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à EMMANUEL KANDOLO

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Message  Invité 6/8/2009, 11:37 am

Bonjour sr. Emmanuel K.

Je voulais vous demandez si un de ces jours
nous raconter l'histoir de P.E LUMUMBA
surtout qui exactement avait tué Lumumba ds kel
partie de la forêt au Katanga son corps avait été decoupé,
en plus sur le telegramme que Lumumba envoya à l'URSS pour
demander soutien aux Russe aprés son voyage aux USA.
Sa fait klk jour ici chez moi sur le CANAL HISTOIR c du Lumumba
qui est parlé dernièrment ceci ou cela sur l'Hero national Congolais.
J'aimerais avoir votre opinion pour faire une comparaison de ce que
l'hoe blanc raconte,s'il y aura une coincidence je crois sa seras
le fait que l'ennemi du Congolais c le Congolais lui mm.
Merci,a+

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Message  mongo elombe 6/8/2009, 11:40 am

Laelce bonioooooooo héros national, moi je me pose souvent la question s'il avait été président aurait t'il été un bon président??? entre les discours et la réalité? ce qui es sûr on l'a assassiné, ma question restera sans réponse.
mongo elombe
mongo elombe


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Message  Satya 7/8/2009, 6:38 pm

la réponse on la connait tous Rolling Eyes ....bref to zela réponse ya Sr.Emmanuel K !
Satya
Satya


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Message  Arafat 18/8/2009, 6:57 pm

Sa fait klk jour ici chez moi sur le CANAL HISTOIR c du Lumumba
qui est parlé dernièrment ceci ou cela sur l'Hero national Congolais
Ce documentaire passera aussi ce vendredi 21 août à 10 heures 25 sur la chaine Histoire , je ferai tout pour ne pas oublier de programmer l´enregistrement ainsi donc je pourrai le mettre ici.
Arafat
Arafat


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Message  Invité 18/8/2009, 10:53 pm

Ok, Arafat
merci d'avance

ARAFAT a écrit:
Sa fait klk jour ici chez moi sur le CANAL HISTOIR c du Lumumba
qui est parlé dernièrment ceci ou cela sur l'Hero national Congolais
Ce documentaire passera aussi ce vendredi 21 août à 10 heures 25 sur la chaine Histoire , je ferai tout pour ne pas oublier de programmer l´enregistrement ainsi donc je pourrai le mettre ici.

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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:17 pm

Ndeko Laelce

Limbisa ngai na ndenge na yanoli yo na mua tango molayi. Natieli yo makomi ma Lumumba ndenge bakangaki ye, ndenge akimaki tee na ndenge bazuaki ye lisusu na lolenge babomaki ye. Na kati ma makomi oyo, natiye mpe adresse électronique ya Professeur-docteur Jacques Brassinne de la Buissière, auteur ya travail scientifique kitoko sur liwa ya Lumumba.

N.B. Mua ba erreurs mike de frappe esalemi na ba nkombo ya batu, neti Bosange, bakomi Bosango.

Patriotiquement,

Emmanuel Kandolo

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:19 pm

Source, le soir de Belgique

Patrice Lumumba est né le 2 juillet 1925 au village de Onalowa, territoire de Katako-Kombe dans le district du Sankuru, au nord du Kasaï. Il est le cadet d'une famille de quatre enfants vivant pauvrement de revenus agricoles amputés par les impôts de l'administration coloniale. Il va à l'école missionnaire catholique où il a été baptisé, puis fréquente l'école protestante à Wembonyama. Très communicatif et fervent lecteur, P. Lumumba entendit très tôt les " récits terrifiants " de ce qu'avaient été la conquête et l'occupation, puis l'exploitation sans merci du Congo pour le compte du roi Léopold, qui avait fait du pays sa propriété personnelle. Ses études terminées, il cherche du travail dans la province du Kivu et est pendant un temps employé d'une société minière, jusqu'à ses 20 ans. En 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale, il est déjà un de ceux qu’on appelle les "évolués", une minorité d’individus ayant bénéficié d’une éducation "moderne" et intellectuellement privilégiés. Il faut pourtant attendre les années cinquante et la découverte des villes - Stanleyville, future Kisangani, et Léopoldville, aujourd'hui Kinshasa - pour que l'adolescent, puis l'adulte, entré dans l'administration des postes et marqué par le racisme ambiant, commence à rêver d'indépendance et à militer activement au sein des associations des« évolués », embryon d'une première élite africaine.

En septembre 1954, il reçoit sa carte "d’immatriculé" : le détenteur de cette carte qui est une invention de l’administration coloniale est supposé vivre à "l’européenne", avoir de bonnes mœurs et de bonnes conduites. 217 cartes seront distribuées jusqu’en 1958 (sur 13 millions de congolais !). En 1955, Lumumba qui écrit depuis 1951 dans divers journaux existants crée une association L’APIC (association du personnel indigène de la colonie), profitant du relatif espace de liberté laissée par l’administration coloniale dans le domaine associatif, qui est apolitique.

En juin 1955, Lumumba a l’occasion de s’entretenir avec le roi Baudouin en voyage au Congo sur la situation des congolais et de la communauté belge. A cette période le ministre du Congo est le libéral Buisseret, membre du parti libéral belge qui veut créer un enseignement public, ce qui plaît à Lumumba et à d’autres "évolués" qui se retrouvent dans la section congolaise du parti libéral belge. Lumumba et quelques "notables" congolais se rendent en Belgique sur invitation du premier ministre.

En 1958 se tient en Belgique l’exposition universelle. Quelques congolais sont conviés afin que le monde voit les réussites de la mission civilisatrice belge. Parmi eux, Patrice Lumumba qui en profite pour nouer des contacts avec les cercles anti-colonialistes belges et se documenter. C’est sans doute à cette période que la pensée politique de Lumumba prend sa forme définitive. Rentré au pays, Lumumba crée le premier mouvement national à base non ethnique, le Mouvement National Congolais (MNC) à Léopoldville le 5 octobre 1958. En décembre de la même année, Lumumba participe à la conférence panafricaine d’Accra au Ghana, impulsée par le dirigeant ghanéen Kwame Nkrumah.

Fin décembre lors d’un meeting, Lumumba qui jouit d’une grande popularité effectue une conférence meeting qui rassemble 10 000 personnes. Il y rend compte de la conférence d’Accra et met en évidence la revendication de l’indépendance pleine et entière. En octobre 1959, le MNC organise une réunion unitaire à Stanleyville avec d’autres partis qui sont d’accord pour réclamer l’indépendance immédiate et inconditionnelle. La foule congolaise qui assiste à la réunion manifeste son approbation. Les forces de l’ordre interviennent, essayant d’arrêter Lumumba. Ne pouvant y arriver, elles tirent dans le tas, faisant 30 morts. Deux jours plus tard, Lumumba est arrêté pour avoir appelé à la désobéissance civile et au boycott des élections organisées par le pouvoir colonial tant qu’une décision n’est pas prise pour la formation d’un gouvernement congolais.

Le procès se déroule du 18 au 21 janvier, et il est condamné à 6 mois de prison. Début 1960, le 11 janvier, une table ronde réunissant les différents acteurs congolais impliqués dans l’indépendance et le gouvernement belge est prévue pour...le 20. Lumumba qui est toujours emprisonné ne peut donc y participer. Malgré les oppositions internes, les différentes parties congolaises en présence exigent la participation de Lumumba à la conférence. Ce dernier arrive à Bruxelles le 26. A la table ronde, la date de l’indépendance est fixée au 30 juin et les congolais sont les premiers surpris de ce succès qu’ils n’attendaient pas. En mai, des élections sont organisées et le MNC de Lumumba arrive en tête. Lumumba, malgré une première volte face du gouvernement belge est chargé de former le gouvernement congolais et Joseph Kasavubu obtient la présidence (dont les pouvoirs sont surtout symboliques). Fin juin, plus précisément le 30, le roi et le premier ministre belges sont présents lors de la cérémonie de proclamation de l’indépendance au palais de la nation à Léopoldville. Après les discours des uns et des autres, c'est alors que l'inattendu arrive. Se déclarant prêt à accepter l’assistance de nombreux pays étrangers dont la collaboration sera loyale et qui ne chercheront pas à imposer quelque politique que ce soit, Lumumba brise le consensus de ce qu'on appellerait aujourd'hui le "politiquement correct".

S'adressant non au roi Baudouin, devenu blême, mais aux "Congolais et Congolaises, combattants de l'indépendance aujourd'hui victorieux", il rappelle ce que fut "l'humiliant esclavage" imposé par ce Léopold II dont Baudouin vient de glorifier le génie: "Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Nous avons connu que la loi n'était jamais la même selon qu'il s'agissait d'un Blanc ou d'un Noir: accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres". (...)

Patrice Lumumba est salué finalement par une véritable ovation. Pour les notabilités belges, depuis le roi Baudouin, livide jusqu 'au Premier ministre Gaston Eyskens, en passant par le général Janssens, commandant en chef de la Force publique, l'affront est peut-être de ceux qu'on ne pardonne pas. Le 5 juillet, après une mutinerie des soldats congolais de la Force publique contre les officiers belges qui refusent l’africanisation des cadres, Lumumba décide d’africaniser les cadres de l’armée, ce qui rend impossible le contrôle du gouvernement congolais par l’ex puissance coloniale. La Belgique envoie des troupes au Katanga où se trouve Moise Tshombe qui peut être considéré comme son homme de paille, ce dernier déclare la sécession du Katanga, la province la plus riche du Congo (elle génère 2/3 des revenus du pays, et l’Union Minière du Haut Katanga, contrôlée par des entreprises américaines, britanniques et belges produit 60 % de l’uranium mondial, 73% du cobalt, 10% du cuivre...). Lumumba demande l’intervention de l’ONU qui envoie des troupes partout sauf au Katanga, et refuse de s’opposer à "l’indépendance" du Katanga dont elle n’ignore pas l’illégalité.

En septembre, Joseph Kasavubu qui est devenu un adversaire de Lumumba le démet de ses fonctions de premier ministre, mais celui ci est confirmé dans ses fonctions par la chambre et le sénat congolais. Mi septembre le colonel Mobutu qui effectue là son premier coup d’Etat "neutralise" le gouvernement, (qui est remplacé par des "commissaires") jusqu’au 31 décembre. En octobre, la résidence de Lumumba est encerclée et il est maintenu en résidence surveillée. Fin novembre, Lumumba essaye de s’enfuir afin de gagner Stanleyville alors aux mains de ses partisans. Il ne réussit pas et est rattrapé par les soldats de Mobutu, frappé et molesté en présence de troupes ghanéennes de l’ONU, qui restent impassibles sur ordre de leurs supérieurs. Lumumba est détenu à Tsyville en compagnie de joseph Mpolo et de Maurice Okito. Mi janvier, ils sont transférés à Élisabethville, aux mains de leur ennemi numéro un Moise Tshombe. Les trois hommes sont abattus d’une rafale de mitraillette par des militaires katangais en présence de trois officiers de nationalité belge après avoir été torturés.

En fait assassiné à 36 ans, Lumumba a passé six ans de militantisme et six mois au pouvoir. Durant sa courte vie et encore sa plus courte « carrière » politique, Patrice Emery Lumumba aura tout synthétisé : la prise de conscience de l'oppression coloniale dans ses aspects les plus brutaux, ceux de l'administration belge ; la volonté d'indépendance, exprimée dans un défi sans concession ; le refus de tous les particularismes régionaux ou tribaux ; la méfiance à l'égard d'une « bourgeoisie nationale » trop prompte à se substituer au colonisateur ; le rêve d'une Afrique unie solidaire des autres mouvements de libération du Tiers Monde ; enfin, la coalition contre lui des petits traîtres locaux ainsi que des grands intérêts privés et publics étrangers.

"Un jour, l’histoire aura son mot à dire, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseigne à l’ONU, à Washington, Paris ou Bruxelles, mais l’histoire qu’on enseignera dans les pays libérés du colonialisme et de ses marionnettes. L’Afrique écrira sa propre histoire. Une histoire faite de gloire et de dignité".

