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RÉINVENTONS LA DÉMOCRATIE, INVENTONS NOTRE DÉMOCRATIE ! FÉTICHISME ÉLECTORALISTE ET COLONIALISME ÉCONOMIQUE !!!!!

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Message  ndonzwau 5/3/2023, 6:58 pm

RÉINVENTONS LA DÉMOCRATIE, INVENTONS NOTRE DÉMOCRATIE !
FÉTICHISME ÉLECTORALISTE ET COLONIALISME ÉCONOMIQUE !!!



"Congolais, réinventons la démocratie ! - 26 février 2023
Communication de l’abbé José MPUNDU (Prêtre de l’archidiocèse de Kinshasa) à l’occasion de la Remise du Grand Prix de Mérite Patriotique BAKANJA-KIMBANGU, à Kinshasa, le 25 février 2023.

= https://www.ingeta.com/congolais-reinventons-la-democratie/

Introduction

Avant toute chose, je vous invite à vous lever et à garder une minute de silence en mémoire de tous nos compatriotes qui ont donné leur vie pour un Nouveau Congo.
Je tiens à remercier le Professeur Isidore Ndaywell, Coordonnateur National du CLC, pour m’avoir non seulement invité à cette manifestation mais surtout pour m’avoir demandé de prendre la parole pour partager avec vous ma vision de la démocratie.  Merci mon cher frère Isidore !
Les seize jeunes qui vont recevoir aujourd’hui, à titre posthume, le Grand Prix de Mérite Bakanja-Kimbangu, de même que les compatriotes qui sont tombés sous les balles meurtrières de l’armée répressive, le 16 février 1992, il y a de cela 31 ans, nous avons l’habitude de les considérer comme les martyrs de la démocratie. Personnellement, qu’il s’agisse de Thérèse Kapangala, de Rossy Mukendi, pour ne citer que ces deux noms parmi tant d’autres, je les considère comme des témoins de la lutte pour un « Autre Congo ». Pourquoi pas une « Autre Afrique » ? Ils ont tous donné leur vie pour un Congo plus beau qu’avant comme nous le chantons dans notre hymne national.
Si nous avons l’habitude de les considérer comme des martyrs de la « démocratie », c’est parce que leur engagement est vécu dans le contexte de ce que nous appelons la démocratisation ou le processus de démocratisation de notre pays. Et pourtant, après l’indépendance, notre pays portait déjà le nom de République Démocratique du Congo

Relisons notre histoire

Je nous invite à relire notre histoire. Lorsque nous accédons à la soi-disant indépendance ou à une apparente souveraineté internationale, notre pays a pris comme nom République Démocratique du Congo. A l’avènement de Mobutu au pouvoir, ce dernier, au nom de la politique du recours à l’authenticité, change le nom du pays en République du Zaïre mot qui vient de nzadi qui signifie fleuve.
Pendant tout le temps qu’il était au pouvoir, au sommet de l’Etat, Mobutu nous a fait croire que nous étions toujours un Etat démocratique mais d’une démocratie à l’africaine où il n’y avait qu’un seul chef qui ne pouvait souffrir d’aucune contestation encore moins d’aucune opposition.
Pendant tout son règne qui a duré 32 ans, nous avons connu effectivement les trois pouvoirs constitutionnels qui caractérisent la démocratie à l’occidentale : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. A cette époque, on parlait du conseil législatif, du conseil exécutif et du conseil judiciaire.
Depuis 1957, nous avons connus une succession d’élections dans notre pays qui ont commencé par les élections municipales et locales. Pendant le règne de Mobutu, nous avons connu des élections législatives et
présidentielles qui n’avaient d’élections que le nom car, pour les élections présidentielles, nous n’avions qu’un seul candidat, Mobutu. Et curieusement, tous ceux qui nous chantent aujourd’hui la démocratie et qui avaient placé Mobutu à la tête de notre pays, n’ont jamais contesté les élections à la Mobutu. Bien au contraire, ils lui ont fait dérouler le tapis rouge partout à travers le monde comme président élu.
Au début des années 90, la donne politique internationale change. Le mur de Berlin tombe et la guerre froide entre l’Ouest et l’Est de l’Europe semblent terminée. Le temps des dictateurs fabriqués et soutenus par l’Occident est révolu. Il faut une autre classe de dirigeants correspondant à la nouvelle géopolitique internationale, au nouvel ordre mondial que les maîtres du monde mettent en place. C’est dans ce contexte qu’il faut situer le lancement du processus de démocratisation avec ses « martyrs ».
Tout commence avec le discours du Président français, François
Mitterrand en juin 1990. En effet, le 20 juin 1990, François Mitterrand a tenu un discours à la 16e conférence des Chefs d’Etats d’Afrique et de France, à La Baule, où il a imposé aux pays africains l’ouverture « démocratique » dont il a fait une condition sine qua non pour bénéficier des aides de la France pour le développement de l’Afrique.
Le discours de La Baule invite les pays africains à lancer un processus de démocratisation sous peine, dans le cas contraire, d’être privé du soutien du Nord comme si le Nord nous soutenait. Une démocratie copie certifiée conforme de ce qui se passe au Nord.
Les passages-clé du discours relient l’aide publique importante en pleine crise de la dette à une « démocratisation » par un passage au « multipartisme ». « La France, dira Mitterrand, liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ; il n’y a aucune aide normale de la France à l’agar des pays africains, mais il sera plus évident que cette aide sera plus tiède envers ceux qui se comporteraient de façon autoritaire et plus enthousiaste envers ceux qui franchiront, avec courage, ce pays vers la démocratisation… ».
Depuis lors, tous les dirigeants africains ayant participé à cette conférence, de retour chez eux, par obéissance, ou mieux, par soumission à leur maître, ont organisé une Conférence Nationale Souveraine pour opérer une sorte de révolution de palais en vue de lancer la démocratisation de leur pays. Ils ont mis un nouvel ordre démocratique, une démocratie copiée-collée, à l’occidentale pour ne pas dire à la française, avec son cortège de multipartisme et d’élections.


Evaluation de la démocratie copiée-collée

Trente-trois ans après, cette démocratie contrôlée et dictée par l’Occident a donné quels résultats dans notre pays ?
Le multipartisme a entraîné la division sur base non pas idéologique mais plutôt sur base d’appartenance ethno-tribale. En effet, il faut reconnaître que, depuis l’époque de la fin de la période coloniale, la plupart de nos partis politiques – on en dénombre aujourd’hui, plus ou moins mille dans notre pays- sont créés sur base ethno-tribale. Ces partis politiques sans idéologie propre, sans un projet de société propre, sont des répliques des partis politiques occidentaux. Ils se disent des socio-démocrates ou des libéraux alors qu’en réalité ils sont bakongo, bangala, baluba, baswahili, etc. C’est la tribalisation de la vie politique contre l’édification d’une nation unie.
Les élections ont entraîné une crise de légitimité du fait qu’elles ne servent qu’à donner une apparente légitimité interne à un « pouvoir » dont la vraie légitimité est externe. En effet, nos dirigeants sont ceux que les occidentaux qui se considèrent comme les « maîtres du monde », les « faiseurs des rois », choisissent ou désignent avant même le processus électoral. Le choix du peuple ne compte pour rien. En fait, nous participons à des parodies électorales où les résultats proclamés sont ceux décidés d’avance par les « maîtres du monde » qui, finalement, restent les vrais dirigeants de notre pays.
Ces élections sont à l’origine des violences meurtrières que nous observons, avant, pendant et après leur tenue. Et les compatriotes que nous mettons à l’honneur aujourd’hui sont les victimes de ce processus électoral.
Au regard de notre histoire, force nous est de reconnaître que nous ne sommes pas un Etat indépendant et souverain mais une colonie internationale créée en 1885, à la Conférence de Berlin. Une colonie politique et, le Pape François nous l’a rappelé dans un de ses discours durant sa récente visite à notre pays, une colonie économique. J’ajoute que nous sommes et restons une colonie culturelle. La preuve est que ma communication, je la fais en quelle langue ? En français, la langue des autres. Or, la langue est un véhicule de la culture.
L’indépendance proclamée le 30 juin 1960 n’était qu’une indépendance de
façade, formelle et non réelle. « Après l’indépendance, disait le Général Janssens aux soldats de la Force Publique, c’est comme avant l’indépendance », avec la seule différence que les vrais dirigeants qui sont à Bruxelles, à Paris et à Washington ont placé leurs « nègres de service » qui travaillent non pas pour le bien-être du peuple mais pour les intérêts de leurs maîtres et leurs intérêts personnels, égoïstes.
Il suffit de voir le ballet de nos dirigeants ou prétendants au pouvoir qui se rendent presque tous à Washington, à Bruxelles, à Paris pour être adoubés par les « maîtres du monde ». C’est là que se donne le vrai pouvoir.
En lieu et place d’une démocratie, les élections nous ont amené une aristocratie représentative électorale.
En réalité, comme le dit si bien Madame Danielle Mitterrand, la veuve du Président Mitterrand, « la démocratie n’existe ni aux USA, ni en France ». Ecoutons ce passage de sa réponse à la question lui posée par le journaliste, Hernando Calvo Ospina !
HCO : Mme Mitterrand, est-ce que la France est un modèle de démocratie ? Est-ce une puissance mondiale ? 
DM : En France, on élit et les élus font des lois qu’ils n’ont jamais proposées et dont nous n’avons jamais voulu. Est-ce la démocratie quand après avoir voté nous n’ayons pas la possibilité d’avoir de l’influence sur les élus ? Je ne crois pas que dans aucun des pays qui se disent démocratiques, ceux-là qui croient avoir le droit d’imposer « leur » démocratie aux pays pauvres, il existe la démocratie, à commencer par les Etats-Unis et la France. La France est une démocratie ? Une puissance mondiale ? Je le dis en tant que Française : Cela ne veut rien dire. Si on le dit pour les niveaux d’éducation, de la recherche ou de la santé, c’est nul. Pour être capables d’aider la paix mondiale, les peuples opprimés ? Nul »
Après ce verdict de Madame Danielle Mitterrand, il ne nous reste plus qu’une seule chose à faire : inventer notre démocratie.


