La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
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La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
La Voix de la Russie : les médias américains se font l’écho d’un mécontentement croissant face à la politique étrangère du président Obama, tant du côté républicain que du côté démocrate. Lorsque le sénateur Ted Cruz a pris la parole à Washington au cours de la conférence de la Faith and Freedom Coalition, il a affirmé : « notre politique étrangère est en voie d’effondrement, et partout dans le monde, la situation empire ». Le dernier sondage New York Times/CBS News révèle une défiance croissante envers la politique du président, 58 % des Américains désapprouvant sa politique étrangère. Qu’est-ce qui met les Américains mal à l’aise ?
Paul Craig Roberts : il est fort possible que les Américains soient en train de se rendre compte qu’on leur ment. Il existe aujourd’hui d’autres sources d’information que les médias occidentaux anglophones. Pour prendre un exemple, le compte-rendu que les Etats-Unis présentent de l’Ukraine est un mensonge évident. Il faut du temps aux gens pour prendre conscience qu’on leur ment. Je pense que la majorité ne s’en apercevra jamais, mais qu’une proportion significative, elle, le fera.
Nombre de mécontents seraient dès lors mus par des motifs économiques domestiques. Ils réclameraient que les ressources dilapidées dans des guerres soient réallouées aux besoins intérieurs au lieu d’être affectées à des guerres et encore des guerres. Par exemple, la crise irakienne est réapparue et il y a de nombreux débats au sujet de l’envoi de troupes dans les pays baltes et en Europe de l’Est pour prévenir la « menace russe ».
Le contexte interpelle les gens dont les revenus stagnent, qui ne trouvent pas d’emploi, ou qui sont pénalisés par les lourdes dettes contractées pour financer leurs études, par les coupes sombres dans les indemnisations chômage, par les menaces qui pèsent sur la sécurité sociale, sur le système de santé publique (qui n’en est pas vraiment un, mais il y a des gens qui en ont besoin). Dans ce contexte, lorsque de nouveaux remous à l’étranger conduisent à de nouvelles guerres, nombre d’Américains y voient un surcroît de difficultés économiques. Cela fait maintenant treize ans que les États-Unis sont en guerre. Tout cela engloutit des trilliards de dollars sans résultat. Voilà la principale source de ressentiment : aux États-Unis, les gens souffrent pour des guerres en lesquelles ils ne croient plus.
VDLR : mais où se situe la logique de ces guerres interminables ?
PCR : elles ont plusieurs causes qui s’entretiennent mutuellement. L’une de celles-ci est que l’idéologie néoconservatrice est parvenue au sommet de sa puissance avec l’effondrement de l’Union soviétique. Cette idéologie part du principe que l’Histoire a placé les États-Unis à la tête de la planète, qu’il n’existe pas d’alternative au système politico-économique américain, et que ce choix de l’Histoire confère aux États-Unis une prérogative hégémonique mondiale.
Il s’agit là d’une idéologie radicale, la plus radicale que les États-Unis aient jamais connue.
Il y a une seconde raison : le complexe militaro-industrielle. Il s’agit là d’un groupe d’intérêts privés d’une taille et d’une puissance impressionnantes, qui englobe des composantes étatiques comme les agences de sécurité – CIA, Département de la sécurité intérieure, FBI, Pentagone. Chaque année, il absorbe des centaines de milliards de dollars, peut-être bien près d’un trilliard.
Pour ce groupe d’intérêts, cet argent est crucial. Une partie de l’argent du contribuable est recyclée, retourne au Congrès, aux candidats à la présidence sous forme de contributions aux campagnes électorales, garantissant leur élection et leur réélection. Il s’agit là d’un deuxième puissant levier, dont les intérêts matériels sont alimentés par les guerres et les menaces de guerres.
Et il y a un troisième puissant groupe d’intérêts, le lobby israélien. Nombre de néoconservateurs sont Juifs, voire citoyens américains-israéliens. Presque tous sont très proches d’Israël. Par ailleurs, l’idéologie néoconservatrice d’hégémonie américaine va de pair avec ces treize ans de guerres au Moyen Orient. En effet, ces guerres présentent l’avantage subsidiaire d’éliminer des états arabes non alignés avec les États-Unis et Israël et qui, au Moyen Orient, sont des garde-fous potentiels contre la politique expansionniste d’Israël.
Ces trois facteurs forment un tout, s’inter-entretiennent et impliquent globalement les mêmes individus.
VDLR : ainsi, vous affirmez que cette politique est conçue, pour l’essentiel, par un lobby israélien. Pourtant, la politique américaine au Moyen Orient peut être à double tranchant pour Israël.
PCR : effectivement, cette politique possède un effet pervers. Certains analystes ont tenté d’avertir les néoconservateurs du caractère artificiel des frontières moyen-orientales, que l’on retrouve en Afrique, où les frontières ont été tracées par les colonisateurs européens, essentiellement Anglais et Français. Vous avez donc des pays qui comportent une majorité chiite et une minorité sunnite, et des pays qui présentent la configuration inverse, une majorité sunnite et une minorité chiite. Cela rappelle les frontières africaines, dont le tracé a placé dans le même pays deux tribus rivales, traditionnellement ennemies. Ces frontières n’ont pas grand sens. Il n’y a que des Occidentaux ignorants pour en être les artisans.
Le choc entre branches de l’Islam a été étouffé par des régimes laïcs forts comme celui de Saddam Hussein ou celui d’Assad en Syrie. En renversant ces gouvernements, on ranime le conflit.
Sans surprise, l’ISIS – ou ISIL – veut redessiner les frontières [NDT : Islamic State of Iraq and Syria ou encore Islamic State of Iraq and the Levant]. En cas de succès islamiste, une partie des territoires de Syrie et d’Irak formera un nouvel état. S’il est encore trop tôt pour dire s’ils réussiront ou non, il existe néanmoins une dynamique créative qui s’affranchit des artifices mis en place par les empires coloniaux.
L’une des raisons pour lesquelles l’éclatement de l’Irak et de la Syrie n’a pas été perçu comme un risque pour Israël est que les stratèges israéliens et néoconservateurs se sont dit : c’est tout bénéfice ; si nous brisons ces états et qu’ils implosent, eh bien cela fera autant d’états constitués en moins pour mettre des bâtons dans les roues d’Israël.
Sur les ruines de l’Irak et de la Syrie se dresseront des factions en guerre, tout comme en Libye aujourd’hui. Or un Etat dépourvu de gouvernement central cesse d’être une menace pour Israël. Nous encourageons donc la destruction de ces entités politiques opposées au rapt de la Palestine par Israël. L’Irak n’a plus de gouvernement, il n’a plus que des factions en guerre, tout comme la Libye, ou comme la Syrie où Washington agit de manière identique.
Voilà comment les Israéliens et les néoconservateurs voient les choses. Ces insensés ne voient aucune menace dans la destruction d’états musulmans laïcs, ils n’y voient que la dislocation de pays unifiés susceptibles de présenter une forme ou une autre d’opposition aux desseins israéliens et américains.
VDLR : mais alors, le gouvernement et les institutions étatiques se verraient-ils remplacés par des mouvances politiques paramilitaires, celles-là même que nous qualifions d’extrémistes et auxquels nous faisons face aujourd’hui ? Ces entités ne représenteraient-elles pas une menace encore plus grande que celle de gouvernements constitués ? Ou bien ces gens croient-ils qu’ils sont capables de les contrôler plus ou moins ?
PCR : non, ils ne peuvent pas les contrôler. Oui, ces mouvances sont dangereuses, parce qu’elles ne sont pas laïques. Certains d’entre nous avaient prévenu, mais nous avons été ignorés parce que les Israéliens et les néoconservateurs voyaient en la dislocation de ces pays l’affaiblissement d’une menace.
VDLR : l’idéologie néo-conservatrice et son credo de mission universelle tels que vous les avez dépeints ne présentent-t-ils pas d’étonnantes similitudes avec, l’idéologie marxiste communiste ?
PCR : Oui, absolument. L’histoire a investi les Etats-Unis d’une mission. Aux yeux des marxistes, c’est le prolétariat qui joue ce rôle. Aux yeux des néoconservateurs, c’est Washington.
VDLR : ces deux idéologies auraient-elles une racine commune ?
PCR : non, je le pense pas ; mais leurs conséquences sur le monde sont comparables parce dans les deux cas, le pays qui professe cette idéologie est animé d’une volonté de s’imposer à d’autres pays et de s’y implanter, parce qu’il se perçoit comme le référent légitime. C’est en ce sens que les idéologies marxiste et néoconservatrice sont comparables, même si leurs racines sont distinctes.
Je note par ailleurs que cette notion de monde unipolaire et d’unique superpuissance américaine va dans le sens des intérêts de la finance. Je les ai éludés dans mon triptyque, mais ils en sont en quelque sorte un quatrième élément, du fait de l’hégémonie financière américaine actuelle. Cette hégémonie financière est ce qui permet à Washington d’imposer des sanctions à d’autres pays.
Si votre devise n’est pas la devise planétaire et que vous n’êtes pas aux manettes du système mondial de paiements, vous ne pourrez imposer de sanctions. Ce pouvoir de sanction place vos institutions financières en position de primauté sur les institutions des autres pays. L’idéologie que j’évoque séduit également Wall Street et les grandes banques, parce qu’elle leur garantit de même l’hégémonie.
VDLR : cela m’incite à m’interroger : tout ce qu’ont fait les États-Unis ces dix bonnes dernières années n’a fait que renforcer la Chine, que les États-Unis semblent identifier comme leur premier adversaire. Était-ce là un calcul, ou était-ce involontaire ? Vous évoquez le système financier. Les Chinois commencent à envisager de promouvoir leur propre devise comme nouvelle monnaie de réserve sur le marché mondial. Cela est largement le résultat de toutes ces crises provoquées par les États-Unis.
PCR : ce que les États-Unis ont fait, et qui a apporté à la Chine son démarrage économique, a été de délocaliser les emplois de l’industrie manufacturière. Celle–ci a été transférée à l’étranger par les capitalistes, sous la pression de Wall Street, dans le but d’abaisser le coût du travail et d’atteindre des gains plus élevés pour les actionnaires, pour Wall Street et pour les dirigeants via les bonus. Du point de vue des intérêts nationaux, il s’agissait là d’une politique à très courte vue, mais elle allait dans le sens des intérêts de Wall Street et dans celui des intérêts individuels des dirigeants des grandes sociétés.
Une fois que la Chine a capté la technologie américaine et le savoir-faire américain en affaires, elle s’est trouvée libérée de la prééminence économique américaine. De fait, en termes d’industrie manufacturière, la Chine possède maintenant une économie beaucoup plus puissante que celle des États-Unis.
Un autre facteur a contribué à affaiblir le système économique américain : l’essor de l’Internet à haut débit. Il est maintenant possible, dans le domaine des professions de services comme l’ingénierie, le développement logiciel, l’informatique, ou tout type de travail ne nécessitant pas d’être effectué sur site, de réaliser celui-ci n’importe où dans le monde puis de le livrer via l’internet à haut débit.
Cela a permis à des pays comme l’Inde et la Chine de positionner leurs prestataires à des postes jusque-là occupés par des diplômés d’universités américaines. Une fois de plus, il y a là une réduction des coûts pour les grandes sociétés, cela plait à Wall Street, cela optimise les profits.
C’est de là que provient l’essor de la Chine. C’est une conséquence involontaire de la globalisation. Là encore, certains d’entre nous ont prévenu, cela fait dix ou quinze ans que je mets en garde, mais ils n’écoutent pas. Ils disent – bah, tout cela n’est que du libre échange, cela nous sera profitable d’une manière ou d’une autre. Il est évident qu’ils avaient tort, ce n’est pas du libre-échange et nous n’en avons pas tiré profit.
VDLR : cela implique-t-il que, si l’on met en regard les intérêts des grandes sociétés et les intérêts nationaux, les intérêts nationaux pourraient bien être de plus en plus perdants face aux grandes entreprises ?
PCR : il n’y a plus d’intérêt national américain au sens propre du terme. Il y a l’intérêt de ces puissants groupes d’intérêts. De récentes études menées par des universitaires ont conclu que la population américaine est quantité négligeable dans les décisions politiques gouvernementales. La conclusion de cette étude, qui s’est penchée sur des milliers de décisions gouvernementales, est que le peuple américain compte pour zéro dans le processus de décision politique.
Autrement dit, en ce qui concerne la prise en compte de l’intérêt de la population ou de l’intérêt national, rien n’est fait. Ce qui est fait l’est au profit d’une demi-douzaine de puissants groupes d’intérêts. Je vous ai parlé des quatre qui sont selon moi les plus puissants en termes de politique étrangère.
Sous cet angle, les États-Unis se vulnérabilisent de nombreuses manières. Voyez par exemple la politique économique. Cela fait des années que pour soutenir une poignée de grandes banques, la Réserve fédérale crée des trilliards de dollars, de nouveaux dollars.
Cette création de dollars dévalue les dollars déjà existants détenus par des gens du monde entier. Ces gens observent et se demandent : que vont valoir mes actifs en dollars si la Réserve fédérale crée autant de nouveaux dollars chaque année ?
De là est née l’idée de sortir du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Lorsque la valeur réelle des instruments financiers libellés en dollars est menacée et que cela s’ajoute à l’intimidation financière de pays souverains par Washington, la dynamique pour trouver un autre mécanisme que le dollar pour régler les transactions internationales est renforcée.
Sans surprise, les Chinois ont déclaré qu’il était temps de dés-américaniser le monde. Les Russes ont récemment affirmé que nous avions besoin de dédollariser le système de paiement. Nous avons donc cet accord entre la Russie et la Chine, portant sur le grand contrat énergétique qui va se faire hors du système de paiements en dollars.
Nous voyons les BRICS, ces cinq pays – Inde, Chine, Russie, Brésil et Afrique du Sud ; ils parlent de régler leurs déséquilibres commerciaux [sic] en leurs propres devises, et même de créer entre eux une banque sur le modèle du FMI et de la Banque mondiale.
