garde un œil vigilant sur la Banque centrale, que dirige l’inamovible Jean-Claude Masangu, beaucoup trop laxiste à ses yeux. Aussi, lorsqu’un jour de janvier Augustin Katumba Mwanke vient le voir pour lui demander de transférer sur-le-champ 50 millions de dollars sur le compte de la présidence au titre des « dépenses de souveraineté », le ministre, dont la signature est indispensable, renâcle. Avant de céder de mauvais gré, non sans avoir averti qu’un second versement douteux de ce type risquerait fort de compromettre les relations avec les institutions de Bretton Woods.
Une dizaine de jours plus tard, Katumba revient le voir : il lui faut à nouveau 50 millions. Cette fois, Matungulu refuse tout net et se rend à Lubumbashi pour tenir un discours prévu de longue date devant l’Assemblée provinciale du Katanga. En pleine séance, Katumba l’appelle au téléphone : « Reviens à Kinshasa immédiatement, c’est un ordre du président ! » Le ministre saute dans un avion, passe deux heures pénibles dans les locaux du Conseil national de sécurité, où on le menace, rentre chez lui et rédige sa lettre de démission, qu’il ira lui-même déposer le lendemain sur le bureau du président. Dans l’heure qui suit, la garde républicaine débarque à son domicile de fonction et le jette dehors. Mortifié, Freddy Matungulu a depuis réintégré le FMI à Washington, avec l’amère satisfaction d’avoir été le premier à tester les méthodes, qui deviendront la règle, du tandem au pouvoir.
Voir "Le petit Kabila illustré". (Cliquer pour agrandir)
Acte III : Joseph se révèle
De 2003 à l’élection présidentielle d’août 2006, si le ver est dans le fruit, ce dernier a encore belle allure. Sous l’influence de Katumba Mwanke, qui le révèle en quelque sorte à lui-même, le jeune président se découvre un goût pour le luxe qu’il ne se connaissait pas. Joseph s’intéresse aux avions présidentiels, commence à acquérir des fermes et se comporte face aux contrats miniers comme un enfant émerveillé dans un magasin de jouets. Mais cette dérive demeure acceptable aux yeux des Congolais – qui en ont vu bien d’autres en la matière – et des partenaires étrangers, tant qu’elle reste discrète et que l’intéressé n’a pas les chevilles qui enflent.
Or Joseph Kabila, qui a bien conscience de l’importance du scrutin de 2006, la joue encore modeste. Mieux : il réussit la performance d’apparaître comme l’élément rassembleur du gouvernement de transition issu des accords de Sun City, en juin 2003. Face au tonitruant Jean-Pierre Bemba et à l’insaisissable Azarias Ruberwa, deux vice-présidents aux appétits nationaux, Kabila est celui qui calme le jeu et fédère les ambitions. Ponctuel, rigoureux, il laisse chacun s’exprimer lors des conseils des ministres avant de dégager en quelques minutes une position consensuelle. « Sa capacité de synthèse était étonnante, résume un témoin de l’époque. Jamais il n’a été aussi bon que pendant la transition. »
En réalité, si le Joseph Kabila de 2006 a sans doute beaucoup appris et progressé, prenant peu à peu conscience de ses capacités manœuvrières, ce n’est pas au service de l’État que ces acquis seront crédités, mais au sien propre. Les mois qui précèdent la présidentielle sont une période de manducation effrénée et généralisée, chaque camp, celui de Bemba – vice-président en charge de l’Économie et des Finances – et celui de Kabila, engrangeant les bénéfices des premières renégociations de contrats miniers. Puis viennent l’élection elle-même, somme toute démocratique, et la victoire, due en partie à Vital Kamerhe, qui en quelques mois a transformé un parti exsangue, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), en machine à gagner. Le vrai Kabila peut alors apparaître. Mais il lui reste un compte à solder…
Acte IV : Joseph sur son nuage
À Vital Kamerhe, lorsqu’il avait besoin de lui, Joseph Kabila a tout promis, ou presque. Qu’il serait son Premier ministre, cela va de soi, puis son dauphin désigné, puis son successeur quand, en 2016, après deux mandats accomplis, il se retirerait dans sa ferme. Naïf, Kamerhe y a cru, et sans doute était-ce là la faute que le président attendait. La perspective de la primature est la première à s’évanouir. À quelques jours du scrutin, sur les conseils de Katumba Mwanke, qui ne cesse de lui murmurer à l’oreille que Kamerhe est un ambitieux, donc un rival potentiel, Kabila sort du PPRD et annonce qu’il se présente en tant que candidat indépendant avec le soutien du parti. Tout en le couvrant de cadeaux pour mieux l’anesthésier – montres serties de diamants, chaussures, cravates, bibelots de valeur –, il se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le secrétaire général du PPRD au poste de Premier ministre.
Devenu président de l’Assemblée nationale après l’élection, Vital Kamerhe, qui croit encore que son destin est inscrit dans une certaine forme de fidélité au chef de l’État, profite d’une réunion en présence de Katumba Mwanke, de Samba Kaputo et du général Etumba pour lui poser la question de confiance : « Quel genre de président dois-je être ? Du type de ceux qu’affectionnait Mobutu, soumis et servile ? Ou du type monseigneur Monsengwo, qui a mis l’Église au milieu du village ? » « Sois Monsengwo », répond Kabila, qui sait qu’en l’encourageant ainsi à faire preuve d’indépendance le bouillant Kamerhe ne tardera pas à franchir la ligne rouge. Après deux années ponctuées de coups d’éclat, ce dernier finira en effet par se placer lui-même hors jeu. Mis en minorité à l’Assemblée, viré du perchoir, il a depuis basculé dans l’opposition, au point de se porter candidat à la prochaine présidentielle…
Exit, donc, Kamerhe. Et place – toute la place – à Joseph Kabila Kabange, fils de son père et petit-fils spirituel de Mobutu, un zeste de répression en moins et une rondelle de démocratie en plus. « Il prête serment le 6 décembre 2006 et, dès le 7, un nouveau Joseph sort de l’ombre », explique un proche. Un Kabila sûr de lui, à la limite de l’arrogance, à qui son inséparable bras droit Katumba ne cesse de répéter qu’il ne doit sa victoire à personne, qu’il est le chef d’un immense pays convoité, d’une puissance en devenir, à côté duquel ses voisins ne sont que des sous-préfectures. Brusquement, Joseph Kabila devient injoignable au téléphone, même pour ses collègues chefs d’État, même pour le Belge Louis Michel, qui fut pourtant son mentor auprès de la communauté internationale, même pour Chirac, même pour Bush, qui doivent passer par le conseiller en charge de la diplomatie, Marcellin Cishambo, pour parvenir à le joindre.