Inventons notre démocratie

Pour ma part, j’estime que la démocratie n’est pas d’abord une affaire des institutions dites démocratiques. En effet, notre pays a connu et connaît encore aujourd’hui l’existence des différentes institutions dites démocratiques avec une apparente séparation des pouvoirs. Pouvonsnous dire pour autant que nous sommes un Etat démocratique ? Non. A chaque fois, nous déplorons la dictature de nos dirigeants qui ne sont pas du tout des démocrates.
La démocratie est avant une culture, un mode de vie qui comprend des valeurs éthiques, morales et humaines.
J’en retiens principalement quatre avec leurs corollaires. Il s’agit notamment de l’égalité avec le respect de tout être humain, de la participation avec la responsabilité personnelle et collective, de la liberté qui provient de la vérité et de la justice qui engendre la vraie paix.

La démocratie c’est l’égalité
Le Congo démocratique nouveau que nous voulons bâtir ensemble devra être une société d’égalité où nul ne se considère comme supérieur aux autres se donnant ainsi le droit de les dominer et nul ne se considère comme inférieur aux autres se plaçant ainsi dans une situation de soumission servile. Les rapports entre les citoyens sont des rapports égalitaires, des rapports de collaboration, de coopération et non de domination et d’exploitation.
Cette égalité de nature n’est nullement à confondre avec l’uniformité, avec un nivellement par le bas ou avec une standardisation où tout le monde sera comme tout le monde. Il s’agit d’une égalité par rapport à notre nature humaine commune. C’est le principe de la commune humanité dont parle le Manifeste Convivialiste. Ce principe nous dit : « par-delà les différences de couleur de peau, de nationalité, de langue, de culture, de religion ou de richesse, de sexe ou d’orientation sexuelle, il n’y a qu’une seule humanité, qui doit être respectée en la personne de chacun de ses membres » (Manifeste Convivialiste, Déclaration d’interdépendance, Editions Le Bord de l’eau, p. 25)
Tous, comme le dit la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, nous sommes égaux en dignité, en droits et cela, dès la naissance (Article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme). 
Cette égalité se vit dans la diversité et la complémentarité des rôles, des statuts, des fonctions. Comme pour les membres d’un même corps, chacun a un service à rendre à l’ensemble du corps.
Dans cette société égalitaire, chaque congolais et chaque congolaise est respecté non pour son titre ou son statut social ou encore pour son rôle ou sa fonction dans la société, mais parce qu’il est un être humain créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.
En d’autres termes, cet Autre Congo sera une terre où le respect de tout être humain et de ses droits fondamentaux sera une règle absolue, observée par tous. Et le premier droit de chaque être humain est celui de vivre décemment et dignement. Le droit à la vie et à une vie digne d’un être humain est fondamental et sacré. Et si vivre c’est aimer et être aimé, nous pouvons dire que le premier droit de l’homme est celui d’être aimé.
Corollairement, son premier devoir est celui d’aimer.
Le respect de ce droit exclut l’application de toute sanction qui supprime la vie. La peine de mort ne pourra donc pas avoir une place dans cette nouvelle société démocratique congolaise. Une révision du code pénal s’avère indispensable pour abolir la peine capitale.

La démocratie c’est la participation

Le Congo démocratique que nous voulons construire sera une société de participation où tout le monde mettra la main dans la pâte. Cette participation peut être directe ou indirecte selon les cas. Elle implique toutes les filles et tous les fils du pays à la réflexion, à la prise des décisions, à l’exécution de celles-ci et surtout à l’évaluation des résultats.
Réfléchir ensemble, prendre des décisions ensemble, les exécuter ensemble et les évaluer ensemble, tel sera le mode de fonctionnement qui caractérisera ce Nouveau Congo ! Et ici, nous devons reconnaître que nous, les Congolais, nous sommes rebelles à l’évaluation. Nous avons connu des élections depuis 1957 jusqu’aujourd’hui. Avons-nous fait une évaluation de toutes ces élections pour en tirer des leçons en vue de rectifier éventuellement le tir ?
Périodiquement, selon ce que la Constitution de ce Nouveau Congo va prévoir, le peuple sera appelé à choisir les dirigeants auxquels il confie le mandat de conduire les affaires de l’Etat pendant un temps déterminé par la loi fondamentale. Les modalités de ce choix peuvent être la combinaison des élections et du tirage au sort.
Ici, j’invite tous mes compatriotes à lire attentivement le livre de David
Van Reybrouck intitulé « Contre les élections » paru aux Editions Babel en 2014. Dans ce livre, il explique très clairement que l’institution des élections au XVIIIe siècle a contribué à tuer la démocratie pour mettre en place une aristocratie représentative électorale.
Cette participation ne sera pas seulement politique mais elle sera aussi culturelle et économique. En effet, dans la société de participation, tout congolais et toute congolaise sont appelés à travailler pour la promotion des valeurs culturelles congolaises.
Tous sont appelés à produire pour assurer leur subsistance. Le travail de la terre, le travail manuel seront valorisés au même titre que le travail intellectuel. Dans le nouveau Congo démocratique, l’obligation est faite à l’Etat de procurer du travail à tout le monde en créant des emplois afin qu’il n’y ait plus de place pour les parasites et les paresseux.
Cette participation fera de chacun et chacune de nous responsable de notre bonheur ou de notre malheur. Il n’y a plus de place pour la recherche de boucs émissaires sur qui on rejette la responsabilité de tous nos malheurs. Si rien ne va, nous en répondrons devant Dieu, devant les hommes et devant l’histoire. En d’autres termes, ce Congo nouveau est une société de responsabilité, une société d’hommes et de femmes responsables.
Tous et toutes, nous sommes, certes responsables collectivement mais cela n’empêche pas que chacun et chacune, selon sa fonction et son rang dans la société, puisse assumer sa responsabilité individuelle. Et, cette responsabilité individuelle ne sera pas la même pour tout le monde. Ainsi, par exemple, la responsabilité d’un chef de l’Etat n’est pas comparable à celle d’un huissier au point de vue de ses conséquences dans la vie de la nation.

La démocratie c’est la liberté

Le Congo démocratique que nous voulons bâtir ensemble sera une société de liberté où il n’y a plus de place pour un quelconque asservissement ou esclavage.
Tout congolais et toute congolaise devront jouir de la liberté de penser, de s’exprimer, d’agir, de s’associer avec d’autres, de se mouvoir tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, de choisir sa religion et de la pratiquer.
Toutes ces libertés sont garanties par la déclaration universelle des droits de l’homme et par notre constitution. Elles ne peuvent souffrir d’aucune restriction hormis celles prévues par les lois du pays.
L’exercice de ces libertés s’enracine dans une liberté profonde du cœur vis-à-vis de l’avoir, du pouvoir et de la gloire qui sont les véritables sources d’asservissement de l’homme et de la femme congolais.
En effet, la plus grande faiblesse du congolais et de la congolaise d’hier et d’aujourd’hui reste son asservissement à l’argent, au pouvoir et aux honneurs.
Cette liberté profonde est le fruit de la vérité qui seule libère totalement l’homme : vérité sur l’homme, sur la religion, sur les biens matériels et l’argent, sur le pouvoir et sur la gloire.

Vérité sur l’homme
Tout être humain est image de Dieu. Il est créé pour aimer et pour être aimé. L’amour est la finalité de son existence. Voulu par son créateur comme un être-avec, seul l’amour donne un sens à la vie de l’homme.
Créé à l’image de Dieu pour être sa ressemblance, l’homme est la seule valeur sacrée qui a droit à un respect absolu.
Vérité sur la religion 
La religion n’est pas un moyen pour opprimer l’homme ni pour diviser les hommes. La vraie religion sera celle de l’amour et de la fraternité. La vraie religion sera celle qui invite à la pratique de la justice avant toute autre chose. La vraie religion ne sera pas celle d’un culte extérieur mais celle d’une vie caractérisée par l’amour, la justice, la paix et la vérité.  
Vérité sur les biens matériels et l’argent
Les biens matériels et l’argent sont des moyens au service du bonheur de l’homme et non des fins en soi. Les biens matériels sont destinés à tout le genre humain et doivent servir au bonheur de tous et pas seulement d’une poignée de gens. D’où l’existence d’une répartition équitable des biens du sol et du sous-sol congolais afin que nul fils ni fille de ce pays ne soit dans le dénuement, dans le manque.
Les biens doivent être acquis par des voies honnêtes et non par le vol, le pillage et la prédation. Et ils doivent être utilisés dans un esprit de solidarité et de partage.
Vérité sur le pouvoir
Le pouvoir doit être au service de la croissance et de l’épanouissement de tout l’homme et de tous les hommes. Il ne peut être considéré comme venant de Dieu que dans la mesure où celui qui l’exerce le fait dans un esprit de service.
Les modes d’exercice du pouvoir tyranniques, autocratiques et dictatoriaux, dans la mesure où ils oppriment l’homme, ne viennent donc pas de Dieu.
Le pouvoir est désacralisé et démystifié. Les chefs, dans le Nouveau Congo démocratique, ne seront pas des démiurges aux pouvoirs illimités mais des serviteurs du peuple pour un temps bien précis. Ils n’auront comme unique préoccupation le bien-être de la population qui est leur patron.
Le pouvoir sera exercé avec la tête c’est-à-dire avec la raison, l’intelligence et avec le cœur, c’est-à-dire avec l’amour.
Vérité sur la gloire
La vraie gloire ne peut provenir que du bien que nous faisons aux autres. La gloire n’est donc pas dans la possession égoïste des biens ni dans l’exercice tyrannique du pouvoir encore moins dans le culte entretenu de la personnalité.
La vraie gloire se reçoit dans une attitude d’humilité. D’où les chefs du Congo Nouveau seront des serviteurs humbles et simples, proches du peuple.
Cette société congolaise de liberté est une société en permanent processus de libération. Car la liberté est le fruit d’un combat de tous les jours. Elle n’est pas un acquis statique mais une réalité dynamique sui se conquiert tout au long de l’existence d’un être humain, d’une société.
Cette société est donc une société en train de devenir toujours plus libre.