Voilà donc les évolutions nées du mauvais usage du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Washington utilise le dollar pour intimider, pour sanctionner, pour apporter à ses institutions financières l’hégémonie sur les autres. Avec le temps, tout cela engendre l’animosité et le malaise. Si vous ajoutez à cela tous les nouveaux dollars que la Réserve fédérale crée depuis 2008, vous obtenez une grave problématique financière. Les États-Unis ont donc compromis leur position.
VDLR : jusqu’à quel point pensez-vous que les États-Unis sont prêts à se mobiliser pour défendre le dollar ? Ou alors tous ces groupes d’intérêts ne voient-ils plus l’intérêt de protéger cette devise-là ? Peut-être ont-ils déjà pris certaines précautions ?
PCR : du point de vue du pouvoir de Washington, la perte du statut de monnaie mondiale serait dévastatrice parce que c’est précisément là que se situe l’assise du pouvoir. C’est de là que Washington tient son hégémonie financière et c’est pour cela que Washington peut imposer des sanctions à des pays souverains. Par conséquent, si Washington voit ce statut lui échapper, si le dollar cesse d’être la monnaie de réserve mondiale, nous assisterons à un profond affaiblissement du pouvoir de Washington.
Tous ces groupes d’intérêts qui profitent du pouvoir de Washington verraient là un handicap. Evidemment, la plupart de ces grands sociétés sont aujourd’hui globales, c’est-à-dire transnationales, et il est bien possible qu’elles aient des comptes bancaires dans de nombreux pays.
VDLR : mais enfin, jusqu’à quel point Washington est-il prêt à s’impliquer ? Pourrait-il se permettre une nouvelle guerre ? Lorsqu’en 2000, Saddam Hussein a essayé de remettre le dollar en question, il a payé le prix fort, comme chacun sait. Aujourd’hui, alors que la Chine, la Russie et d’autres pays commencent à envisager sérieusement l’idée, quels risques courent-ils ?
PCR : ils courent un risque. Nous savons déjà que les États-Unis ont annoncé un redéploiement de 60 % de la marine américaine vers la mer de Chine méridionale afin de contrôler les flux de ressources dont dépend la Chine. Les États-Unis sont en train de signer des contrats de construction pour un réseau de nouvelles bases aériennes et navales qui s’étend des Philippines au Vietnam, dans le but de menacer les voies maritimes d’approvisionnement de la Chine, voire même de les couper [NDT : précision apportée par M. Roberts postérieurement à l’interview].
Au cours de ce siècle, nous avons vu les États-Unis se retirer du traité ABM [NDT : missiles anti-missiles] signé avec la Russie. Nous les avons vus mettre au point un système ABM et commencer à le déployer aux frontières de la Russie. La raison d’être d’un ABM est de neutraliser la dissuasion stratégique de l’autre pays.
Nous avons vu les États-Unis réorienter leur doctrine militaire, les armes nucléaires n’ayant plus pour finalité de répliquer à une attaque, mais d’être désormais une force de première frappe préventive. Cela est clairement dirigé contre la Russie. Or, l’Ukraine est sur la route de la Russie. La guerre est donc déjà entamée, elle est en cours. Là est la signification de ce qui se passe en Ukraine : contre la Russie, c’est la guerre.
La guerre contre la Chine est, quant à elle, en préparation. Les États-Unis prennent parti pour tout pays qui vient à se trouver en désaccord avec la Chine, même si c’est sur des sujets mineurs qui ne concernent absolument pas les États-Unis.
Les États-Unis sont en train d’encercler les deux pays avec des bases militaires. Ils veulent intégrer la Géorgie, patrie de Joseph Staline, et qui a fait partie de la Russie pendant deux ou trois siècles, ils veulent l’intégrer à l’OTAN. Ils vont intégrer l’Ukraine à l’OTAN.
Washington a trahi tous les accords que Reagan et Gorbatchev avaient eus sur la non-expansion de l’OTAN en Europe de l’Est. Aujourd’hui, l’OTAN a atteint les pays Baltes et toute l’Europe de l’Est. Les ex-membres du Pacte de Varsovie font maintenant partie de l’OTAN.
Il est donc clair que la guerre est déjà en cours. Les États-Unis s’y préparent depuis des années. Quant aux Russes, ils ne peuvent que le savoir. S’ils ne le savent pas, ils sont dans de sales draps.
VDLR : les Etats-Unis peuvent-ils se permettre [cette guerre] ?
PCR : bien sûr ! Évidemment ! La devise de réserve est là pour payer les factures en imprimant de la monnaie.
VLDR : mais vous l’avez indiqué, cela comporte de sérieux risques.
PCR : tant que le statut de monnaie de réserve est préservé, il n’y a pas de limite. Récemment, j’ai lu qu’un conseiller de Poutine avait affirmé que la Russie avait besoin de quelque alliance avec d’autres pays pour faire basculer le statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, et que c’était là l’unique manière de stopper l’agression militaire de Washington. Eh bien, il a parfaitement raison. Mais une question demeure : peuvent-ils mettre en œuvre aussi vite quelque chose qui marche ? En effet, l’Europe est un état fantoche américain. Les gouvernements européens ne sont pas plus indépendants que la Hongrie ou la Tchécoslovaquie ne l’étaient du parti communiste soviétique. Quant au Japon, il est lui aussi un état fantoche et non un pays indépendant.
Or, si l’euro et le yen soutiennent le dollar, la position de ce dernier reste plutôt confortable. Cela ne va pas être simple pour la Russie, pour la Chine ou pour quiconque souhaite avancer vers une solution rapide.
Par ailleurs, regardez ce qui s’est passé en Ukraine. La Russie n’avait d’yeux que pour les jeux olympiques, et les Etats-Unis se sont emparés de l’Ukraine. La Russie n’a pas pris garde ; les jeux de Sotchi semblaient plus importants. Et qu’est-ce qui s’est produit ? Washington a avancé et s’est emparé de l’Ukraine. Le gouvernement russe et le leadership de Poutine sont maintenant confrontés à un problème énorme.
Poutine a demandé à la Douma d’abroger le droit de déployer des troupes russes en Ukraine. D’évidence, il agit avec une grande retenue. Il tente d’éviter le conflit. Il réalise certainement que le conflit sera beaucoup plus dangereux pour tout le monde que les néoconservateurs de Washington ne le croient.
Mais la question est : Poutine pourra-t-il éviter le conflit ? Que va-t-on penser à Washington ? Pensera-t-on : « Ah, que voilà un homme raisonnable, discutons donc avec lui ». Ou bien pensera-t-on : « voyez comme il a peur, la Russie est faible, on peut y aller ! »
VDLR : intéressant ! Je me souviens que George W. Bush, lors d’une interview au Wall Street Journal vers la fin de son second mandat, a dit à propos de Poutine quelque chose qui, dans sa bouche, paraissait surprenant. Il a dit que Poutine n’avait jamais trahi une seule des promesses qu’il lui avait faites. Ce jugement était plus positif que négatif.
PCR : Je pense qu’il disait vrai. Cependant, voyez-vous, la propagande de Washington est déconnectée des faits. Elle n’a pas d’équivalent. Washington est capable de justifier tout et n’importe quoi. Poutine n’en est pas capable. Les Américains sont persuadés que les troubles en Ukraine sont du fait de Poutine, qu’il a envahi, annexé, que c’est lui qui est aujourd’hui derrière tout ce qui se passe en Ukraine du sud-ouest ; que tout ça, c’est la faute à une Russie menaçante contre laquelle nous devons nous armer. Washington ressuscite la Guerre froide qui l’avait opposé à l’Union soviétique.
Il s’agit là d’une excellente opportunité pour alimenter le complexe militaro-sécuritaire américain avec l’argent du contribuable. Et d’une certaine manière, c’est moins risqué qu’une guerre, car les guerres d’Irak et d’Afghanistan ont mal tourné. Mais si on a la possibilité d’une Guerre froide sans combattre soi-même, on peut la faire durer des années, comme cela a été le cas pour la Guerre froide avec l’Union soviétique. C’est d’ailleurs la Guerre froide qui a engendré le complexe militaro-sécuritaire américain.
C’est tout au moins une ligne rouge pour Washington. Néanmoins, je ne suis pas certain que l’on puisse attendre de Washington le bons sens d’éviter de transformer l’invasion de l’Ukraine en guerre chaude. Cela dit, il paraît difficile de croire que Washington puisse s’engager dans une guerre chaude contre la Chine et la Russie. Il s’agit là de deux pays vastes et puissants dotés d’armes nucléaires.
Mais beaucoup de choses difficiles à croire se sont réellement produites. Il arrive souvent que les gouvernements succombent aux sirènes de leur propre propagande. Et il est clair qu’à Washington quelqu’un est persuadé qu’une guerre nucléaire est gagnable, parce que sinon, à quoi bon modifier la doctrine de guerre pour que les armes nucléaires cessent d’être des armes de représailles et deviennent une arme de première frappe ? Pourquoi construire des missiles anti-missiles et les déployer à la frontière de la Russie et sur des navires en mer Noire et en mer de Chine méridionale ?
Il est certain qu’à Washington, il y a des gens pour croire que les Etats-Unis peuvent gagner une guerre nucléaire. Dans les faits, un article a été publié il y a quelques années dans Foreign Affairs, le magazine de réflexion du Council on Foreign Relations – un aréopage influent d’analystes en stratégie et d’ex-responsables gouvernementaux. Il y était affirmé que les Etats-Unis avaient une telle avance sur la Russie en matière d’armement nucléaire que nous pourrions sans difficulté attaquer la Russie sans risquer de représailles. Il y a des gens qui pensent réellement cela.
VDLR : mais cette expérience pourrait nous coûter une planète.
PCR : Tout à fait ! Mais voyez la Première Guerre mondiale. Voyez combien d’empires elle a couté. Elle a coûté au tsar la Russie et son empire. Elle a coûté l’empire austro-hongrois, qu’elle a détruit. Elle a abattu la dynastie régnante allemande. La guerre a laissé la Grande-Bretagne dépendante de l’aide financière américaine.
VDLR : Certes, mais il n’y avait pas d’armes nucléaires à l’époque.
PCR : une vaste propagande affirme que les armes nucléaires peuvent réellement être utilisées. Je tente de la combattre. J’ai récemment mis en ligne sur mon site web des articles de scientifiques qui démontrent qu’il ne peut pas y avoir de vainqueur.
VDLR : je reste bouche bée devant la manière dont le Département d’ État gère sa propagande ; on n’y trouve pas la moindre argumentation. Comment est-ce possible ? Ne prennent-ils même plus la peine de paraître crédibles ?
PCR : c’est ça, le pouvoir. Comment fonctionne la politique étrangère américaine ? Toujours sur la coercition, les menaces, le chantage ou la corruption. Si un pot-de-vin ne fonctionne pas, on recourt à la menace. Je m’explique ; l’un des objectifs que poursuit la NSA en espionnant toute la planète est de se placer en position de pouvoir faire chanter n’importe quel dirigeant politique. Ils font cela très bien. Tout le monde ayant quelque chose à cacher, ils recourent aux pots-de-vins, à des valises d’argent. Dans un premier temps, Washington tente d’acheter les dirigeants étrangers. En cas de résistance, ils les renversent, comme dans le cas de Saddam Hussein ou de Khadafi. Dans d’autres cas, en Amérique du Sud, ils les ont purement et simplement assassinés, parce qu’ils n’obéissaient pas. La politique étrangère des Etats-Unis est donc basée sur la force, et pas sur la diplomatie ou la persuasion. Elle est basée sur la force brute.
Qu’est-ce que le Département d’Etat dit à ses interlocuteurs ? Faites ce que nous vous disons de faire, sinon nous vous bombardons jusqu’à ce que votre pays retourne à l’âge de pierre. Souvenez-vous, c’est ce qu’ils ont dit au dirigeant pakistanais. Faites ce que nous vous disons de faire – et que ça saute !
Avec une telle posture, peu importe que vous disiez la vérité ou pas, puisque vous êtes le souverain, vous êtes le César. Tout ce que vous pouvez bien raconter s’en va, que ce soit vrai ou pas. Peu importe que vous disiez la vérité, puisque que vous ne vous placez pas dans une logique diplomatique.
C’est une chose que Poutine et Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, n’ont pas l’air de comprendre. Ils continuent de croire que si le gouvernement russe se montre raisonnable et de bonne volonté, il est possible de dialoguer avec Washington. Il s’agit là d’une illusion russe. Washington n’a aucune bonne volonté.
VDLR : cette stratégie, telle que vous la présentez, n’a-t-elle pas de point faible ?
PCR : si ; qu’à un moment donné, les gens prennent conscience de la réalité et la regardent en face, et c’est cela que Poutine attend. Que va-t-il se passer en Allemagne et en France ? Les Allemands et les Français vont-ils comprendre, vont-ils se dire « mais les Américains nous mènent tout droit au chaos ! Qu’avons-nous donc à gagner de leur hégémonie mondiale ? Qu’avons-nous à gagner d’un conflit avec la Russie ou avec la Chine ? Arrêtons tout ! Faisons marche arrière ».
Si un pays quelconque devait se retirer de l’OTAN ou de l’UE, alors le mutisme de la « coalition des volontaires » sur les crimes de guerre de Washington se lézarderait. Concrètement, Washington a déclaré au Congrès qu’à partir du moment où la Maison blanche a le soutien de l’OTAN, le président n’a plus besoin du feu vert du Congrès pour partir en guerre. La vieille citation « le pouvoir absolu corrompt absolument » est attribuée à Lord Acton. Sans grand risque de se tromper, on peut en conclure que Washington a été corrompu par le pouvoir.
L’un des effets pervers de l’usage brutal de la force par Washington serait que les pays de l’OTAN réalisent qu’ils sont menés vers un conflit par un gouvernement devenu fou, qui prend des risques invraisemblables avec la vie humaine et même avec la planète.