Ce Joseph-là ne se déplace plus à l’aéroport pour y accueillir ses homologues, ne reçoit plus les ambassadeurs, se fait systématiquement attendre lors des audiences officielles, déambule, mains dans les poches, devant ses pairs médusés, l’air vaguement absent, le sourire goguenard. « Lors des festivités du cinquantième anniversaire de l’indépendance, le 30 juin 2010, il nous a tous plantés, sans nous attendre, à la fin du défilé, raconte un chef d’État invité. On s’est retrouvé dans la cohue, avec les shégués, les gamins des rues, qui commençaient à piller les chaises de la tribune officielle. Le soir, au dîner, il a récidivé. Entre-temps, il était parti se raser la barbe et les cheveux. On n’a rien compris. »
Le processus compensatoire qui mène de l’introversion – coquille protectrice contre les excès d’un père abusif – à la suffisance, est pourtant classique. Revers de la médaille : Kabila n’a aujourd’hui aucun ami, aucun proche parmi les chefs d’État de la planète. « Seul Paul Kagamé a une certaine influence sur lui », commente un observateur attentif, qui ajoute, féroce : « Mais il s’agit là d’une relation de dominant à dominé. Joseph ne s’est jamais vraiment remis d’avoir été l’élève du général rwandais Kabarebe, ni de la défaite de Pweto. »
Acte V : Joseph, Mobutu light ?
Un théâtre d’ombres. Depuis quatre ans, le gouvernement de la RD Congo ressemble à une assemblée de fantômes sous la houlette de Premiers ministres qui jouent sans barguigner leur rôle de figurants rétribués. Il arrivait au vieil Antoine Gizenga, dernier survivant du Jurassic Park des années 1960, de s’assoupir en plein conseil des ministres. Son successeur, Adolphe Muzito, est plus éveillé, mais le résultat est le même. Chacun sait à Kinshasa que les vraies décisions se prennent désormais au sein du cabinet parallèle, celui qui, autour du président, réunit Katumba Mwanke, Évariste Boshab, les généraux Etumba et Kabulo, auxquels parfois se joignent quelques ministres directement reliés à Kabila, ou encore le gouverneur de la Banque centrale, Jean-Claude Masangu. Il y a peu encore, le général John Numbi, patron de la police, faisait partie de ce premier cercle. Mais depuis qu’il est venu aux oreilles du président que ce militaire apprécié de ses hommes, mulubakat comme lui, était bien vu par les chancelleries occidentales au point d’en faire un rival potentiel, Numbi n’est plus en grâce. À cet égard, l’affaire de l’assassinat du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya, dans laquelle il pourrait être impliqué et dont il aura bien du mal à se remettre, tombe étrangement à pic.
Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, les gros dossiers se traitent au sein de ce cabinet noir, surtout ceux qui, financièrement, pèsent lourd. La très juteuse revisitation des contrats miniers a ainsi été directement pilotée par Katumba Mwanke et Didier Etumba. Le fameux prêt chinois, dont l’idée aurait été soufflée à Joseph Kabila par le président angolais José Eduardo dos Santos lors d’un voyage à Luanda, a également été géré de A à Z par le gouvernement parallèle, tout comme les marchés de gré à gré qui ont suivi. Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, dans un environnement faisandé où le cash est roi et la corruption reine, des conseillers occultes font le lien avec l’univers mondialisé des Bourses, des placements et des paradis fiscaux.
Joseph Kabila n’a pas de marabout, il n’est ni franc-maçon ni rosicrucien, mais il a son Israélien, Dan Gertler. Il a aussi sa propre famille, très impliquée dans le business. Si la maman, Sifa Mahanya, autrefois influente, a été éloignée à Lubumbashi, Janet, la sœur jumelle, Zoé, le frère cadet et quasi-sosie, Joséphine, la petite sœur étudiante aux États-Unis, et Olive, la première dame, tiennent le haut du pavé. Tout Kinshasa fait des gorges chaudes des frasques, des deals (notamment avec les entrepreneurs libanais et chinois) et de l’enrichissement effréné de l’entourage présidentiel, dont les membres collectionnent appartements et villas en Afrique du Sud et en Belgique. À l’exemple de Joseph lui-même, dont les ranchs ultramodernes de la route de Bandundu, à une centaine de kilomètres de Kinshasa, et de la route de Kasumbale, non loin de Lubumbashi, font l’admiration des zélateurs du régime – tout comme sa nouvelle et superbe résidence officielle katangaise –, acquérir une ferme est ainsi devenu un must pour les nouveaux nababs congolais.
Fan absolu de motos (il en possède une vingtaine et tourne pendant des heures dans les allées de la parcelle présidentielle sur l’un ou l’autre de ses engins, pour se délasser), grand amateur de 4×4, qu’il conduit à tombeau ouvert avec une belle maestria (« Il ne s’embourbe jamais ! » commente, admiratif, un proche), expert en jeux vidéo, Joseph Kabila Kabange aurait sans doute pu être, dans une autre existence, un pilote de rallye émérite sur les pistes africaines. Le destin a voulu que, depuis dix ans, le véhicule dont il tient le volant s’appelle la RD Congo. Or celui-là, contrairement aux autres, fait sérieusement du surplace. Il arrive que le destin commette des erreurs de casting…
Lire l’article sur Jeuneafrique.com
http://democratiechretienne.org/2014/08/19/joseph-kabila-mobutu-light-jeune-afrique/
par FreeDiomi le 19 août 2014
RDC : Joseph Kabila, Mobutu light ?
08/02/2011 à 09:24 Par François Soudan
Joseph Kabila n’est plus le jeune homme introverti qu’il était en arrivant au pouvoir. © AFP
Il y a dix ans, c’est un Joseph Kabila mystérieux et timide qui prenait la place de son père, assassiné. Beaucoup ont alors cru au réveil congolais. Mais aujourd’hui, le chef de l’État marche sur les pas de ses deux prédécesseurs et règne sur un pays sinistré, miné par la corruption et la violence. Retour sur un espoir déçu.
L’énigme Joseph Kabila n’en est plus une. Longtemps, le jeune homme timide qui prêta serment le 26 janvier 2001 à l’Assemblée nationale congolaise sous les yeux incrédules des députés, de ses compatriotes et de la communauté internationale, a su faire du mystère un allié. Dans un pays habitué depuis quatre décennies à être dirigé par des personnalités écrasantes, charismatiques et dictatoriales, ce gamin de 29 ans qui écoutait plus qu’il ne parlait, suggérait plus qu’il ne s’exprimait, était à la fois un risque et une chance. Risque d’être rapidement balayé par l’un de ses mentors. Chance d’être enfin le chef moderne, modeste et avisé qui saura faire progresser la République démocratique du Congo (RDC) de l’état de satrapie vers les rivages de la bonne gouvernance.
Dix ans plus tard, le masque est tombé.
La chrysalide qui inspirait à Jacques Chirac, George W. Bush, Kofi Annan et au roi des Belges un irrépressible désir de protection, au point de le porter à bout de bras sur le tipoye de l’élection présidentielle de 2006, est devenu un papillon solitaire et autocratique, de la famille de ces lépidoptères tropicaux connus sous le nom de monarques, lesquels se nourrissent du suc des plantes vénéneuses – en l’espèce, ici, du pouvoir. Aujourd’hui, alors que la RD Congo se dirige tout droit vers un scrutin à la magistrature suprême prévu pour novembre prochain et taillé sur mesure pour sa reconduction (un seul tour), Joseph Kabila Kabange règne sur un pays sinistré, gangrené par la corruption, miné par l’injustice, l’impunité et les scandales financiers.