Les dernières paroles d’un homme libre: Le premier ministre Emery Patrice Lumumba s’explique


Chaque 17 janvier, les Congolais commémorent le jour de l’anniversaire des assassinats combien audieux de nos héros nationaux Emery Patrice Lumumba, Pierre Mulele et Laurent Désiré Kabila.
Nous publions les dernières paroles de Patrice Lumumba, un homme totalement libre bien qu’étant en ce moment là l’un des hommes les plus recherchés d’Afrique; un extrait tiré du livre de Colette Braeckman, «Lumumba: Un Crime d’État», Editions Aden, 2002.


Le hasard est quelquefois miraculeux: alors que les travaux de la Commission d’enquête sur l’assassinat de Patrice Lumumba allaient s’achever, un lecteur du Soir, M. Hermant, retrouva dans ses archives un document extraordinaire, des notes qui dataient de décembre 1960!

A l’époque, notre lecteur était cadre d’une société belge, l’Exploitation forestière du Kasaï, et il avait été dépêché en renfort sur un vaste chantier du Kasaï oriental. Par sa présence, il essayait de tempérer les affrontements féroces qui avaient mis aux prises les travailleurs Luluas et Balubas. Ces derniers étaient amenés en camion et travaillaient sur le chantier du lundi au samedi, exigeant la présence d’un Éuropéen [encore fallait-il la présence d’un Éuropéen pour mettre de l’ordre!], afin d’empêcher une éventuelle réprise des affrontements. Ce qui explique pourquoi, le 1er décembre 1960, le chef de chantier blanc se reposait tranquillement dans la résidence privée du responsible de la plantation, une résidence située à front de la route de Kinda, gare ferroviaire du chemin de fer reliant Mushenge à Lodi sur la rivière Sankuru et, au-delà, à Stanleyville, la capitale de la province orientale, considérée comme un bastion des partisans de Lumumba.

Vers 14 heures, la sieste de l’Éuropéen fut interrompue par l’arrivée d’un Congolais, très ému qui sollicitait de l’aide pour dégager sa voiture, immobilisée à quelques kilomètres de là. En réalité, deux vehicules étaient immobilisées: l’un était bloqué par un arbre de fort diamètre, le second ensablé, avait les deux pneus plats; les pneus de rechange n'’taient pas en meilleur état, la réserve de carburant était pratiquement vide.

Mais surtout, le forestier reconnut aussitôt celui qui dirigeait le pétit groupe: Patrice Lumumba, qui, contrairement aux membres de son escorte, visiblement épuisés, semblait lui plutôt en forme. Le forestier fut touché par la détresse qui émanait du pétit groupe: il était au courant de la fuite éperdue à travers la forêt, il n’ignorait rien de sa volonté de gagner Stanleyville, il savait que l’ancien Premier Ministre était en ce moment l’un des hommes les plus recherchés d’Afrique. Il voyait déjà se rassembler des travailleurs Luluas armés d’arcs et de flèches au bout empoisonné de curare, des Luluas qui étaient prêts à se venger des exactions que l’armée nationale congolaise (sous les ordres du colonel Mobutu mais dont Lumumba était le responsible politique) avait commise dans leur région.

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:21 pm

Le Premier Ministre en cavale était ménacé de mort, dénoncé par les Blancs qui communicaient sa position par phonie aux troupes de Mobutu lancées à ses trousses. Notre forestier n’avait rien d’un délateur, même s’il ne nourrissait aucune sympathie particulière à l’encontre d’un Lumumba jugé trop exalté, trop violent. «La délation n’est pas mon fort», dit-il au Premier Ministre, tout en l’invitant à attendre à la résidence que les véhicules soient rémis en état de marche.

Durant les quelques heures qui suivirent, un dialogue passionné, violent parfois, s’engagea entre les deux hommes. Lumumba se lança dans un immense plaidoyer, explicitant son action, les menaces dont il fut l’objet, le sabotage incessant dont il fut victime de la part d’une Belgique qui ne l’avait jamais accepté. Lorsque les voitures furent réparées Albert Herman, qui avait pris des notes durant l’entretien, s’empressa de les retranscrire sur sa vieille machine à écrire et classa ces feuilles dans ses archives personnelles. Au moment des travaux de la Commission Lumumba, il s’avisa de leur existence et se décida à rendre public le contenu de cet entretien qui réprésente donc le dernier message de Lumumba, à quelques heures de son arrestation. Lumumba dès le debut de la rencontre, l’apostropha en disant: «Vous, en tant que Belges, que me reprochez vous?»

Passablement démonté par cette question, Hermant répondit: «Avouez que votre discours du 30 juin n’était pas tendre, ni pour le Roi, ni pour la colonisation, dont les résultats n’étaient pas tous négatifs, que je le sache. De plus, si j’en crois les versions de vos pairs et des médias internationaux, vous seriez inféodé au communisme…».

«Nous y voilà», éructa alors Lumumba, avant de se lancer durant deux heures dans un monologue relatant les épisodes ayant marqué son cheminement politique.

«Mon discours du 30 juin n’était en rien dirigé contre le Roi, que je considère comme un homme honnête, sans pouvoirs réels, ni contre le colonisateur. Il se voulait une réplique cinglante à l’allocution du président Kasa-Vubu qui, selon nos accords, aurait dû me soumettre le texte de son discours et ne l’a pas fait. De plus, cet exposé célébrant les mérites et les réalisations du pouvoir colonial, était l’exacte réfutation des propos xénophobes et revanchards qu’il développait en conseil restreint ou en privé. Cette duplicité, qui ne se dementira plus, me mit dans une colère froide, ma parole dépassa peut-être ma pensée, mais c’était sous l’influence de votre compatriote M. Jean Van Lierde» - Voir photo ci-dessous.

Nous interrompons le Premier Ministre pour vous rapeller le passage quasi- lèche-bottiste du discours du président Kasa-Vubu le 30 juin 1960 qui lui a provoqué une colère froide.

Nous citons le président Kasa-Vubu au Roi des Belges: «Le Congo indépendant que vous avez créé vous dit avec émotion sa gratitude infinie et vous assure solennellement que votre oeuvre ne sera jamais oublié». Réplique du Prémier Ministre Emery Patrice Lumumba: «Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire».

Paroles immortelles! Comme cette réplique est bien d’actualité au Congo d’aujourd’hui! (commentaires d’A.R. Lokongo).

Lumumba poursuivit son allocution à Albert Hermant: «Donc, selon vous, je suis un suppôt du communisme: sachez bien que je suis au courant du désenchantement généralisé de la population. Mes amis ghanéens, camerounais, et guinéens m’ont tous confirmé cet état de choses. Mais n’est ce pas un moindre mal, quand vos prétendus amis vous làchent et, mieux encore, veulent vous asservir par des malversations et le pillage. Je dis bien pillage, oh, rien de violent, en réalité une dupérie planifiée par des spécialistes.»

Lumumba expliqua alors que, s’il s’agit de la mise en commun des richesses, dépuis toujours le nègre est un parfait communiste. Et il souligna que ce sont les colonisateurs qui, par leur exemple, ont engendré des goûts immodérés de luxe, une soif inextinguible de pouvoir chez les pseudo-évolués. «Au Ghana et au Nigeria, les Anglais, quoique distants, étaient toujours polis et sans la moindre acrimonie à l’égard de leurs administrés. Dans les ex-colonies françaises, des centaines d’étudiants étaient chaque année envoyés dans des universités et hautes écoles. En Angola et au Mozambique, les Portugais vivaient en parfaite harmonie avec les populations locales. Vous autres Belges, vous n’avez pas formé un seul universitaire, un seul officier et, ce qui est pis, vous nous avez toujours traités avec arrogance, dédain, condescence… Il y a trois ans, j’avais proposé au ministre Buisseret de ne plus remplacer les fonctionnaires expatriés partant à la retraite, permettant ainsi une relève graduelle par la base, avec comme corollaire la création d’écoles d’administration avec formation accélérée, à l’usage des futurs cadres. Il me répondit que de telles réformes n’étaient pas à l’ordre du jour; étant donné le caractère confessionel de l’enseignement dispensé par les seules écoles missionnaires.»

Lumumba poursuivit: «Avec mes amis, N’Krumah du Ghana, Moumié du Cameroun, Roberto Holden d’Angola et bien d’autres, progressistes et nationalistes, nous voulons, primo, réviser les frontières arbitrairement fixées à Berlin par des diplomates ignorant tout de l’Afrique, en vertu d’intérêts contradictoires qui ne sont pas ceux des populations… Les troubles de Léopoldville, le 4 janvier 1958, servirent de déclic et forcèrent le gouvernement belge à réagir rapidement et à modifier une tactique en vigeur depuis toujours: de paternaliste et tatillonne, elle devint laxiste et permissive… N’étant pas suffisamment puissante pour s’imposer par la force, la Belgique décida d’employer la duperie. L’adage «diviser pour régner» étant toujours de mise, elle s’efforça de multiplier en sous-main la naissance de partis à caractère ethnique ou régional, facilement contrôlables et réveillant de vieilles rancoeurs remontant à la nuit des temps. Sous le prétexque, grotesque et ridicule, de défense de la civilisation occidentale ménacée par les Russes, elle créa et renforça une base militaire à Kamina. En réalité, cette base était destinée à l’intimidation de l’État congolais… Lors de la Table Ronde de Bruxelles, les délégués belges firent preuve d’une ignanimité remarquable en acceptant sans la moindre réticence nos desiderata. En réalité, toutes les sociétés d’État se retirèrent du Congo, réclamant et obtenant des dédits fabuleux de la part de l’État. Toutes les companies optèrent pour le droit belge, éludant ainsi l’obligation de régler leurs impôts chez nous. La réserve d’or de la Banque du Congo fut expédiée en Belgique, colons et commerçants transférèrent en Europe une grosse partie des fortunes acquises par la spoliation des indigènes… L’autonomie consistait à nommer des ministres, polichinelles recevant à foison voitures haut de gamme, maisons luxueuses, rétributions mirobolantes, décoronations à faire pâlir de jalousie un portier du Majestic. Un convoi de prostituées avait quitté les bas-fonds de Bruxelles pour desservir les maisons de passe à Léopoldville. Cela, je ne pouvais l’accepter. Je m’attirai des antipathies tenaces en refusant net toutes les propositions de cadeaux offertes par les ministres de la métropole, je proposai au parlement la nationalisation de l’Université de Lovanium, la laïcisation de l’enseignement m’attirant les foudres de l’Église Catholique, je muselai les officines de renseignement et de propagande que constituaient les missions protestantes: c’est pour cela que je suis devenu la bête noire de tous ceux qui s’interessent au Congo, non pour le bien-être de son peuple mais pour ses immenses richesses. De cela, il resulta les sécessions du Katanga et du Kasaï, provinces minières qui devaient assurer 80% des recettes du Trésor. Ces sécessions, sans aucune base légale ni justifiée, sont des émanations des sociétés minières trafiquant dans la région. L’Union Minière, aidée par les Weber, Cumont et autres Aspremont Lynden, soudoya la marionnette Tshombe et son parti, la Conakat, qui representait 50% de la population du Katanga. Le reste était du ressort de la Balubakat, leurs farouches opposants. Quant à la sécession du Kasaï, elle était le privilège du co-fondateur de mon MNC (Mouvement National Congolais), le renégat Kalondji, qui, par la grâce de M. Cravatte et de la société Forminière, devint le ridicule empereur du Kasaï.»

Dénonçant la duplicité des Belges, Lumumba s’emporte: «Après le 30 juin, les Belges mangèrent du lion et, sous le prétexte mensonger de protéger leurs intervenants menacés, ils firent intervenir leurs troupes métropolitaines. Je suis formel: les incidents survenus à Thysville furent réprimés par des officiers Congolais novices, j’en conviens, mais suppléant à la carence des cadres déserteurs. Le calme régnait à Thysville quand parvinrent au camp les nouvelles du bombardement absurde du camp de Matadi par un bateau belge, causant la mort de 113 soldats Congolais, bombardement inutile, tous les Européens ayant sans raison pris place à bord d’un paquebot avec le gouverneur Cornélis, attendant bravement à 200 mètres du bord pour scander «macaques, enfants de macaques…».