Ainsi, il se pourrait bien que Poutine parie sur une prise de conscience du danger que représente Washington pour les vivants. Il espère que plus la Russie se montrera pondérée, moins elle adoptera une attitude provocatrice, plus grandes seront les chances que les gouvernements allemand et français réalisent que l’agenda de Washington est funeste pour le genre humain ; plus grandes seront les chances que l’Europe prenne des décisions pour s’affranchir, elle, ses pays et ses peuples, du contrôle de Washington. Dans ce cas, l’empire s’effondrerait.
Je suis convaincu c’est là que se situe le pari de Poutine. Il n’est pas fou, loin de là, il prend la mesure de la menace d’une guerre, il en a conscience. Et c’est très certainement la raison pour laquelle il a demandé à la Douma d’abroger le droit au déploiement de forces russes en Ukraine. Il tente de dire aux Allemands et aux Français – Vous voyez bien, ce n’est pas moi, ce n’est pas nous.
J’espère qu’il réussira. Car en fin de compte, l’avenir du monde est suspendu à la question suivante : l’usage de la diplomatie par Poutine prévaudra-t-il sur celui de la force par Washington ?
Paul Craig Roberts : il est fort possible que les Américains soient en train de se rendre compte qu’on leur ment. Il existe aujourd’hui d’autres sources d’information que les médias occidentaux anglophones. Pour prendre un exemple, le compte-rendu que les Etats-Unis présentent de l’Ukraine est un mensonge évident. Il faut du temps aux gens pour prendre conscience qu’on leur ment. Je pense que la majorité ne s’en apercevra jamais, mais qu’une proportion significative, elle, le fera.
Nombre de mécontents seraient dès lors mus par des motifs économiques domestiques. Ils réclameraient que les ressources dilapidées dans des guerres soient réallouées aux besoins intérieurs au lieu d’être affectées à des guerres et encore des guerres. Par exemple, la crise irakienne est réapparue et il y a de nombreux débats au sujet de l’envoi de troupes dans les pays baltes et en Europe de l’Est pour prévenir la « menace russe ».
Le contexte interpelle les gens dont les revenus stagnent, qui ne trouvent pas d’emploi, ou qui sont pénalisés par les lourdes dettes contractées pour financer leurs études, par les coupes sombres dans les indemnisations chômage, par les menaces qui pèsent sur la sécurité sociale, sur le système de santé publique (qui n’en est pas vraiment un, mais il y a des gens qui en ont besoin). Dans ce contexte, lorsque de nouveaux remous à l’étranger conduisent à de nouvelles guerres, nombre d’Américains y voient un surcroît de difficultés économiques. Cela fait maintenant treize ans que les États-Unis sont en guerre. Tout cela engloutit des trilliards de dollars sans résultat. Voilà la principale source de ressentiment : aux États-Unis, les gens souffrent pour des guerres en lesquelles ils ne croient plus.
VDLR : mais où se situe la logique de ces guerres interminables ?
PCR : elles ont plusieurs causes qui s’entretiennent mutuellement. L’une de celles-ci est que l’idéologie néoconservatrice est parvenue au sommet de sa puissance avec l’effondrement de l’Union soviétique. Cette idéologie part du principe que l’Histoire a placé les États-Unis à la tête de la planète, qu’il n’existe pas d’alternative au système politico-économique américain, et que ce choix de l’Histoire confère aux États-Unis une prérogative hégémonique mondiale.
Il s’agit là d’une idéologie radicale, la plus radicale que les États-Unis aient jamais connue.
Il y a une seconde raison : le complexe militaro-industrielle. Il s’agit là d’un groupe d’intérêts privés d’une taille et d’une puissance impressionnantes, qui englobe des composantes étatiques comme les agences de sécurité – CIA, Département de la sécurité intérieure, FBI, Pentagone. Chaque année, il absorbe des centaines de milliards de dollars, peut-être bien près d’un trilliard.
Pour ce groupe d’intérêts, cet argent est crucial. Une partie de l’argent du contribuable est recyclée, retourne au Congrès, aux candidats à la présidence sous forme de contributions aux campagnes électorales, garantissant leur élection et leur réélection. Il s’agit là d’un deuxième puissant levier, dont les intérêts matériels sont alimentés par les guerres et les menaces de guerres.
Et il y a un troisième puissant groupe d’intérêts, le lobby israélien. Nombre de néoconservateurs sont Juifs, voire citoyens américains-israéliens. Presque tous sont très proches d’Israël. Par ailleurs, l’idéologie néoconservatrice d’hégémonie américaine va de pair avec ces treize ans de guerres au Moyen Orient. En effet, ces guerres présentent l’avantage subsidiaire d’éliminer des états arabes non alignés avec les États-Unis et Israël et qui, au Moyen Orient, sont des garde-fous potentiels contre la politique expansionniste d’Israël.
Ces trois facteurs forment un tout, s’inter-entretiennent et impliquent globalement les mêmes individus.
VDLR : ainsi, vous affirmez que cette politique est conçue, pour l’essentiel, par un lobby israélien. Pourtant, la politique américaine au Moyen Orient peut être à double tranchant pour Israël.
PCR : effectivement, cette politique possède un effet pervers. Certains analystes ont tenté d’avertir les néoconservateurs du caractère artificiel des frontières moyen-orientales, que l’on retrouve en Afrique, où les frontières ont été tracées par les colonisateurs européens, essentiellement Anglais et Français. Vous avez donc des pays qui comportent une majorité chiite et une minorité sunnite, et des pays qui présentent la configuration inverse, une majorité sunnite et une minorité chiite. Cela rappelle les frontières africaines, dont le tracé a placé dans le même pays deux tribus rivales, traditionnellement ennemies. Ces frontières n’ont pas grand sens. Il n’y a que des Occidentaux ignorants pour en être les artisans.
Le choc entre branches de l’Islam a été étouffé par des régimes laïcs forts comme celui de Saddam Hussein ou celui d’Assad en Syrie. En renversant ces gouvernements, on ranime le conflit.
Sans surprise, l’ISIS – ou ISIL – veut redessiner les frontières [NDT : Islamic State of Iraq and Syria ou encore Islamic State of Iraq and the Levant]. En cas de succès islamiste, une partie des territoires de Syrie et d’Irak formera un nouvel état. S’il est encore trop tôt pour dire s’ils réussiront ou non, il existe néanmoins une dynamique créative qui s’affranchit des artifices mis en place par les empires coloniaux.
L’une des raisons pour lesquelles l’éclatement de l’Irak et de la Syrie n’a pas été perçu comme un risque pour Israël est que les stratèges israéliens et néoconservateurs se sont dit : c’est tout bénéfice ; si nous brisons ces états et qu’ils implosent, eh bien cela fera autant d’états constitués en moins pour mettre des bâtons dans les roues d’Israël.
Sur les ruines de l’Irak et de la Syrie se dresseront des factions en guerre, tout comme en Libye aujourd’hui. Or un Etat dépourvu de gouvernement central cesse d’être une menace pour Israël. Nous encourageons donc la destruction de ces entités politiques opposées au rapt de la Palestine par Israël. L’Irak n’a plus de gouvernement, il n’a plus que des factions en guerre, tout comme la Libye, ou comme la Syrie où Washington agit de manière identique.
Voilà comment les Israéliens et les néoconservateurs voient les choses. Ces insensés ne voient aucune menace dans la destruction d’états musulmans laïcs, ils n’y voient que la dislocation de pays unifiés susceptibles de présenter une forme ou une autre d’opposition aux desseins israéliens et américains.
VDLR : mais alors, le gouvernement et les institutions étatiques se verraient-ils remplacés par des mouvances politiques paramilitaires, celles-là même que nous qualifions d’extrémistes et auxquels nous faisons face aujourd’hui ? Ces entités ne représenteraient-elles pas une menace encore plus grande que celle de gouvernements constitués ? Ou bien ces gens croient-ils qu’ils sont capables de les contrôler plus ou moins ?
PCR : non, ils ne peuvent pas les contrôler. Oui, ces mouvances sont dangereuses, parce qu’elles ne sont pas laïques. Certains d’entre nous avaient prévenu, mais nous avons été ignorés parce que les Israéliens et les néoconservateurs voyaient en la dislocation de ces pays l’affaiblissement d’une menace.
VDLR : l’idéologie néo-conservatrice et son credo de mission universelle tels que vous les avez dépeints ne présentent-t-ils pas d’étonnantes similitudes avec, l’idéologie marxiste communiste ?
PCR : Oui, absolument. L’histoire a investi les Etats-Unis d’une mission. Aux yeux des marxistes, c’est le prolétariat qui joue ce rôle. Aux yeux des néoconservateurs, c’est Washington.
VDLR : ces deux idéologies auraient-elles une racine commune ?
PCR : non, je le pense pas ; mais leurs conséquences sur le monde sont comparables parce dans les deux cas, le pays qui professe cette idéologie est animé d’une volonté de s’imposer à d’autres pays et de s’y implanter, parce qu’il se perçoit comme le référent légitime. C’est en ce sens que les idéologies marxiste et néoconservatrice sont comparables, même si leurs racines sont distinctes.
Je note par ailleurs que cette notion de monde unipolaire et d’unique superpuissance américaine va dans le sens des intérêts de la finance. Je les ai éludés dans mon triptyque, mais ils en sont en quelque sorte un quatrième élément, du fait de l’hégémonie financière américaine actuelle. Cette hégémonie financière est ce qui permet à Washington d’imposer des sanctions à d’autres pays.
Si votre devise n’est pas la devise planétaire et que vous n’êtes pas aux manettes du système mondial de paiements, vous ne pourrez imposer de sanctions. Ce pouvoir de sanction place vos institutions financières en position de primauté sur les institutions des autres pays. L’idéologie que j’évoque séduit également Wall Street et les grandes banques, parce qu’elle leur garantit de même l’hégémonie.
VDLR : cela m’incite à m’interroger : tout ce qu’ont fait les États-Unis ces dix bonnes dernières années n’a fait que renforcer la Chine, que les États-Unis semblent identifier comme leur premier adversaire. Était-ce là un calcul, ou était-ce involontaire ? Vous évoquez le système financier. Les Chinois commencent à envisager de promouvoir leur propre devise comme nouvelle monnaie de réserve sur le marché mondial. Cela est largement le résultat de toutes ces crises provoquées par les États-Unis.
PCR : ce que les États-Unis ont fait, et qui a apporté à la Chine son démarrage économique, a été de délocaliser les emplois de l’industrie manufacturière. Celle–ci a été transférée à l’étranger par les capitalistes, sous la pression de Wall Street, dans le but d’abaisser le coût du travail et d’atteindre des gains plus élevés pour les actionnaires, pour Wall Street et pour les dirigeants via les bonus. Du point de vue des intérêts nationaux, il s’agissait là d’une politique à très courte vue, mais elle allait dans le sens des intérêts de Wall Street et dans celui des intérêts individuels des dirigeants des grandes sociétés.
Une fois que la Chine a capté la technologie américaine et le savoir-faire américain en affaires, elle s’est trouvée libérée de la prééminence économique américaine. De fait, en termes d’industrie manufacturière, la Chine possède maintenant une économie beaucoup plus puissante que celle des États-Unis.
Un autre facteur a contribué à affaiblir le système économique américain : l’essor de l’Internet à haut débit. Il est maintenant possible, dans le domaine des professions de services comme l’ingénierie, le développement logiciel, l’informatique, ou tout type de travail ne nécessitant pas d’être effectué sur site, de réaliser celui-ci n’importe où dans le monde puis de le livrer via l’internet à haut débit.
Cela a permis à des pays comme l’Inde et la Chine de positionner leurs prestataires à des postes jusque-là occupés par des diplômés d’universités américaines. Une fois de plus, il y a là une réduction des coûts pour les grandes sociétés, cela plait à Wall Street, cela optimise les profits.
C’est de là que provient l’essor de la Chine. C’est une conséquence involontaire de la globalisation. Là encore, certains d’entre nous ont prévenu, cela fait dix ou quinze ans que je mets en garde, mais ils n’écoutent pas. Ils disent – bah, tout cela n’est que du libre échange, cela nous sera profitable d’une manière ou d’une autre. Il est évident qu’ils avaient tort, ce n’est pas du libre-échange et nous n’en avons pas tiré profit.
VDLR : cela implique-t-il que, si l’on met en regard les intérêts des grandes sociétés et les intérêts nationaux, les intérêts nationaux pourraient bien être de plus en plus perdants face aux grandes entreprises ?
PCR : il n’y a plus d’intérêt national américain au sens propre du terme. Il y a l’intérêt de ces puissants groupes d’intérêts. De récentes études menées par des universitaires ont conclu que la population américaine est quantité négligeable dans les décisions politiques gouvernementales. La conclusion de cette étude, qui s’est penchée sur des milliers de décisions gouvernementales, est que le peuple américain compte pour zéro dans le processus de décision politique.
Autrement dit, en ce qui concerne la prise en compte de l’intérêt de la population ou de l’intérêt national, rien n’est fait. Ce qui est fait l’est au profit d’une demi-douzaine de puissants groupes d’intérêts. Je vous ai parlé des quatre qui sont selon moi les plus puissants en termes de politique étrangère.
Sous cet angle, les États-Unis se vulnérabilisent de nombreuses manières. Voyez par exemple la politique économique. Cela fait des années que pour soutenir une poignée de grandes banques, la Réserve fédérale crée des trilliards de dollars, de nouveaux dollars.
Cette création de dollars dévalue les dollars déjà existants détenus par des gens du monde entier. Ces gens observent et se demandent : que vont valoir mes actifs en dollars si la Réserve fédérale crée autant de nouveaux dollars chaque année ?
De là est née l’idée de sortir du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Lorsque la valeur réelle des instruments financiers libellés en dollars est menacée et que cela s’ajoute à l’intimidation financière de pays souverains par Washington, la dynamique pour trouver un autre mécanisme que le dollar pour régler les transactions internationales est renforcée.