Pourquoi et comment un homme qui incarna tant d’espoirs et fut à un moment si populaire, en est-il venu à s’inscrire dans la désespérante lignée des Bula Matari, ces « casseurs de pierres », surnom donné par les Congolais à tous ceux qui, de Léopold II à Kabila père en passant par Mobutu, les ont gouvernés pour le pire ? Chronique d’une métamorphose avortée…
Acte I : Joseph entre en scène
Kinshasa, le 17 janvier 2001. Réunis d’urgence autour de la table du Conseil national de sécurité, les ministres ont les yeux fixés sur un fauteuil vide : celui du président Laurent-Désiré Kabila. Tous savent déjà que, grièvement blessé la veille par l’un de ses gardes du corps, le « kadogo » Rachidi Minzele Kasereka, le « Mzee » a été évacué à la hâte en direction d’Harare, au Zimbabwe.
Mais tous ignorent que ce transfert chez Robert Mugabe est en réalité un maquillage. La mort du tombeur de Mobutu a été constatée la veille en fin d’après-midi par les urgentistes de la clinique Ngaliema, où son chef d’état-major particulier, le colonel Eddy Kapend, l’a fait transporter dans les minutes qui ont suivi l’assassinat. Et pour cause : afin que soit maintenue pendant quelques heures la fiction d’une agonie réversible, la totalité du personnel de la clinique a été embarquée de force avec la dépouille en direction du Zimbabwe. Nul ne doit parler, le temps que se règle la succession.
Chuchotements, regards en coin, bouffées d’angoisse, les ministres n’ont qu’une seule question en tête : qui va s’asseoir dans le fauteuil présidentiel ? L’attente est interminable. Tout à coup, le directeur de cabinet du « Mzee » fait son entrée, accompagné d’un jeune homme en uniforme, les yeux baissés, le béret sagement plié sur l’épaulette, que chacun reconnaît aussitôt : « Le chef de l’État a été blessé. Il est en soins intensifs à Harare. Le général-major Joseph Kabila a été désigné pour assurer l’intérim. Je vous demande de l’applaudir. » Le fils du défunt se pose un bref instant dans le fauteuil du chef. Applaudissements debout. Fin de la séance. Il n’a pas dit un mot.
Aux yeux de tous ceux qui assistent à la scène, ce personnage fragile, visiblement tétanisé par ses nouvelles responsabilités, arrivé la veille à minuit sous une pluie battante depuis Lubumbashi, où son père l’avait relégué pour le punir de la déroute de Pweto face aux troupes rwandaises, est une solution bâtarde et éphémère de compromis. Ils n’ont pas tort. En coulisses, le Zimbabwe et l’Angola, les deux parrains du régime de Kinshasa, poussent leurs pions sans que l’on sache encore aujourd’hui pourquoi le colonel Eddy Kapend, qui eut alors tous les pouvoirs pendant près de vingt-quatre heures, ne les a pas utilisés à son profit. Le problème, pour les faiseurs de rois d’Harare et de Luanda, c’est qu’ils ne parviennent pas à s’accorder et que leurs efforts s’annihilent. Alors autant mettre en avant un général de 29 ans au destin de fétu de paille, que l’on balaiera le moment venu. Mais on ne se méfie jamais assez des marionnettes : il arrive parfois que ce soient elles qui tirent les fils.
Acte II : Joseph, le bon élève
Pendant trois ans, jusqu’au mauvais tournant pris avec la démission contrainte de Freddy Matungulu Mbuyamu, sans doute le ministre de l’Économie et des Finances le plus apte qu’ait connu la RD Congo depuis longtemps, le style Kabila étonne et séduit. À l’intérieur comme à l’extérieur, vis-à-vis de ses pairs, le jeune chef de l’État apparaît comme un élève attentif, désireux d’apprendre le métier, proche de la jeunesse, discret et qui a en horreur le culte de la personnalité.
La mise à l’écart en douceur des gardiens du temple kabiliste Abdoulaye Yerodia Ndombasi et Mwenze Kongolo, ces « tontons » qui avaient le don de l’agacer en l’appelant « fiston », est bien vue par l’opinion. Joseph s’entoure d’un « comité stratégique » dynamique et imaginatif dans lequel on retrouve Vital Kamerhe, Guillaume Samba Kaputo, Léonard She Okitundu, Kikaya Bin Karubi, les généraux Etumba, Olenga, Numbi et quelques autres. Il y a aussi, bien sûr, un petit homme passe-muraille, ingénieur des mines aussi intelligent que secret, ex-gouverneur du Katanga brusquement apparu sur le devant de la scène lors des obsèques du « Mzee », et devenu depuis ministre à la Présidence : Augustin Katumba Mwanke. Une amitié complice le lie à Joseph, qui venait régulièrement se réfugier chez lui à Lubumbashi lorsqu’il avait maille à partir avec son tyran de père. Mais en ce début des années 2000, Katumba Mwanke n’est pas encore le génie décrié de Kabila. Dissimulateur, habile, sûr de lui et de sa connaissance intime des rouages de son jeune maître, ce Katangais de Pweto se fait humble.
C’est avec cette équipe et le soutien sans faille de la communauté internationale que le Joseph Kabila première manière engrange les succès. Les accords de Pretoria et de Luanda débouchent sur le retrait des troupes rwandaises et ougandaises, et le dialogue national peut enfin s’ouvrir avec l’opposition. Sur le plan économique, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qui avaient cessé toute collaboration depuis plus de vingt ans, reviennent, des programmes plein leurs cartons. « Je veux faire de la RD Congo la Chine de l’Afrique ! » proclame Kabila.
Mais le printemps de Kinshasa connaît son premier accroc début 2003. Le principal artisan de ce petit miracle qu’est le retour des bailleurs de fonds s’appelle Freddy Matungulu Mbuyamu et il a un vilain défaut : cet ancien du FMI est honnête, intransigeant sur les dépenses et garde un œil vigilant sur la Banque centrale, que dirige l’inamovible Jean-Claude Masangu, beaucoup trop laxiste à ses yeux. Aussi, lorsqu’un jour de janvier Augustin Katumba Mwanke vient le voir pour lui demander de transférer sur-le-champ 50 millions de dollars sur le compte de la présidence au titre des « dépenses de souveraineté », le ministre, dont la signature est indispensable, renâcle. Avant de céder de mauvais gré, non sans avoir averti qu’un second versement douteux de ce type risquerait fort de compromettre les relations avec les institutions de Bretton Woods.
