Cinq questions répondues par Dr Dénis Mukwege.
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Cinq questions répondues par Dr Dénis Mukwege.
@ Dr Dénis Mukwege.com
Pourquoi ne croyez-vous pas en l’organisation des élections prévues le 23 décembre 2018 en RDC ?
Je ne crois pas dans des élections organisées par un régime illégitime et illégal qui, depuis 2006, n’a fait qu’enfreindre la loi et tricher pour se maintenir au pouvoir. En 2006, le pouvoir actuel devait organiser les élections locales, il ne l’a jamais fait. En 2011, après avoir changé la Constitution pour s’assurer une victoire, il a organisé des élections entachées d’irrégularités et de fraudes reconnues par les observateurs et institutions tant nationales qu’internationales. En 2015, il s’était engagé à organiser l’élection des députés provinciaux, des gens ont payés leurs cautions, des listes ont été publiées par la CENI, mais à ce jour ces élections n’ont jamais été organisées. Le 19 décembre 2016 devait être la fin du dernier mandat de Joseph Kabila. Vous connaissez la suite. Le 31 décembre 2017 devait être la fin de la rallonge de ce mandat, tel que conclu dans l’accord de la Saint Sylvestre, mais Kabila est toujours là. A moins d’être naïf, pourquoi voulez-vous que quelqu’un qui n’a jamais respecté sa parole depuis 2006, la respecte aujourd’hui ? Pourquoi voulez-vous que quelqu’un qui n’a pas tenu parole à la CENCO, à tous les évêques de notre pays, dise la vérité aujourd’hui ? Au vu de ces faits, je ne crois pas en ce miracle-là. Tout est mis en œuvre soit pour ne pas organiser les élections, soit pour tricher. Les graves violations des droits élémentaires, la restriction des libertés publiques, le harcèlement des partis politiques et de la société civile, l’intrusion de la machine à voter, tout l’arsenal de falsification des élections, si elles auront lieu, est déjà en place. Celles-ci serviront tout simplement à légitimer le pouvoir en place et le peuple devra alors se résoudre à poursuivre à vivre son calvaire.
2. Que pensez-vous d’une transition sans Kabila, un souhait partagé par de nombreux Congolais ?
C’est une question que vous pouvez directement poser aux Congolais. Nos compatriotes sont assez lucides à ce propos. Ma conviction est ferme là-dessus. Pour les raisons que je venais d’évoquer et d’autres encore, je suis convaincu qu’il n’y aura pas d’avenir pour les Congolais et le Congo avec le mode de gouvernance actuel. On lui donnerait même cent ans, la descente aux enfers continuera. Puisque toutes les institutions actuelles sont illégitimes et illégales, une transition sans elles me parait logique. La conviction de nombreux Congolais est qu’il faudrait une institution et des animateurs neutres pour organiser des élections réellement libres, démocratiques, crédibles et apaisées.
3. Pensez-vous qu’une lutte pacifique peut aider à libérer le peuple congolais du joug des gouvernants actuels ?
Je suis un pacifiste. Je ne crois pas que c’est seulement du joug des gouvernants actuels, pour reprendre vos mots, qu’il faudrait se libérer, mais de tout le système et surtout de la mauvaise gouvernance à toutes les échelles. L’histoire de nombreux pays nous montre que la lutte non-violente a été un moyen efficace et durable utilisé par des nombreux peuples pour reconquérir leurs droits et leurs libertés. Je pense notamment aux combats de Ghandi, de Martin Luther King ou de Mandela qui sont des sources d’inspiration pour moi et des véritables modèles.
4. Le peuple congolais vit « un véritable esclavage moderne », avez-vous déclaré. Pouvez-vous préciser votre pensée ?
Nous sommes dans un pays où un système mis en place par une infime partie de la population, peut-être 1% de Congolais, confisque tout le pouvoir, capte et détourne toutes les richesses à son profit. La grande majorité, peut-être 99% de la population restante, croupit dans une misère insupportable. Me basant sur l’histoire, un tel système pourrait à juste titre être considéré comme esclavagiste. Les conséquences de ce système rappellent d’ailleurs l’esclavage des noirs. En effet, si nos aïeux ont été conduits de force en Amérique et dans d’autres pays du monde comme esclaves et que beaucoup ont péri en mer sans atteindre le pays de destination, aujourd’hui, faute de perspective, c’est libres que nos jeunes prennent la même route de l’exil en prenant le risque de noyade dans la mer méditerranée.
5. Comment réagissez-vous au discours de Joseph Kabila prononcé devant le Parlement réuni en congrès à Kinshasa, le 19 juillet dernier ?
Pour moi, c’est un non-évènement. C’est un récit d’autosatisfaction, impertinent et inopportun. C’est du déjà entendu ! Rien de nouveau. Un discours qui contraste avec le quotidien des Congolais. Joseph Kabila semble déconnecté des réalités du pays. Dans quel Congo vit-il ? La déception est là, et elle est immense. Foin de communication pleine d’incongruités ! Les Congolais veulent plutôt des gouvernants qui posent des actes concrets visant à améliorer leurs conditions de vie. C’est pour cela qu’un autre mode de gouvernance s’impose.