Sans surprise, les Chinois ont déclaré qu’il était temps de dés-américaniser le monde. Les Russes ont récemment affirmé que nous avions besoin de dédollariser le système de paiement. Nous avons donc cet accord entre la Russie et la Chine, portant sur le grand contrat énergétique qui va se faire hors du système de paiements en dollars.
Nous voyons les BRICS, ces cinq pays – Inde, Chine, Russie, Brésil et Afrique du Sud ; ils parlent de régler leurs déséquilibres commerciaux [sic] en leurs propres devises, et même de créer entre eux une banque sur le modèle du FMI et de la Banque mondiale.
Voilà donc les évolutions nées du mauvais usage du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Washington utilise le dollar pour intimider, pour sanctionner, pour apporter à ses institutions financières l’hégémonie sur les autres. Avec le temps, tout cela engendre l’animosité et le malaise. Si vous ajoutez à cela tous les nouveaux dollars que la Réserve fédérale crée depuis 2008, vous obtenez une grave problématique financière. Les États-Unis ont donc compromis leur position.
VDLR : jusqu’à quel point pensez-vous que les États-Unis sont prêts à se mobiliser pour défendre le dollar ? Ou alors tous ces groupes d’intérêts ne voient-ils plus l’intérêt de protéger cette devise-là ? Peut-être ont-ils déjà pris certaines précautions ?
PCR : du point de vue du pouvoir de Washington, la perte du statut de monnaie mondiale serait dévastatrice parce que c’est précisément là que se situe l’assise du pouvoir. C’est de là que Washington tient son hégémonie financière et c’est pour cela que Washington peut imposer des sanctions à des pays souverains. Par conséquent, si Washington voit ce statut lui échapper, si le dollar cesse d’être la monnaie de réserve mondiale, nous assisterons à un profond affaiblissement du pouvoir de Washington.
Tous ces groupes d’intérêts qui profitent du pouvoir de Washington verraient là un handicap. Evidemment, la plupart de ces grands sociétés sont aujourd’hui globales, c’est-à-dire transnationales, et il est bien possible qu’elles aient des comptes bancaires dans de nombreux pays.
VDLR : mais enfin, jusqu’à quel point Washington est-il prêt à s’impliquer ? Pourrait-il se permettre une nouvelle guerre ? Lorsqu’en 2000, Saddam Hussein a essayé de remettre le dollar en question, il a payé le prix fort, comme chacun sait. Aujourd’hui, alors que la Chine, la Russie et d’autres pays commencent à envisager sérieusement l’idée, quels risques courent-ils ?
PCR : ils courent un risque. Nous savons déjà que les États-Unis ont annoncé un redéploiement de 60 % de la marine américaine vers la mer de Chine méridionale afin de contrôler les flux de ressources dont dépend la Chine. Les États-Unis sont en train de signer des contrats de construction pour un réseau de nouvelles bases aériennes et navales qui s’étend des Philippines au Vietnam, dans le but de menacer les voies maritimes d’approvisionnement de la Chine, voire même de les couper [NDT : précision apportée par M. Roberts postérieurement à l’interview].
Au cours de ce siècle, nous avons vu les États-Unis se retirer du traité ABM [NDT : missiles anti-missiles] signé avec la Russie. Nous les avons vus mettre au point un système ABM et commencer à le déployer aux frontières de la Russie. La raison d’être d’un ABM est de neutraliser la dissuasion stratégique de l’autre pays.
Nous avons vu les États-Unis réorienter leur doctrine militaire, les armes nucléaires n’ayant plus pour finalité de répliquer à une attaque, mais d’être désormais une force de première frappe préventive. Cela est clairement dirigé contre la Russie. Or, l’Ukraine est sur la route de la Russie. La guerre est donc déjà entamée, elle est en cours. Là est la signification de ce qui se passe en Ukraine : contre la Russie, c’est la guerre.
La guerre contre la Chine est, quant à elle, en préparation. Les États-Unis prennent parti pour tout pays qui vient à se trouver en désaccord avec la Chine, même si c’est sur des sujets mineurs qui ne concernent absolument pas les États-Unis.
Les États-Unis sont en train d’encercler les deux pays avec des bases militaires. Ils veulent intégrer la Géorgie, patrie de Joseph Staline, et qui a fait partie de la Russie pendant deux ou trois siècles, ils veulent l’intégrer à l’OTAN. Ils vont intégrer l’Ukraine à l’OTAN.
Washington a trahi tous les accords que Reagan et Gorbatchev avaient eus sur la non-expansion de l’OTAN en Europe de l’Est. Aujourd’hui, l’OTAN a atteint les pays Baltes et toute l’Europe de l’Est. Les ex-membres du Pacte de Varsovie font maintenant partie de l’OTAN.
Il est donc clair que la guerre est déjà en cours. Les États-Unis s’y préparent depuis des années. Quant aux Russes, ils ne peuvent que le savoir. S’ils ne le savent pas, ils sont dans de sales draps.
VDLR : les Etats-Unis peuvent-ils se permettre [cette guerre] ?
PCR : bien sûr ! Évidemment ! La devise de réserve est là pour payer les factures en imprimant de la monnaie.
VLDR : mais vous l’avez indiqué, cela comporte de sérieux risques.
PCR : tant que le statut de monnaie de réserve est préservé, il n’y a pas de limite. Récemment, j’ai lu qu’un conseiller de Poutine avait affirmé que la Russie avait besoin de quelque alliance avec d’autres pays pour faire basculer le statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, et que c’était là l’unique manière de stopper l’agression militaire de Washington. Eh bien, il a parfaitement raison. Mais une question demeure : peuvent-ils mettre en œuvre aussi vite quelque chose qui marche ? En effet, l’Europe est un état fantoche américain. Les gouvernements européens ne sont pas plus indépendants que la Hongrie ou la Tchécoslovaquie ne l’étaient du parti communiste soviétique. Quant au Japon, il est lui aussi un état fantoche et non un pays indépendant.
Or, si l’euro et le yen soutiennent le dollar, la position de ce dernier reste plutôt confortable. Cela ne va pas être simple pour la Russie, pour la Chine ou pour quiconque souhaite avancer vers une solution rapide.
Par ailleurs, regardez ce qui s’est passé en Ukraine. La Russie n’avait d’yeux que pour les jeux olympiques, et les Etats-Unis se sont emparés de l’Ukraine. La Russie n’a pas pris garde ; les jeux de Sotchi semblaient plus importants. Et qu’est-ce qui s’est produit ? Washington a avancé et s’est emparé de l’Ukraine. Le gouvernement russe et le leadership de Poutine sont maintenant confrontés à un problème énorme.
Poutine a demandé à la Douma d’abroger le droit de déployer des troupes russes en Ukraine. D’évidence, il agit avec une grande retenue. Il tente d’éviter le conflit. Il réalise certainement que le conflit sera beaucoup plus dangereux pour tout le monde que les néoconservateurs de Washington ne le croient.
Mais la question est : Poutine pourra-t-il éviter le conflit ? Que va-t-on penser à Washington ? Pensera-t-on : « Ah, que voilà un homme raisonnable, discutons donc avec lui ». Ou bien pensera-t-on : « voyez comme il a peur, la Russie est faible, on peut y aller ! »
VDLR : intéressant ! Je me souviens que George W. Bush, lors d’une interview au Wall Street Journal vers la fin de son second mandat, a dit à propos de Poutine quelque chose qui, dans sa bouche, paraissait surprenant. Il a dit que Poutine n’avait jamais trahi une seule des promesses qu’il lui avait faites. Ce jugement était plus positif que négatif.
PCR : Je pense qu’il disait vrai. Cependant, voyez-vous, la propagande de Washington est déconnectée des faits. Elle n’a pas d’équivalent. Washington est capable de justifier tout et n’importe quoi. Poutine n’en est pas capable. Les Américains sont persuadés que les troubles en Ukraine sont du fait de Poutine, qu’il a envahi, annexé, que c’est lui qui est aujourd’hui derrière tout ce qui se passe en Ukraine du sud-ouest ; que tout ça, c’est la faute à une Russie menaçante contre laquelle nous devons nous armer. Washington ressuscite la Guerre froide qui l’avait opposé à l’Union soviétique.
Il s’agit là d’une excellente opportunité pour alimenter le complexe militaro-sécuritaire américain avec l’argent du contribuable. Et d’une certaine manière, c’est moins risqué qu’une guerre, car les guerres d’Irak et d’Afghanistan ont mal tourné. Mais si on a la possibilité d’une Guerre froide sans combattre soi-même, on peut la faire durer des années, comme cela a été le cas pour la Guerre froide avec l’Union soviétique. C’est d’ailleurs la Guerre froide qui a engendré le complexe militaro-sécuritaire américain.
C’est tout au moins une ligne rouge pour Washington. Néanmoins, je ne suis pas certain que l’on puisse attendre de Washington le bons sens d’éviter de transformer l’invasion de l’Ukraine en guerre chaude. Cela dit, il paraît difficile de croire que Washington puisse s’engager dans une guerre chaude contre la Chine et la Russie. Il s’agit là de deux pays vastes et puissants dotés d’armes nucléaires.
Mais beaucoup de choses difficiles à croire se sont réellement produites. Il arrive souvent que les gouvernements succombent aux sirènes de leur propre propagande. Et il est clair qu’à Washington quelqu’un est persuadé qu’une guerre nucléaire est gagnable, parce que sinon, à quoi bon modifier la doctrine de guerre pour que les armes nucléaires cessent d’être des armes de représailles et deviennent une arme de première frappe ? Pourquoi construire des missiles anti-missiles et les déployer à la frontière de la Russie et sur des navires en mer Noire et en mer de Chine méridionale ?
Il est certain qu’à Washington, il y a des gens pour croire que les Etats-Unis peuvent gagner une guerre nucléaire. Dans les faits, un article a été publié il y a quelques années dans Foreign Affairs, le magazine de réflexion du Council on Foreign Relations – un aréopage influent d’analystes en stratégie et d’ex-responsables gouvernementaux. Il y était affirmé que les Etats-Unis avaient une telle avance sur la Russie en matière d’armement nucléaire que nous pourrions sans difficulté attaquer la Russie sans risquer de représailles. Il y a des gens qui pensent réellement cela.
VDLR : mais cette expérience pourrait nous coûter une planète.
PCR : Tout à fait ! Mais voyez la Première Guerre mondiale. Voyez combien d’empires elle a couté. Elle a coûté au tsar la Russie et son empire. Elle a coûté l’empire austro-hongrois, qu’elle a détruit. Elle a abattu la dynastie régnante allemande. La guerre a laissé la Grande-Bretagne dépendante de l’aide financière américaine.
VDLR : Certes, mais il n’y avait pas d’armes nucléaires à l’époque.
PCR : une vaste propagande affirme que les armes nucléaires peuvent réellement être utilisées. Je tente de la combattre. J’ai récemment mis en ligne sur mon site web des articles de scientifiques qui démontrent qu’il ne peut pas y avoir de vainqueur.
VDLR : je reste bouche bée devant la manière dont le Département d’ État gère sa propagande ; on n’y trouve pas la moindre argumentation. Comment est-ce possible ? Ne prennent-ils même plus la peine de paraître crédibles ?
PCR : c’est ça, le pouvoir. Comment fonctionne la politique étrangère américaine ? Toujours sur la coercition, les menaces, le chantage ou la corruption. Si un pot-de-vin ne fonctionne pas, on recourt à la menace. Je m’explique ; l’un des objectifs que poursuit la NSA en espionnant toute la planète est de se placer en position de pouvoir faire chanter n’importe quel dirigeant politique. Ils font cela très bien. Tout le monde ayant quelque chose à cacher, ils recourent aux pots-de-vins, à des valises d’argent. Dans un premier temps, Washington tente d’acheter les dirigeants étrangers. En cas de résistance, ils les renversent, comme dans le cas de Saddam Hussein ou de Khadafi. Dans d’autres cas, en Amérique du Sud, ils les ont purement et simplement assassinés, parce qu’ils n’obéissaient pas. La politique étrangère des Etats-Unis est donc basée sur la force, et pas sur la diplomatie ou la persuasion. Elle est basée sur la force brute.
Qu’est-ce que le Département d’Etat dit à ses interlocuteurs ? Faites ce que nous vous disons de faire, sinon nous vous bombardons jusqu’à ce que votre pays retourne à l’âge de pierre. Souvenez-vous, c’est ce qu’ils ont dit au dirigeant pakistanais. Faites ce que nous vous disons de faire – et que ça saute !
Avec une telle posture, peu importe que vous disiez la vérité ou pas, puisque vous êtes le souverain, vous êtes le César. Tout ce que vous pouvez bien raconter s’en va, que ce soit vrai ou pas. Peu importe que vous disiez la vérité, puisque que vous ne vous placez pas dans une logique diplomatique.
C’est une chose que Poutine et Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, n’ont pas l’air de comprendre. Ils continuent de croire que si le gouvernement russe se montre raisonnable et de bonne volonté, il est possible de dialoguer avec Washington. Il s’agit là d’une illusion russe. Washington n’a aucune bonne volonté.
VDLR : cette stratégie, telle que vous la présentez, n’a-t-elle pas de point faible ?
PCR : si ; qu’à un moment donné, les gens prennent conscience de la réalité et la regardent en face, et c’est cela que Poutine attend. Que va-t-il se passer en Allemagne et en France ? Les Allemands et les Français vont-ils comprendre, vont-ils se dire « mais les Américains nous mènent tout droit au chaos ! Qu’avons-nous donc à gagner de leur hégémonie mondiale ? Qu’avons-nous à gagner d’un conflit avec la Russie ou avec la Chine ? Arrêtons tout ! Faisons marche arrière ».
Si un pays quelconque devait se retirer de l’OTAN ou de l’UE, alors le mutisme de la « coalition des volontaires » sur les crimes de guerre de Washington se lézarderait. Concrètement, Washington a déclaré au Congrès qu’à partir du moment où la Maison blanche a le soutien de l’OTAN, le président n’a plus besoin du feu vert du Congrès pour partir en guerre. La vieille citation « le pouvoir absolu corrompt absolument » est attribuée à Lord Acton. Sans grand risque de se tromper, on peut en conclure que Washington a été corrompu par le pouvoir.