La démocratie c’est la justice

Le Congo démocratique que nous voulons construire ensemble sera une société de justice.
Justice distributive 
Justice distributive par laquelle toutes les ressources du pays sont réparties de manière équitable de sorte que chaque congolais et congolaise jouissent du minimum vital, d’un minimum de confort. Justice sociale dans la répartition des salaires en veillant à ce que les écarts ne soient pas trop criants et que le plus bas salaire puisse permettre à celui qui le touche de vivre décemment.
Cette justice distributive n’est pas à confondre avec la charité ou la générosité des nantis vis-à-vis des pauvres mais elle est fondée sur l’application des droits économiques.
D’une part, les employeurs n’ont pas à faire des cadeaux aux employés mais ils sont tenus à leur assurer un traitement juste et viable leur permettant de vivre dignement, de nouer les deux bouts du mois et de subvenir à leurs besoins fondamentaux.
D’autre part, les travailleurs ont le droit de réclamer des salaires suffisants et payés régulièrement pour leur permettre de travailler convenablement et d’être à l’abri de la corruption.

Justice juridique ou rétributive
Justice juridique dans le règlement des conflits et des litiges ou le droit est prononcé de manière vraie. Il ne sera plus question de donner raison seulement à celui qui est puissant, qui a le pouvoir et qui a l’argent. Les sanctions sont faites pour tous ceux qui enfreignent la loi. Il n’est donc plus question d’impunité ni d’une justice à deux vitesses.
Justice-miséricorde
Enfin, justice-miséricorde où l’on donne toujours à chaque homme et femme, quel que soit le degré de sa faute, la chance de se convertir, de se racheter et de réparer sa faute. La justice-miséricorde est donc celle qui détruit le mal et sauve le malfaiteur en lui redonnant la dignité qu’il avait perdue en commettant le mal. La justice-miséricorde est celle qui pardonne et, partant, donne et sauve la vie.
L’application de la justice-miséricorde exclut totalement la peine de mort qui ne donne aucune chance au malfaiteur pour une éventuelle chance de réinsertion sociale. Les pénitenciers sont transformés en maison de rééducation.
Cette justice donne comme fruit la paix profonde et durable. En effet, la paix dont notre pays a besoin n’est pas seulement la fin de la guerre ou l’absence de la guerre mais une paix profonde du cœur lorsque chaque congolais et congolaise vivra en harmonie avec lui-même et avec le autres; une paix sociale qui repose sur des rapports sociaux d’égalité et de respect mutuel.
Cette paix profonde et durable est l’aboutissement d’une guerre contre soi-même. Athénagoras, Patriarche de Constantinople, décrit cette guerre d’une manière pertinente dans le texte suivant:

Une guerre qui mène à la paix
Il faut mener la guerre la plus dure qui est la guerre contre soi-même.
Il faut arriver à se désarmer.
J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible.
Mais je suis désarmé.
Je n’ai plus peur de rien, car l’Amour chasse la peur.
Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses.
J’accueille et je partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets. Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs, mais bons, j’accepte sans regrets. J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel est toujours pour moi le meilleur.
C’est pourquoi, je n’ai plus peur. Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur.
Si l’on désarme, si l’on se dépossède, si l’on s’ouvre au Dieu Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors, lui efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible.
Athënagoras
Patriarche de Constantinople

Ma proposition pour inventer la démocratie

La démocratie que je nous propose d’inventer sera une démocratie participative, consensuelle où les décisions se prennent ensemble et où le peuple reprend son vrai pouvoir.
Il nous faudra retrouver l’arbre à palabre sous lequel nous nous mettrons ensemble pour décider de ce que nous devons faire ensemble pour notre bien-être commun, notre bien-vivre ensemble.
Pour commencer, je propose aux congolais de se mettre ensemble pour se poser les trois questions fondamentales suivantes :

La première
: Qu’ai-je fait du Congo ? Qu’ai-je fait pour que le Congo en arrive là où il est aujourd’hui ? Qu’ai-je omis de faire pour que le Congo en soit là où il est aujourd’hui ? Qu’avons-nous fait pour que le Congo en arrive là et qu’avons-nous omis de faire pour que le Congo en soit là ?
Cette première question établit notre responsabilité personnelle et collective et nous fait prendre conscience que nous sommes responsables de ce qui nous arrive. Cela ne signifie que nous ignorons la responsabilité des autres, des colonisateurs, des néocolonisateurs. Mais cela signifie tout simplement que nous prenons conscience que ces autres ne font finalement rien sans notre participation, sans notre complicité, sans notre collaboration.
Retirer notre participation, notre collaboration à leur système fera écrouler celui-ci ! Ils ont besoin de nous plus que nous nous avons besoin d’eux. Leur mode opératoire consiste à nous amener à consentir librement à notre propre esclavage en croyant que nous ne valons rien, nous sommes inférieurs à eux et que nous ne pouvons rien faire sans eux, sans leur savoir et sans leur avoir. Lorsque le libre consentement ne marche pas, ils recourent alors à la violence physique et psychologique. Ils distillent en nous la peur du « maître » qui est prêt à tuer les contestataires de leur pouvoir.
Cette première question nous amène à sortir de la manie de chercher toujours un bouc-émissaire à qui nous attribuons, à tort ou à raison, la cause de nos malheurs, de nos misères.
Au terme de cette première question, nous prenons des résolutions pour le changement individuel, personnel et collectif.

La deuxième
: Quel est le Congo dont je rêve ? Quel est le Congo dont nous rêvons tous ? Cette question nous place dans la position de celui qui veut construire sa maison et commence d’abord par rêver de ce que sera sa maison. Il imagine ce que sera la maison qu’il veut bâtir et dans laquelle il veut vivre. Il en fait un portrait-robot avant de confier le travail d’élaboration du plan à un architecte.
Nous devons être les concepteurs et les architectes de la Maison Congo dans laquelle nous voulons vivre ensemble. Nous devons rompre avec le Congo conçu par les autres et pour les autres afin de penser au Congo qui sera le nôtre.
C’est à cette étape que devrait intervenir l’élaboration d’une charte ou d’une constitution qui comprendra les normes collectives auxquelles nous devons nous soumettre tous sous peine d’une sanction positive afin de garantir un vivre-ensemble harmonieux et fraternel.
Ainsi, nous quitterons les constitutions élaborées pour nous sans nous par les maîtres et qui privilégient leurs intérêts en ne tenant nullement compte de nos spécificités culturelles, nos valeurs culturelles.

La troisième et dernière question
: que faire pour passer du rêve à la réalité ? C’est ici le lieu et le moment d’élaborer un plan stratégique d’action en répondant aux questions : qui fait quoi ? avec qui ? avec quoi ? quand ? comment et où ?  
Définir les tâches et le profil de ceux qui doivent les assumer sera le premier travail à cette dernière étape. Choisir et désigner les conducteurs des travaux selon les critères et un profil, établis par nous-mêmes en conformité avec la maison de nos rêves interviennent à ce stade-ci de notre construction collective.
Les modalités de ce choix seront celles que nous aurons nous-mêmes inventées. Il n’est plus question de recourir à des élections telles que l’Occident nous l’impose alors que ces élections ont montré leurs limites même en Occident où le taux d’abstention ne fait que croître.
Ces conducteurs des travaux travailleront en équipe pluridisciplinaire où toutes les compétences seront représentées pour un travail efficace et bien fait.


Conclusion

Au terme de cette réflexion-proposition, d’aucun pourra me dire que je rêve ; c’est de l’utopie tout cela. Eh bien, je répondrais : le monde appartient à ceux qui savent rêver et traduire leur rêve en réalité.
Ghandi a rêvé de l’Inde indépendant et il s’est engagé jusqu’à perdre sa vie. Et l’Inde a obtenu son indépendance et se trouve aujourd’hui parmi les pays émergents.
Martin Luther King a rêvé des Etats-Unis sans discrimination raciale et s’est investi dans cette lutte jusqu’à donner sa vie. Des années plus tard après sa mort, Obama est devenu le premier président américain, noir.
Mandela a rêvé d’une Afrique du Sud sans apartheid et il a payé le prix en faisant la prison pendant une vingtaine d’années. Aujourd’hui, l’Afrique du Sud vit sans apartheid.
Lumumba, Kwame Nkrumah, Thomas Sankara, Kadafi et tant d’autres ont rêvé d’une Afrique unie et forte, d’une Afrique libre et indépendante. Reprenons leur rêve et passons à l’acte pour que ce rêve, par notre engagement personnel et collectif, déterminé et résolu, devienne une réalité.
Je vous remercie pour votre aimable attention.
Fait à Kinshasa, le 25 février 2023
José MPUNDU
Prêtre de l’archidiocèse de Kinshasa



"Fétichisme électoraliste et « colonialisme économique » au Kongo-Kinshasa - Par Jean-Pierre Mbelu - 7 février 2023
= https://www.ingeta.com/fetichisme-electoraliste-et-colonialisme-economique-au-kongo-kinshasa/
« Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin ! » – Pape François
 

Mise en route

Sous d’autres cieux africains, la souveraineté, la sécurité et la protection de l’intégrité territoriale sont des questions cruciales. Des pays africains engagés dans les cycles électoraux ont compris qu’il fallait faire un pas de côté pour revenir à l’essentiel. Leurs gouvernants ont expliqué à leurs peuples que « la sécurité, il n’y a rien. Il n’y a pas de culture, il n’y a pas de religion, il n’y a pas d’école, il n’y a rien. » Et ils ont mis la défense au coeur des priorités. Ils en ont fait la priorité des priorités, comme le souligne Choguel Maïga.
Au Kongo-Kinshasa, un pays en guerre perpétuelle, des pans entiers de nos compatriotes semblent mettre l’accent est mis sur autre chose :  »les élections ». Ce sont  »les élections libres, transparentes, démocratiques et inclusions » qui semblent être  »la priorité des priorités » pour eux. Pourtant, ils viennent de partager une lecture que le Pape a faite de ce pays en soutenant qu’il est en proie au  »colonialisme économique ». Quel  »piège-à-cons » ? De quoi les élections peuvent-ils être le nom dans  »une colonie économique » ? Voilà des questions que leurs fanatiques ont du mal à se poser.


