"Tonton, reviens: elles sont devenues folles!!"

(Reuters)



Quelle que soit l'issue de la bataille autour du vote pour le poste de numéro un socialiste, la prochaine Première secrétaire se retrouvera face à une mission que certains jugent impossible: réconcilier deux camps qui sont allés très loin dans l'affrontement et l'hostilité.

Un cap supplémentaire a été franchi dimanche, avec l'annonce croisée de recours devant les tribunaux. Le royaliste Manuel Valls entend déposer un recours en faux en écriture sur les résultats dans le Nord, bastion de Martine Aubry. Réplique immédiate des "aubrystes", qui annoncent une plainte en diffamation.

Vincent Peillon, autre lieutenant de Ségolène Royal, n'en démord pas: il doit y avoir un nouveau vote pour que "le rassemblement" puisse se faire "sur des bases claires".

Le climat s'est tellement envenimé qu'il sera difficile de panser les plaies, même si chacun repousse le spectre d'une scission.

"Ségolène Royal maintient la stratégie de la tension. Elle parle de manipulation et appelle toujours de ses voeux un deuxième tour quitte à créer des tensions dans le parti socialiste qui seront demain peut-être difficilement maîtrisables", a jugé sur France Info le directeur du Cevipof Pascal Perrineau.

Pour que le PS réussisse son aggiornamento, le politologue lui conseille de "respecter les principes qu'il s'est fixé" en acceptant le verdict des urnes et assure que "tous les protagonistes auront intérêt à partir de mercredi à jeter les rancunes à la rivière".

Car après le "débat arithmétique", il faudra bien en revenir au "débat politique", affirme un haut responsable socialiste. Même si "les deux protagonistes ne semblent pas dans cet état d'esprit", comme l'observe un député PS.

Le rassemblement sera "difficile", reconnaît Pascal Lamy, "car certaines individualités ont cherché à surdramatiser une situation déjà compliquée. "On va tâcher d'être d'être responsables pour deux", explique le bras droit de Martine Aubry.

Il exclut une "troisième voie" qui pourrait se traduire par l'émergence d'un troisième homme -ou femme- pour mettre un terme aux déchirements.

La maire de Lille -qui a assuré qu'elle entendait être leader de "tous les socialistes"- s'attellera dès mercredi matin "à travailler à la formation de son équipe qui devrait intégrer des personnalités reconnues pour leur compétence", assure M. Lamy. Façon de laisser ouverte aux royalistes la porte des instances dirigeantes.

La véritable inconnue est l'attitude d'une Ségolène Royal officiellement vaincue. Elle a maintes fois répété qu'elle ne quitterait pas le parti. Mais dans la perspective de l'élection présidentielle pour laquelle elle a déjà affiché ses ambitions, elle pourrait choisir de s'adosser à son mouvement "désirs d'avenir", contournant les instances officielles du PS.

Une attitude qui lui a déjà été reprochée dans le passé par des hiérarques du PS et qui risque de voir le parti, officiellement uni, rendu ingouvernable dans les faits.

Paradoxalement, c'est des rangs de la droite qu'est venue dimanche une analyse moins pessimiste pour l'avenir des socialistes. Son état était "il y a dix ans" le même que celui du PS aujourd'hui, a ainsi jugé Jean-François Copé, le patron des députés UMP.

N'empeche que c'est Sarkozy qui doit se frotter les mains car à ce rythme,sa reélection est assurée