L’un des effets pervers de l’usage brutal de la force par Washington serait que les pays de l’OTAN réalisent qu’ils sont menés vers un conflit par un gouvernement devenu fou, qui prend des risques invraisemblables avec la vie humaine et même avec la planète.
Ainsi, il se pourrait bien que Poutine parie sur une prise de conscience du danger que représente Washington pour les vivants. Il espère que plus la Russie se montrera pondérée, moins elle adoptera une attitude provocatrice, plus grandes seront les chances que les gouvernements allemand et français réalisent que l’agenda de Washington est funeste pour le genre humain ; plus grandes seront les chances que l’Europe prenne des décisions pour s’affranchir, elle, ses pays et ses peuples, du contrôle de Washington. Dans ce cas, l’empire s’effondrerait.
Je suis convaincu c’est là que se situe le pari de Poutine. Il n’est pas fou, loin de là, il prend la mesure de la menace d’une guerre, il en a conscience. Et c’est très certainement la raison pour laquelle il a demandé à la Douma d’abroger le droit au déploiement de forces russes en Ukraine. Il tente de dire aux Allemands et aux Français – Vous voyez bien, ce n’est pas moi, ce n’est pas nous.
J’espère qu’il réussira. Car en fin de compte, l’avenir du monde est suspendu à la question suivante : l’usage de la diplomatie par Poutine prévaudra-t-il sur celui de la force par Washington ?
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Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
Thank mister LINK
un bon texte qui explique beaucoups des choses....mais les USA peuvent-ils garder cette hegemonie quand l´impact de 13 ans de guerre..est entrain de saper les avantages sociales á l´interieur des USA?
Recement au Bresil
L´auteur sous-estime la Russie, la Chine, l´Inde, l´Afrique du Sud et le Bresil C´est vrai qu´ils ont besoin du temps pour mettre au point un système monetaire qui ne depend pas du dollars...Mais, le processus est lancé et la roue tourne.
Ces pays du "BRIC" peuvent influencer profondement l´économie mondiale..ce que rien que la Russie et le Bresil..ces deux pays producteurs du petrol peuvent influencer...l´usage du dollar..surtout en Amerique Latine où la grande majorité des démocraties detestent l´hégemonie des USA..
Tout comme la Chine qui finance la dette exterieure des USA et l´Inde peuvent peser lourd..dans quelques années ..
Avant de continuer la lecture de l´article disons que nous ne voyons pas les USA continuer á dominer la planète dans 10 ans..les depenses militaires et les guerres interminables vont finir par faire de ce pays...comme l´ex URSS qui avait sombré á cause des depenses militaires de la Guerre Froide.
un bon texte qui explique beaucoups des choses....mais les USA peuvent-ils garder cette hegemonie quand l´impact de 13 ans de guerre..est entrain de saper les avantages sociales á l´interieur des USA?
Recement au Bresil
L´auteur sous-estime la Russie, la Chine, l´Inde, l´Afrique du Sud et le Bresil C´est vrai qu´ils ont besoin du temps pour mettre au point un système monetaire qui ne depend pas du dollars...Mais, le processus est lancé et la roue tourne.
Ces pays du "BRIC" peuvent influencer profondement l´économie mondiale..ce que rien que la Russie et le Bresil..ces deux pays producteurs du petrol peuvent influencer...l´usage du dollar..surtout en Amerique Latine où la grande majorité des démocraties detestent l´hégemonie des USA..
Tout comme la Chine qui finance la dette exterieure des USA et l´Inde peuvent peser lourd..dans quelques années ..
Avant de continuer la lecture de l´article disons que nous ne voyons pas les USA continuer á dominer la planète dans 10 ans..les depenses militaires et les guerres interminables vont finir par faire de ce pays...comme l´ex URSS qui avait sombré á cause des depenses militaires de la Guerre Froide.
GHOST
Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
Dans le siècle prochain, le rapport des forces sera inversé et ça commence déjà!
Admin- Admin
Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
Troll,
J.M. Quatrepoint, Xerfi Canal Bras de fer militaire ou économique ? Chine, Japon, Corée du Nord, USA
Rien ne va plus entre la Chine et le Japon ! Rien ne va plus entre la Chine et les Etats-Unis ! Pendant des années, pour ne pas dire des décennies, on a pu croire que les frictions, les antagonismes traditionnels s'étaient effacés, tant les intérêts économiques des trois pays étaient liés. Les industriels japonais produisaient et vendaient massivement en Chine. Les multinationales et le lobby pro-chinois de Wall Street accumulaient des profits grâce aux délocalisations en Chine. Et les Etats-Unis se satisfaisaient de ce déplacement du centre de gravité du monde, de l'Atlantique vers le Pacifique. [...]
J.M. Quatrepoint, Xerfi Canal Bras de fer militaire ou économique ? Chine, Japon, Corée du Nord, USA
Rien ne va plus entre la Chine et le Japon ! Rien ne va plus entre la Chine et les Etats-Unis ! Pendant des années, pour ne pas dire des décennies, on a pu croire que les frictions, les antagonismes traditionnels s'étaient effacés, tant les intérêts économiques des trois pays étaient liés. Les industriels japonais produisaient et vendaient massivement en Chine. Les multinationales et le lobby pro-chinois de Wall Street accumulaient des profits grâce aux délocalisations en Chine. Et les Etats-Unis se satisfaisaient de ce déplacement du centre de gravité du monde, de l'Atlantique vers le Pacifique. [...]
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Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
..Mr Link et mr l´Admn
sur le site de RFI du lancement de la Banque des BRICS..dont le capital initial est de 50 milliards de dollars ( 100 milliards pour la Banque Mondiale)
Ils ont mis au point un fond de reserve de 100 milliards..contre 1000 milliards engagés dans le FMI
Pour le journaliste "occidental", cette Banque des BRICS ne menace pas (encore) la Banque Mondiale ni le FMI Mais la Banque bien que "symbolique" attire dèjà d´autre pays, le Nigeria a fait sa demande..pour entrer dans les BRICS
L´AUTRE ASPECT DU FMI
Selon l´article, la Chine, seconde puissance économique de la planéte..n´a qu´une Place moindre que l´Italie au sein du FMI Alors que la Chine contribue sans doute plus que l´Italie
Si le FMI annonce vouloir collaborer avec la Banque des BRICS ..en réalité, la menace devient de plus en plus visible et l´Occident..surtout les USA commence á sentir que la fin de son hegemonie approche..
Ce que après le Nigeria, des pays comme le Venezuela, les pays Arabes du Golfe et de l´Asie du Sud Ouest ..ou l´Iran peuvent integrer rapidement cette Banque et augmenter son capital initial..qui peut depasser largement celui de la BM..dans moins de dix ans
sur le site de RFI du lancement de la Banque des BRICS..dont le capital initial est de 50 milliards de dollars ( 100 milliards pour la Banque Mondiale)
Ils ont mis au point un fond de reserve de 100 milliards..contre 1000 milliards engagés dans le FMI
Pour le journaliste "occidental", cette Banque des BRICS ne menace pas (encore) la Banque Mondiale ni le FMI Mais la Banque bien que "symbolique" attire dèjà d´autre pays, le Nigeria a fait sa demande..pour entrer dans les BRICS
L´AUTRE ASPECT DU FMI
Selon l´article, la Chine, seconde puissance économique de la planéte..n´a qu´une Place moindre que l´Italie au sein du FMI Alors que la Chine contribue sans doute plus que l´Italie
Si le FMI annonce vouloir collaborer avec la Banque des BRICS ..en réalité, la menace devient de plus en plus visible et l´Occident..surtout les USA commence á sentir que la fin de son hegemonie approche..
Ce que après le Nigeria, des pays comme le Venezuela, les pays Arabes du Golfe et de l´Asie du Sud Ouest ..ou l´Iran peuvent integrer rapidement cette Banque et augmenter son capital initial..qui peut depasser largement celui de la BM..dans moins de dix ans
GHOST
Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
Admin a écrit:Dans le siècle prochain, le rapport des forces sera inversé et ça commence déjà!
Bien plus tôt au cours de ce siècle, dans 30-50 ans, selon les bonnes prévisions, les rapports de forces mondiaux auront significativement basculé mais désolé, perso je reste dans une positon pratique plus exigeante envers les Africains et la plupart des dominés de ce monde que sur l'éventuelle euphorie autour de ces bouleversements et sur le seul acharnement à l'encontre des puissants actuels !
En effet ,si je désapprouve les actions pernicieuses et autres ingérences intéressées des dominants sur les dominés, je ne peux dédouaner les propres turpitudes de ces derniers qui offrent des cibles aux impérialistes en Côte d’Ivoire, au Mali, en Libye, en Centrafrique, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Ukraine et même dans notre pays le Congo !
Qu’ont fait ou plutôt que n’ont-ils pas fait les autochtones dans ces pays pour donner moins prise aux impérialistes dominants d’agir sur eux ? La réponse à cette question capitale me semple plus porteuse, plus opérationnelle pour avancer dans ce « Tiers-Monde » que la seule dénonciation des ingérences ou actions des impérialistes ?
Qu’a par exemple fait la Chine pour s’en mettre à l’abri ? Même si elle dispose des atouts autrement plus puissants que partout ailleurs, l’examen de son itinéraire devrait nous fournir des pistes que les autres devraient emprunter pour mieux affronter la domination nuisible des puissants !
Ailleurs l’étude des destins des « printemps arabes » respectifs en Tunisie, en Egypte, en Syrie, en Turquie et celles des acteurs autochtones après des conflits exportés par les interventions des dominants dans leurs pays comme au Mali, en Libye, en Syrie, en Afghanistan, en Irak…., offrent une meilleure intelligence des voies et moyens appropriés pour affronter une mondialisation unipolaire dominée par les Usa néanmoins en voie de multipolarité à la faveur notamment des ténors non occidentaux de ces puissants comme la Russie, la Chine et plus généralement des BRICS qui s’organisent tant bien que mal !
Le déclin du modèle actuel dominé aujourd'hui par les Usa (et en une moindre intention par leurs alliés occidentaux de l’UE) est en cours… Dans 30 ans la scène internationale sera sûrement bouleversée, de nouvelles puissances sûres en tête desquelles pointe la Chine et bientôt l’Inde plutôt que la Russie auront supplanté les majors actuels (USA, UE) mais où en sera l’Afrique ?
Le nouveau modèle lui créera-t-il davantage d’opportunités ? Assurément sauf que tout doit se préparer aujourd’hui pour profiter au maximum de ce bouleversement !
Que fait l’Afrique ou ne fait-elle pas; que lui importe-t-elle de faire aujourd’hui pour mieux s’y préparer ?
Voilà l’autre question essentielle qui doit faire tourner nos regards envers nous-mêmes et qui demande d’abord des comptes à nos dirigeants que de seulement se cristalliser sur les plans des puissants…
La Chine dominera alors le monde mais les USA continueront à la talonner à côté des émergents comme l’Inde, le Brésil mais comme « les loups ne se dévorent pas entre eux » méfions-nous de rester relégués même de ce nouveau cercle; c’est pourquoi à côté des pays africains actuellement prometteurs comme l’Afrique du Sud et le Nigeria d’autres potentiellement forts comme notre Congo devraient mieux s’organiser pour les rejoindre ?
Que fait le Congo ou que doit-il faire pour entrer dans un cercle vertueux ?
Que peut lui rapporter (comme à d’autres) la nouvelle Banque de développement des BRICS ?
Voilà autant des questions autrement vitales que la seule accusation des puissants ou l ’euphorie pour un changement mondial qui nécessite bien plus d’actions réfléchies et concrètes de notre part que notre attentisme actuel !
A nous de méditer et surtout d'agir !
° http://www.defense.gouv.fr/das/reflexion-strategique/prospective-de-defense/articles-prospective/horizons-strategiques
° https://www.google.fr/?gws_rd=ssl#q=perspectives+g%C3%A9ostrat%C3%A9giques+mondiaux+dans+30+ans&start=10
° https://www.google.fr/?gws_rd=ssl#q=perspectives+g%C3%A9ostrat%C3%A9giques+mondiaux+dans+30+ans+minist%C3%A8re+de+la+d%C3%A9fense+fran%C3%A7ais
°
http://www.defense.gouv.fr/content/download/161982/1671192/file/Horizons%20strat
° http://www.frstrategie.org/barreFRS/publications/rd/2013/RD_201303.pdf
° http://www.societe-de-strategie.asso.fr/pdf/jean-dufourcq-vision-du-monde-20130414.pdf
° http://www.memoireonline.com/01/09/1885/m_lAfrique-face-aux-enjeux-strategiques-daujourdhui0.html
° http://www.frstrategie.org/barreFRS/publications/rd/2013/RD_201303.pdf
° http://www.rfi.fr/mfi/20140801-bresil-fortaleza-pays-emergents-banque-brics-concurrence-fmi-banque-mondiale-finance-developpement/
° http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/07/16/les-brics-ont-lance-leur-banque-de-developpement_4458144_3234.html
° http://fr.starafrica.com/actualites/lafrique-beneficiera-de-la-banque-des-brics-selon-pretoria.html
° http://www.agenceecofin.com/banque/2902-3645-les-brics-planchent-sur-leur-projet-de-banque-de-developpement
° http://www.challenges.fr/economie/20140715.REU6552/banque-de-developpement-et-fonds-de-reserve-des-brics-crees.html
° http://finances.fr.msn.com/les-brics-se-dotent-dune-banque-de-d%C3%A9veloppement
° http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/07/16/20002-20140716ARTFIG00001-les-cinq-grands-pays-emergents-defient-l-hegemonie-occidentale.php
° http://www.lesechos.fr/monde/ameriques/0203640554895-les-brics-lancent-leur-banque-de-developpement-1024542.php
° http://fr.wikipedia.org/wiki/Sommet_du_BRICS_2014"Nouvelle banque de développement.