A l’annonce de cette nouvelle, ajoutée à celle du camp aérien de Decommune à Elizabethville, l’émeute devint générale et les mutins se répandirent dans toute la région, commettant des exactions regrettables que je n’excuse pas, mais sans en assumer toutes les responsabilités. Cherchant à calmer les esprits, nous decidâment avec le président de visiter tous les endroits les plus brûlants. L’aviation toujours dirigée par les Belges, était officiellement mise à notre disposition. Mais en réalité, par pilotes et tour de contrôle interposés, ces derniers s’ingénièrent à nous retarder. Copieusement insultés à Kamina par les soldats métropolitains, réembarqués manu militari à Elisabethville comme des pitres ridicules, ayant, sur le conseil de l'’mbassadeur américain, démandé l'’ntervention de l’ONU, je réalisai que nous avions commis une erreur fatale: nous nous étions livrés pieds et poings à l’ogre américain. Effectivement, l’ambassadeur Timberlake devint le véritable meneur de la politique gouvernementale, en devenant l’âme damnée de mon fils spirituel, de celui qui me devait tout, son grade de Colonel, son ascension rapide, le sergent comptable Mobutu. C’était un compagnon de la prémière heure. Je m’étais rendu compte qu’il était alcoolique, obséquieux avec les puissants, mais qu’il puisse devenir Judas et félon, je ne le pensais pas. Nous donnâmes l’ordre d’en finir avec les sécessions. Pour ce faire, les soldats du général Lundula foncèrent sur le sud-est du Katanga, avec l’aide des gens de la Balubakat, ils s’emparèrent de Manono et se dirigèrent vers Albertville (aujourd’hui Kalemié). Ceux venant de Luluabourg (aujourd’hui Kananga) et de Luebo récupèrent Mbuji Mayi, chassant l’empereur Kalondji. La sécession kasaïenne avait vécu, la katangaise était aux abois. L’Union Minière entra en transes. Les troupes belges, sommées de quitter le territoire par les Nations Unies, multipliaient les subterfuges pour en retarder l’échéance, mais n’osaient intervenir, de peur de mécontenter le caïd, l’Oncle Sam. Timberlake, le faiseur de rois, appela le vendu, Mobutu, lui enjoignit de conclure un cessez-le-feu avec une armée katangaise n’existant nulle part ailleurs que sur papier et de donner l’ordre à nos troupes d’évacuer la province sécessionniste. Des avions américains prêtés pour la circonstance se chargèrent de les ramener après une ultime humiliation: ces hommes qui n’avaient fait que leur devoir furent obligés de rendre leurs armes. Cette forfaiture impardonnable de Mobutu allait permettre aux d’Aspremont Lynden, Weber et consorts de constituer une gendarmerie katangaise, ramassis de mercenaires de toutes nationalités, sans la moindre respectabilité ni légalité. Mobutu commença par démobiliser les membres de l’armée non dévoués à sa cause, les remplaçant par une garde prétorienne recrutée dans l’Equateur, en fait les exécuteurs de ses basses oeuvres.

Toujours empressé à satisfaire ses bailleurs de fonds et fournisseurs de whisky, le colonel monta à mon encontre une véritable coalition d’opposition, où l’on retrouvait pêle-mêle Kasa-Vubu et Tshombe qui, avec l’aide de la Sûreté belge et de radio Makala, nous abreuvaient d’injures. Misant sur les chambres régulièrement élues, je demandai pleins pouvoirs. Payés royalement, certains députés s’abstinrent, d’autres furent empêchés de prendre part au vote par coercition ou panne de voiture. Le président nomma un Premier ministre, M. Iléo, gouvernement mort-né n’ayant jamais obtenu le quorum nécessaire à l’investiture. Un collège de commissaires composé de jeune étudiants et d’une foule de conseillers se couvrit de ridicule en prenant des décisions contradictoires et inconhérentes. L’anarchie s’installait et tout naturellement j’en devins le bouc émissaire. Timberlake tint conseil et dit qu’il fallait révoquer ce révolutionnaire par un acte légal, et je fus donc démissionné pour corruption.

Outré par des accusations aussi fausses, je tins plusieurs réunions, écouté par des foules immenses et dans une ferveur telle que Mobutu me fit mettre en résidence surveillée. Averti d’une tentative d’assasinat à mon égard, le général Dayal fit garder ma résidence par des soldats ghanéens. Par deux fois, la CIA a tenté de m’assassiner, la prémière fois en m’envoyant un agent chargé de m’empoisonner; arrêté, il avoua le but de sa mission, contre la vie sauve; la seconde, en envoyant un tireur d’élite à Stanleyville, qui faillit à sa tâche, le fusil ayant été saisi par les gardes. A Léopoldville, une condamnation à mort pour haute trahison, appel de troupes étrangères, entraves au fonctionnement de la démocratie fut obtenue d’un tribunal fantôme, tribunal sans magistrats, sans avocats. Le procureur, toujours belge, delivra un mandat d’arrêt. Un ministre du collège des commissaires m’apprit que le nouveau président des États-Unis allait être investi et que mon cas devait être réglé avant car il risquait de ne pas entériner les actes de son prédéceur. Je compris et decidai de prendre la fuite pour rejoindre Stanleyville, retrouver mes amis déjà sur place et attendre les autres qui s’enfuyaient. De là, nous, nous pourrons avec l’aide de 90% du peuple reprendre les rênes de ce pays grugé par des dirigeants indignes.»

Et Lumumba conclut, lucidement: «Si par malheur je devais être pris, Mobutu n’aurait d’autre alternative que de me supprimer physiquement. Oh, il est bien trop lâche pour le faire lui-même ou en donner l’ordre, redoutant de prendre la responsabilité d’un tel acte… Si Patrice devait disparaître, dans toutes les villes, les villages, les forêts du Congo, tout un peuple continuera à le croire vivant, à attendre patiemment son retour, des années s’il le faut, pour les délivrer d’un néocolonialisme acharné à sa ruine.»

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:24 pm

I. La mort de Lumumba : Le récit poignant de la tragédie minute par minute

Le chemin de la croix de Patrice Emery Lumumba commence le 19 juillet 1959, lorsque le Mouvement National Congolais (MNC) créé le 10 octobre 1958 venait de connaître une scission entre le bloc de sociaux-chrétiens soutenus par l’Eglise catholique de l’Abbé Joseph Malula


Source: Cœur D’Afrique, Kinshasa, 26.05.2005 !!!!
En réalité journal oyo esali plagiat ya Thèse de Doctorat ya Jacques Bassinne de la Buissiere, « Enquête sur la mort de Lumumba » Thèse de Doctorat en Sciences Politique, Tome I et II. Université Libre de Bruxelles, 1991. Tee na moyi ya lelo oyo a publia yango ata na Editions moko te. Exemplaire moko ezali consultable na Bibliothèque ya université libre de Bruxelles. Kasi soki mutu alingi kosenga copie na yango, akoki kokomela ye na adresse électronique na ye oyo : jbrassinne@skynet.be


Thèse oyo ezali un très bon travail mpe e servaki na réflexion ya ba travaux ya commission oyo esalaki enquête parlementaire sur likambo ya assassinat ya Premier Ministre Patrice Emmery Lumumba.

Auteur ya Thèse oyo azali mpe Président ya Institut Jules Destrée mpe lisusu, vice-Président ya Centre de Recherche et d’Information Sociopolitique (CRISP)

Située dans son contexte, la tragédie de la mort programmée de Patrice-Emeiy Lumumba doit faire comprendre à l’opinion nationale, comme le disait la victime elle-même que « l’histoire du Congo ne sera pas celle écrite à Bruxelles, à Paris, à Londres ou à Washington ». Les Congolais doivent arriver à décrypter leur histoire et à se refuser d’être la victime expiatoire que l’on immole au nom de certains intérêts sordides.

Ces événements rapportés, minute par minute, ont été analysés, non seulement en fonction de la Guerre Froide, mais sur l’élan général des mouvements de libération nationale des peuples tant face aux contraintes naturelles que socio-économiques qui se posaient à l’époque. C’est pourquoi nous restons convaincus que tels que relates, ces événements constituent l’histoire secrète autour de la décision des « maîtres du monde » de fragiliser le Gouvernement congolais et d’orienter la destinée du Congo. Ils n’auront été qu’une série d’actes savamment posés par les puissances colonisatrices. Elles n’avaient pas d’autres choix que de s’adapter aux nouvelles exigences de l’impérialisme.

Ruinée et effondrée depuis la dernière Guerre Mondiale, l’Europe ne devait sa survie qu’aux entreprises bi et multilatérales, à la création de son Marché Commun et à l’interventionnisme de l’Etat poussé jusqu’à la limite dans les pays de la périphérie. Ainsi, l’Etat du centre et les monopoles du Sud ont constitué un mécanisme unique d’un cercle infernal de lutte. La Guerre Froide déclenchée depuis les Accords de Yalta n’a été qu’un prétexte pour embrigader les pays africains dans le sillage des maîtres penseurs du Nord et une catégorie d’occultation de la voie nationaliste que l’on fraie pour la libération.

Les blocs nationalistes et fédéraliste-séparatiste

Patrice Lumumba a été à la fois l’acteur et la victime de ces mouvements, ne sachant pas comment il pouvait s’en sortir en se servant de i’imperium du pouvoir. Son chemin de la croix commence en effet, le 19 juillet 1959, lorsque le Mouvement National Congolais créé le 10 octobre 1958 venait de connaître une scission entre le bloc des sociaux-chrétiens soutenus par l’Eglise catholique de l’Abbé Joseph Malula. Parmi les dissidents Joseph Ileo, Joseph Ngaluia, Cyrille Adoula feront défection avec tout le comité provisoire. Patrice Lumumba n’aura sa survie politique que grâce à la base, les comités communaux de Léopoldville. De cette division naîtra le « Groupe de Binza » qui sera désormais soutenu par les Etats-Unis d’Amérique à travers la Belgique pour un meilleur contrôle des rouages de la politique au Congo-Léopoldville. Venu du Parti libéral belge, Lumumba prendra ses distances de cette tendance et optera pour le Panafricanisme radical. Il est soutenu par le bloc de Bandoeng (Nasser, Nkrumah, Sekou Touré, Modibo Keita, Mohamed V, Ben Bella et plus tard, par Jomo Kenyatta et Nyerere). Le « Groupe de Binza », selon Thomas Kanza, fut un cercle de réflexion initié par un Evêque belge, Mgr Van Weayenberg, Auxiliaire de Malines et Recteur magnifique de i’Université catholique de Louvain. En avance sur les événements, il a cherché à regrouper « la diaspora congolaise » afin qu’elle puisse jouer un rôle important une fois de retour au Congo. Ce groupe avait choisi de servir le camp occidental, au grand dam du peuple.

Quelques mois après, Lumumba sera trahi par son président provincial du Kasaï, Albert Kalonji. Les Belges venaient de lui refuser le passeport alors qu’il devait accompagner Lumumba à Conakry, prétextant le refus de ce dernier de voir Kalonji dans sa suite. Il est récupéré par la bande à Ileo avec la complicité des services belges pour isoler davantage Lumumba. Kalonji deviendra le président national de l’autre aile du parti, le MNC/Kalonji. Plus tard, Lumumba sera encore abandonné par Victor Nendaka, son vice-président. Ce dernier, après avoir détourné les fonds et les voitures de propagande du parti, créera une autre aile du MNC, le MNC/Nendaka.

En dépit de ces combinaisons politiques savamment dosées, aux élections législatives, Lumumba sortira victorieux en balayant d’un revers de la main, les deux dernières ailes, Kalonji et Nendaka ainsi que le parti néocolonialiste, le PUNA (« Pene Pene na Mundele ») de Bolikango, Nendaka ne sera même pas élu dans son propre fief de Buta. C’est là, un affront qu’il ne pardonnera jamais à Lumumba et aux Lumumbistes tels que Jean-Pierre Finant, Fataki, Bocheley, Sabiti, Salumu et Manzikala. Il en gardera un souvenir amer et une haine viscérale contre Lumumba et envers ceux qui continueront à le soutenir. Déçus, les deux compères vont désormais s’allier pour contrecarrer les actions de Lumumba et celles de son groupe. C’est ici que l’on pourrait situer la naissance de deux blocs; d’un côté, les nationalistes et de l’autre, les fédéralistes-séparatistes.