Le pape applaudi

Le passage du Pape François au Kongo-Kinshasa a marqué plusieurs coeurs et plusieurs esprits kongolais. Ses discours ont pu mettre ces derniers d’accord sur un certain nombres de défis face auxquels le pays est placé. Avant que les compatriotes ne passent à autre chose, il serait intéressant de revenir sur les points ayant provoqué les applaudissements du Pape par les masses kongolaises.
Qui dit « élections » dit un acte de souveraineté posé dans un pays souverain. Comment a-t-on pu organiser un acte de souveraineté dans un pays « colonisé économiquement » et dénommé abusivement « notre jeune démocratie »? Fallait-il attendre le passage du Pape au Kongo-Kinshasa pour que les compatriotes se rendent majoritairement compte qu’ils vivent dans une « colonie économique » ?
Au palais de la Nation, le Pape est applaudi lorsqu’il dit : « Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin ! »
Ce texte est lu après cet autre : « Après le colonialisme politique, un « colonialisme économique » tout aussi asservissant s’est déchaîné. Ce pays, largement pillé, ne parvient donc pas à profiter suffisamment de ses immenses ressources: on en est arrivé au paradoxe que les fruits de sa terre le rendent « étranger » à ses habitants. Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants. »
Applaudissant le Pape, les Kongolais(es) partagent ses points de vue. Ils acceptent qu’il y a des mains à retirer de l’Afrique et du Kongo-Kinshasa où « le colonialisme économique » est aussi asservissant que le (jadis) colonialisme politique. Ce point de vue est partagé après plusieurs cycles électoraux ayant eu lieu au pays : en 2006, en 2011 et en 2018.
Pourquoi ces « élections » n’ont-ils pas pu sortir le pays du « colonialisme économique » ? Et puis, qui dit « élections » dit un acte de souveraineté posé dans un pays souverain. Comment a-t-on pu organiser un acte de souveraineté dans un pays « colonisé économiquement » et dénommé abusivement « notre jeune démocratie »? Fallait-il attendre le passage du Pape au Kongo-Kinshasa pour que les compatriotes se rendent majoritairement compte qu’ils vivent dans une « colonie économique » ?
A quoi auraient servi « les élections » dans « une colonie économique » ? Comment peut-on faire de ces « élections » un fétiche dans un contexte de non-souveraineté ? Quel peut être le sens de ce fétichisme électoraliste ?


Répondre à ces questions

Répondre à toutes ces questions pourrait conduire à un véritable discernement aux sujets la priorité des luttes à mener. Un pays est soit souverain, soit soumis, colonisé. Lorsqu’il est souverain, il décide des orientations politiques, économiques, sociales, culturelles, spirituelles, géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques à se donner. Souverain, il ne réduirait pas « les élections » au choix à effectuer entre des candidats déjà triés par leurs partisans et/ou par « le parti de l’argent ». Il peut organiser sa « démocratie souveraine » en mettant un accent particulier sur le débat pluriel, la participation citoyenne et la délibération au cours de la prise des décisions collectives aux différents niveaux de l’organisation du pouvoir et au sein des collectifs citoyens. Il pourrait privilégier les tables palabriques au coeur d’un empire ou d’un royaume à la place de la compétitivité abrutissante (et ennemie de la production de l’intelligence collective) chère à « la particratie-représentativo-démocratique » au service du fait économique dominant.
Il ne s’agit pas tout simplement du « changement des mentalités ». Non. Il s’agit de la genèse (et/ou de la digenèse) d’un autre homme et d’une autre femme kongolais(e). Cette thérapie peut accompagner des résistances, des dissidences et des luttes souverainistes nécessaires à l’insurrection des consciences et au renversement des rapports de force entre le fait économique dominant orchestrant la guerre raciste de prédation et de basse intensité dont souffre le pays et le fait politique populaire.
Dans un pays colonisé économiquement, « les élections » servent à offrir au fait économique dominant « ses petites mains ». Lorsque le Pape parle des « mains à retirer du Kongo et de l’ Afrique », il devrait aussi ajouter « les petites mains ». Dans un pays colonisé économiquement, il y a effectivement une alliance entre « les mains » des mondialistes apatrides et « les petites mains » des compradores, filles et fils du pays abruti(e)s par « le poison de la cupidité » (et de la convoitise). Les élections constituent le moment où se scelle cette alliance aux dépens des citoyens fanatisés et appauvris anthropologiquement.
Dans un pays colonisé économiquement, « le poison de la cupidité ensanglantant ses diamants » retarde les luttes libératrices et est l’une des choses la mieux partagée et la plus manducatrice des cœurs et des esprits. Ce poison ne laisse pas de l’espace à la pensée et à la réflexion. Il ne permet même pas un passage au crible de la critique des effets nocifs des cycles électoraux passés. Une thérapie culturelle et spirituelle collective guérissant les cœurs et les esprits de ce « poison de la cupidité » (et de la convoitise) est une des luttes à privilégier.
Il ne s’agit pas tout simplement du « changement des mentalités ». Non. Il s’agit de la genèse (et/ou de la digenèse) d’un autre homme et d’une autre femme kongolais(e). Cette thérapie peut accompagner des résistances, des dissidences et des luttes souverainistes nécessaires à l’insurrection des consciences et au renversement des rapports de force entre le fait économique dominant orchestrant la guerre raciste de prédation et de basse intensité dont souffre le pays et le fait politique populaire. Ou plutôt, cette thérapie doit animer toutes les luttes d’émancipation politique au coeur de l’Afrique.


Pour conclure : le fétichisme électoraliste peut être un signe

Dans un pays colonisé économiquement, le fétichisme électoraliste peut être un signe. Il peut signifier l’ignorance de la situation réelle de ce pays et le refus collectif d’avoir une véritable emprise sur le réel. Il peut aussi dire le refus d’apprendre dans un contexte d’inculture généralisée.
L’ignorance peut se guérir par l’apprentissage et le réapprentissage de l’histoire, de la politique et de la géoéconomie du pays sur le temps long. Heureusement que le Pape est passé par le Kongo-Kinshasa et a répété ce que d’aucuns savaient déjà : « la seule chose durable au Congo est la colonisation » [1]. Heureusement que dans un pays où le principe du « magister dixit », fait encore la loi, le Pape a plus de chance d’être écouté. Mais pour combien de temps ? Wait and see ! (à suivre)


"Le fétichisme électoraliste et « colonialisme économique » au Kongo-Kinshasa (suite) - 13 février 2023
= https://www.ingeta.com/le-fetichisme-electoraliste-et-colonialisme-economique-au-kongo-kinshasa-suite/
« Après le colonialisme politique, un « colonialisme économique » tout aussi asservissant s’est déchaîné. Ce pays, largement pillé, ne parvient donc pas à profiter suffisamment de ses immenses ressources: on en est arrivé au paradoxe que les fruits de sa terre le rendent « étranger » à ses habitants. Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants. » – Pape François

Mise en route

La première partie de cet article a soutenu, entre autres, que dans un pays où le fait économique dominant colonise le fait politique, les élections-pièges-à cons facilitent l’accès aux affaires de « petites mains » du capital financier apatride. Ces larbins et compradores ne peuvent pas être au service de « la démocratie souveraine ». Pour cause. Le « colonialisme économique », comme l’a si bien souligné le Pape François, est asservissant. Cet asservissement à la fois politique et économique a duré et dure toujours. Il a produit une (in)culture dominée par le poison de la cupidité et de la convoitise. Il a détruit dans plusieurs coeurs et plusieurs esprits kongolais « la common decency », c’est-à-dire cet ensemble de dispositions à la bienveillance et à la droiture qui constitue (…) l’indispensable infrastructure morale de toute société juste. [1] » Il y a détruit les marqueurs de l’humain que sont l’honneur, l’amitié, le devoir, la compassion, le dévouement à une oeuvre ou à une communauté, la solidarité, la civilité, etc. , c’est-à-dire « ce au nom de quoi un sujet peut décider, quand les circonstances l’exigent, de sacrifier en tout ou en partie ses intérêts, voire, dans certaines conditions, sa vie elle-même.[2]»
Bâtir un pays plus beau qu’avant, comme y invite l’hymne national, kongolais devient, dans ce contexte d’asservissement politique et économique, une tâche politique fondamentale . Celle-ci devrait prendre appui sur l’infrastructure morale détruite et être privilégiée.