Une dizaine de jours plus tard, Katumba revient le voir : il lui faut à nouveau 50 millions. Cette fois, Matungulu refuse tout net et se rend à Lubumbashi pour tenir un discours prévu de longue date devant l’Assemblée provinciale du Katanga. En pleine séance, Katumba l’appelle au téléphone : « Reviens à Kinshasa immédiatement, c’est un ordre du président ! » Le ministre saute dans un avion, passe deux heures pénibles dans les locaux du Conseil national de sécurité, où on le menace, rentre chez lui et rédige sa lettre de démission, qu’il ira lui-même déposer le lendemain sur le bureau du président. Dans l’heure qui suit, la garde républicaine débarque à son domicile de fonction et le jette dehors. Mortifié, Freddy Matungulu a depuis réintégré le FMI à Washington, avec l’amère satisfaction d’avoir été le premier à tester les méthodes, qui deviendront la règle, du tandem au pouvoir.
Voir "Le petit Kabila illustré". (Cliquer pour agrandir)
Acte III : Joseph se révèle
De 2003 à l’élection présidentielle d’août 2006, si le ver est dans le fruit, ce dernier a encore belle allure. Sous l’influence de Katumba Mwanke, qui le révèle en quelque sorte à lui-même, le jeune président se découvre un goût pour le luxe qu’il ne se connaissait pas. Joseph s’intéresse aux avions présidentiels, commence à acquérir des fermes et se comporte face aux contrats miniers comme un enfant émerveillé dans un magasin de jouets. Mais cette dérive demeure acceptable aux yeux des Congolais – qui en ont vu bien d’autres en la matière – et des partenaires étrangers, tant qu’elle reste discrète et que l’intéressé n’a pas les chevilles qui enflent.
Or Joseph Kabila, qui a bien conscience de l’importance du scrutin de 2006, la joue encore modeste. Mieux : il réussit la performance d’apparaître comme l’élément rassembleur du gouvernement de transition issu des accords de Sun City, en juin 2003. Face au tonitruant Jean-Pierre Bemba et à l’insaisissable Azarias Ruberwa, deux vice-présidents aux appétits nationaux, Kabila est celui qui calme le jeu et fédère les ambitions. Ponctuel, rigoureux, il laisse chacun s’exprimer lors des conseils des ministres avant de dégager en quelques minutes une position consensuelle. « Sa capacité de synthèse était étonnante, résume un témoin de l’époque. Jamais il n’a été aussi bon que pendant la transition. »
En réalité, si le Joseph Kabila de 2006 a sans doute beaucoup appris et progressé, prenant peu à peu conscience de ses capacités manœuvrières, ce n’est pas au service de l’État que ces acquis seront crédités, mais au sien propre. Les mois qui précèdent la présidentielle sont une période de manducation effrénée et généralisée, chaque camp, celui de Bemba – vice-président en charge de l’Économie et des Finances – et celui de Kabila, engrangeant les bénéfices des premières renégociations de contrats miniers. Puis viennent l’élection elle-même, somme toute démocratique, et la victoire, due en partie à Vital Kamerhe, qui en quelques mois a transformé un parti exsangue, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), en machine à gagner. Le vrai Kabila peut alors apparaître. Mais il lui reste un compte à solder…
Acte IV : Joseph sur son nuage
À Vital Kamerhe, lorsqu’il avait besoin de lui, Joseph Kabila a tout promis, ou presque. Qu’il serait son Premier ministre, cela va de soi, puis son dauphin désigné, puis son successeur quand, en 2016, après deux mandats accomplis, il se retirerait dans sa ferme. Naïf, Kamerhe y a cru, et sans doute était-ce là la faute que le président attendait. La perspective de la primature est la première à s’évanouir. À quelques jours du scrutin, sur les conseils de Katumba Mwanke, qui ne cesse de lui murmurer à l’oreille que Kamerhe est un ambitieux, donc un rival potentiel, Kabila sort du PPRD et annonce qu’il se présente en tant que candidat indépendant avec le soutien du parti. Tout en le couvrant de cadeaux pour mieux l’anesthésier – montres serties de diamants, chaussures, cravates, bibelots de valeur –, il se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le secrétaire général du PPRD au poste de Premier ministre.
Devenu président de l’Assemblée nationale après l’élection, Vital Kamerhe, qui croit encore que son destin est inscrit dans une certaine forme de fidélité au chef de l’État, profite d’une réunion en présence de Katumba Mwanke, de Samba Kaputo et du général Etumba pour lui poser la question de confiance : « Quel genre de président dois-je être ? Du type de ceux qu’affectionnait Mobutu, soumis et servile ? Ou du type monseigneur Monsengwo, qui a mis l’Église au milieu du village ? » « Sois Monsengwo », répond Kabila, qui sait qu’en l’encourageant ainsi à faire preuve d’indépendance le bouillant Kamerhe ne tardera pas à franchir la ligne rouge. Après deux années ponctuées de coups d’éclat, ce dernier finira en effet par se placer lui-même hors jeu. Mis en minorité à l’Assemblée, viré du perchoir, il a depuis basculé dans l’opposition, au point de se porter candidat à la prochaine présidentielle…
Exit, donc, Kamerhe. Et place – toute la place – à Joseph Kabila Kabange, fils de son père et petit-fils spirituel de Mobutu, un zeste de répression en moins et une rondelle de démocratie en plus. « Il prête serment le 6 décembre 2006 et, dès le 7, un nouveau Joseph sort de l’ombre », explique un proche. Un Kabila sûr de lui, à la limite de l’arrogance, à qui son inséparable bras droit Katumba ne cesse de répéter qu’il ne doit sa victoire à personne, qu’il est le chef d’un immense pays convoité, d’une puissance en devenir, à côté duquel ses voisins ne sont que des sous-préfectures. Brusquement, Joseph Kabila devient injoignable au téléphone, même pour ses collègues chefs d’État, même pour le Belge Louis Michel, qui fut pourtant son mentor auprès de la communauté internationale, même pour Chirac, même pour Bush, qui doivent passer par le conseiller en charge de la diplomatie, Marcellin Cishambo, pour parvenir à le joindre.
Ce Joseph-là ne se déplace plus à l’aéroport pour y accueillir ses homologues, ne reçoit plus les ambassadeurs, se fait systématiquement attendre lors des audiences officielles, déambule, mains dans les poches, devant ses pairs médusés, l’air vaguement absent, le sourire goguenard. « Lors des festivités du cinquantième anniversaire de l’indépendance, le 30 juin 2010, il nous a tous plantés, sans nous attendre, à la fin du défilé, raconte un chef d’État invité. On s’est retrouvé dans la cohue, avec les shégués, les gamins des rues, qui commençaient à piller les chaises de la tribune officielle. Le soir, au dîner, il a récidivé. Entre-temps, il était parti se raser la barbe et les cheveux. On n’a rien compris. »
Le processus compensatoire qui mène de l’introversion – coquille protectrice contre les excès d’un père abusif – à la suffisance, est pourtant classique. Revers de la médaille : Kabila n’a aujourd’hui aucun ami, aucun proche parmi les chefs d’État de la planète. « Seul Paul Kagamé a une certaine influence sur lui », commente un observateur attentif, qui ajoute, féroce : « Mais il s’agit là d’une relation de dominant à dominé. Joseph ne s’est jamais vraiment remis d’avoir été l’élève du général rwandais Kabarebe, ni de la défaite de Pweto. »
Acte V : Joseph, Mobutu light ?