Erreur tactique

Sous la pression des Belges, qui refusaient les principes de l’alternance au pouvoir, Lumumba sera contraint de former un gouvernement de large union nationale, incorporant en son sein des éléments farouchement opposés à sa politique, mais recrutés dans sa base tribalo-naturelle, Anamongo, tels que lrs Bomboko, aux Affaires étrangères, Damien Kandolo, Paul Bolya, Marcel Lengema. A ceux-là, s’ajoutent d’autres figures comme Joseph Mobutu et Albert Delvaux, alias Mafuta Kizola, qui doivent avoir été imposés à Lumumba dans le dessein de le déstabiliser. La même configuration se retrouve dans les autres institutions de la jeune République, où l’on retrouve les Lundula à la tête de l’armée, Joseph Kasongo à la Chambre des Représentants, Joseph Ileo et Joseph Okito au Sénat, etc. Patrice Lumumba obtient la majorité absolue à la Chambre de députés, soit 74 voix sur les 137 et 60 voix au Sénat. Joseph Kasa Vubu et Joseph Ileo seront élus respectivement présidents de la République et du Sénat, grâce à la majorité lumumbiste, malgré que Maurice Mpolo, Thomas et Daniel Kanza lui aient fait mesurer le danger qu’il y avait à faire élire un homme comme Kasa Vubu. Mais il fut inébranlable dans sa position et sa décision d’appuyer celui-ci en lieu et place de Bolikango. Patrice Lumumba était convaincu que Kasa Vubu ferait un excellent président, meilleur en tout cas que Bolikango, qui était, selon lui, un homme de paille de la Belgique et un protégé des catholiques. Raisonnant en termes de rapports de force, Lumumba comprenait parfaitement le poids que représentaient l’Abako et l’inconstance du parti de Jean Bolikango, le Puna. « Si Kasa Vubu n’est pas élu, les Bakongo se révolteront et nous savons tous quels désordres pourraient s’en suivre avant, comme après l’indépendance ». Prophétie? Lumumba se rappelait, en effet, du 4 janvier 1959 et entrevoyait le poids démographique que représentent les Bakongo dans la capitale, Léopoldville, véritable épicentre du pouvoir.

Le discours fatal Le discours aussi impromptu qu’inattendu de Lumumba, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs, le 30 juin 1960, reste le point focal et le détonateur de toutes les actions futures visant à déstabiliser politiquement cet homme. Quelles motivations profondes ont déclenché ce discours?

D’abord, le Président Kasa Vubu venait de prononcer le 26 juin un discours devant le Parlement sans que celui-ci soit, au préalable, soumis au Premier Ministre. Ce dernier considérera cet acte comme un affront, puisque, dans son exposé, le nouveau Chef de l’Etat avait esquissé les grandes lignes du programme du gouvernement. Or, aux termes de la Loi Fondamentale, il est expressément stipulé, d’une part, qu’aucun acte de celui-ci ne peut avoir d’effet s’il n’est pas contresigné par un ministre responsable, et d’autre part, que le Premier Ministre « conduit la politique de l’Etat ». Ensuite, le même jour, Kasa Vubu prendra l’initiative de renouveler l’invitation faite au roi Baudouin de présider la cérémonie de passation de pouvoir au Congo. Invitation qu’il lui avait remise personnellement alors qu’il n’était que doyen du Collège exécutif au début du mois de juin. A l’époque, Lumumba s’y était opposé, arguant le fait que la visite de Kasa Vubu à Bruxelles était une manoeuvre belge pour mettre ce dernier sur le devant de la scène au moment où un formateur devait être désigné. Le ministre belge, Ganshof s’y était également opposé. Lumumba estimait que le Roi aurait dû reporter sa visite au Congo jusqu’à ce qu’il y ait une invitation officielle du Gouvernement congolais. En même temps, des nouvelles alarmantes circulaient sur une éventuelle proclamation de « l’indépendance du Katanga ».

En effet, le 25 juin, le belge Schecninck, l’envoyé spécial de Tshombe et des « Ultras », les Belges d’ Elisabethville, venait d’être appréhendé à Léopoldville par les services de sécurité avec des documents séditieux. De son côté, Evariste Kimba démissionnera de manière inattendue du gouvernement Lumumba, annonçant qu’il rentrait (précipitamment) au Katanga pour protester contre l’insuffisance de la représentation katangaise. Cela donnait déjà l’impression que quelque chose de louche se tramait au Katanga. Plusieurs autres faits insolites vont se passer avant la date du 30 juin entre autres, la signature du traité d’amitié entre la Belgique et le Congo où des formules maladroites se heurtaient aux sensibilités nationalistes en matière de souveraineté nationale et d’égalité de traitement; les difficiles négociations sur le traité d’amitié, jointes à l’affaire Schecninck sur les tentatives de la sécession du Katanga et au jeu solitaire de Kasa Vubu ont dû rendre Lumumba nerveux et irritable. Désappointé, Lumumba s’est senti exclu des préparatifs des festivités. Frustré et isolé, fulminant de colère, il s’est mis en tête que son discours le remettra sur la selette nationale et internationale.

Un émissaire éclaireur

Envoyé rapidement à Bruxelles pour sonder les milieux belges sur les tendances sécessionnistes au Kasaï et au Katanga, Thomas Kanza dira dans un rapport que « les milieux influents belges, religieux et financiers étaient convaincus que Lumumba allait favoriser l’expansion communiste au Congo ». Ces milieux étaient déterminés à démettre Lumumba du pouvoir aussi vite que possible après le 30 juin et à reconstruire le Congo sur une base fédérale. Ils comptaient sur la coopération étroite de Kasa Vubu, de Tshombe et de Kalonji.

Jusqu’au 29 juin, Lumumba, indigné, n’était toujours pas en possession des discours du roi Baudouin et de Kasa Vubu. Il se décidera de prendre la parole le même jour, surtout que les Belges y compris le Roi, avaient refusé de signer une amnistie générale à l’occasion de la célébration de l’indépendance. Lumumba tenait depuis longtemps à une telle mesure.

Le 30 juin, très tôt matin, Lumumba soumet à Thomas Kanza, à Joseph Kasongo et à deux autres ministres son projet d’allocution et leur demande de réagir. Ceux-ci vont se mettre à atténuer les passages les plus provocants du texte jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire, jusqu’à l’arrivée de Lumumba au Palais de la Nation. Le discours que sort de sa poche Lumumba et qu’il lit, en bousculant le protocole qui n’avait pas prévu son intervention, n’a pas tenu compte des amendements de ses proches ?

Un camouflet retentissant

Prenant la parole, dédaignant même de s’adresser au Roi des Belges, Lumumba débute son discours par une adresse, non pas aux personnalités présentes, mais « aux Congolais et Congolaises, aux combattants de l’indépendance ». Il parle de luttes, d’humiliations, de larmes qui avaient coulé pendant les quatre-vingts années de la colonisation. « Nous avons connu les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir parce que nous étions des Nègres. Qui oubliera qu’à un noir, on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs ? Nous avons connu que nos terres étaient spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort... Nous avons connu les souffrances atroces des relégués dans leur propre pays, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même. Qui oubliera des fusillades où périrent tant de nos frères, les cachots ou furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient pas se soumettre au régime d’injustice et d’exploitation ? Lumumba annonça ensuite que « tout cela était désormais fini ».

La virulence des propos prononcés d’une voix aussi calme, mais affirmée, suscita une onde de choc du côté belge. Ce fut l’indignation et la colère contenue. Tout sera alors mis en oeuvre pour disqualifier le Premier ministre Lumumba.

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:28 pm

Discours Impromptu du Premier Ministre Patrice Lumumba le 30 juin 1960:

Congolaise et Congolais,

Combattants de l’indépendance aujourd’hui victorieux,
Je vous salue au nom du gouvernement congolais.

A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez.

A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la libertés.

Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd'hui dans l'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c'est par la lutte qu'elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n'avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. C'est une lutte qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l'humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force.

Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire.

Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers.

Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu'à un noir on disait « Tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « Vous » honorable était réservé aux seuls blancs !

Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.

Nous avons connu que la loi n'était jamais la même, selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres.

Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou, croyances religieuses : exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même. Nous avons connu qu'il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les noirs ; qu'un Noir n'était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits « européens » ; qu'un Noir voyageait à même la coque des péniches au pied du blanc dans sa cabine de luxe.

Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d'une justice d’oppression et d’exploitation!…

Ensemble mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.

Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail.

Nous allons montrer au monde ce que peut faire l'homme noir lorsqu'il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l'Afrique toute entière.

Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d'autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.

Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l'assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu'elle sera loyale et qu'elle ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu'elle soit.

Ainsi, le Congo nouveau que mon gouvernement va créer sera un pays riche, libre et prospère. Je vous demande à tous d'oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l'étranger.

Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. L'Indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain. Notre gouvernement fort -national- populaire, sera le salut de ce pays.

J'invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants de se mettre résolument au travail, en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.

Hommage aux combattants de la liberté nationale!
Vive l’indépendance et l’unité africaine!
Vive le Congo indépendant et souverain!

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:30 pm

La virulence des propos prononcés d’une voix aussi calme, mais affirmée, devant le Roi Baudouin, suscita une onde de choc du côté belge. Ce discours fatal provoqua l’indignation et la colère contenue. Tout sera alors mis en œuvre pour disqualifier le Premier ministre Lumumba

II. Véritable toile d’araignée

Par des provocations délibérées des officiers Belges, des troubles éclatent au sein de la Force Publique. Le 7 juillet, contrairement au traité d’amitié qui venait d’être signé la veille, les troupes belges saisissent le prétexte pour intervenir au Congo, sans l’aval des autorités congolaises. C’est la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique. Joseph Ileo, en complicité avec l’ambassadeur belge à Léopoldville, Van den Bosch, déclarera que « lui et ses amis sénateurs s’emploient à neutraliser Lumumba ».

Monsieur André Wendelen, délégué permanent adjoint belge auprès des communautés européennes, est dépêché à Léopoldville, le 15 juillet, pour convaincre Bomboko de prendre la tête d’un gouvernement sans Lumumba. Le ministre des Affaires étrangères belge, Wigny multiplie des notes et mémorandums définissant le point de vue belge à l’intention de « ami Bomboko » et aux « modérés Congolais », les invitant à repartir à zéro en liquidant politiquement Lumumba.

Le Ministre des Affaires africaines, M. De Schrijver ordonne dès le 16 juillet la constitution à Brazzaville de groupes temporaires des fonctionnaires belges dans des opérations de déstabilisation du gouvernement Lumumba. On y trouve l’ancien directeur de Sûreté de Léopoldville, André Lahaye, envoyé par M.L. Caymax, son patron, aux côtés du Consul belge, Marcel Dupret, qui deviendra plus tard ambassadeur au Maroc pour les services rendus. Il périra lors de l’attentat de 1971, contre le roi Hassan II. Il sera chargé de coordonner avec le SDECE français représenté par M. Delarue, le directeur politique du cabinet de Fulbert Youlou et M. Larry Devlin de la CIA, l’opposition au gouvernement Lumumba.

Coïncidence ? André Lahaye deviendra plus tard le conseiller de Damien Kandolo, commissaire à l’Intérieur proche de Victor Nendaka. Sans pour autant ignorer les va-et-vient permanents du colonel Marlière, le conseiller belge de Mobutu à Brazzaville, agent de liaison entre les deux capitales. Il sera aide dans sa besogne par quelques Congolais, tels que M. Louis Akunda qui lui remettra le double des clés de la boîte postale de Lumumba, et par un Belge du cabinet de M. Christophe Gbenye, Ministre de l’Intérieur de Lumumba, un certain Dubois et un autre Belge, Schumaker. Le Vicomte E. Davignon fréquente aussi l’officine de Brazzaville pour le compte du gouvernement tshombiste. Ils installeront une radio clandestine, la « Radio Makala », animée par le Belge Jo Gerard et le Congolais, secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Raphaël Batshikama. Un second émetteur « RadioUhuru » est entre les mains de Victor Nendaka, opposant irréductible à Lumumba.

A Léopoldville, le réseau sera animé par MM. Jean Bruck, Gaston Dieu, le directeur de Sabena, ancien sbire belge hostile aux lumumbistes et M. Marlière devenu au mois de juillet conseiller le plus écouté de Mobutu. M. Démets travaille depuis Kitona aux écoutes radio pour le compte du ministère belge de la Défense et MM. Gillian et Putteman s’occupent d’Inga. Les six autres agents belges à Léopoldville seront placés sous la protection de l’ambassadeur de France, M. Charpentier. L’arme financière fut aussi utilisée par les Belges pour noyauter Lumumba.