° http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_banque_de_d%C3%A9veloppement
La Nouvelle banque de développement, formellement connue sous le nom de Banque de développement desBRICS1 est une banque internationale de développement dont la création a été proposée par les États des BRICS (Brésil,Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) comme alternative à laBanque mondiale existante et au Fonds monétaire international2. La Banque est configurée pour favoriser une plus grande coopération financière et de développement entre les pays émergents. Elle aura son siège à Shanghai en Chine3(les autres villes ayant été proposées étant Johannesburg etNew Delhi) et son premier directeur général est originaire d'Inde3,4. Le président du Conseil d'administration sera originaire du Brésil5 et le président inaugural du Conseil des gouverneurs sera russe. Elle est inaugurée officiellement le 15 juillet 2014 à l'occasion du 6e sommet des BRICS qui s'est tenu à Fortaleza au Brésil5.
Objectifs
Parmi les objectifs de la Banque, financer des projets d'infrastructure et créer une « réserve d'arrangement de devises » de l'ordre de 100 milliards de dollars6,7 dans le but d'aider les pays membres à contrer les chocs financiers futurs (sur le capital initial total de 100 milliards de dollars la Chine donnera 41 milliards, le Brésil, la Russie et l'Inde donneront 18 milliards de dollars et l'Afrique du Sud devrait donner une contribution de 5 milliards de dollars8). La Banque fournirait également une assistance à d'autres pays qui souffriraient de l'instabilité économique dans le sillage de la sortie des États-Unis de leur politique monétaire expansionniste9, les prêts devant commencer en 2016 mais le capital de cette banque ne peut pas descendre en dessous de 55 %10. Ainsi, elle vise à lutter contre l'influence des établissements de crédit basés en Occident et du dollar. Des documents sur la coopération entre les agences de crédit à l'exportation des BRICS et un accord de coopération sur l'innovation ont également été signés en juillet 201411.
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « New Development Bank » (voir la liste des auteurs)
1. "BRICS Bank to be headquartered in Shanghai, India to hold presidency" [archive]. Indiasnaps.com. 16 juillet 2014
2. Anita Powell, « BRICS Leaders Optimistic About New Development Bank » [archive], Voice of America (consulté le 27 mars 2013)
3. a et b Jeffrey Lewis et Paulo Trevisani, « Brics Agree to Base Development Bank in Shanghai » [archive], The Wall Street Journal(consulté le 16 juillet 2014)
4. http://timesofindia.indiatimes.com/business/international-business/BRICS-Development-Bank-launched-first-president-to-be-from-India/articleshow/38440605.cms [archive]
5. a et b « Brics Agree to Base Development Bank in Shanghai Bank to Finance Infrastructure Projects in Emerging-Market Countries » [archive],? 15 juillet 2014
6. "Brics nations to create $100bn development bank" [archive]. BBC.com, 15 juillet 2014
7. Brics eye infrastructure funding through new development bank [archive], The Guardian, 28 mars 2013
8. « BRICS Development bank top on Agenda of 6th BRICS Summit » [archive], IANS, news.biharprabha.com (consulté le15 juillet 2014)
9. « BRICS bank to benefit developing countries: Brazilian president » [archive], IANS, news.biharprabha.com (consulté le15 juillet 2014)
10. http://mystudyroom.org/entries/current/new-development-bank-set-up-by-brics [archive]
11. "BRICS establish $100bn bank and currency reserves to cut out Western dominance" [archive]. RT.com, 15 juillet 2014 "
Compatriotiquement!
ndonzwau
Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
ndonzwau a écrit:Admin a écrit:Dans le siècle prochain, le rapport des forces sera inversé et ça commence déjà!
Bien plus tôt au cours de ce siècle, dans 30-50 ans, selon les bonnes prévisions, les rapports de forces mondiaux auront significativement basculé mais désolé, perso je reste dans une positon pratique plus exigeante envers les Africains et la plupart des dominés de ce monde que sur l'éventuelle euphorie autour de ces bouleversements et sur le seul acharnement à l'encontre des puissants actuels !
En effet ,si je désapprouve les actions pernicieuses et autres ingérences intéressées des dominants sur les dominés, je ne peux dédouaner les propres turpitudes de ces derniers qui offrent des cibles aux impérialistes en Côte d’Ivoire, au Mali, en Libye, en Centrafrique, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Ukraine et même dans notre pays le Congo !
Qu’ont fait ou plutôt que n’ont-ils pas fait les autochtones dans ces pays pour donner moins prise aux impérialistes dominants d’agir sur eux ? La réponse à cette question capitale me semple plus porteuse, plus opérationnelle pour avancer dans ce « Tiers-Monde » que la seule dénonciation des ingérences ou actions des impérialistes ?
Qu’a par exemple fait la Chine pour s’en mettre à l’abri ? Même si elle dispose des atouts autrement plus puissants que partout ailleurs, l’examen de son itinéraire devrait nous fournir des pistes que les autres devraient emprunter pour mieux affronter la domination nuisible des puissants !
Ailleurs l’étude des destins des « printemps arabes » respectifs en Tunisie, en Egypte, en Syrie, en Turquie et celles des acteurs autochtones après des conflits exportés par les interventions des dominants dans leurs pays comme au Mali, en Libye, en Syrie, en Afghanistan, en Irak…., offrent une meilleure intelligence des voies et moyens appropriés pour affronter une mondialisation unipolaire dominée par les Usa néanmoins en voie de multipolarité à la faveur notamment des ténors non occidentaux de ces puissants comme la Russie, la Chine et plus généralement des BRICS qui s’organisent tant bien que mal !
Le déclin du modèle actuel dominé aujourd'hui par les Usa (et en une moindre intention par leurs alliés occidentaux de l’UE) est en cours… Dans 30 ans la scène internationale sera sûrement bouleversée, de nouvelles puissances sûres en tête desquelles pointe la Chine et bientôt l’Inde plutôt que la Russie auront supplanté les majors actuels (USA, UE) mais où en sera l’Afrique ?
Le nouveau modèle lui créera-t-il davantage d’opportunités ? Assurément sauf que tout doit se préparer aujourd’hui pour profiter au maximum de ce bouleversement !
Que fait l’Afrique ou ne fait-elle pas; que lui importe-t-elle de faire aujourd’hui pour mieux s’y préparer ?
Voilà l’autre question essentielle qui doit faire tourner nos regards envers nous-mêmes et qui demande d’abord des comptes à nos dirigeants que de seulement se cristalliser sur les plans des puissants…
La Chine dominera alors le monde mais les USA continueront à la talonner à côté des émergents comme l’Inde, le Brésil mais comme « les loups ne se dévorent pas entre eux » méfions-nous de rester relégués même de ce nouveau cercle; c’est pourquoi à côté des pays africains actuellement prometteurs comme l’Afrique du Sud et le Nigeria d’autres potentiellement forts comme notre Congo devraient mieux s’organiser pour les rejoindre ?
Que fait le Congo ou que doit-il faire pour entrer dans un cercle vertueux ?
Que peut lui rapporter (comme à d’autres) la nouvelle Banque de développement des BRICS ?
Voilà autant des questions autrement vitales que la seule accusation des puissants ou l ’euphorie pour un changement mondial qui nécessite bien plus d’actions réfléchies et concrètes de notre part que notre attentisme actuel !
A nous de méditer et surtout d'agir !
Compatriotiquement!
Tu as posé des très bonne question Ndonzwau.Il y a matière à réflexion dans ce que tu as écris.
El-Shaman
Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
PS
Compatriotiquement
" HORIZONS STRATÉGIQUES (Ministère Défense, France, mars 2012)
° http://alphacom.l.a.f.unblog.fr/files/2012/04/HORIZONS-STRATEGIQUES-2012.pdf
Clés de lecture
(...)
Lignes de force
De notre environnement stratégique tel qu’il sera en 2040, nous ne pouvons aujourd’hui que détecter les prémisses. Aussi l’ambition de cette nouvelle édition du rapport de prospective géostratégique et géopolitique est-elle d’explorer les grandes tendances qui devraient structurer le système international vers le milieu du siècle, et de cerner les éventuelles implications pour la France et son outil de défense.
Trois tendances marquantes peuvent être dégagées :
> la fin de la domination occidentale,
> l’accélération de la mondialisation,
> une instabilité et une volatilité de plus en plus marquées.
(...)"
Première Partie : Approche thématIque
(...)
Deuxième Partie : Approches régionales
3. L’Afrique en marche ? (pp 212-215)
Repères :
• 2040 : population multipliée par deux, dont 60 % d’urbains.]
• 2050 : près de 2 Md d’habitants (Afrique subsaharienne).
Tendances lourdes
• Vingt ans après la fin de la guerre froide, le continent devrait continuer à voir son importance géopolitique s’accroître dans les prochaines décennies sous l’effet de la concurrence économique et sécuritaire (crises et conflits, terrorisme, approvisionnement en matières premières) croissante entre puissances émergentes du « Sud » (Chine, Inde, Brésil) et puisssances en déclin relatif (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie). Néanmoins, les sous-régions d’Afrique pourraient évoluer distinctement en fonction de leur environnement extérieur (systèmes Corne/péninsule arabique, Sahel/Maghreb/Europe, Afrique de l’Est/sous-continent indien…).
• Des crises dites « identitaires », fruit de l’instrumentalisation de catégories communautaires par certains acteurs politiques et économiques (partage du pouvoir et des richesses), pourront encore survenir. Le fondamentalisme, voire le radicalisme, religieux, tant musulman que chrétien, pourrait progresser, en l’absence de perspective d’intégration économique et politique des populations les plus pauvres et, surtout, des jeunes. Parallèlement – et paradoxalement – les sentiments nationalistes et/ou panafricains pourraient se développer, parfois au détriment des intérêts occidentaux.
• Du point de vue économique, l’exode rural, en permettant le développement d’un individualisme « citadin », devrait favoriser la généralisation de l’esprit capitaliste contemporain (épargne, investissement) au détriment des solidarités communautaires.
Les industries de transformation devraient demeurer marginales, particulièrement dans les régions enclavées. Même en cas de déclin de l’extraction pétrolière, la logique de rente risque de se perpétuer à travers d’autres matières premières. De fortes disparités économiques entre sous-régions et entre pays devraient perdurer ou s’accroître. L’insertion dans la mondialisation économique restera très disparate.
• Politiquement, la tendance à l’ouverture des sociétés devrait s’amplifier avec l’émergence de sociétés civiles mieux organisées et informées, mais aller de pair avec une plus grande corruption. Cette évolution demeurera fragile (affrontements intercommunautaires, ruptures constitutionnelles/institutionnelles) et pourrait régresser dans les pays où l’État est faible. Les régimes politiques devraient rester, en règle générale, des démocraties formelles de nature patrimoniale, malgré l’émergence de contre-pouvoirs (société civile, presse, syndicats). Le développement de classes moyennes sera à cet égard un facteur déterminant d’évolution des systèmes politiques.
(...)""Ruptures
• Une extension généralisée en Afrique subsaharienne des poussées démocratiques arabes paraît peu probable. Si certains éléments structurels (alternance bloquée, jeunesse diplômée au chômage, marginalisation d’une partie de l’armée) peuvent constituer un terreau favorable à un soulèvement populaire, plusieurs caractéristiques limitent de fait les évolutions politiques en Afrique à court et à moyen terme : l’absence de classe moyenne, les divisions identitaires et la faible institutionnalisation de l'Etat, notamment. Seuls quelques pays, dans lesquels une société civile solide, produit de l'histoire locale (syndicats, églises, chefferies traditionnelles), fait face à un État fort ou à un pouvoir bloqué, sont susceptibles de suivre la voie arabe, si certaines circonstances sont réunies (crise économique, élection grossièrement truquée…).
• La remise en cause des frontières actuelles pourrait aboutir à la création de nouveaux États ou à des redécoupages plus ou moins violents (Sud-Soudan, Somalie…). La rupture du tabou de l’intangibilité des frontières pourrait avoir des effets en cascade sur l’ensemble du continent, voire au-delà.
• L’extinction du paludisme et le plein accès des populations aux traitements contre le VIH-sida, en particulier en Afrique australe, auraient un impact positif sur la dynamique économique et sociale du continent.
Incertitudes
• Résultant de l’incapacité des États à contrôler leur territoire, la multiplication et l’extension des « zones
grises », concentrant groupes criminels organisés (trafiquants, terroristes) et groupes rebelles, pourraient
nécessiter des interventions occidentales auxquelles des pays européens, et la France en particulier,
pourraient être amenés à participer.
• L’amoindrissement de la part relative de l’Europe en tant que principal fournisseur d’aide publique au
développement est susceptible d’affecter le tropisme européen des pays d’Afrique subsaharienne au profit
des puissances émergentes majeures.
• La multiplication des crises alimentaires générées par la volatilité des cours des matières premières
pourrait, à relativement court terme, déboucher sur de nouvelles émeutes relatives à la vie chère,
susceptibles d’avoir des conséquences sur la sécurité et la stabilité de certains pays.
Conséquences pour la défense
L’Afrique restera une zone de convoitises et de confrontations potentielles et une zone d’intérêt stratégique prioritaire pour la France. Le creusement des inégalités et l’instrumentalisation identitaire, en particulier dans des États fragiles pourraient favoriser le développement de l’islamisme radical et de la menace terroriste (Sahel, Corne), dont la France constituera une cible particulière.
• Le renouvellement des accords de défense avec plusieurs partenaires africains confère à la France des responsabilités particulières en matière d’assistance, appelées à s’inscrire dans la durée.
• La présence de nombreux ressortissants français dans les villes, dans un contexte de forte insécurité, devrait renforcer la nécessité de disposer de capacités d’évacuation adaptées. Celles-ci devront de plus en plus être coordonnées au niveau international et avec les acteurs locaux, notamment privés.
• La France continuera d’accompagner les organisations continentales et sous-régionales africaines dans le développement des instruments de sécurité collective, en privilégiant les cadres multilatéraux (UE, Onu, etc.).