Un théâtre d’ombres. Depuis quatre ans, le gouvernement de la RD Congo ressemble à une assemblée de fantômes sous la houlette de Premiers ministres qui jouent sans barguigner leur rôle de figurants rétribués. Il arrivait au vieil Antoine Gizenga, dernier survivant du Jurassic Park des années 1960, de s’assoupir en plein conseil des ministres. Son successeur, Adolphe Muzito, est plus éveillé, mais le résultat est le même. Chacun sait à Kinshasa que les vraies décisions se prennent désormais au sein du cabinet parallèle, celui qui, autour du président, réunit Katumba Mwanke, Évariste Boshab, les généraux Etumba et Kabulo, auxquels parfois se joignent quelques ministres directement reliés à Kabila, ou encore le gouverneur de la Banque centrale, Jean-Claude Masangu. Il y a peu encore, le général John Numbi, patron de la police, faisait partie de ce premier cercle. Mais depuis qu’il est venu aux oreilles du président que ce militaire apprécié de ses hommes, mulubakat comme lui, était bien vu par les chancelleries occidentales au point d’en faire un rival potentiel, Numbi n’est plus en grâce. À cet égard, l’affaire de l’assassinat du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya, dans laquelle il pourrait être impliqué et dont il aura bien du mal à se remettre, tombe étrangement à pic.
Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, les gros dossiers se traitent au sein de ce cabinet noir, surtout ceux qui, financièrement, pèsent lourd. La très juteuse revisitation des contrats miniers a ainsi été directement pilotée par Katumba Mwanke et Didier Etumba. Le fameux prêt chinois, dont l’idée aurait été soufflée à Joseph Kabila par le président angolais José Eduardo dos Santos lors d’un voyage à Luanda, a également été géré de A à Z par le gouvernement parallèle, tout comme les marchés de gré à gré qui ont suivi. Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, dans un environnement faisandé où le cash est roi et la corruption reine, des conseillers occultes font le lien avec l’univers mondialisé des Bourses, des placements et des paradis fiscaux.
Joseph Kabila n’a pas de marabout, il n’est ni franc-maçon ni rosicrucien, mais il a son Israélien, Dan Gertler. Il a aussi sa propre famille, très impliquée dans le business. Si la maman, Sifa Mahanya, autrefois influente, a été éloignée à Lubumbashi, Janet, la sœur jumelle, Zoé, le frère cadet et quasi-sosie, Joséphine, la petite sœur étudiante aux États-Unis, et Olive, la première dame, tiennent le haut du pavé. Tout Kinshasa fait des gorges chaudes des frasques, des deals (notamment avec les entrepreneurs libanais et chinois) et de l’enrichissement effréné de l’entourage présidentiel, dont les membres collectionnent appartements et villas en Afrique du Sud et en Belgique. À l’exemple de Joseph lui-même, dont les ranchs ultramodernes de la route de Bandundu, à une centaine de kilomètres de Kinshasa, et de la route de Kasumbale, non loin de Lubumbashi, font l’admiration des zélateurs du régime – tout comme sa nouvelle et superbe résidence officielle katangaise –, acquérir une ferme est ainsi devenu un must pour les nouveaux nababs congolais.
Fan absolu de motos (il en possède une vingtaine et tourne pendant des heures dans les allées de la parcelle présidentielle sur l’un ou l’autre de ses engins, pour se délasser), grand amateur de 4×4, qu’il conduit à tombeau ouvert avec une belle maestria (« Il ne s’embourbe jamais ! » commente, admiratif, un proche), expert en jeux vidéo, Joseph Kabila Kabange aurait sans doute pu être, dans une autre existence, un pilote de rallye émérite sur les pistes africaines. Le destin a voulu que, depuis dix ans, le véhicule dont il tient le volant s’appelle la RD Congo. Or celui-là, contrairement aux autres, fait sérieusement du surplace. Il arrive que le destin commette des erreurs de casting…
Lire l’article sur Jeuneafrique.com
http://democratiechretienne.org/2014/08/19/joseph-kabila-mobutu-light-jeune-afrique/
KOTA
Re: KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
REUNION DE KINGAKATI: KABILA S ACCROCHE AU POUVOIR
Manœuvres politiciennes :
Tractations politiques pouvoir/opposition et réunion à Kingakati
Notre article «Vers des chaises musicales entre Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi ?» a provoqué des réactions contrastées. Il semble bien se confirmer que des leaders des partis politiques ayant boudé les travaux des concertations nationales «ont été » approchés par un émissaire de «Joseph Kabila» afin de prendre part à un «dialogue politique». L’émissaire de la majorité politique serait Aubin Minaku. En personne. Celui-ci porte la double casquette de président de l’Assemblée nationale et de secrétaire général de la « Majorité présidentielle» (MP). Au centre des discussions : la formation d’un «gouvernement d’union nationale». Quelle en serait la contrepartie ? Toute la question est là ! Au moment de boucler ces lignes, on apprenait que « Joseph Kabila » a réuni, lundi 25 août, les « bonzes » de la « majorité présidentielle ». Il aurait réaffirmé sa volonté de faire réviser, par référendum l’article 220 de la Constitution. Objectif : briguer un troisième mandat. En attendant, un nouveau gouvernement pourrait être formé avant le 15 septembre prochain.
Sous le titre «RD Congo 2, Kabila cherche alliés», l’hebdomadaire parisien
«Jeune Afrique» n°2798 daté du 24 au 30 août 2014 s’interroge dans un entrefilet (voir rubrique « Confidentiel »), si les « concertations nationales » organisées par «Joseph Kabila», en septembre et octobre 2013, ont «servi à rien». «C’est bien possible», répond le journal qui cite à l’appui deux raisons.
A en croire ce journal, «Joseph» a déjà passé par pertes et profits le
«gouvernement de cohésion nationale» promis dans son discours du 23 octobre 2013 devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès. C’était au lendemain des Concertations nationales. Il «envisage désormais de s’allier à des personnalités» qui n’avaient pas pris part à ces assises.
Jeune Afrique dit se fonder sur les confidences d’un des conseillers du numéro un de la Représentation nationale congolaise. Il semble bien que le locataire du Palais de la nation «a chargé Aubin Minaku (…) de négocier avec plusieurs personnalités qui avaient boycotté les concertations». Négocier quoi ? «Il est question, poursuit Jeune Afrique, de leur proposer des ministères, voire de créer à leur intention un poste de vice-président de la République ». «Il n’est donc pas exclu, conclut ce magazine, de voir Vital Kamerhe ou Martin Fayulu participer au prochain gouvernement (…). Mais cela ne sera pas sans contrepartie.»
Un nouveau gouvernement avant le 15 septembre ?
Au moment de boucler ces lignes, on apprenait que tous les «gros manitous» de la «MP» se sont retrouvés lundi 25 août à la ferme présidentielle de Kingakati autour de «Joseph Kabila». A l’ordre du jour, la question relative à la révision constitutionnelle et la «sortie médiatique intempestive» du MSR (Mouvement social pour le renouveau) dont le président n’est autre que Pierre Lumbi Okongo, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité.