Fétichisme électoraliste , guerre et coup d’Etat

Localiser « la démocratie » dans « les élections dites libres, transparentes, démocratiques et inclusives », c’est tomber dans le fétichisme électoraliste et passer à côté de « la démocratie (palabre) des autres [3] ». C’est participer du processus de l’asservissement politique consistant à plébisciter « les petites mains » du capital financier afin qu’elles puissent être, à tout jamais, les gestionnaires du « pouvoir-os » à son unique profit en « impuissantant » le souverain primaire. D’ailleurs, comme l’écrit si bien, Alain Badiou, « rien ne produit une plus grande satisfaction des oppresseurs que d’installer les élections partout, que de les imposer, au besoin par la guerre, à des gens qui ne les ont pas demandées. [4]»
Depuis les années 1990 jusqu’à ce ce jour, le Kongo-Kinshasa est en guerre. Et les choix électoralistes profitent au capital financier. Cette guerre signifie le refus du capital financier et de ses « petites mains » compradores de voir le souverain primaire, ses résistants, ses dissidents, ses patriotes souverainistes et ses intellectuels organiques s’organiser en collectifs citoyens pour s’emparer du pouvoir réel en renversant la pyramide hiérarchique aux mains des larbins.
Il est possible que plusieurs compatriotes Kongolais aient oublié que la guerre et les élections marchent de pair au Kongo-Kinshasa. Et que le réel kongolais est dominé par la guerre depuis plus de trois décennies. Et que ce qui manque au pays, c’est d’ajouter aux marqueurs de l’humain kongolais la valeur de la liberté émancipatrice de l’ordre imposé par « la démocratie du marché ».
En effet, la guerre raciste de prédation et de basse intensité imposée au Kongo-Kinshasa et dans la région des Grands Lacs africains date des années 1990. Au cours de ces années ont eu lieu dans plusieurs pays africains des « arbres à palabres » dénommés « Conférences nationales ». Au cours de cette période, le discours tenu par François Mitterrand à la Baule conditionne l’aide (fatale) à accorder aux pays africains par leur engagement dans la processus électoraliste dit « démocratique ».
Des Kongolais ont estimé, à ce moment-là, que la meilleure voie à suivre passait par « leur propre démocratie », « leur propre arbre à palabre », « la Conférence Nationale Souveraine ». Celle-ci, fut, malgré ses limites, un moment de jeter un regard critique sur passé du pays en vue de jeter les bases d’un avenir différent.
Lorsque son financement fit défaut et que des Kongolais(es) qui y tenaient ont voulu reprendre le relais en dépensant leur propre argent afin que cette conférence devenant réellement leur conférence puisse atteindre ses objectifs, Mobutu fut sommé d’y mettre fin.
L’abbé José Mpundu, l’un des compatriotes kongolais ayant pris une part active à cette conférence, en témoigne dans cette vidéo :encore les élections – YouTube . Donc, dans les années 1990, un coup d’Etat fut fait au souverain primaire voulant prendre son destin en main par le capital financier et cette voix pacifique fut oubliée au profit de la guerre et du fétichisme électoraliste. Donc, depuis les années 1990 jusqu’à ce ce jour, le Kongo-Kinshasa est en guerre. Et les choix électoralistes profitent au capital financier. Cette guerre signifie le refus du capital financier et de ses « petites mains » compradores de voir le souverain primaire, ses résistants, ses dissidents, ses patriotes souverainistes et ses intellectuels organiques s’organiser en collectifs citoyens pour s’emparer du pouvoir réel en renversant la pyramide hiérarchique aux mains des larbins.


Les jeunes kongolais se prennent en charge

Identifiant ces « petites mains » nationales, régionales et « internationales », les jeunes kongolais, à travers tout le pays et un peu plus particulièrement à l’Est, sont d’avis qu’ils doivent se prendre en charge. A ce point nommé, il y a comme une lutte à mort pour la renaissance kongolaise et la récupération de l’initiative historique par la jeunesse kongolaise et plusieurs de ses aînés. Les propos de certains jeunes de Goma sont sans ambages à ce propos.
Se prendre en charge pour bâtir un pays plus beau qu’avant ne passe pas nécessairement par le fétichisme électoraliste opposant, pour le besoin de la cause, les copains et les coquins, tous même du « parti de l’argent », opposants circonstanciels au service du capital financier et ennemis de la cohésion nationale.
Se prendre en charge pour bâtir un pays plus beau qu’avant ne passe pas nécessairement par le fétichisme électoraliste opposant, pour le besoin de la cause, les copains et les coquins, tous même du « parti de l’argent », opposants circonstanciels au service du capital financier et ennemis de la cohésion nationale. Contrairement ces copains et coquins, la jeunesse kongolaise comprend de mieux en mieux que sa liberté doit être mise au service de l’émancipation politique du pays.
Avec elle, je pense que bâtir un pays plus beau qu’avant exigerait un regard rétrospectif responsable et collectif partant de la Conférence Nationale Souveraine jusqu’à ce jour. Reprendre le fil de l’histoire en sachant, en conscience, qu’unis par le sort et par l’effort pour l’indépendance, les Kongolais(es) souffrent terriblement du colonialisme politique et économique depuis l’assassinat de Lumumba.
Ils pourraient convertir leur hymne en un semble de principes à traduire en actions politiques collectives soumises au débat, à la participation et à la délibération citoyennes.


Des principes intangibles

« Bâtir un pays plus beau qu’avant » pourrait devenir un principe intangible auquel tout le monde devrait se soumettre. Cela ne serait pas réservé à quelques individus dénommés « gouvernants ». Non. Cela relèverait de la responsabilité citoyenne à différents niveaux de l’organisation de la cité.
Chanter « nous bâtirons un pays » et continuer à dire « gouvernement talela biso likambo oyo » (gouvernement règle pour nous ce problème) pourrait être considéré comme un appel incivique là où le principe de subsidiarité est de mise.
Chanter « nous bâtirons un pays » et continuer à dire « gouvernement talela biso likambo oyo » (gouvernement règle pour nous ce problème) pourrait être considéré comme un appel incivique là où le principe de subsidiarité est de mise.
« Unis par le sort, unis dans l’effort » pourrait devenir un principe permettant de transcender les divisions tribalistes , ethnicistes et particratistes. L’effort déployé pour bâtir ensemble un pays plus beau l’emporterait sur les différences de nos identités et de nos appartenances enracinées. Ou plutôt, il transmuterait ces différences en une grande richesse pour produire une fraternité belle de sa polymorphie.
N’est-ce pas ce qu’enseigne cette sagesse luba, « nkunde ya bangi, ibobele ne mate » (les haricots à préparer à plusieurs sont cuits grâce à leur salive) ?


Pour conclure : interrompre le moment électoraliste

Donc, interrompre le moment électoraliste, jeter collectivement un regard rétrospectif sur notre mémoire collective pour mieux la vivifier en vue de déformater et de reformater l’humain kongolais en l’éveillant collectivement à son « bomoto » est, à mon avis, plus important que le fait de se cacher derrière notre petit doigt et d’éviter de prendre en charge le réel kongolais. Cela d’autant plus que les divisions entretenues par la particratie criminogène sont loin de s’estomper. Le pays compte déjà plus de 800 partis politiques. Allez-y comprendre…
Interrompre le moment électoraliste serait une façon d’échapper à la temporalité propre au capital financier et à ses  »petites mains » pour un créer une propre aux patriotes souverainistes, aux résistants au système marchand, aux dissidents et aux intellectuels organiques conscients du fait que « les grands changements sont moléculaires, imperceptibles ». Ils exigent beaucoup de courage, de patience ainsi qu’une bonne connaissance de soi et de l’ennemi (réel). (à suivre)

A suivre...



Compatriotiquement!


# Si haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul # # Que faisait Dieu avant la création ? De toute éternité, il préparait d'épouvantables supplices pour celui qui poserait cette question. #

ndonzwau


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RÉINVENTONS LA DÉMOCRATIE, INVENTONS NOTRE DÉMOCRATIE ! FÉTICHISME ÉLECTORALISTE ET COLONIALISME ÉCONOMIQUE !!!!! Empty Re: RÉINVENTONS LA DÉMOCRATIE, INVENTONS NOTRE DÉMOCRATIE ! FÉTICHISME ÉLECTORALISTE ET COLONIALISME ÉCONOMIQUE !!!!!

Message  ndonzwau 5/3/2023, 7:03 pm

...Suite


"Le fétichisme électorale et le « colonialisme économique », Part. 3 - 20 février 2023
= https://www.ingeta.com/le-fetichisme-electorale-et-le-colonialisme-economique-part-3/
« En regardant ce peuple, on a l’impression que la Communauté internationale s’est presque résignée à la violence qui le dévore. Nous ne pouvons pas nous habituer au sang qui coule dans ce pays, depuis des décennies désormais, faisant des millions de morts à l’insu de beaucoup. » – Pape François


Rappel

La deuxième partie partie de cet article a mis l’accent sur l’appel lancé par François Mitterrand à La Baule pour que les pays africains soucieux de bénéficier de  » l’aide fatale » française s’engagent sur la voie de  »la démocratie  ». Le Président français parlait comme si  »la démocratie était une invention occidentale » et ignorait complètement « la démocratie des autres »[1]. (Une approche relevant du « vol de l’histoire »[2] et du rejet de l’histoire des idées.)
Elle revenait aussi sur la Conférence Nationale Souveraine dont les travaux furent sabotés par les agents de la lutte contre la souveraineté kongolaise au moment où les dignes filles et fils du pays de Lumumba se sentirent obligés de prendre en charge ces assises nationales en les finançant eux-mêmes. Et que, pour éviter que les Kongolais(es) trouvent par eux-mêmes la voie de leur émancipation politique, une guerre leur fut imposée dans les années 1990. Elle se perpétue jusqu’à ce jour et elle est le réel kongolais actuellement.
Dans ce contexte de guerre permanente, mener des actions politiques fondées sur des principes intangibles pour la souveraineté populaire et la souveraineté nationale m’a semblé plus urgent que localiser la démocratie dans les élections pièges-à-cons. Pourquoi ? Ces élections peuvent conduire à la formation d’un gouvernement et non à la gestion du vrai pouvoir.