• L’insuffisance probablement persistante des instruments de sécurité collectifs placés sous l’égide de l’Union africaine, quels qu’en soient les progrès en termes capacitaires, renforcera le besoin de politiques globales alliant sécurité, développement et gouvernance selon des axes bilatéraux et multilatéraux ad hoc et la mise en place de partenariats régionaux efficaces.
• Le développement de capacités européennes de prévention des conflits, auxquelles la France participe, constitue un enjeu majeur apte à répondre, dans une certaine mesure, au risque de multiplication des « zones grises », susceptibles de porter atteinte aux intérêts européens (terrorisme, trafics illégaux, etc.).(...)"
Compatriotiquement
ndonzwau
Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
PPS
A propos du déclin annoncé des Usa, s’il est presque certain qu’économiquement la Chine finira très vite par les supplanter, il l’est moins politiquement, technologiquement et militairement qu'elle y arrivera dans le même temps à horizon prévisible; raison pour laquelle j’insinuais plus haut que les Usa continueront encore pendant un bon moment à talonner la Chine sans être totalement décrochés par les nouveaux émergents et surtout pas par la Russie aujourd’hui très entreprenante politiquement mais dont l’économie et l’état militaire peinent encore à émerger et à se hisser au niveau des Usa et de la Chine !
Pour illustrer cette inflexion, je choisis ici le résumé pas inintéressant qu’en fait Wondo dans son article en rapport avec l’appel désespéré que fait « JK » à la Russie pour se protéger des Usa qui le pressent de dégager…
Le voici, lisez-le, si je reste relativement reservé sur son pronostic appuyé en défaveur de "JK" comme j'ai eu à l'argumenter déjà, il ne maque pas de pertinence sur la confrontation Usa et le reste du monde notamment face à la Russie, à même de nous éclairer utilement (° http://desc-wondo.org/desc-confidentiel-inquiet-de-lacharnement-americain-kabila-appelle-poutine-a-la-rescousse/ ) :
Compatriotiquement!
A propos du déclin annoncé des Usa, s’il est presque certain qu’économiquement la Chine finira très vite par les supplanter, il l’est moins politiquement, technologiquement et militairement qu'elle y arrivera dans le même temps à horizon prévisible; raison pour laquelle j’insinuais plus haut que les Usa continueront encore pendant un bon moment à talonner la Chine sans être totalement décrochés par les nouveaux émergents et surtout pas par la Russie aujourd’hui très entreprenante politiquement mais dont l’économie et l’état militaire peinent encore à émerger et à se hisser au niveau des Usa et de la Chine !
Pour illustrer cette inflexion, je choisis ici le résumé pas inintéressant qu’en fait Wondo dans son article en rapport avec l’appel désespéré que fait « JK » à la Russie pour se protéger des Usa qui le pressent de dégager…
Le voici, lisez-le, si je reste relativement reservé sur son pronostic appuyé en défaveur de "JK" comme j'ai eu à l'argumenter déjà, il ne maque pas de pertinence sur la confrontation Usa et le reste du monde notamment face à la Russie, à même de nous éclairer utilement (° http://desc-wondo.org/desc-confidentiel-inquiet-de-lacharnement-americain-kabila-appelle-poutine-a-la-rescousse/ ) :
"La Russie peut-elle contenir militairement les USA? Analyse stratégique de DESCDepuis qu’elle tient la tête aux américains en Ukraine, bon nombre de pseudo-analyses pensent que la Russie est en mesure de contrer la superpuissance américaine dans le monde.Qu’on les aime ou non, laissez DESC vous apprendre que les Etats-Unis resteront encore, pour au moins deux décennies, la seule puissance mondiale, malgré la progression fulgurante de la Chine et de la Russie. SelonZbigniew Brzezinski, ancien Conseiller de Jimmy Carter, le monde est et n’est pas multipolaire. C’est un monde dans lequel coexistent des puissances régionales significatives, dont certaines pourraient un jour, même si cette perspective reste pour l’instant lointaine, devenir des puissances mondiales. Dès lors la Chine, le Brésil, la Russie et l’Inde ne peuvent pour l’instant être des puissances mondiales. En effet, être une puissance mondiale implique d’être une puissance mondiale dans quasi tous les secteurs. Le seul secteur économique ne suffit pas à lui seul pour conférer à un État le statut d’une puissance mondiale.Tableau des Dépenses Militaires en Milliards de dollars2008 2009 2010 2011 2012 % total mondial
USA 607,0 661,0 698,0 711,0 737,5 38,9
CHINE 84,9 100,0 1 19,0 143,0 166 9,5
RUSSIE 58,6 60,7 58,7 80,0 90,7 5,2Sources croisées: SIPRI, IISS et IRIS.Bien qu’en perte de vitesse sur le plan géopolitique depuis la crise financière de 2008, les Etats-Unis, avec la doctrine de « smart power », dominent encore indubitablement la hiérarchie des puissances militaires mondiales. Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), le financement annuel du Pentagone s’établit en 2013 à environ 700 milliards de dollars. Washington concentre 41% des dépenses mondiales de la défense, là où la Russie ne compte que pour 5 % du total.La puissance américaine est pour le moment la seule à jouir d’une domination dans TOUS les compartiments stratégiques, n’en déplaise aux émotifs. Sur terre, sur mer ou dans les airs, le Departemnt of Defense (DoD) peut compter sur des services (Army, Navy, Air force, marine Corps) dont les matériels sont à la fois modernes, plus nombreux et mieux servis que ceux des autres puissances. Dans le seul domaine naval, comme le rappelait il y a peu un secrétaire à la défense américain, « les États-Unis exploitent simultanément onze porte-avions de grande taille, tous à propulsion nucléaire. En termes de taille et de puissance de frappe, pas un seul pays ne possède ne serait-ce qu’un seul navire comparable. L’US Navy possède dix navires amphibies qui peuvent servir de bases flottantes pour des hélicoptères et des avions de décollage vertical. Aucune autre marine n’en a plus de trois, et tous appartiennent à des marines amies ou alliées… L’espace et le cyberespace, nouveaux enjeux géostratégiques, sont également dominés par les États-Unis, qui sont d’ailleurs à la tête de la course en matière de défense antimissile, et dont la maîtrise de l’intégration interarmées est inégalée. (Badie, B. et Vidal, D., 2013). Poutine a déclaré récemment que l’internet est une création de la CIA.La Russie, quant à elle, confrontée à un dilemme politique lui rappelant ses démons du passé entretenus par une élite, à l’instar de Poutine ex-agent du KGB, qui garde la nostalgie de son ex-statut impérial, mais où une partie de l’intelligentsia est fortement persuadée qu’il est vain d’espérer un retour à un tel statut et qu’il convient d’envisager une autre option : allier la modernité à la démocratie (option de Medvedev). En effet, à l’instar de la Chine, la Russie connait l’émergence des courants géopolitiques du type néo-westphalien de la « grandeur russe » (derjavniki). Une Russie qui ressusciterait des vestiges soviétiques. Mais les adversaires de cette position sont majoritaires en Russie.Sur le plan militaire, la puissance de la Russie se relève peu à peu de la décrépitude soviétique en modernisant son outil militaire et en renforçant sa capacité militaire à la dimension régionale et non planétaire. Sous l’impulsion de Poutine, on a constaté une volonté de rattrapage spectaculaire du retard militaire russe. En dix ans, la progression est de plus de 80%, progression semblable à celles des États-Unis (mais en ne partant pas de la même base de départ). Mais ces efforts sont encore loin d’effacer le tableau général médiocre de l’armée russe. En effet, plus des deux tiers de cette somme sont engloutis en salaires, pensions et logements, ne laissant que 30 % pour le renouvellement et l’entretien de l’outil militaire.A la suite du bilan du potentiel militaire réel de son pays, Poutine s’est lancé dans un programme ambitieux de réarmement sans précédent de la Russie pour les dix prochaines années avec : plus de 400 missiles balistiques intercontinentaux, huit croiseurs sous-marins lance-missiles stratégiques, près de 20 sous-marins polyvalents, plus de 50 navires de surface, plus de 600 avions modernes, dont des chasseurs de cinquième génération, plus de mille hélicoptères, 28 régiments de systèmes de missiles sol-air S-400, plus de 2.300 chars modernes, près de 2.000 canons automoteurs équiperont l’armée », une centaine d’appareils spatiaux militaires équiperont l’armée russe ». (Cf Les Armées au Congo-Kinshasa).Une chose est certaine est que la Russie, puissance nucléaire et spatiale, a, comme nous le montre le tableau plus haut, du chemin à parcourir pour égaler les Etats-Unis. On la voit déjà s’essouffler en Ukraine où les indépendantistes pro-russes perdent du terrain militaire.Abordant les dix tendances géopolitiques actuelles du monde, Pascal Boniface, le directeur de l’IRIS (Institut des relations internationales stratégiques), place la fin de l’hyperpuissance américaine au premier point. Il avance ce qui suit: « Après avoir dominé le monde dans le seconde moitié du XXè siècle, les États-Unis sont confrontés à la monté en puissance de leurs concurrents et à la multipolarisation du monde ».Il nuance cependant son analyse en écrivant : « Le déclin américain a été prédit plusieurs fois dans le passé, donc à tort. Il avait été lorsqu’en 1997 l’URSS avait pu lancer un Spoutnik relevant le défi de la conquête de l’espace. Il l’avait également, lorsque, à partir de la fin des années 1950, par la mise au point de missiles intercontinentaux, les Soviétiques pouvaient menacer le territoire américain, mettant fin à la sanctuarisation dont ce dernier bénéficiait depuis la naissance du pays. Il l’avait encore été lors de l’enlisement de la guerre du Vietnam, puis à la fin de la convertibilité du dollar en or entre 1971 et 1973, en 1979 après l’entrée des soviétiques en Afghanistan et le renversement du shah d’Iran, et à la fin des années 1980 lorsque les industries automobile et électro,ique japonaises donnaient le sentiment de tailler en pièce leurs homologues américaines. A chaque fois les Etats-Unis se sont relevés pour continuer la course en tête. On peut donc se demander si la nouvelle annonce d’un déclin américain ne rejoindra pas les précédentes. » (Boniface, P. La Géopolitique – 40 fiches thématiques et documentées pour Comprendre l’Actualité, Eyrolles, 2014).Cependant, il estime que dans un monde globalisé, même la puissance mondiale n’a pas les mains libres pour agir comme il entend. De plus, la tendance géopolitique actuelle ne procède pas tant d’un déclin américain en tant que tel que de de la montée en puissance de nombreux autres Etats émergents.Plus optimistes que Pascal Boniface, Corines Lesnes, correspondante du quotidien Le Monde à Washington, dans une contribution intitulée : « La politique étrangère de Barack Obama : la tentation du répli?« ( in Puissances d’hier et de demain. L’Etat du monde 2014« , (La découverte, Paris, 2013, 271p., publié sous la direction de B. Badie et D. Vidal), a d’abord décrit la stratégie de « Leading from behind » (leadership de l’arrière) mis en place par Obama sous son premier mandat, en cessant d’exposer à la première ligne les Etats-Unis : réduire la visibilité des troupes américaines pour diminuer leurs vulnérabilités. La journaliste a par la suite décrypté l’actuelle doctrine de Barack Obama qui a été le fil conducteur de sa campagne en 2012: « America is back » pour signifier que les Etats-Unis sont de retour et au devant de la scène internationale. Une ligne politique inspirée du néoconservateur Robert Kagan, epoux de Victoria Nuland (ex porte-parole de Hillary Clinton au Département d’Etat) et conseiller du candidatMitt Romney, auteur de l’ouvrage The World America Made où il affirme que le déclin des Etats-Unis ni une réalité ni une fatalité.Christian Malis dans son ouvrage bien fouillé, Guerre et Stratégie au XXIè siècle – Enjeux mondiaux – Arme futures… (Ed. Fayard, 2014) prédit plutôt un bel avenir de la prépondérance militaire américaine malgré la contraction économique en écorchant les stratégistes qui parlent de la « fin de l’ère atlantique« , allusion faire à l’ouvrage « Prospective géostratégique à 30 ans » du ministère français de la Défense. Pour Malis, à l’horizon 2030, malgré la glissade annoncée de l’Europe et l’ascension militaire spectaculaire des pays émergents des BRICS, la prépondérance militaire américaine devrait demeurer un réalité. Il se base sur l’analyse de l’évolution des budgets militaires qui offre une vue plus précise concernant la redistribution en cours es cartes stratégiques et leur projection dans le futur. Il base sa prospective en affirmant que le rattrapage technologique militaire n’obéit pas au même rythme que le rattrapage technologique civil. Si Les pays du BRICS ont pu connaitre une ascension économique fulgurante, c’est que technique civile et méthodes de management sont très aisément transmissibles dans le monde actuel. Ce qui n’est pas le cas dans le cadre de la Recherche et Développement (R&D) de la haute technologie militaire. Car l’espace économique militaire fonctionne toujours selon les principes les plus stricts de la défense jalouse de l’intérêt national (secret défense oblige). En ce sens, l’avance américaine devrait, selon lui, demeurer significative sur la Russie, la Chine et ‘Inde à l’horizon 2030.Enfin, alors que les Etats-Unis réduisent leur budget militaire par la suppression des postes moins rentables stratégiquement, le rôle et les effectifs des forces spéciales de projection extra territoriale ne cessent d’augmenter dans l’armée américaine : 65.000 hommes actuellement contre 54.000 en 1987 et 8.000 seulement à la fin des années 1970 des décennies au cours desquelles les Etats-Unis caracolaient en tête du classement des puissances militaires mondiales. Ils allouent un budget colossal de 10 milliards de dollars pour USSOCOM (US Special Operation Command), soit quadruplement en dix ans, faisant de ces Forces spéciales américaines une quatrième composante armée à part entière aux côtés des trois composantes terrestres, navales et aériennes traditionnelles. (Malis, Chr. , Guerre et Stratégie au XXIè siècle – Enjeux mondiaux – Arme futures, 2014)ConclusionDESC reste dubitative sur la capacité russe de disposer des ressources militaires suffisantes lui permettant d’agir dans un espace géographique autre que l’Eurasie. Conscient de ses limites militaires face aux américains, Poutine, de plus en plus isolé sur le plan diplomatique à la suite du crash de l’avion malaisien et de la guerre ukrainienne où les indépendantistes pro-russes perdent du terrain, n’irait sans doute pas s’aventurer à rechercher une confrontation militaire avec les Etats-Unis par Kabila interposé. Il s’agit là d’une dimension géostratégique non négligeable que les stratèges de Kabila doivent intégrer dans leur quête de sauvetage politique de leur raïs en 2016."