Pourquoi ne croyez-vous pas en l’organisation des élections prévues le 23 décembre 2018 en RDC ?
Je ne crois pas dans des élections organisées par un régime illégitime et illégal qui, depuis 2006, n’a fait qu’enfreindre la loi et tricher pour se maintenir au pouvoir. En 2006, le pouvoir actuel devait organiser les élections locales, il ne l’a jamais fait. En 2011, après avoir changé la Constitution pour s’assurer une victoire, il a organisé des élections entachées d’irrégularités et de fraudes reconnues par les observateurs et institutions tant nationales qu’internationales. En 2015, il s’était engagé à organiser l’élection des députés provinciaux, des gens ont payés leurs cautions, des listes ont été publiées par la CENI, mais à ce jour ces élections n’ont jamais été organisées. Le 19 décembre 2016 devait être la fin du dernier mandat de Joseph Kabila. Vous connaissez la suite. Le 31 décembre 2017 devait être la fin de la rallonge de ce mandat, tel que conclu dans l’accord de la Saint Sylvestre, mais Kabila est toujours là. A moins d’être naïf, pourquoi voulez-vous que quelqu’un qui n’a jamais respecté sa parole depuis 2006, la respecte aujourd’hui ? Pourquoi voulez-vous que quelqu’un qui n’a pas tenu parole à la CENCO, à tous les évêques de notre pays, dise la vérité aujourd’hui ? Au vu de ces faits, je ne crois pas en ce miracle-là. Tout est mis en œuvre soit pour ne pas organiser les élections, soit pour tricher. Les graves violations des droits élémentaires, la restriction des libertés publiques, le harcèlement des partis politiques et de la société civile, l’intrusion de la machine à voter, tout l’arsenal de falsification des élections, si elles auront lieu, est déjà en place. Celles-ci serviront tout simplement à légitimer le pouvoir en place et le peuple devra alors se résoudre à poursuivre à vivre son calvaire.
2. Que pensez-vous d’une transition sans Kabila, un souhait partagé par de nombreux Congolais ?
C’est une question que vous pouvez directement poser aux Congolais. Nos compatriotes sont assez lucides à ce propos. Ma conviction est ferme là-dessus. Pour les raisons que je venais d’évoquer et d’autres encore, je suis convaincu qu’il n’y aura pas d’avenir pour les Congolais et le Congo avec le mode de gouvernance actuel. On lui donnerait même cent ans, la descente aux enfers continuera. Puisque toutes les institutions actuelles sont illégitimes et illégales, une transition sans elles me parait logique. La conviction de nombreux Congolais est qu’il faudrait une institution et des animateurs neutres pour organiser des élections réellement libres, démocratiques, crédibles et apaisées.
3. Pensez-vous qu’une lutte pacifique peut aider à libérer le peuple congolais du joug des gouvernants actuels ?
Je suis un pacifiste. Je ne crois pas que c’est seulement du joug des gouvernants actuels, pour reprendre vos mots, qu’il faudrait se libérer, mais de tout le système et surtout de la mauvaise gouvernance à toutes les échelles. L’histoire de nombreux pays nous montre que la lutte non-violente a été un moyen efficace et durable utilisé par des nombreux peuples pour reconquérir leurs droits et leurs libertés. Je pense notamment aux combats de Ghandi, de Martin Luther King ou de Mandela qui sont des sources d’inspiration pour moi et des véritables modèles.
4. Le peuple congolais vit « un véritable esclavage moderne », avez-vous déclaré. Pouvez-vous préciser votre pensée ?
Nous sommes dans un pays où un système mis en place par une infime partie de la population, peut-être 1% de Congolais, confisque tout le pouvoir, capte et détourne toutes les richesses à son profit. La grande majorité, peut-être 99% de la population restante, croupit dans une misère insupportable. Me basant sur l’histoire, un tel système pourrait à juste titre être considéré comme esclavagiste. Les conséquences de ce système rappellent d’ailleurs l’esclavage des noirs. En effet, si nos aïeux ont été conduits de force en Amérique et dans d’autres pays du monde comme esclaves et que beaucoup ont péri en mer sans atteindre le pays de destination, aujourd’hui, faute de perspective, c’est libres que nos jeunes prennent la même route de l’exil en prenant le risque de noyade dans la mer méditerranée.
5. Comment réagissez-vous au discours de Joseph Kabila prononcé devant le Parlement réuni en congrès à Kinshasa, le 19 juillet dernier ?
Pour moi, c’est un non-évènement. C’est un récit d’autosatisfaction, impertinent et inopportun. C’est du déjà entendu ! Rien de nouveau. Un discours qui contraste avec le quotidien des Congolais. Joseph Kabila semble déconnecté des réalités du pays. Dans quel Congo vit-il ? La déception est là, et elle est immense. Foin de communication pleine d’incongruités ! Les Congolais veulent plutôt des gouvernants qui posent des actes concrets visant à améliorer leurs conditions de vie. C’est pour cela qu’un autre mode de gouvernance s’impose.
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