La situation critique de la trésorerie congolaise au 30 juin et la dépendance de la Banque du Congo à celle de la Belgique, sans qu’il y ait la séparation des patrimoines. Il fallait trouver d’autres palliatifs pour pomper dans les vannes et distribuer à large échelle de la monnaie sonnante. Les Belges utiliseront les négociateurs congolais Kongo siégeant à Genève, notamment Albert Ndele, Jan Nsele, Albert Delvaux, Paul Mushiete et Joseph Nkayi, ministre abakiste des Finances de Lumumba pour le déstabiliser et l’isoler de l’affaire, surtout celle concernant la création du Conseil monétaire sans l’aval du conseil des Ministres. Le gouvernement Eyskens opta carrément pour une opération de déstabilisation de Lumumba.

Mission à la kamikaze

Le 18 août 1960, déjà, G. Eyskens donne, en des termes durs les ordres à M. J. Van Bilsen, l’auteur du « Plan de 30 ans », en route pour rejoindre son poste de conseiller auprés de Kasa Vubu : « Lumumba doit partir. Cela ne peut continuer ainsi. Il faut dire à Kasa Vubu de révoquer Lumumba et qu’il en a les moyens ». Le message sera transmis à qui de droit. Le Président Kasa Vubu qui, en ce moment, avait désormais le soutien de la Belgique, complotait à Léopoldville, à Brazzaville, à Elisabethville, à Paris, à Washington et à Bruxelles pour que Lumumba soit éliminé le plus rapidement possible. En effet, témoigne M. Cléophas Kamitatu, alors président de la province de Léopoldville: « Jusque-là, le Président Kasa Vubu et le Premier Ministre Lumumba travaillaient en parfaite harmonie dans l’élan du front commun ». Il ajoute en substance : qu’ « ils avaient même effectué une tournée ensemble à l’intérieur du pays du 10 au 18 juillet et précise en outre : « Je pense que les Belges étaient contre cette harmonie, ce sentiment commun, la révolte contre les abus politiques de l’agression militaire belge, cette volonté de sauver le Congo du morcellement auquel certains intérêts étrangers s’emploient à le vouer... » Et Cléophas Kamitatu de conclure : « C’est pourquoi, ils avaient créé cette division. Mon ami, Diomi, qui était du MNC, subissait des pressions pour qu’il quitte Lumumba afin de rejoindre l’Abako. De l’autre côté, l’Ambassadeur américain, Timberlake faisait pression sur Kasa Vubu pour qu’il se détache de Lumumba. Moi, j’ai téléphoné à Lumumba pour lui faire part de tout cela. A son tour, il a contacté le président Kasa Vubu. J’ai cru qu’ils avaient pris des précautions contre ces manoeuvres. J’étais surpris d’entendre à la radio vers 20h15 le 5 septembre 1960, la révocation brutale de Lumumba par Kasa Vubu et le même jour aussi celle de Kasa Vubu par Lumumba. Dommage que ni l’un, ni l’autre n’avaient rien compris des Blancs ! ».

Le front anglo-saxon

Quant aux Anglo-saxons, l’enjeu congolais se situerait dès le déclenchement de la Deuxième Guerre Mondiale contre l’Allemagne nazie, précisément lorsque la Belgique a été agressée. C’est à ce moment-là que l’Angleterre annonce les couleurs : le Congo belge doit s’inscrire dans l’effort de guerre. La reconnaissance d’un gouvernement belge en exil, l’uranium et le thorium, produits congolais indispensables pour parachever le projet « Manhattan » de la fabrication de la bombe A, étaient négociés par les Américains et les Britanniques par les accords célèbres qui sanctionnaient, en septembre 1944, la mainmise américaine sur ces produits congolais et leur donnaient un droit de préemption pendant dix ans sur toutes ces matières premières stratégiques, accords d’ailleurs renouvelés en 1950.

En tout cas, et dans l’ensemble, jusqu’au 14 juillet, Lumumba bénéficiât d’un préjugé favorable du côté américain. M. Robert Owens, diplomate américain qui l’accompagnera à Washington l’avait tenu en haute estime. Lors de la formation du gouvernement, contrairement aux Belges, les USA étaient favorables pour une solution incluant Lumumba comme Premier Ministre, estimant même qu’il n’y avait pas d’autre carte à jouer que celle-là, malgré les oppositions belges. « Les Anglais et les Américains ne cachaient pas l’intérêt qu’ils attachaient à la désignation de Lumumba en qui ils voyaient l’homme d’autorité nécessaire pour gouverner le Congo ».

Robert Murphy, désigné par le Président Eisenhower pour représenter les USA lors des festivités du 30 juin parut lui aussi séduit par Lumumba et s’arrangea pour rencontrer « cet homme dont tout le monde disait qu’il aurait une grande influence sur l’enfance de la nouvelle République. Il me fit une bonne impression, il me parut vif cordial et intelligent ».

C’est la même impression que garde l’Ambassadeur Timberlake tout au début, mais il est tout de même inquiet des activités débordantes du consul de Tchécoslovaquie, M. Virus, trop bavard et, de l’importance de la délégation soviétique aux fêtes conduite par le Vice-président du Présidium du Soviet Suprême. Pour la crise, Timberlake va jouer un rôle de premier plan dans les différents processus de prise de décisions en faveur du gouvernement Lumumba pour aboutir rapidement à la restauration de l’ordre par l’opération de pacification sous couvert de l’ONU ou de la 24ème division stationnée en Allemagne. Les Belges se montreront inquiets de cette attitude « sympathique » de Timbenlake vis-à-vis de Lumumba.

Une union de façade

En tournée à l’intérieur du pays, Kasa Vubu et Lumumba sont sans nouvelles de leur demande adressée à l’ONU. Ils apprennent la poursuite de la conquête du reste du Congo par le général belge De Cumont et de l’attaque des villes de Matadi, Mbandaka, Goma, Bandundu, Libenge, Boende, Gemena, Kikwit ainsi que de l’occupation de la capitale par les parachutistes belges. Le Président de la République et le Premier Ministre s’étonnent de l’attitude étrange du conseil des Ministres dirigé par Antoine Gizenga qui en arrive à demander l’intervention américaine.

Se sentant trahis par les uns et les autres, Joseph Kasa Vubu et Patrice Lumumba, qui semblent en ces moments unis comme les doigts de la main, adressent deux télégrammes, le 14 juillet, l’un à Bruxelles annonçant la rupture des relations diplomatiques avec la Belgique et l’autre à Moscou, envoyé à Nikita Khrouchtchev dans lequel ils lui demandent de suivre de prés ce qui se passe au Congo. Ici, il importe de s’interroger sur cette union de façade. Lumumba n’a-t-il pas joué le jeu de Kasa-Vubu ?

C’est clair comme le jour...

Pour les Belges, les deux télégrammes viennent de conforter la thèse du « complot communiste international ». Ils insistent que Kasa Vubu se détache de Lumumba et révoque ce dernier ainsi que son ami Kashamura, à cause de la pénétration soviétique au Congo et du risque d’une Troisième Guerre Mondiale par le Congo interposé.

Les USA restent réservés et prudents face aux positions belges. Pour eux, rien ne permettait d’étayer les rumeurs concernant une influence communiste sur Lumumba, à l’exception des « discours de style communiste prononcés par Kashamura et Gizenga ».

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:33 pm

La mort de Lumumba (III) : Le plan américano-belgo-onusien

Pour les Belges, les deux télégrammes interceptés viennent de conforter la thèse du « complot communiste international ». Ils insistent que Kasa Vubu se détache de Lumumba et révoque ce dernier ainsi que son ami Kashamura, à cause de la pénétration soviétique et du risque d’une Troisième Guerre Mondiale par le Congo interposé

Les intentions belges prêtées à Lumumba finissent par l’emporter, puisque serinées à travers un lavage de cerveau permanent. Elles gagnent Timberlake qui verra « l’irrationalité » dans la conduite de Lumumba et de ses alliés. Cette conduite pourrait, au pis-aller, amener celui-ci à inviter les Soviétiques à entrer au Congo.

L’Ambassadeur américain à Bruxelles, M. William Burden, un anti-lumumbiste qui, le 19 juillet 1960 va se faire l’avocat du plan d’éviction de Lumumba avec soi-disant pour mobile essentiel, qu’il était trop proche des Soviétiques. C’est alors qu’intervint le revirement américain.

Washington prend acte de ce syndrome communiste et le colle à l’entourage de Patrice suspecte, ipso facto, d’allégeance à l’Union Soviétique. C’est ainsi que, Antoine Gizenga, Maurice Mpolo, Pierre Mulele et Anicet Kashamura seront pointés du doigt.

La CIA entre dans la danse avec des missions précises. Son directeur, Allan Dulles ne se retiendra pas de dire qu’ « avec Lumumba, on est en présence d’un Fidel Castro ou pire », surtout que le 17 juillet, une lettre de Kasa Vubu et Lumumba adressée à Ralph Bunche lui lançait un ultimatum jusqu’au 19 à minuit pour le retrait des troupes belges au Congo, sinon ils seraient obligés de solliciter l’intervention de l’URSS.

La réaction de l’Eglise catholique ne se fera pas attendre. Le 19 juillet, l’évêque auxiliaire de Léopoldville, Joseph Malula intervient publiquement dans la lutte anti-Lumumba. Le 20 juillet, le conseil des Ministres décide de « faire appel à l’URSS ou à tout autre pays du bloc afro-asiatique » devant l’impuissance de l’ONU et des pays occidentaux à faire respecter la résolution du Conseil de sécurité exigeant le retrait immédiat des troupes belges du Congo.

Une tournée qui tourne au vinaigre

Lumumba effectue des le 23 juillet 1960, une tournée aux USA accompagne d’un homme d’affaires américain, Edgar Detwiller et veut convaincre les Américains qu’il n’est pas communiste comme les Belges ne cessent de le clamer sur les toits. Il veut tirer bénéfice de cette visite.

A New York, Lumumba s’entretient deux fois avec le Secrétaire Général des Nations Unies qui déclarera plus tard à un de ses collègues : « Personne ne peut me convaincre que cet homme est irrationnel ».

Patrice Lumumba est accueilli ensuite avec tous les honneurs à Washington. Il est logé dans la fastueuse résidence de Blair House, réservée aux Chefs d’Etat étrangers. La Belgique, offusquée réagit violemment. Elle s’indigne de cet accueil et se lance dans des écrits injurieux à l’endroit de Lumumba. Elle rit, à la seule pensée de voir Patrice Lumumba, ce « nègre-qui-sent » se vautrer « barbe dessus, barbe dessous » dans les mêmes draps que tous les hommes illustres, dont le roi des Belges, qui ont eu à séjourner à Blair House. En dépit de cela, Lumumba aura les entretiens avec le Secrétaire d’Etat Herter, le Sous-secrétaire d’Etat Dillon, l’Ambassadeur des USA à l’ONU, Cabot Lodge. Il évitera de rencontrer les diplomates russes qui voulaient s’entretenu avec lui. Pour toute aide sollicitée, Lumumba est poliment renvoyé traiter avec le Secrétaire Général de l’ONU avec qui, en fait, le courant ne passe pas du tout. Pour les officiels américains le message à l’adresse de Lumumba était clair : « hors de l’ONU, il n’avait point de salut pour le Congo ».

Du 28 au 30 juillet 1960, l’imprévisible Patrice Lumumba séjourne au Canada et déjoue la vigilance de ses hôtes pour enfin s’entretenir avec l’Ambassadeur de l’URSS à l’ONU, Kuznestov. Photo ci-dessous: Brigadier de l'ONU Inda Jit Rikhye était au courant du complot.

Si la presse américaine lui était favorable au début, par contre, les dirigeants américains lui étaient hostiles, surtout Dillon et Herter. Les manœuvres belges amplifiant leur campagne contre Lumumba deviennent de plus en plus agressives et fusent de toute part. Au cours d’une réunion de l’OTAN à Paris, ils ne se gênent pas de transmettre un faux rapport accablant contre Lumumba sur les mutineries au Congo.