° http://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/la-geopolitique-9782212559248
° http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Puissances_d_hier_et_de_demain-9782707176981.html
° http://f-sc.org/Agenda-78
Compatriotiquement!
ndonzwau
Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
Analyse intéressante de WONDO, mais contrairement à ce que WONDO semble penser la Russie ne cherche pas à supplanter les USA comme puissance dominante au niveau mondial, donc faire une comparaison entre les deux armées comme si on s'attendait un choc frontal entre les deux est un peu superflue. La Russie cherche à régner sur son "étranger proche"; et pour l'instant, et ce depuis l'épisode géorgien, les USA ont beaucoup de mal à contenir l'Impérialisme russe.
Enfin, cette histoire de Joka allant chercher de l'aide chez les Russes me laisse perplexe. Qu'est-ce que les Russes gagneraient dans ce genre de deal ? Le Congo n'est pas la Syrie. Il n'a pas d'importance stratégique immédiate à leurs yeux. Et puis, quelle forme prendra ce soutient ? Enfin, les Russes n'ont pas les moyens d'affronter l'Occident au Congo.
Enfin, cette histoire de Joka allant chercher de l'aide chez les Russes me laisse perplexe. Qu'est-ce que les Russes gagneraient dans ce genre de deal ? Le Congo n'est pas la Syrie. Il n'a pas d'importance stratégique immédiate à leurs yeux. Et puis, quelle forme prendra ce soutient ? Enfin, les Russes n'ont pas les moyens d'affronter l'Occident au Congo.
Mwana Ya Lola
Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
Mwana Ya Lola a écrit:Analyse intéressante de WONDO, mais contrairement à ce que WONDO semble penser la Russie ne cherche pas à supplanter les USA comme puissance dominante au niveau mondial, donc faire une comparaison entre les deux armées comme si on s'attendait un choc frontal entre les deux est un peu superflue. La Russie cherche à régner sur son "étranger proche"; et pour l'instant, et ce depuis l'épisode géorgien, les USA ont beaucoup de mal à contenir l'Impérialisme russe.
Enfin, cette histoire de Joka allant chercher de l'aide chez les Russes me laisse perplexe. Qu'est-ce que les Russes gagneraient dans ce genre de deal ? Le Congo n'est pas la Syrie. Il n'a pas d'importance stratégique immédiate à leurs yeux. Et puis, quelle forme prendra ce soutient ? Enfin, les Russes n'ont pas les moyens d'affronter l'Occident au Congo.
Je me trompe peut-être mais à mon avis il est aussi réducteur et peut-être même inexact d'écarter la recherche d'une domination russe (économique et militaire) sur les Usa en même temps que de baser leur compétition mutuelle sur la comparaison de leurs capacités militaires ! La rivalité russo-américaine est autrement fondamentale, presque structurelle, historique autant que toujours actuelle, donc foncièrement (géo)politique !
Si de façon pratique et réfléchie la Russie surtout avec Poutine est obligée de choisir une logique régionale, la seule accessible, la nostalgie de son statut de grand adversaire américain de la Guerre froide reste permanente et lui suggère encore bien des actions et des alliances pour surfer et construire géo-politiquement sur ce rêve !
En fait ses vraies limites se situent au niveau de son état économique (et militaire) pas si florissants, trop dépendant du gaz (et d'une armée à moderniser); au niveau de sa démographie en baisse qui risque de conduire à une importation des flux migratoires non russophones dans un environnement où les anciens Etats soviétiques peu démocratiques à sa périphérie présentent des risques d'instabilité; et enfin au niveau de voisinage avec une Chine plus puissante d'abord économiquement à représenter aujourd'hui le véritable adversaire des Usa...
Pas de choc frontal militaire russo- américain (ou sino-américain) prévisible mais la confrontation est là par "proxies, outsourcing" surtout avec l'adoption actuelle du "smart power" américain mais qu'en sera-t-il à l'avenir de cette doctrine et d'avec toutes ses défenses anti-missiles, bref qui sait ce que peut donner cette puissance nucléaire que le bloc occidental place dans la région; à la périphérie du pré-carré russe ?
Face au voisinage russo-chinois, au jeu de parapluies à déployer et de marchés à préserver dans leur espace régional, les relations d'une Russie moins puissante avec la Chine superpuissance mondiale émergente, auront peut-être un destin moins tranquille et linéaire surtout que l'UE rabat les petits voisins à leurs côtés et cela sous la houlette de l'Amérique (Ukraine)...
Le rapprochement de la Russie de la Chine bientôt patron incontesté du monde changera sans doute le rapport de forces de la Russie avec les Usa et l'UE néanmoins les intérêts nationaux respectifs ne maqueront pas non plus de l'influencer : l'évolution à terme n'est donc pas toujours prévisible dans le détail; dans tous les cas l'impérialisme régional russe n'est peut-être pas ce qu'on en voit rapidement (demain une compétition sino-russe n'est pas impossible ici et là même dans le plus proche entourage russe où les réserves de gaz ne suffiront peut-être pas à acheter toutes les consciences...) !
D'autant que beaucoup de prévisions mondiales prévoient un ralentissement de la Russie qui risque d'être supplantée, égalée ou talonnée demain pendant un moment par d'autres émergents comme l'Inde et même le Brésil comme par de nouveaux comme le Mexique, le Japon, le Canada et même la Corée du Sud...
Quant au Congo et à l'éventuelle aide sollicitée par "JK" auprès de la Russie, là aussi la possible action de Poutine sera d'abord diplomatique, géo-politique : quelle influence peut-il y jouer au niveau du Conseil de Sécurité épaulé par Xi Jiping; combien de potentiels ennemis de la superpuissance américaine peut-il ameuter autour des BRICS et au delà pour représenter un poids dans les décisions finales américaines ? N'oubliez pas qu'en même temps que la Russie (et la Chine) les Usa ont aussi une propagande à mener auprès des partenaires non occidentaux pour leur avenir économico-politique dans un contexte géo-stratégique en mutation ! Le Sommet Usa/Afrique en cours participe de cet objectif !
Compatriotiquement!
ndonzwau
Re: La guerre américaine contre la Russie est déjà en cours, par Paul Craig Roberts
Moscou contre-attaque en réponse aux sanctions occidentales à son encontre, il décrète un embargo sur les produits alimentaires en provenance des pays d’Europe, des États-Unis et d’Australie et menace d’une interdiction de survol de son territoire les avions de ces pays !
C’est clair : plus qu’en la Russie l’Occident à face à Poutine un redoutable adversaire qui répond du tac au tac face aux mesures sévères du premier qui bloquent l’accès des marchés financiers européens aux firmes et aux banques russes et interdisent toute nouvelle vente d’armes et de technologies sensibles dans le domaine de l’énergie et des biens à double usage militaire et civil à la Russie et par ailleurs bloquent également les avoirs des hommes d’affaires russes proches de Poutine.
L’enjeu : pour Poutine, garder la main sur l’Ukraine (soutien des forces séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine) et sur son pré-carré, un peu son "empire" en vrai tsar !
Pour l’Occident, de même garder l’Ukraine dans son giron en faisant pression sur le président russe afin de l’amener à cesser son soutien aux séparatistes en Ukraine et les contraindre à négocier avec le pouvoir à Kiev. Une Ukraine qu'il veut sinon européenne au moins ouverte
!
Depuis le crash de l’avion malaisien dans l’Est de l’Ukraine, attribué à un tir de missile par les séparatistes pro-russes; il y a comme une escalade dans une nouvelle "Guerre froide" avec des mesures de plus en plus sévères; jusqu‘où et qui y perdra le plus au change ?
Si plus généralement la collusion entre considérations politiques et marchés n’a pas toujours résolu les conflits dans le passé, de deux bords personne ne tirera vraiment un bénéfice franc d’un isolement politico-économique de la Russie (et dépendances) !
Voilà donc un Poutine, sourcilleux nationaliste et même "impérialiste" néanmoins toujours habile et téméraire manœuvrier, donc plus pragmatique à terme ! Cet embargo peut à terme être l'occasion de développer son marché intérieur et d'ouvrir son pays à des marchés plus diversifiés notamment régionaux et sud américains mais l’Occident particulièrement l’UE était jusque là son partenaire commercial privilégié; une guerre économique totale avec le bloc occidental lui sera ainsi longtemps préjudiciable sur une économie en souffrance qui aurait encore perdu récemment d’importantes fuites de capitaux; acceptera-t-il de sacrifier le bénéfice passé sur l’autel de ses visées impérialistes ?
Habile chantage pour obtenir plus ou projet réfléchi d’autonomie et de renaissance de son empire passé ? Attendons voir !
Quant à l’Occident; il a quelque part perdu par ses hésitations et mollesse (Poutine l’attaque parce qu’il ne le voit pas asse couillu pour lui faire très mal; jusque quand ?) et son échec à « intégrer » l’ennemi russe dans un monde unipolaire mené par les USA…
Sera-t-il capable d’accepter de digérer le manque à gagner par la perte significative d'un marché russe pour ce dernier objectif ?
C’est peut-être encore la Chine et le reste des « émergents » qui auront le dernier mot !
Pour quel système mondial demain et surtout l’Afrique en bénéficiera-t-elle ? Osons espérer que oui !
Au final j'avoue au travers de mes analyses une vision quelque peu naïve que ne partagent pas beaucoup ici, en mettant sur le même plan le bloc occidental et le bloc de l'Est Chine/Russie et autres émergents quant au bénéfice que peut tirer l'Afrique de leurs positionnements respectifs... J'ai tendance à privilégier sa responsabilité particulière propre, son pragmatisme sinon son opportunisme actif pour en récolter les meilleurs fruits !
Chine, Russie, Inde et même Brésil ont vite fait de créer un autre cercle de puissants d'où nous risquons d'être absents; "les loups ne se mangent pas entre eux et timeo Danaos et dona ferentes" !!!
Il nous reste d'abord de nous battre intelligemment et avec détermination, rien ne nous sera donné en cadeau !
Compatriotiquement!
C’est clair : plus qu’en la Russie l’Occident à face à Poutine un redoutable adversaire qui répond du tac au tac face aux mesures sévères du premier qui bloquent l’accès des marchés financiers européens aux firmes et aux banques russes et interdisent toute nouvelle vente d’armes et de technologies sensibles dans le domaine de l’énergie et des biens à double usage militaire et civil à la Russie et par ailleurs bloquent également les avoirs des hommes d’affaires russes proches de Poutine.
L’enjeu : pour Poutine, garder la main sur l’Ukraine (soutien des forces séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine) et sur son pré-carré, un peu son "empire" en vrai tsar !
Pour l’Occident, de même garder l’Ukraine dans son giron en faisant pression sur le président russe afin de l’amener à cesser son soutien aux séparatistes en Ukraine et les contraindre à négocier avec le pouvoir à Kiev. Une Ukraine qu'il veut sinon européenne au moins ouverte
!
Depuis le crash de l’avion malaisien dans l’Est de l’Ukraine, attribué à un tir de missile par les séparatistes pro-russes; il y a comme une escalade dans une nouvelle "Guerre froide" avec des mesures de plus en plus sévères; jusqu‘où et qui y perdra le plus au change ?
Si plus généralement la collusion entre considérations politiques et marchés n’a pas toujours résolu les conflits dans le passé, de deux bords personne ne tirera vraiment un bénéfice franc d’un isolement politico-économique de la Russie (et dépendances) !
Voilà donc un Poutine, sourcilleux nationaliste et même "impérialiste" néanmoins toujours habile et téméraire manœuvrier, donc plus pragmatique à terme ! Cet embargo peut à terme être l'occasion de développer son marché intérieur et d'ouvrir son pays à des marchés plus diversifiés notamment régionaux et sud américains mais l’Occident particulièrement l’UE était jusque là son partenaire commercial privilégié; une guerre économique totale avec le bloc occidental lui sera ainsi longtemps préjudiciable sur une économie en souffrance qui aurait encore perdu récemment d’importantes fuites de capitaux; acceptera-t-il de sacrifier le bénéfice passé sur l’autel de ses visées impérialistes ?
Habile chantage pour obtenir plus ou projet réfléchi d’autonomie et de renaissance de son empire passé ? Attendons voir !
Quant à l’Occident; il a quelque part perdu par ses hésitations et mollesse (Poutine l’attaque parce qu’il ne le voit pas asse couillu pour lui faire très mal; jusque quand ?) et son échec à « intégrer » l’ennemi russe dans un monde unipolaire mené par les USA…
Sera-t-il capable d’accepter de digérer le manque à gagner par la perte significative d'un marché russe pour ce dernier objectif ?
C’est peut-être encore la Chine et le reste des « émergents » qui auront le dernier mot !
Pour quel système mondial demain et surtout l’Afrique en bénéficiera-t-elle ? Osons espérer que oui !
Au final j'avoue au travers de mes analyses une vision quelque peu naïve que ne partagent pas beaucoup ici, en mettant sur le même plan le bloc occidental et le bloc de l'Est Chine/Russie et autres émergents quant au bénéfice que peut tirer l'Afrique de leurs positionnements respectifs... J'ai tendance à privilégier sa responsabilité particulière propre, son pragmatisme sinon son opportunisme actif pour en récolter les meilleurs fruits !
Chine, Russie, Inde et même Brésil ont vite fait de créer un autre cercle de puissants d'où nous risquons d'être absents; "les loups ne se mangent pas entre eux et timeo Danaos et dona ferentes" !!!
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Compatriotiquement!
ndonzwau
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