Selon un participant qui a joint, tard dans la soirée, au téléphone, la rédaction de Congo Indépendant, «Joseph Kabila» aurait réaffirmé sa «détermination» à faire organiser un référendum pour obtenir la révision de l’article 220 de la Constitution lequel l’empêche de briguer un troisième mandat à la tête de l’Etat. «La position exprimée à ce sujet par le PPRD est celle que j’avais préconisée», aurait-il déclaré fustigeant au passage la prise de position du MSR à ce sujet. Formation politique fondée par feu Guillaume Samba Kaputo, le MSR avait exigé un débat sur la problématique. «Joseph Kabila» aurait qualifié de "félonie" la posture adoptée par ce dernier parti.
Il a, dans la foulée, estimé que les propos tenus par l’Envoyé spécial des Etats Unis pour la Région des Grands lacs, Russ Feingold – invitant l’actuel chef de l’Etat congolais à respecter la Constitution et à ne pas se représenter en 2016 – n’engagaient nullement le département d’Etat américain. « Il s’agit des opinions personnelles d’un petit fonctionnaire américain», a-t-il martelé en soulignant sa résolution à « aller de l’avant ». «On a déjà levé l’option».
Selon notre source, «Joseph Kabila» a confié à l’assistance sa volonté de former un nouveau gouvernement avant la rentrée parlementaire du 15 septembre prochain. «Je me propose de faire appel à des gens courageux près à me suivre», a-t-il lancé.
"Un homme sans parole"
Si toutes ces informations étaient confirmées, "Joseph Kabila" fera sceller sa redoutable réputation d’un "homme sans parole". Le 23 octobre 2013, il annonçait la formation "bientôt" d’un "gouvernement de cohésion nationale". "Il comprendra aussi bien des représentants de la majorité que ceux de l’opposition et de la société civile et aura pour missions prioritaires le rétablissement de la paix et de l’autorité de l’Etat à travers le pays, la consolidation de la cohésion nationale, la poursuite de la reconstruction, l’appui au processus de décentralisation et à l’organisation des élections, et l’amélioration des conditions sociales des populations". Dix mois après, il n’y a toujours rien sous le soleil.
Dans son message à la Nation le 29 juin dernier à l’occasion de la commémoration du 54è anniversaire de la proclamation de l’indépendance, il dit notamment : "Il y a peu, ont eu lieu les concertations nationales où nous avons pris à nouveau conscience de la primauté de I’intérêt général et convenu, en conséquence, des mesures appropriées pour travailler, à l’unisson, à l’oeuvre de reconstruction nationale". Et d’ajouter : "Je réaffirme mon engagement d’accélérer la mise en œuvre des recommandations de ces assises, de façon méthodique, mais en évitant toute précipitation".
Aux collaborateurs qui manifestent de l’impatience, "Joseph Kabila" qui communique généralement par texto donne une réponse invariable : "Subiri!". Un mot swahili qui veut dit : attendre. L’attentisme a atteint un tel degré au Congo démocratique au point que certains commencent à regretter le rôle de "coordonnateur" joué jadis par "AKM" (Augustin Katumba Mwanke), tué dans un crash aérien en février 2012 à Bukavu.
On espère que les leaders de l’opposition contactés par des émissaires kabilistes résisteront à la tentation du pouvoir pour le pouvoir.
Baudouin Amba Wetshi
CONGOINDEPENDANT
http://democratiechretienne.org/2014/08/26/reunion-de-kingakati-kabila-s-accroche-au-pouvoir/
Manœuvres politiciennes :
Tractations politiques pouvoir/opposition et réunion à Kingakati
Notre article «Vers des chaises musicales entre Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi ?» a provoqué des réactions contrastées. Il semble bien se confirmer que des leaders des partis politiques ayant boudé les travaux des concertations nationales «ont été » approchés par un émissaire de «Joseph Kabila» afin de prendre part à un «dialogue politique». L’émissaire de la majorité politique serait Aubin Minaku. En personne. Celui-ci porte la double casquette de président de l’Assemblée nationale et de secrétaire général de la « Majorité présidentielle» (MP). Au centre des discussions : la formation d’un «gouvernement d’union nationale». Quelle en serait la contrepartie ? Toute la question est là ! Au moment de boucler ces lignes, on apprenait que « Joseph Kabila » a réuni, lundi 25 août, les « bonzes » de la « majorité présidentielle ». Il aurait réaffirmé sa volonté de faire réviser, par référendum l’article 220 de la Constitution. Objectif : briguer un troisième mandat. En attendant, un nouveau gouvernement pourrait être formé avant le 15 septembre prochain.
Sous le titre «RD Congo 2, Kabila cherche alliés», l’hebdomadaire parisien
«Jeune Afrique» n°2798 daté du 24 au 30 août 2014 s’interroge dans un entrefilet (voir rubrique « Confidentiel »), si les « concertations nationales » organisées par «Joseph Kabila», en septembre et octobre 2013, ont «servi à rien». «C’est bien possible», répond le journal qui cite à l’appui deux raisons.
A en croire ce journal, «Joseph» a déjà passé par pertes et profits le
«gouvernement de cohésion nationale» promis dans son discours du 23 octobre 2013 devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès. C’était au lendemain des Concertations nationales. Il «envisage désormais de s’allier à des personnalités» qui n’avaient pas pris part à ces assises.
Jeune Afrique dit se fonder sur les confidences d’un des conseillers du numéro un de la Représentation nationale congolaise. Il semble bien que le locataire du Palais de la nation «a chargé Aubin Minaku (…) de négocier avec plusieurs personnalités qui avaient boycotté les concertations». Négocier quoi ? «Il est question, poursuit Jeune Afrique, de leur proposer des ministères, voire de créer à leur intention un poste de vice-président de la République ». «Il n’est donc pas exclu, conclut ce magazine, de voir Vital Kamerhe ou Martin Fayulu participer au prochain gouvernement (…). Mais cela ne sera pas sans contrepartie.»
Un nouveau gouvernement avant le 15 septembre ?
Au moment de boucler ces lignes, on apprenait que tous les «gros manitous» de la «MP» se sont retrouvés lundi 25 août à la ferme présidentielle de Kingakati autour de «Joseph Kabila». A l’ordre du jour, la question relative à la révision constitutionnelle et la «sortie médiatique intempestive» du MSR (Mouvement social pour le renouveau) dont le président n’est autre que Pierre Lumbi Okongo, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité.
Selon un participant qui a joint, tard dans la soirée, au téléphone, la rédaction de Congo Indépendant, «Joseph Kabila» aurait réaffirmé sa «détermination» à faire organiser un référendum pour obtenir la révision de l’article 220 de la Constitution lequel l’empêche de briguer un troisième mandat à la tête de l’Etat. «La position exprimée à ce sujet par le PPRD est celle que j’avais préconisée», aurait-il déclaré fustigeant au passage la prise de position du MSR à ce sujet. Formation politique fondée par feu Guillaume Samba Kaputo, le MSR avait exigé un débat sur la problématique. «Joseph Kabila» aurait qualifié de "félonie" la posture adoptée par ce dernier parti.