L’URSS vient de décider d’envoyer au Congo, M. Mikael D. Yakovlev, ancien Ministre des Affaires étrangères d’Ukraine. Cette visite est interprétée dams le camp occidental comme un début de coalition effective. C’est ce qui modifie radicalement les sentiments et les jugements à posteriori des Américains, justifiant ainsi une décision qui avait été déjà prise tacitement au sommet et qui sacrifiait Lumumba en faveur d’un allié traditionnel, la Belgique.

L’étau se resserre

Le 1er août déjà, avant le retour de Lumumba au pays, Herter envoie un télégramme à l’Ambassadeur des USA en Belgique définissant la nouvelle attitude, foncièrement anti-Lumumba de son pays : « en attendant les USA continueront à rechercher des éléments plus valables au Congo, qu’ils pourraient être susceptibles de soutenir ». Désormais, les Etats-Unis vont ainsi s’engager vers l’hypothèse d’une élimination pure et simple, politique d’abord, physique, ensuite, de Patrice Lumumba . Ce denier se trouvera au centre de toutes les intrigues et de tous les complots. L’on distribue à n’en point finir de l’argent aux plus activistes pour serrer l’étau et prendre en tenaille Lumumba et ses lieutenants.

Dans son ouvrage, M. Kalb mentionne explicitement le député Albert Kalonji, dont la demande d’argent pour l’élimination de Lumumba n’est plus prise en considération par Timberlake.

A son retour au pays, le 9 août et face à la détérioration de la situation, Lumumba et son entourage vont radicaliser cette position qu’on leur prête, en décrétant un état d’exception avec, en prime, la menace d’envahir le Katanga, dès le 10 août. Ils ont l’aide des Soviétiques et des anciens officiers SS de l’armée allemande qui leur offraient à ce moment leur service.

La restriction de certaines libertés, l’arrestation de Gabriel Makoso du quotidien « Le courtier d’Afrique » et du sbire belge, directeur de la Sabena donnent aux événements des allures de précipitation. C’est la rupture dès le 15 août avec le Secrétaire Général de l’ONU qui crie à un « régime communiste ».

Les traîtres à nu

Quoique neutralisé, abandonné même par ses amis du Panafricanisme et assigné en résidence surveillée, Lumumba, vivant reste pour les Etats-Unis un homme politiquement très dangereux

Le 7 septembre, les traîtres sont démasqués. Ils ne peuvent plus montrer patte blanche. Leurs actes les mettent à nu. En effet, les ministres Justin Bomboko et Albert Delvaux signent tardivement l’acte de révocation seulement le 6 septembre. Jusque là, cet acte était anti-constitutionnel et illégal. Ils sont interpellés et interrogés par Jacques Lumbala, Secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil. De son côté, le colonel Joseph Désiré Mobutu, dont le comportement devenait de plus en plus étrange par rapport à ses engagements vis-à-vis du parti et de son chef est irrégulier chez Patrice Lumumba. Celui-ci, l’air soupçonneux lui a retiré finalement sa confiance.

Cléophas Kamitatu de raconter : « ... à mon retour de Mongata, j’ai rendu visite à Lumumba à sa résidence. Il a téléphoné à Mobutu sur mon insistance pour le tester en lui disant que lui le considérait comme son fils, comment pouvait-il l’abandonner ? » « Et ce dernier de répondre qu’il était militaire et qu’il ne pouvait faire que le devoir d’officier.»

Ayant compris la trahison de celui qu’il considérait être son ombre, Lumumba en colère nommera Maurice Mpolo commandant en Chef de l’ANC et lieutenant-général en remplacement du colonel Joseph-Désiré Mobutu, devenu indésirable à ses yeux. Maurice Mpolo est un ancien de la Police coloniale. Sa nomination intervient lorsque le général Lundula séjourne à Jadotville (Likasi).

Le 11 septembre, une réception est organisée chez Kasa Vubu en présence du Premier Ministre Joseph Iléo. Le Président est bel et bien entouré : tous les ambassadeurs occidentaux s’y trouvaient, alors qu’ils avaient poliment décliné une invitation de Patrice Lumumba la veille. Ils ont ainsi clairement pris position en faveur d’un camp précis.

Le 13, le Gouvernement Lumumba obtient les pleins pouvoirs du Parlement pour que l’ordre soit rétabli. Aussitôt, le Président Joseph Kasa Vubu ordonne la fermeture du Parlement pour un mois. Les militaires de Mobutu prennent le contrôle de la Radio dont l’ONU a accepté de se dessaisir. La démocratie était ainsi étranglée via l’ONU et l’Occident.

Coup de Jarnac

Le 14 septembre, deuxième acte : le « Groupe de Binza », craignant de perdre le pouvoir ainsi usurpé, oblige le colonel Mobutu, protégé par les Belges Henniquiau et Louis Marlière, le général marocain Kettani, un agent de la CIA, et avec la complicité de l’ONUC, de la CIA et de l’ambassade des USA, à organiser son premier coup d’Etat. Ce coup ne devait, en réalité ne neutraliser que seul le Premier Ministre Patrice Lumumba , laissant les mains libres au Président de la République Joseph Kasa Vubu.

Quoique neutralisé, abandonné même par ses amis du Panafricanisme et assigné en résidence surveillée, Lumumba, vivant, reste pour les USA un homme politiquement très dangereux. Il faut, à tout prix, l’assassiner, car il constitue, en fait, à leurs yeux, une menace pour les intérêts américains en Afrique Centrale.

Deux agents officiels de la CIA, Richard Bissel et Bronson Tweedy sont chargés d’établir des plans dans ce sens. Ils font préparer par le chimiste du service, Joseph Scheider, un poison qui, une fois introduit dans la bouche par la brosse à dents ou dans un aliment, entraînerait la mort ou une totale incapacité physique de la victime sans laisser de traces décelables.

Le 19 septembre, au troisième acte de l’épisode ; outre l’installation du Collège des Commissaires Généraux par le colonel Mobutu, la CIA envoie un certain Joe de Paris, en réalité le Dr Gottlieb, alias Joseph Scheider, qui débarque à Léopoldville avec un poison qu’il tient à la disposition d’un agent permanent nommé Victor Hedgman.

Incapable de trouver un complice dans l’entourage de celuici. Gottlieb Scheider quittera le Congo seulement le 5 octobre, l’expiration du produit et ne sera détruit qu’après l’arrestation de Lumumba, au début du mois de décembre 1960.

Quatrième acte du scénario : la CIA recrute avec l’aide des services français, un tueur à gages identifié sous le mystérieux nom de code de QJ/WIN. Il s’agit en réalité d’un ancien inspecteur de la DST (service Secret français) liée à la maffia corse, un certain Roger Blémant chargé d’abattre Lumumba à bout portant, comme un lapin, chez lui à Léopoldville ou à Stanleyville, s’il parvenait à s’enfuir ou partout ailleurs. Il louera un appartement aux environs de la résidence de Lumumba avec une vue directe sur sa cible.

A l’annonce de la fuite de Lumumba, Roger Blémant qui se trouvait déjà à Stanleyville sous divers titres avec pour mission de l’abattre dès son arrivée. Il déchantera parce que Lumumba fut arrêté avant son arrivée à Stanleyville.

Dès le mois d’octobre, Lumumba est réellement « mis hors d’état de nuire ». « Assiégé » dans sa résidence, il ne pourra plus en sortir qu’en s’évadant. Un double cordon de l’ANC et de l’ONUC, recommandé d’ailleurs par le Commissaire adjoint à la Justice, Etienne Tshisekedi monte la garde en permanence devant le domicile de Lumumba. Ses alliés politiques, Congolais et Africains sont en débandade. Mais depuis le 14 octobre, son lieutenant, Antoine Gizenga contrôle déjà la Province Orientale et celle du Kivu, où vont le rejoindre tous les autres nationalistes intensément recherchés par les services spéciaux belgo-congolais. Il s’agit de Christophe Gbenye, Joseph Mbuyi, Anicet Kashamura, Joachim Massena, Davidson Bocheley, Rudahindwa, Grenfell, Yumbu, Pierre Mulele, Valentin Lubuma, Antoine Kiwewa,etc.

Tous étaient munis d’une note de recommandation du président provincial de Léopoldville, Cléophas Kamitatu. Ce dernier apparaît comme étant le seul nationaliste détenant encore l’effectivité du pouvoir et autour duquel gravitent toutes les forces nationalistes inquiétées sans que lui-même ne be soit...

Se sentant en danger, et craignant pour sa liberté, voire même de sa vie, Lumumba va tenter de s’évader de sa résidence. Il veut aller rejoindre Gizenga et les siens à Stanleyville en vue de renforcer le bastion nationaliste. C’est vers cette issue que les services étrangers vont conduire Lumumba à travers certaines mains congolaises et africaines. Il tombera aveuglement dans la trappe puisque son entourage était truffé des traîtres prêts à le vendre pour 30 deniers.

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:35 pm

La mort de Lumumba (V) : La chasse à l’homme

Le 27 novembre, le soir, il pleut à verse. Lumumba, perd ainsi sa protection de l’ONUC et quitte avec beaucoup de risques sa résidence dans des conditions inconfortables. Son sort est scellé

A l’annonce de la fuite de Lumumba, l’Ambassadeur américain cède un avion privé et un pilote spécialiste des vols de reconnaissance à basse altitude aux services secrets belgo-congolais pour la recherche, la poursuite et l’arrestation ou l’assassinat de Lumumba à la demande expresse du colonel Mobutu. Le commandement de l’opération sera confié à un élément exalté, le capitaine Gilbert Pongo. C’est un agent de liaison de la Sûreté et un ancien agent territorial. Pongo avait juré et promis de liquider Lumumba et tous les lumumbistes. Il sera accompagné d’un agent belge, sûrement André Lahaye. L’agent d’exécution sera l’officier de l’ANC Yowane, un des commandos formés en dernier lieu par les Belges, revenus entre-temps de Thysville (Mbanza Ngungu).

Le premier vol sera effectué vers Coquilhatville (Mbandaka) et Stanleyville croyant retrouver Lumumba déjà à Stanleyville. Ils annonceront, après avoir repéré quelques indices dans le bateau de l’Otraco (Onatra) « ITB Moleart », piloté par le capitaine Michel Lohandjola transportant 19 valises de Lumumba. Ce bateau sera arraisonné sur l’ordre de Nendaka, par les militaires de la garnison de Coquilhatville au kilomètre 640 vers Bumba dans la barge K.800. M. Joseph Muteba, un des adjoints de Nendaka à la Sûreté, confirmera ces propos lors de sa déposition à la Conférence Nationale Souveraine. Pour lui, les 19 valises et malles de Lumumba ont été récupérées par sieurs Nendaka et Mobutu par l’intermédiaire de l’agent Alexandre Kinkela, qui à son tour confirmera qu’il y avait beaucoup d’argent dedans et le compte bancaire de Lumumba à la Socobanque, actuelle Banque Congolaise du Commerce Extérieur (BCCE), aurait été soldé aussi par Victor Nendaka et sa bande usant des faux en écriture.

Ensuite, l’avion sera aiguillonné vers Tshikapa puis Luluabourg (Kananga). C’est lui qui va repérer et faciliter l’arrestation du convoi d’Okito et Pakasa se rendant de Kikwit à Tshikapa par Idiofa.

Le 30 novembre, le convoi est rejoint par trois autres fugitifs de marque au bac de Mangal et de Pont-Francqui (Ilebo) : Pierre Mulele, Valentin Lubuma et Gabriel Yumbu venant de Kikwit qu’ils ont quittés précipitamment après avoir tenu un meeting incendiaire contre les réactionnaires de l’Abako. Ils laissent derrière eux la ville à feu et à sang. C’est, l’œuvre des soldats de Mobutu, ceux-ci sont en colère du fait que la garnison de Kikwit n’ait pas su arrêter Mulele, Yumbu, Lubuma ainsi que le convoi de Lumumba, qui, tous ont eu à passer par là.