Etre président ne sert pas à grand-chose

La troisième partie de cet article voudrait questionner  »les vendeurs de la démocratie » et le contexte de guerre perpétuelle que connaît le Kongo-Kinshasa et indiquer les batailles urgentes à gagner. François Mitterrand, « le vendeur » de la démocratie électoraliste aux pays africains est élu en 1981.
Plusieurs pays africains ayant répondu positivement à l’appel de La Baule font la triste expérience du manque de justice et d’équité. Ils sont en proie au terrorisme et aux divisions internes entretenues par les agents du capital financier et leurs « petites mains » de « père et de mère ».
Au cours de son règne comme Président de la France, son épouse, Danielle, fait un constat selon lequel la « France juste et équitable ne pouvait pas s’établir. ». Et « alors, dit-elle, je lui demandais à François : Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais offert ? Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. » Et voici ce qu’elle a tiré comme leçon : « J’appris ainsi que d’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. J’ai vécu l’expérience directement durant 14 ans. [3]»
A lire un extrait de cette expérience directe, il y a lieu de se poser quelques questions. Pourquoi François Mitterrand a-t-il voulu « vendre » à l’Afrique « une démocratie » qui lui avait donné un gouvernement sans aucun pouvoir ? François Mitterrand aurait-il voulu vendre du vent aux pays africains ou les entraîner dans un processus électoraliste d’impuissance ?
Pourquoi les pays africains ayant cru à son appel ont-ils accepté d’y répondre positivement sans une étude approfondie du contexte dans lequel il a été lancé ?
Oui. François Mitterrand vendait du vent en faisant allusion à « l’aide fatale » dont pourraient bénéficier ses adeptes. Cela avant que l’un de ses successeurs, Jacques Chirac, ne vienne soutenir qu’une bonne partie de l’argent se retrouvant dans le porte-monnaie français vient de l’exploitation de l’Afrique.
Sans lire dans sa tête, il voulait que les Africains reproduisent un processus électoraliste favorable au contrôle pouvant être exercé sur eux par le capital financier et ses huissiers que sont le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Pour quel résultat ?
Pour un résultat semblable à celui récolté par la France : la « France juste et équitable ne pouvait pas s’établir », comme l’a si bien affirmé Danielle Mitterrand.
Plusieurs pays africains ayant répondu positivement à l’appel de La Baule font la triste expérience du manque de justice et d’équité. Ils sont en proie au terrorisme et aux divisions internes entretenues par les agents du capital financier et leurs « petites mains » de « père et de mère ».
Au vu de cela, quelques pays africains ont pris l’initiative de marquer une pause. Ils ont mis de côté les agents du capital et les autres élites compradores pour réévaluer leur parcours en renouant avec les masses populaires afin qu’ensemble, ils luttent pour la reconquête de la souveraineté nationale et de la souveraineté populaire.
La République centrafricaine, le Mali et le Burkina Faso peuvent être cités comme exemples. Ils semblent donner raison à Alain Badiou lorsqu’il écrit ceci : « Je dois dire que je ne respecte pas le suffrage universel en soi, cela dépend de ce qu’il fait. » Interrompre le processus électoraliste peut permettre d’évaluer ce qu’il fait. Tout comme dans les autres domaines de l’action. « Dans aucun autre domaine de l’action et du jugement sur les actions, écrit Alain Badiou, on ne considère qu’une chose est valide en fonction de ses effets réels. [4]»
On pourrait ajouter « de ses effets réels sur le réel ». Or, qu’est-ce que le processus électoraliste dominé par le militarisme, le mercantilisme et le racisme a produit en Afrique ? Qu’est-ce que le processus électoraliste a produit dans un Kongo-Kinshasa souffrant de la guerre et d' »un coup d’Etat permanent »[5] ? Rien de bon. L’appauvrissement anthropologique, l’abâtardissement, l’assujettissement, la bêtise, etc. y sont le lot quotidien des masses populaires zombifiées. Pour cause.


Chute du mur de Berlin et guerre contre la souveraineté

La chute du mur de Berlin et la fin de l’URSS ont laissé la porte ouverte à l’expansion du capital financier manipulé par des globalistes apatrides, leurs multi et transnationales. Ces globalistes apatrides, partisans et artisans de « la souveraineté individualiste » au service de quelques familles, sont entrés en guerre contre les Etats-nations souverains et/ ou aspirant à leur souveraineté en recourant à la militarisation des armées des pays qu’ils gouvernent ainsi que ceux de leurs alliés et en soutenant des guerres par procuration. Un article très détallé traitant de la recolonisation du Kongo-Kinshasa cite certains noms et soutient que «les États-Unis et le Canada ont toujours eu pour objectif de saper la souveraineté africaine et de faciliter l’exploitation des ressources du continent par les sociétés américaines et canadiennes, de façon générale – et dans une perspective plus large, par les sociétés occidentales. [6]»
En vue de camoufler leur participation à leurs guerres par procuration, ils ont eu recours au discours sur « la démocratie », « les élections libres et transparentes » et la protections des « droits de l’homme ». Ils ont organisé des guerres de basse intensité et imposé une doxa à leur unique profit. Ils pratiquent en permanence l’inversion sémantique et l’inversion accusatoire.
En vue de camoufler leur participation à leurs guerres par procuration, ils ont eu recours au discours sur « la démocratie », « les élections libres et transparentes » et la protections des « droits de l’homme ». Ils ont organisé des guerres de basse intensité et imposé une doxa à leur unique profit. Ils pratiquent en permanence l’inversion sémantique et l’inversion accusatoire. Ils ont les seuls à dire qui est  »démocrate » et qui ne l’est pas, où est-ce les élections libres, transparentes et démocratiques ont eu lieu ou ne l’ont pas été, etc.
Tel est le contexte mondial, africain et kongolais dans lequel est né le fétichisme électoraliste. En fait, il signifie une reconduction du discours et d’un processus néocolonisateurs et/ou recolonisateurs sans les questionner par peur de déplaire aux « souverainistes individualistes »,  »maîtres du monde ».
Ce processus biaisé et piégé conduit à la cooptation des élites compradores pouvant servir « les souverainistes individualistes », producteurs de « nouveaux féodalismes » au détriment de la souveraineté populaire et nationale.


Pour conclure : gagner la bataille de la souveraineté populaire et de la souveraineté nationale

Les résistants, les dissidents, les leaders éveillés et les patriotes kongolais ayant analysé et compris ce jeu estiment de plus en plus qu’ils doivent travailler à l’avènement de  »l’intercommunautaire » à la base pour emporter la bataille de la souveraineté populaire. Ils refont le lien brisé entre les communautés par les politicards à cause de leurs discours partisans mis au service des globalistes apatrides en guerre contre la souveraineté nationale.
Gagner la bataille de la souveraineté populaire est une question du nombre. C’est-à-dire des masses critiques s’organisant en fonction du réel kongolais pour devenir, sur le court, moyen et long terme « les démiurges de leur propre destinée » en pesant dans les rapports de force afin que le gain de la souveraineté populaire soit suivi de celui de la souveraineté nationale , gages de la justice , de l’équité et de l’indépendance réelle.
Gagner la bataille de la souveraineté populaire à partir des collectifs citoyens interconnectés, « unis par le sort et dans l’effort » pour « bâtir un pays plus beau », cela peut induire le renversement des rapports de force les opposant aux élites compradores et l’invention d’ une légitimité autre que celle prônée par les fétichistes électoralistes.
Gagner la bataille de la souveraineté populaire est une question du nombre. C’est-à-dire des masses critiques s’organisant en fonction du réel kongolais pour devenir, sur le court, moyen et long terme « les démiurges de leur propre destinée » en pesant dans les rapports de force afin que le gain de la souveraineté populaire soit suivi de celui de la souveraineté nationale , gages de la justice , de l’équité et de l’indépendance réelle. (à suivre)


"Lettre Ouverte du CET au SG des Nations Unies - MAR 5, 2023
= https://congokin.blog?p=11600
  • Au Secrétaire Général  Des Nations Unies
  • Aux Ambassadeurs des  Etats Membres Permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Concerne :  Proposition pour mettre fin  à l’instabilité récurrente à l’Est de la RDC entretenue par  les attaques des agents étatiques et non étatiques étrangers et  nationaux.

Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs les Représentants des États membres du Conseil de Sécurité,
Nous sommes le CET, un groupe de réflexion et d’action, regroupant des professionnels congolais  évoluant dans différents domaines, résidant en RDC et en dehors de la RDC, et nous préconisons une transition technocratique apolitique pour stabiliser la RDC. Nous n’avons aucun intérêt particulier si ce n’est l’intérêt national de la RD Congo pour le service du peuple congolais qui souffre tant depuis des décennies. Le CET, en tant que « Corps Exécutif de Transition » n’a pas l’ambition de s’installer au pouvoir au-delà de la période transitoire qui lui est donnée pour stabiliser le pays via la stabilisation de l’État congolais et la consolidation des institutions avec l’aide des pays amis du Congo. Cela suppose, qu’au-delà du mandat transitoire qui est attribué au CET, tous les membres de cet organe qui sont avant tout des professionnels se retirent pour regagner leurs professions habituelles après avoir installé une administration technocratique (composés de gens qualifiés et compétents) et veillé à l’organisation des élections démocratiques (= justes, apaisés, libres et transparentes), de même qu’à une mandature normale et régulière.

Nous avons salué la décision du Conseil de Sécurité de l’ONU du 7 février2023 condamnant fermement « tout soutien extérieur aux acteurs armés non étatiques, y compris au M23 ».Toutefois, nous estimons que le Conseil de Sécurité peut et doit faire davantage pour réduire l’instabilité en RDC, en allant surtout au-delà de simples paroles de condamnation des fauteurs du chaos en RDC pour des sanctions exemplaires comme on le voit dans le cas de la guerre en Ukraine.
Le 6 janvier 2016, nous vous avions déjà adressé un courrier pour le rétablissement d’une paix durable en RDC en prévision des élections de 2018. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer. Nous croyons que le Conseil de sécurité de l’ONU a les moyens conséquents et la sagesse nécessaire pour solutionner cette situation tragique congolaise qui n’a fait que durer et a meurtri toute la RDC et son peuple.
Avec la réémergence du M23, on compte des centaines de morts et plus de 500 000 déplacés internes (chiffres de l’ONU) au Nord-Kivu. Par ailleurs, rappelonsqu’en raison de la démographie (105 millions de personnes) et du risque de contagion aux neuf pays frontaliers de la RDC, la crise actuelle déclenchée par le M23 représente une grave menace à la paix non seulement africaine mais aussi mondiale. C’est ce qui nous a convaincus de vous adresser le présent mémorandum, dans l’espoir de retenir votre bienveillante attention.