Il a, dans la foulée, estimé que les propos tenus par l’Envoyé spécial des Etats Unis pour la Région des Grands lacs, Russ Feingold – invitant l’actuel chef de l’Etat congolais à respecter la Constitution et à ne pas se représenter en 2016 – n’engagaient nullement le département d’Etat américain. « Il s’agit des opinions personnelles d’un petit fonctionnaire américain», a-t-il martelé en soulignant sa résolution à « aller de l’avant ». «On a déjà levé l’option».
Selon notre source, «Joseph Kabila» a confié à l’assistance sa volonté de former un nouveau gouvernement avant la rentrée parlementaire du 15 septembre prochain. «Je me propose de faire appel à des gens courageux près à me suivre», a-t-il lancé.
"Un homme sans parole"
Si toutes ces informations étaient confirmées, "Joseph Kabila" fera sceller sa redoutable réputation d’un "homme sans parole". Le 23 octobre 2013, il annonçait la formation "bientôt" d’un "gouvernement de cohésion nationale". "Il comprendra aussi bien des représentants de la majorité que ceux de l’opposition et de la société civile et aura pour missions prioritaires le rétablissement de la paix et de l’autorité de l’Etat à travers le pays, la consolidation de la cohésion nationale, la poursuite de la reconstruction, l’appui au processus de décentralisation et à l’organisation des élections, et l’amélioration des conditions sociales des populations". Dix mois après, il n’y a toujours rien sous le soleil.
Dans son message à la Nation le 29 juin dernier à l’occasion de la commémoration du 54è anniversaire de la proclamation de l’indépendance, il dit notamment : "Il y a peu, ont eu lieu les concertations nationales où nous avons pris à nouveau conscience de la primauté de I’intérêt général et convenu, en conséquence, des mesures appropriées pour travailler, à l’unisson, à l’oeuvre de reconstruction nationale". Et d’ajouter : "Je réaffirme mon engagement d’accélérer la mise en œuvre des recommandations de ces assises, de façon méthodique, mais en évitant toute précipitation".
Aux collaborateurs qui manifestent de l’impatience, "Joseph Kabila" qui communique généralement par texto donne une réponse invariable : "Subiri!". Un mot swahili qui veut dit : attendre. L’attentisme a atteint un tel degré au Congo démocratique au point que certains commencent à regretter le rôle de "coordonnateur" joué jadis par "AKM" (Augustin Katumba Mwanke), tué dans un crash aérien en février 2012 à Bukavu.
On espère que les leaders de l’opposition contactés par des émissaires kabilistes résisteront à la tentation du pouvoir pour le pouvoir.
Baudouin Amba Wetshi
CONGOINDEPENDANT
http://democratiechretienne.org/2014/08/26/reunion-de-kingakati-kabila-s-accroche-au-pouvoir/
KOTA
Re: KABILA, A FRANCOIS SOUDAN EN 2007:"Mais Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter" / JEUNE AFRIQUE
Après la CNS et Sun City, RDC : une troisième Transition en chantier / LE PHARE
par FreeDiomi le 28 août 2014
En entendant parler de l’avènement de la 4me République, nombre de Congolais s’interrogent sur l’état d’avancement de la démocratie en RDCongo. L’on craint en effet que les architectes de la nouvelle loi fondamentale du pays ne consacrent le retour de l’Etat-nation vers un Etat de non droit, où les détenteurs du pouvoir auraient tout à dire, et le souverain primaire rien à dire. L’on se demande s’il ne s’agit pas, pour le peuple congolais, d’une nouvelle aventure politique, à l’image de delle de la Deuxième République de Mobutu, caractérisée par l’enchaînement du nombre illimité des mandats du Chef de l’Etat, la confiscation des libertés individuelles, le monopartisme, la primauté du MPR/Parti-Etat sur toutes les institutions de la République, l’érection du Président-Fondateur du Mouvement Populaire de la Révolution au statut de Chef de l’Etat de fait et de droit, l’inviolabilité de la personne du « Père de la Nation », du «Timonier national », du « Guide éclairé », du « Sauveur de la patrie », du « Rassembleur », du « Pacificateur », de « l’Unificateur», etc.
L’on se désole à l’idée que la 4me République ne soit une pâle copie de la Deuxième République, où la « parole du Président- Fondateur prononcée en pt.lic avait force de loi » et où des dignitaires du régime avaient le droit de vie et de mort sur leurs compatriotes d’en-bas. En lisant les signes du temps, l’on se demande si à l’allure où la RDC est en train de changer de constitution, on ne risque pas de déboucher sur une fréquence d’une République par année.
Interdiction de parole aux «anti-révisionnistes»
L’une des questions qui intriguent certaines forces politiques et sociales du pays est de savoir si les « pro-révisionnistes », qui s’expriment avec beaucoup de liberté et volupté en privé comme en public vont accepter le débat contradictoire avec les « anti ».
On pourrait alors retenir, au plan historique, que la 1ère République avait vécu du 30juin 1960 au 24 novembre 1965 avec Joseph Kasa-Vubu à la magistrature suprême du pays, et la seconde du 24 novembre 1965 au 24 avril 1990, avec le maréchal Mobutu Sese Seko aux affaires. Après une longue parenthèse marquée par une Transition qui paraissait interminable (24 avril 1990- 17mai1997) sous la conduite du même Mobutu, et deux « Républiques » sans étiquette dirigées par Laurent Désiré Kabila (17 mai 1997- 16 janvier 2001) et Joseph Kabila (janvier 2001-juin 2003) et une seconde Transition (30 juin 2003- 06 décembre 2006), la Troisième République voyait le jour avec la prestation de serment de Joseph Kabila, le 06 décembre 2006, comme Président élu au suffrage universel direct. Réélu en novembre 2011, il a entamé un second mandat le 20 décembre 2011, toujours sous le label de la Troisième République. Au regard de la nouvelle option de l’aile dure de la Majorité Présidentielle de doter le pays d’une nouvelle Constitution, les jours de la Troisième République sont désormais comptés.
Kimp
http://democratiechretienne.org/2014/08/28/apres-la-cns-et-sun-city-rdc-une-troisieme-transition-en-chantier-le-phare/
par FreeDiomi le 28 août 2014
Après la CNS et Sun City, RDC : une troisième Transition en chantier
Le débat interne autour de la révision ou non de la Constitution s’est davantage éclairci au sein de la Majorité Présidentielle, après le « Conclave » du lundi 25 août 2014 à Kingankati, dans la banlieue Est de Kinshasa, sous la modération du Chef de l’Etat.Les observateurs ont noté, au-delà des divergences de vues entre les camps des «pro» et « anti » révisionnistes, qu’une «troisième voie » s’est invitée à la table des discussions. Il s’agit de celle préconisant la rédaction d’une nouvelle Constitution.