Le 1er décembre, ils sont à Port-Francqui. Lumumba se croit en sécurité chez lui, au Kasaï. Mais il échappe à la première tentative d’arrestation par l’ANC locale. Il est sauvé, in extremis, par les militaires ghanéens de l’ONUC. Le convoi arrive à Mweka, où il est accueilli triomphalement par une foule nombreuse conduite par le député de la coalition lumumbiste, Mathias Kemishanga. En effet, pour les observateurs, Mathias Kemishanga aurait été parachuté « on ne sait où » dans le seul but de précéder et de freiner la célérité du convoi des fugitifs. Celui-là même qui était resté à Léopoldville le jour de l’évasion de Lumumba, avait-il le don d’ubiquité pour se trouver en ce moment précis à Mweka, où il fait perdre sciemment du temps au convoi ? Kemishanga convie, dans l’après-midi, Lumumba a un meeting au stade de Mweka. Mulele refuse de s’y rendre, trouvant l’opération dangereuse. Il reste cloué et cloisonné en son Hôtel, où le président provincial du Kasaï, Barthélemy Mukenge, allié au MNC/Lumumba téléphone depuis Luluabourg (Kananga) pour signifier aux fugitifs le danger qu’ils courent avec l’arrivée imminente des militaires de Mobutu. Ceux-ci sont déjà au courant de leur itinéraire et de leur présence à Mweka. D’où, l’urgente nécessité de changer d’itinéraire. Il n’est plus question de passer par LuLuabourg, où le colonel Ndjoku, pro-Mobutu, est intransigeant et sans pitié au sujet de Lumumba. Ce dernier et ses compagnons d’infortune sont en mauvaise posture. Mulele se rend précipitamment au stade, les prévient afin de quitter aussitôt les lieux et de changer leur plan de fuite. Ils doivent aller vers Lodi et éviter, à tout prix, la route de Luluabourg. C’est ce qui fut fait. Des crevaisons retardent encore la progression. Mungul Diaka dut céder la voiture Peugeot en bon état à Lumumba et restera avec sa famille pour réparer dans la brousse sa voiture en panne.

Coup de théâtre

Le convoi arrive à Bolongo vers 22 heures, mais il faut traverser la rivière Sankuru en pirogue pour rejoindre les passeurs du bac se trouvant de l’autre côté de la rivière. Ils mettront une heure pour y parvenir. Les premiers à passer sont Kemishanga, Lubuma, Mulele, Grenfelt, Yumbu et Lumumba lui-même. Entre-temps, les militaires à leur poursuite arrivent sur l’autre rive. Les Mungul Diaka, Pauline Opango et Roland Lumumba se cachent dans la forêt voisine pour échapper à leurs griffes. Cinq soldats vont franchir la rive droite avec le bac. Ils sont envoyés par Lumumba chercher sa femme et son enfant. Remarquant la présence des militaires venus de Port-Francqui, il demandera à ses Lieutenants de se cacher. Après avoir harangué pour la dernière fois de sa vie la foule accourue à sa rencontre, Lumumba va parlementer seul avec ces militaires promus spontanément en grades. Ceux-ci se retrouvent nez à nez avec l’officier Christophe Yowane, agent d’exécution du commando. Mulele, confiera à Kanza « que cela fut parfaitement stupide, je n’aurai jamais cru que Lumumba était aussi sentimental et confiant ». Yowane utilisera la ruse pour convaincre Lumumba de l’accompagner de l’autre côté, prétendant qu’ils sont dépêchés pour offrir une escorte au Premier Ministre.

Après avoir compris quelques temps plus tard qu’il était en état d’arrestation, Lumumba tentera pendant une heure de palabre de convaincre l’officier Christophe Yowane afin qu’il le laisse partir. Mais en vain. Yowane alléché et obnubilé par sa récompense et ses futurs grades ne se laisse pas impressionner par les propos de Lumumba. Ce dernier, au bord du désespoir, lance sa prophétie : «…Il n’est pas juste que vous m’arrêtiez, moi qui vous ai donné le commandement de l’armée au détriment des Belges... Tuez moi ici même et jetez mon cadavre dans la rivière pour que je sois dévoré par les poissons et que les Congolais en profitent pour qu’en mangeant de ce poisson, ils restent vigilants contre les profiteurs étrangers. Mais si vous m’amenez au Katanga et que ce sol congolais (katangais) boive mon sang, notre pays connaîtra un mauvais sort. Durant plus de 30 ans, il entrera dans un profond sommeil, dans l’obscurantisme total et ce sera votre propre destruction ! ». Ces propos seront confirmés par des témoins appartenant à des clans diamétralement opposés : d’un côté, par Yowane lui-même, du camp de Mobutu ; et de l’autre par Mathias Kemishanga, feu Bernardin Mungul Diaka et le feu Valentin Lubuma.

L’arrestation

Lumumba est arrêté, le vendredi 2 décembre 1960, aux premières heures de la matinée par le lieutenant Christophe Yowane Lokete. Il rejoint manu militari sa petite famille et Mungul Diaka de l’autre côté de la rive, où ils seront escortés par des jeeps et camions militaires jusqu’à Mweka.

Profitant d’un moment d’inattention des militaires congolais, Mungul Diaka ordonnera au chauffeur en « munukutuba » (en kikongo, une des langues parlées au Congo), un certain Makasinga, habitant de la commune de Bandalungwa (à Léopoldville) de foncer vers le camp de l’ONUC tenu par des militaires ghanéens, ceux qui les avaient arrachés des militaires beaux, déjà le 1er décembre. L’officier en faction, un Anglais de l’armée ghanéenne lui refusera le passage faute d’instructions et de compréhension de la Langue et de manque d’interprète.

Aussitôt, il est récupéré par le Lieutenant Yowane et est tabassé sur le champ à coups de crosse. C’est la dernière parution de Mungul Diaka dans ce feuilleton. Lumumba est conduit immédiatement à Port-Francqui, accompagné du député national Théophile Bonde où les attendait le commandant Gilbert Pongo avec un avion DC 3. Les autres fugitifs seront relâchés et continueront leur route jusqu’à Stanleyville via, cette fois-ci, Luluabourg.

Le prisonnier Lumumba à Léopoldville

Le vendredi, 2 décembre, à 17 heures, Gilbert Pongo triomphant, fier comme Artaban, et arrogant à outrance, ramène à Léopoldville les prisonniers Lumumba et Bonde. Ceux-ci sont dans un état piteux. Lumumba est en chemisette blanche, tachée de sang. Il est sans lunettes. Un caillot de sang sur la joue. Epuisé, il a les mains ligotées derrière le dos. Une bonne centaine de militaires dirigés par le lieutenant Bernard Kamata Kay, adjoint de Pongo l’attendent. Une meute de journalistes internationaux est là aussi. Elle filme à loisir le chemin de la croix de Lumumba. Le Lieutenant Kamata Kay, plus tard chef de camp du général Babia, confirmera que tous les Commissaires Généraux « initiés », c’est-à-dire au parfum du complot et de l’opération étaient présents à l’aéroport tels que Bomboko, Lihau, Iléo, Tshisekedi, Kazadi, Ndele, Kandobo, Nussbaumer...

Patrice Lumumba sera jeté sans ménagement sur le plateau d’un grand camion militaire, Les mains, cette fois-ci, ligotées à l’aide d’une cordelette. Il est accompagné de deux autres détenus, les députés lumumbistes Théodore Bonde et Jérôme Mondjongo. L’escorte empruntera d’après le témoin Bernard Kamata Kay, le boulevard Lumumba jusqu’au croisement de la Kethule (Sendwe), puis elle va virer sur l’avenue Prince Baudouin ( Kasa-vubu) en passant par l’avenue de l’Enseignement puis le camp Léopold II camp Kokolo) jusqu’au croisement de Binza-Ma-Campagne-Kintambo puis le camp Tshatshi appelé, alors le « Camp 100 maisons », villas appartenant à la Banque Centrale, jusqu’à la résidence de Mobutu. Ce dernier les attendait, satisfait de la mission largement accomplie.

Calmement, sûr de lui, Mobutu regarde de haut et contemple ses soldats frapper, torturer et infliger des traitements inhumains à Lumumba et à ses deux compagnons. Ils lui arrachent les cheveux et lui enfoncent son dernier discours sur papier dans la bouche. Des soldats pèsent sur les cordes et resserrent ses poignets. Mobutu se moque de ce qui se passe sous ses yeux et pousse le mépris jusqu’à cracher sur Lumumba. Il est ensuite conduit dans le garage de Victor Nendaka, toujours au « Camp 100 maisons » à Binza, à quelques mètres de chez Mobutu.

En présence des photographes et cameramen, Lumumba est roulé par terre. Les soldats excités sautent sur lui et lui font passer un mauvais quart d’heure. Il passera la nuit dans ce garage après avoir subi à nouveau des brutalités. Personne ne saura dire ce qui s’était réellement passé durant cette longue nuit noire.

C’est au matin du 3 décembre 1960, relate un témoin oculaire, en l’occurrence le lieutenant Nkiey, chargé d’aller chercher Maurice Mpolo, qui devait rejoindre Stanleyville depuis son fief de Mushie (dans l’actuelle province de Bandundu) où il a été arrêté par l’Administrateur du Territoire local, Jacques Ngaa Ilanga, sur ordre phonique de Nendaka. Selon les instructions de Nendaka, Mpolo, une fois arrêté, devait l’attendre jusqu’à son arrivée à Mushie, parce qu’il tenait à le récupérer personnellement. Mais, Mr Bokabo, Commissaire de District d’Inongo informera Ilanga que l’avion de Nendaka ne viendra plus et qu’il devait prendre le bateau « ITB Bogard » en provenance de Banningville (Bandundu). Il devait le rejoindre à Mushie et accompagner le prisonnier à Léopoldville. Ce qui fut fait.

Arrivé à Léopoldville, aux environs de 3 h 00’ du matin, ce 3 décembre 1960, Mpolo Maurice est récupéré dans le bateau par 15 militaires venus à bord de deux « Abbatros » de l’ANC. Ils l’amènent en pyjama, ne lui offrant aucune possibilité de s’habiller. Ces tortionnaires empêchent même à Jacques Ngaa Ilanga de les accompagner. Aussi arrivé dans les Locaux de la Sûreté, Mpolo rejoint Lumumba et Okito. Maurice Mpolo , fut un ancien président du MNC/L de la province de Léopoldville, élu député national à Inongo. Il sera qualifié de « dur » au Parlement pour ses prises de position.

Pour la petite histoire, il est bon de signaler que Maurice Mpolo s’est illustré en giflant Nendaka, lors de la réunion de concertation de tous les présidents provinciaux du parti avant la tenue de la table Ronde de Bruxelles, après que celui-ci ait tenu des propos désobligeants quant à la participation à la Table Ronde du chef du parti, Lumumba, alors incarcéré à Jadotville (Likasi). C’est encore lui qui aura des démêlés avec Mobutu au Camp Léopold II à qu’il administrera une gifle en présence du colonel Jacques Puati. Ces exploits en paires de baffes retentissantes ne seront pas oubliés par l’un, ni par l’autre. Mpolo sera d’abord arrêté par Mobutu, emprisonné à Luzumu (dans la province du Bas-Congo) et aura son élargissement grâce à l’intervention des troupes marocaines de l’ONUC. Il se repliera chez lui à Mushie cherchant à rejoindre ses camarades à Stanleyville. C’est alors qu’il retombe dans les filets de ses pires ennemis ( Nendaka et Mobutu).

Quant à Okito, vice-président du Sénat, il y a lieu de retenir qu’il sera arrêté dans leur fuite sur la route de Kikwit allant vers Tshikapa, en compagnie de Joseph Oshako, député national du MNC/L et Lunganga Punga Djoke, sénateur, chef coutumier du Sankuru. En effet, à la suite d’une panne survenue à la voiture qui les transportait, ils se feront repérer par l’avion à la recherche du fugitif Lumumba. Ils seront arrêtés par les militaires de Kikwit du commandant Magot. Aussitôt après, ils sont acheminés sur Léopoldville par avion et internés au « Camp 100 maisons » avant l’arrivée de Lumumba, Bonde et Mondjongo.

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:37 pm

La mort de Lumumba (VI) : Mobutu et Nendaka en première ligne

Lumumba est arrêté, le vendredi 2 décembre 1960, aux premières heures de la matinée par le lieutenant Christophe Yowane Lokele. Gilbert Pongo ramène à Léopoldville les prisonniers Lumumba et Bonde

Il faut maintenant veiller au grain et garder les prisonniers. Thysville (Mbanza-Ngungu) est l’endroit idéal retenu par Mobutu et Nendaka pour ce faire. Rendez-vous est pris vers la route de Matadi-Mayo, aux croisements des limites communales actuelles du Mont Ngafula, Selembao et Binza Ipn.