Cemémorandum comprend deux points :1) un diagnostic sommaire de la situation actuelle en RDC ;2) des propositions pour la réduction de l’instabilité et de la tragédie en cours.
  1. CAUSES DE L’INSTABILITÉ RÉCURRENTE ET DE LA TRAGÉDIE EN COURS EN RDC

Dans le présent mémorandum, l’accent sera mis sur les causes de l’accélération de l’insécurité consécutive à la réémergence du M23
Ces causes sont :

1. La passation de pouvoir à la tête de la RDC n’a pas consolidé la stabilité du pays, bien au contraire. Et ce, du fait de la structure du régime présidentiel (et semi-présidentiel), qui n’a pas prévu de garde-fous : un problème de discernement et de vision de la part du leadership national. Ainsi, le régime présidentiel institué par la Constitution de la RDC pose des menaces pour la stabilité de la nation. Car si le régime présidentiel a des avantages (rapidité de la prise de décision), ses faiblesses sont patentes en RDC : concentration du pouvoir aux mains du Président, menant à la personnalisation du pouvoir ; coût élevé du système (nombre pléthorique de conseillers à gérer, démarrage de programmes sans études sérieuses de faisabilité, dans un but électoral) ; gestion déficitaire sinon chaotique de ressources financières du pays par la présidence qui en abuse pour s’inféoder les autres institutions (avec autant de détournements continuels de l’argent du Trésors Public) ; lobbying à la présidence qui encourage la corruption, etc. Dans d’autres pays, des garde-fous ont été mis en place pour empêcher les faiblesses et les abus du régime présidentiel de menacer la stabilité du pays. Ce qui n’est pas le cas en RDC.
2. L’or exploité au Congo est le premier produit d’exportation de l’Ouganda et du Rwanda. En 2020, l’or a représenté 61% des exportations de l’Ouganda et 70 % du Rwanda, en valeur (source Banque mondiale/ONU). Cet or congolais, qui constitue les premiers produits d’exportation de ces pays, représente un manque à gagner d’au moins 4 milliards de dollars par an pour la RDC (soit 8% de notre PIB et bien plus que nos exportations de cobalt). Qui plus est, dans son plan de développement (2020-2024), le Rwanda comptait  doubler  la valeur de ses exportations d’or en provenance de la RDC (environ 2 milliards de dollars).
L’attribution de zones d’exploitation est la cause principale de ce problème. En effet, le Rwanda, considérant le Kivu (Nord Kivu, Sud Kivu, Maniema) comme sa zone d’influence et zone d’exploitation, s’était senti lésé que l’Ouganda (ayant comme zone d’exploitation l’Ituri, y compris le Kivu) ait obtenu des concessions. Ainsi, le Rwanda a provoqué une guerre par procuration à partir de la frontière de la RDC et de l’Ouganda à Bunagana.
3. L’Objectif des Reformes du Secteur de Sécurité (RSS) tel qu’annoncé   en 2003 était de construire un secteur sécuritaire capable de défendre le territoire national et ses habitants contre des agents étatiques et non étatique étrangers, de rendre compte aux autorités civiles, de respecter et faire respecter l’état de droit et les droits de l’homme. Après deux décennies de réforme, quel est le résultat? En 2021, 6 989 cas de violations des droits humains ont été documentés  contre des civils, 60 % par des groupes armés et 40 % par des agents de l’État. Les groupes armés profitent de la faiblesse de l’État pour s’imposer comme des administrations de facto dans des étendues du territoire national. Le nombre massif des violations  des droits humain et  la réapparition du M23 et sa progression presque sans grande résistance de la part des FARDC sont la preuve du fiasco du RSS.

4. Par ailleurs, en l’absence d’une justice efficace, les discours de mobilisation de masse basés sur l’ethnicité sont redevenus à la mode, altérant ainsi la cohésion nationale. Nous condamnons la discrimination des Banyarwanda congolais, et dénonçons la stratégie de pyromane-pompier que pratique le Rwanda de Paul Kagame pour des desseins inavoués liés, particulièrement, à la prédation des ressources naturelles congolaises. Ainsi, l’agression par le M23 avec le soutien des troupes rwandaises a déjà causé des centaines de morts (sans oublier que cela continue) et plus de 500 000 déplacés (chiffres de l’ONU), et continue d’enflammer les tensions communautaires. Kagamé souffle sur la braise des antagonismes ethniques pour affaiblir la RDC. En outre, la campagne électorale qui a débuté de façon prématurée accélère le discours de stigmatisation des élites banyarwanda pour la simple raison que celles-ci agiraient en traîtres en faveur du Rwanda et contre la RDC. Et la justice n’agit pas en conséquence pour ramener le calme.
5. Il y a également la question du changement de la structure opérationnelle de la MONUSCO. Dans notre courrier de 2016, nous nous demandions « ce qu’aurait été le sort du peuple congolais si les attaques de puissances étrangères par le biais du M23 étaient survenues après un éventuel retrait total des troupes de l’ONU ». Cette probabilité est devenue presque une réalité aujourd’hui. Alors que l’insécurité à l’Est du pays (RDC) s’est aggravée avec la résurgence du M23, certains politiciens proches du pouvoir et certains membres de la société civile ont réussi à mobiliser les communautés locales contre la présence des forces de la MONUSCO empirant davantage la situation; et ce, sans être inquiétés par la justice, alors qu’il y a parfois mort d’hommes. Cette approche est, malheureusement, à déplorer et devrait être corrigée sans tarder.
Certes, depuis plusieurs mois, les troupes de la CAE (Communauté des États de l’Afrique de l’Est) se sont déployées à l’Est de la RDC, mais leur inefficacité apparente pose le spectre de la « somalisation » de la RDC. La présence des troupes de la CAE ne se justifie pas en RDC à moins de changer sa mission et donc sa vocation en lui accordant une mission offensive contre le M23 et autres forces négatives; et surtout si elles doivent être financées par l’ONU. Il vaut mieux dépendre de Dieu que de saint Pierre, dit-on.
  1. PROPOSITIONS POUR LA RÉDUCTION DE l’INSTABILITÉ

1) L’évacuation du territoire congolais des agents étatiques ou non-étatiques étrangers non invités par l’État congolais.
Les interventions de l’armée rwandaise dans le territoire congolais (en violation du droit international) seraient dues, prétend le régime de Paul Kagame, à la présence de rebelles hutus résiduels présents dans le territoire congolais à partir duquel ils menaceraient la sécurité du Rwanda et tenteraient de commettre un second génocide. Ce motif est fallacieux, dans la mesure où ces rebelles hutus ont été presque tous, depuis 1994 jusqu’à présent, anéantis par les forces armées conjointes du Rwanda et de la RDC et ne représentent plus aucun danger pour le RwandaLe Rwanda le sait mais le pouvoir rwandais actuel refuse de le reconnaître pour des raisons farfelues connues. Cela n’est qu’un prétexte pour prolonger la présence rwandaise dans le territoire congolais afin de continuer à exploiter les ressources naturelles du Congo, que le Rwanda convoite fortement, comme expliqué supra.
La présence des troupes du M23 sur le territoire congolais est une violation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région du Grand Lacs ( signe le 24/02/2013) et de la résolution du Conseil de sécurité(S/RES/2098 [2013]) qui interdi[sai]t le soutien aux groupes armés et exhort[ait] le Rwanda et l’Ouganda à ne pas permettre à des ex-combattants de quitter les camps de cantonnement pour retourner en RDC, où ils pourraient se regrouper ou rejoindre d’autres groupes armés toujours actifs; et surtout pas de les armer. Mais ces deux pays (le Rwanda et l’Ouganda) n’ont rien fait conséquemment et ont continué à les soutenir et à travailler en complicité avec eux. Le rapport du Groupe d’experts des Nations-Unies l’atteste, de même que l’attestent les USA.

2) La question des réfugiés
Le problème des réfugiés congolais nous préoccupe. Ceux reconnus par le HCR peuvent être réintégrés en RDC. Mais on ne pourra les réintégrer qu’après le rétablissement de la paix. Sinon, ils seront rejetés par ceux qui les considèrent – à tort ou à raison – comme les collaborateurs d’une puissance étrangère en guerre contre le pays. La communauté internationale pourrait nous aider à résoudre ce problème, dans le cadre d’actions de réinstallation des réfugiés.

3) Le renforcement de la MONUSCO
Nous demandons avec insistance – n’en déplaise aux détracteurs de cette option – le renforcement de la MONUSCO mais aussi les moyens financiers conséquents et ceux logistiques militaires afin d’aider le Congo à mettre en place une armée dissuasive capable de protéger tout son territoire national. La RDC est un pays très fragile et instable depuis trois décennies, avec une structure sécuritaire quasi inexistante en dehors de la MONUSCO. Nous ne pensons pas qu’il existe actuellement un substitut à la MONUSCO, mais que celle-ci peut collaborer avec la RDC et les pays de la SADC pour engager les réformes pour la défense nationale,  la sécurité et la justice. C’est pour cette raison que nous demandons avec insistance le renforcement des forces de la MONUSCO et, plus précisément, de revenir à la formule de la Force d’intervention rapide, telle qu’initialement conçue comme le fer de lance de la MONUSCO, composée uniquement de troupes de la SADC, avec un mandat plus robuste pour combattre les groupes rebelles armés, avec ou sans collaboration des FARDC, tel que spécifié par la résolution du Conseil de Sécurité S/RES/2098 (2013).