On a appris, à ce sujet, qu’un groupe de travail devrait incessamment se mettre en place en vue de réfléchir sur le nouveau texte constitutionnel, totalement différent de celui actuellement en vigueur, que l’on dit découler de la volonté politique des « Composantes » et « Entités » signataires de l’Accord Global et Inclusif ayant sanctionné, en décembre 2002 à Sun City, la fin du Dialogue Intercongolais.
Dans l’entendement des « Faucons » de la Majorité Présidentielle, le projet d’organisation d’un référendum populaire, qui fait couler tant d’encre et de salive, viserait non pas le plébiscite, par l’électorat national, des amendements à apporter à La Constitution adoptée en décembre 2005 par voie référendaire, mais plutôt d’une nouvelle loi fondamentale. La conséquence logique de pareille initiative serait la liquidation pure et simple de la « Troisième République », née le 18 février 2006, et l’avènement de la 4me République.
Dans ce cas, les compteurs seraient remis à zéro. Concrètement, on va «effacer le tableau », selon une expression bien connue de chez nous, c’est-à-dire ne plus tenir compte des mandats déjà exercés par Joseph Kabila, lancer une nouvelle transition à conduire par un « Gouvernement de large union nationale », à l’issue de laquelle seraient organisées de nouvelles élections législatives et présidentielle, comme c’était le cas au retour de Sun City.
4me République : nouvelle aventure?On a appris, à ce sujet, qu’un groupe de travail devrait incessamment se mettre en place en vue de réfléchir sur le nouveau texte constitutionnel, totalement différent de celui actuellement en vigueur, que l’on dit découler de la volonté politique des « Composantes » et « Entités » signataires de l’Accord Global et Inclusif ayant sanctionné, en décembre 2002 à Sun City, la fin du Dialogue Intercongolais.
Dans l’entendement des « Faucons » de la Majorité Présidentielle, le projet d’organisation d’un référendum populaire, qui fait couler tant d’encre et de salive, viserait non pas le plébiscite, par l’électorat national, des amendements à apporter à La Constitution adoptée en décembre 2005 par voie référendaire, mais plutôt d’une nouvelle loi fondamentale. La conséquence logique de pareille initiative serait la liquidation pure et simple de la « Troisième République », née le 18 février 2006, et l’avènement de la 4me République.
Dans ce cas, les compteurs seraient remis à zéro. Concrètement, on va «effacer le tableau », selon une expression bien connue de chez nous, c’est-à-dire ne plus tenir compte des mandats déjà exercés par Joseph Kabila, lancer une nouvelle transition à conduire par un « Gouvernement de large union nationale », à l’issue de laquelle seraient organisées de nouvelles élections législatives et présidentielle, comme c’était le cas au retour de Sun City.
En entendant parler de l’avènement de la 4me République, nombre de Congolais s’interrogent sur l’état d’avancement de la démocratie en RDCongo. L’on craint en effet que les architectes de la nouvelle loi fondamentale du pays ne consacrent le retour de l’Etat-nation vers un Etat de non droit, où les détenteurs du pouvoir auraient tout à dire, et le souverain primaire rien à dire. L’on se demande s’il ne s’agit pas, pour le peuple congolais, d’une nouvelle aventure politique, à l’image de delle de la Deuxième République de Mobutu, caractérisée par l’enchaînement du nombre illimité des mandats du Chef de l’Etat, la confiscation des libertés individuelles, le monopartisme, la primauté du MPR/Parti-Etat sur toutes les institutions de la République, l’érection du Président-Fondateur du Mouvement Populaire de la Révolution au statut de Chef de l’Etat de fait et de droit, l’inviolabilité de la personne du « Père de la Nation », du «Timonier national », du « Guide éclairé », du « Sauveur de la patrie », du « Rassembleur », du « Pacificateur », de « l’Unificateur», etc.
L’on se désole à l’idée que la 4me République ne soit une pâle copie de la Deuxième République, où la « parole du Président- Fondateur prononcée en pt.lic avait force de loi » et où des dignitaires du régime avaient le droit de vie et de mort sur leurs compatriotes d’en-bas. En lisant les signes du temps, l’on se demande si à l’allure où la RDC est en train de changer de constitution, on ne risque pas de déboucher sur une fréquence d’une République par année.
Interdiction de parole aux «anti-révisionnistes»
L’une des questions qui intriguent certaines forces politiques et sociales du pays est de savoir si les « pro-révisionnistes », qui s’expriment avec beaucoup de liberté et volupté en privé comme en public vont accepter le débat contradictoire avec les « anti ».
Si l’on s’en tient à ce qui est arrivé au député national Jean-Bertrand Ewanga de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise), après le meeting de l’Opposition le 04 août 2014 à la Place Sainte Thérèse, dans la commune de N’Djili, et à d’autres fâcheux précédents, notamment les arrestations et condamnations des députés nationaux Muhindo du MSR (Mouvement Social pour la République)
et Eugène Diomi Ndongala, pour avoir émis des critiquez acerbes sur des questions politiques d’intérêt national, sans oublier celle d’un cadre de l’UDPS à Mbuji Mayi, cueilli au sortir d’un studio de télévision après avoir participé à un débat politique, l’on peut être sûr que les anti-révisionnistes s’exposeraient à des pires ennuis dans les mois et semaines à venir.
Pourtant, le jeu démocratique voudrait que tous les fils et toutes les filles du pays disent ce qu’ils pensent de la démarche de la Majorité au pouvoir. Quant au référendum proprement dit, l’annonce récente, par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), de la révocation de près d’une centaine de ses agents reconnus coupables de trafic illicite des cartes d’électeur, il n’offre aucune garantie de transparence. Dans ces conditions, il est difficile d’attendre des urnes la vraie réponse du souverain primaire à la révision constitutionnelle et à la disqualification de la Troisième République.
Regard sur l’histoireOn pourrait alors retenir, au plan historique, que la 1ère République avait vécu du 30juin 1960 au 24 novembre 1965 avec Joseph Kasa-Vubu à la magistrature suprême du pays, et la seconde du 24 novembre 1965 au 24 avril 1990, avec le maréchal Mobutu Sese Seko aux affaires. Après une longue parenthèse marquée par une Transition qui paraissait interminable (24 avril 1990- 17mai1997) sous la conduite du même Mobutu, et deux « Républiques » sans étiquette dirigées par Laurent Désiré Kabila (17 mai 1997- 16 janvier 2001) et Joseph Kabila (janvier 2001-juin 2003) et une seconde Transition (30 juin 2003- 06 décembre 2006), la Troisième République voyait le jour avec la prestation de serment de Joseph Kabila, le 06 décembre 2006, comme Président élu au suffrage universel direct. Réélu en novembre 2011, il a entamé un second mandat le 20 décembre 2011, toujours sous le label de la Troisième République. Au regard de la nouvelle option de l’aile dure de la Majorité Présidentielle de doter le pays d’une nouvelle Constitution, les jours de la Troisième République sont désormais comptés.
Kimp
http://democratiechretienne.org/2014/08/28/apres-la-cns-et-sun-city-rdc-une-troisieme-transition-en-chantier-le-phare/
KOTA
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