4)L’instauration d’une période de transition technocratique
Nous sommes favorables à l’organisation d’élections démocratiques, mais non à un nouveau plébiscite dont le résultat est connu d’avance. Organiser un plébiscite dans la situation d’instabilité que connaît la RDC équivaut à mettre de l’huile sur le feu.
Comme dit à l’introduction de document, notre groupe préconise ainsi l’installation d’un Corps exécutif de transition (CET) qui mettrait en place un gouvernement de technocrates apolitiques appelé à assurer une gouvernance efficace et fiable pour la stabilisation du pays ainsi que la préparation et l’organisation des élections démocratiques ;  et donc fiables, transparentes et justes.
Les étapes pour une transition technocratique sont les suivantes : (a) dialogue des forces politiques afin de stabiliser le pays ; (b) concomitamment au dialogue, mise en place d’un exécutif technocratique de transition ; et (c) enfin, organisation des élections démocratiques. Pour y arriver, cela implique la collaboration et le support des pays membres du Conseil de Sécurité de l’ONU

CE DOCUMENT EST SUPPORTE PAR :
Pierre Sula, DBA, IT Architect-US
Ikonga Weshay, PhD, Professeur d’Université-CANADA
Nyembo Kitenge, PhD, Professeur d’Université-USA
Paul Okalonda, PhD, Professeur d’Université- BELGIQUE
Andrew Kele, PhD, Directeur de Business intelligence  -USA
Louis Lukaso, MBA, CEO -USA
Djuma Christopher, MS, Manager-USA
Joseph Betofe, MBA-Business Owner-USA



Compatriotiquement!


# Si haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul # # Que faisait Dieu avant la création ? De toute éternité, il préparait d'épouvantables supplices pour celui qui poserait cette question. #

ndonzwau


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Message  ndonzwau 19/3/2023, 3:58 pm


"Pourquoi le Congo belge était une “colonie modèle” - 07-03-2023
= https://www.lalibre.be/debats/opinions/2023/02/07/pourquoi-le-congo-belge-etait-une-colonie-modele-E7ZSRE2QM5C3XPWSFZGQ7KBWPI/?outputType=amp
Stabilité politique, infrastructures (routes, voies ferrées, eau potable…), industrie manufacturière, santé publique, éducation : le Congo belge (1908-1959) était tellement développé qu’on l’appelait "Poto Moyindo" ou “l’Europe Noire”. Des kleptocrates postcoloniaux ont transformé ce pays en “enfer sur terre”.

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Port de Matadi. En 1955, le Congo belge comptait plus de 2 500 industries manufacturières e plus de deux millions des salariés industriels.

Par Emizet François Kisangani, économiste et politicologue, professeur à l’Université d’État de Kansas (USA), auteur de The Belgian Congo as a developmental State : Revisiting Colonialism (Oxon&New York : Routledge 2022, 264 pages)

Dans l’une de ses fameuses chansons, le père de la musique congolaise Antoine Wendo avait décrit le Congo belge de l’après-guerre comme Poto Moyindo ou “l’Europe Noire”. En effet, la croissance économique annuelle oscillait autour de 5,2 % dans les années 1950 (1). L’inflation était d’environ 1,08 % par an dans la même décennie (2). Le produit intérieur brut (PIB) par tête d’habitant était en moyenne 2 850 dollars américains aux prix de 2015 (3). Dans les années 1950, les Congolais étaient approvisionnés en eau potable un peu partout et la malnutrition était inconnue au Congo belge.

Pays le plus développé en Afrique
En 1955, le Congo belge avait plus de 2 500 industries manufacturières éparpillées dans tous les secteurs de l’économie (4). Résultat, la colonie avait plus de deux millions des salariés industriels. Il s’avère que ce nombre était le plus élevé en Afrique. Conséquence, la contribution de l’industrie manufacturière dans le PIB se montait à environ 18 % en 1955 (5). Cette performance économique était aussi la plus élevée en Afrique subsaharienne. Plus précisément, les industries manufacturières produisaient 45 % des biens de consommation, c’était là le résultat d’une industrialisation basée sur la substitution des importations qui débuta au début des années 1920. À titre de comparaison, il faut savoir que, dans les années 1930, toutes les colonies européennes en Afrique demeuraient d’une manière prédominante agraire. Plus impressionnant fut le fait que le Congo belge avait plus de routes en excellent état, plus de voies ferrées (à l’exception de l’Afrique du Sud) et plus de voies navigables que toutes les autres colonies en Afrique. Le Congo belge possédait aussi la meilleure infrastructure sanitaire en Afrique subsaharienne. Bien que l’éducation secondaire et tertiaire ne fit pas partie de la politique sociale coloniale, plus de 90 % des enfants congolais en âge de scolarisation étaient inscrits gratuitement à l’école primaire (6) . Ce nombre impressionnant était aussi le plus élevé en Afrique.

Une “colonie modèle”
Contrairement à l’État indépendant du Congo (EIC) sous Léopold II (1885-1908) et l’État postcolonial depuis juillet 1960, le Congo belge (1908-1959) était connu comme une “colonie modèle” et un “paradis” pour les investissements directs étrangers grâce à sa stabilité politique et ses ressources naturelles fabuleuses. En bref, le Congo belge était un État providence semblable au même système qui se développait en Belgique. Le Congo belge était réellement un Poto dans les années 1950.

Devenu un "enfer sur terre"
Soixante ans après l’indépendance, cette “Europe Noire” n’existe plus, alors qu'elle possédait en 1960 les meilleures conditions socio-économiques qui soient, bien plus favorables pour soutenir son développement que tous les autres pays africains. Les Congolais appellent aujourd’hui leur pays un “enfer sur terre” et étiquettent leurs dirigeants politiques comme “des démons, des sorciers”. Cet “enfer sur terre” est devenu aussi une place hostile pour les investissements directs étrangers. En 2015, le Congo se plaçait parmi les pays économiquement pauvres en termes d’indice global de “facilité de faire des affaires” et presque le dernier pays en termes d’indice de développement humain.
Comment peut-on expliquer ce changement de statut du Congo, passant d’un “paradis” pour les investissements directs étrangers à son état actuel d’”enfer sur terre” et si défavorable pour ces mêmes investissements ? Comment peut-on expliquer le fait que le Congo soit devenu l’un des pays les moins attrayants dans le monde économique des affaires ?[

Un État "développementaliste"
L’objectif principal du livre The Belgian Congo as a developmental State : Revisiting Colonialism est de répondre à ces deux questions en se basant sur la notion ou plutôt sur le paradigme d’État "développementaliste". Parmi ses nombreuses caractéristiques, cet État possédait une forte assise en matière d'infrastructures et un certain degré d’autonomie politique capables de lui permettre de mettre en place des politiques économiques de développement. En se basant sur l’idée que le Congo belge était un État "développementaliste", ce livre s'oppose ainsi à l’hypothèse selon laquelle la colonisation est la cause directe et principale de la mauvaise performance économique des dirigeants africains.

Pas de glorification du colonialisme
Malgré le système colonial d’exploitation économique basé sur les inégalités socio-économiques, la Belgique avait économiquement développé le Congo en un court laps de temps. Je ne glorifie ni le colonialisme ni les atrocités commises au Congo belge, mais je souligne le fait que le développement économique du Congo belge fut possible grâce aux investissements massifs dans des biens publics tels que la stabilité politique, les infrastructures, la santé publique et l’éducation. Se basant sur les deux notions de la puissance en matière d'infrastructures et d’autonomie qui caractérisent l’État "développementaliste", je démontre que l’administration coloniale avait doté le Congo belge de ces biens publics qui avaient soutenu la croissance économique pendant plusieurs décennies avec pour résultat le développement économique. J’explique aussi comment les différentes formes de capitalisme basées sur l’économie de marché et la mobilisation des ressources financières avaient bâti un État fort et, par conséquent, avaient soutenu le développement économique du Congo belge.

Le peuple congolais aujourd'hui dans la misère
En revanche, les kleptocrates postcoloniaux ont dilapidé les ressources naturelles du pays sans aucun investissement en faveur de la stabilité politique, des infrastructures, de la santé et de l’éducation. Les dirigeants congolais après l’indépendance ont failli dans le maintien de l’acquis colonial concernant ces biens publics. Cela a sapé tout espoir de développer économiquement le pays et a entraîné le peuple congolais dans la pauvreté mais surtout dans la misère. En considérant l’État colonial comme "développementaliste", j’encourage le monde académique et tous les chercheurs de bonne volonté à adopter une vision et une analyse plus nuancée de l’histoire économique coloniale de l’Afrique.

=> Sources
(1) The Belgian Congo as a developmental State : Revisiting Colonialism, p. 12, figure 1.4. Sur base de diverses sources notamment les volumes annuels des Rapport sur l’administration de la Colonie du Congo Belge pendant l’année X, présenté aux chambres législatives ; l’Annuaire statistique de la Belgique et du Congo belge, et Appendix on PIB in A. Huybrechts, Transports et structures de développement au Congo (1970).
(2) Voir plusieurs tableaux in Survey of African Economies, NY, UN Publications 1962.
(3) Les données sont en dollars courants, converties en dollars de 2015. Les données viennent de R. C. Freenstra, R. Inklaar&M. P. Timmer, “The Next Generation of the Penn Tables,” American Economic Review vol 105, no 10 (2015), pp. 3150-3182. Vous avec accès aux données vie google Penn Tables.
(4) Ministère des Colonies, Rapport de l’administration de la colonie du Congo Belge pendant l’année 1955 présenté aux Chambres législatives (1956, pp. 193-194).
(5) Notez que ce chiffre a diminué à 16 % pendant la récession de 1957, mais a augmenté un peu après, in P. Kilby, “Manufacturing in Colonial Africa,” in Duignan&L. H. Gann (eds.) Colonialism in Africa 1870-1960. Volume 4 The Economics of Colonialism (Cambridge : Cambridge University Press, 1975, p. 472)
(6) Mes estimations sont basées sur le nombre de 1,5 million en 1958 et un taux de croissance annuel de 4 % par an (p. 117 de mon livre) ). Le nombre de 1,5 million et le taux de croissance de 4 % proviennent de E. Frankema, “Colonial Education and Post-Colonial Governance in the Congo and Indonesia,” in E. Frankema and F. Buelens (eds.) Colonial Exploitation and Economic Development : the Belgian Congo and the Nerthelands Indies Compared (London : Routledge 2013, p. 162).


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