Toujours, selon le lieutenant Nkiey, Lumumba est amené en ces lieux par Mobutu lui-même. Ce dernier est accompagné du lieutenant Bumba Moasso, du major Bosango et autres prisonniers Mpolo, Okito, Théodore Bonde, Jérôme Mondjongo, Oshako, Matabiche, Georges Grenfell, Evariste Lukamba, Lunganga, Punga Djoke...

Là, le même Nkiey aperçoit et reconnaît le colonel Mobutu, assis confortablement dans sa voiture, une grosse américaine, à côté du chauffeur. Sur le siège arrière, se trouve assis, Patrice Lumumba, ligoté comme un saucisson. Il est encadré par deux prévôtés militaires armés jusqu’aux dents. Le lieutenant Nkiey confirmera que c’est le colonel Mobutu en personne qui accompagnera le détenu Lumumba jusqu’à Thysville, suivi du convoi accompagnant les autres détenus politiques.

Nkiey raconte que le 3 décembre 1960, Mobutu avait livré au Camp Hardy (aujourd’hui camp colonel Ebeya à Mbanza Ngungu) ses prisonniers aux mains du commandant Bobozo en lui donnant des consignes très strictes, surtout en ce qui concerne Lumumba. Ils y resteront plus d’un mois durant.

Le 13 janvier 1961, les dirigeants du « Groupe de Binza », Joseph Kasa Vubu, Joseph Iléo, Joseph Mobutu, Justin Bomboko et Victor Nendaka, en compagnie d’Emmanuel Kini, chef de cabinet à la présidence et Gaston Diomi, vice-Président de la province de Léopoldville, se rendront à Thysville à bord d’un « Dragon Rapide », piloté par le Belge Raymond Linard, le patron de la compagnie Air-Brousse.

Le « Groupe de Binza » a repris le contrôle de la troupe mutinée quelques temps avant. Il est venu en réalité se moquer du prisonnier Patrice Lumumba. Ils seront accueillis par Louis Bobozo et les soldats fidèles à Mobutu. Ces soldats sont grassement ravitaillés en espèces sonnantes. L’argent provenait des accords d’aide financière signés à Paris, le 10 janvier 1961, entre l’Ambassadeur belge Rothschild et le Ministre des Affaires étrangères du Collège des Commissaires Généraux et du gouvernement impopulaire d’Iléo, Justin Bomboko, à raison de 120 millions de francs par mois pour augmenter les soldes et apaiser l’armée.

A cette occasion, c’est par une lettre adressée à Nendaka et à Bobozo qu’une décision prise par Kasa Vubu de transférer immédiatement les détenus en une autre localité du pays fut exhibée.

Choix et transfert

Si les autres comparses prennent la route pour regagner Léopoldville, Nendaka restera sur place, avec l’avion « Dragon Rapide », chargé de discuter avec Louis Bobozo du sort de Patrice E. Lumumba.

Ayant appris auparavant l’arrivée du Secrétaire Général de l’ONU à Léopoldville, dès le 14 janvier 1961, Lumumba lui adressera une note par l’intermédiaire de Kamitatu. Sept militaires de la garnison de Thysville lui apporteront clandestinement cette lettre qu’il tentera lors de ses entretiens à lui remettre. Le Secrétaire Général de l’ONU dira ceci à Kamitatu : « Monsieur Kamitatu, je ne lirai pas la lettre de cet homme, qui s’était rendu à New York, à l’Assemblée Général, pour exiger ma démission. Il ne l’a pas obtenue. Maintenant, c’est lui ou c’est moi ! » Abasourdi, son représentant à Léopoldville, M. Dayal intervint et prend la lettre des mains de Kamitatu et promet qu’il fera le résumé du contenu de cette lettre à son chef. D’après Kamitatu, Lumumba sera informé, au soir, par la note remise par sept militaires, dès ce 14 janvier 1961, que l’ONU refusait officiellement de le protéger.

L’évolution des événements les inquiète des ce jour. Nendaka effectuera encore seul un déplacement à Thysville, le 14 janvier, pour préparer et décider des lieux de transfert et du chef d’accusation de chacun des détenus, aux différents mandats de dépôt remis par Victor Nendaka lui-même à la Commission des Assassinats de la CNS, concernant la situation de dix détenus dont Patrice Lumumba, Joseph Okito, Georges Grenfeli à transférer à Léopoldville, Matabiche, Maurice Mpolo, Evariste Lukamba, Théodore Bonde, Jean Bononge, Jérôme Mondjongo, Joseph Oshako à Luzumu.

L’on ignore complètement l’heure de son retour à Léopoldville. Mais il sera aussi présent lors de la réunion qui se tient chez Kasa Vubu, ce 14 janvier. Y participent, outre Kasa-Vubu, Nendaka, Bomboko, Kazadi, Kandolo, Mobutu et le belge Georges Denis, conseiller juridique du président. Ils prennent la décision de transférer Lumumba au Katanga lors de cette ultime rencontre sur insistance de Mobutu qui avait la voix prépondérante en tant que chef de l’armée dont Lumumba était prisonnier. Ils font pression pour obtenir à tout prix l’accord de Tshombe sur ce transfert.

Le colonel Marlière, conseiller de Mobutu contacte en code par phonie le Belge Verdickt des services de renseignements katangais à Elisabethville : « demande accord du Juif pour recevoir Satan ». Le même jour encore, le belge André Lahaye proche de Kandolo va à Brazzaville contacter l’Ambassadeur Dupret pour expédier d’autres messages à Bruxelles destinés au gouvernement belge et du même Verdickt, insistant au nom du Collège des Commissaires Généraux.

A Bruxelles, le comte d’Aspremont Lyden, alors chef de la MISTEBEL (Mission Technique Belge) au Katanga, ordonne des le 16 janvier à Tshombé d’accepter le transfert. Justin Bomboko, qui rencontre Tshombe à Brazzaville, d’après Jacques Bartelous, chef de cabinet de Tshombe, insiste auprès de lui pour qu’il accepte le prisonnier. Des réunions se tiennent à Elisabethville entre Tshombe, Kimba, Munongo, Kibwe et ses conseillers belges, René Clemens et Guy Weber et, finalement, la décision est prise, d’accepter le transfert par une lettre de Tshombe adressée à Kasa Vubu et à Bomboko, le 15 janvier, sur insistance personnelle d’Aspremont.

C’est dans la journée du 16 janvier que le Président Joseph Kasa Vubu, Bomboko, Kazadi et Nendaka seront avisés de cet accord de Tshombe par un message chiffré, via Brazzaville, de Joe Verdickt envoyé depuis le 15 janvier, dans l’après-midi. L’exécution de l’opération est confiée à Nendaka, homme fort du « Groupe de Binza ».

Réunion clandestine

Le lundi 16 janvier 1961, se tient une réunion clandestine à l’aéroport de Ndjili dans le bureau de Jean Annez de Taboada, directeur général de la Sabena en Afrique. Y prennent part, Victor Nendaka, Damen Kandolo, Ferdinand Kazadi, Lahaye, Marlière et les représentants de la Sabena, Jean Jonniaux, chef d’exploitation, Michel Doutreloux, son adjoint et deux commandants de bord, Piet Van der Meersch et Georges Oxley Piesse dit Bob Watson. Sur ce point précis, Victor Nendaka remettra, à la Commission de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), un plan de vol du 16 au l7 janvier détaillant que l’après-midi du 16 janvier, un « Dragon Rapide » d’Air Brousse quittera l’aéroport de Ndolo pour se rendre à Thysville avec son pilote, Beaumont. Ce dernier y passera la nuit à l’Hôtel Cosmopolite. Très tard dans la nuit, Nendaka accompagné de l’un de ses agents, en l’occurrence, Jean-Maurice Kalume et d’une escorte de deux ou trois militaires venus de Bakwanga sous les ordres du lieutenant Zuzu, alias Mesu, homme de paille de Kalonji, quittera Léopoldville pour Thysville par route avec deux voitures.

De leur côté, Kazadi et Mukamba, respectivement Commissaire Général à la Défense et Commissaire-adjoint à l’Intérieur se retrouveront déjà vers 4 h 00’ du matin, ce 17 janvier à l’aéroport de Ndjili. Ils s’embarqueront dans le DC 4 pour Muanda, trompant ainsi la vigilance des témoins gênants et celle du pilote du DC 3 qui attendra en vain jusqu’à 10 h 00’.

Lumumba tombe dans le piège

L’agent de la Sûreté congolaise, Léon Bula, confirmera que Nendaka après avoir eu des entretiens avec le colonel Bobozo utilisera dès son arrivée au Camp Hardy, vers 4 h 30’ du matin un stratagème pour convaincre Lumumba de le suivre en lui annonçant la nouvelle d’un coup d’Etat intervenu à Léopoldville. Il y était attendu pour former un nouveau gouvernement, Lumumba, savait bien d’expérience qu’il faut craindre les Grecs, surtout lorsque ceux-ci font des offrandes, est convaincu de la part de Nendeka qu’il s’agissait bel et bien d’un bluff. Il résistera devant cette proposition alléchante. Il est poussé de force dans la voiture par l’agent Jean-Maurice Kalume. Ce dernier les conduira, avec escorte de véhicules militaires à destination de Lukala à une quarantaine de kilomètres de là.

L’appareil prévu, un « Dragon Rapide » d’Air Brousse décolle de Lukala à 7h45’ pour Muanda, où il atterrit à 9h45’ avec les trois prisonniers à bord. Jean-Maurice Kalume relate qu’il y a eu une chaude discussion et un échange d’aménités tout le long du voyage entre Lumumba et Nendaka. Les soldats se sont mis à frapper les prisonniers, déstabilisant ainsi le petit avion à chaque échauffourée. Ils retrouveront à Muanda toute la fameuse bande du « Groupe de Binza » qui attendait depuis des heures déjà pour présenter ses « adieux » aux prisonniers : Kasa Vubu, Iléo, Bomboko, Ndele, Kazadi, Kandolo, Nussbaumer, Lihau, Mukamba, Tshisekedi étaient de la partie.

Lumumba subira de nouvelles tortures et des traitements inhumains et toutes sortes d’humiliations sous leurs yeux.

Ils sont de pierre et imperturbables. Ce spectacle odieux est tellement délirant qu’un militaire Tetela en faction à l’aéroport de Muanda ne supportera pas de continuer à le vivre. Il préférera se suicider sur le champ car incapable d’apporter une quelconque aide à son frère ethnique.

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:38 pm

Des convoyeurs tortionnaires

Une dernière décision sera prise : les Commissaires Ferdinand Kazadi et Jonas Mukamba, le colonel Léonard Mulamba venant de Luluabourg, le Lieutenant Zuzu alias Mesu et quelques militaires venant de Bakwanga qui gardaient encore les « épaulettes bleues » de la gendarmerie de Kalonji et de Ngalula accompagneront les trois colis à Elisabethville dans le DC 4 immatriculé 00-CBI piloté par Piet Van Der Meersch. Le premier officier, Jack Dixon, un Australien, le radionavigateur Jean-Louis Drugmand, un Belge, le mécanicien Robert Fau, un Français arriveront à 7h00’ à Muanda qu’ils quitteront pour Elisabethville à 10h00’ en survolant l’Angola.

Dans l’avion, les prisonniers sont attachés à leurs sièges, les yeux, la bouche et les oreilles bandés avec des sparadraps. Dès le décollage, les traitements inhumains recommencent de plus belle et se poursuivront jusqu’à la fin du voyage, à l’aéroport de la Luano, au Katanga.

Kazadi sera sans pitié envers Lumumba. Il est dans sa peau et prend effectivement sa revanche, en se souvenant des tortures lui infligées dans les geôles lumumbistes, il y a quelques semaines passées. C’est vers 16h00’ que les prisonniers arrivent à Elisabethville. Ce sont des loques humaines.

Impressionnantes ramifications de complices

L’aéroport de la Luano est sous contrôle des belges : Lambol est à la tour de contrôle. Guy Dedeken au commandement de l’aéroport, Gerardus Lindekens est, lui chargé du contrôle technique des télécommunications. Ceux-ci vont prévenir la Présidence provinciale en atteignant un autre belge, François Thomas qui est au cabinet de Tshombe. A son tour, celui-ci alerte Jacques Bartelous, le chef de cabinet. Le chef d’Etat-major de la Gendarmerie, Paul Perrad est informé à son tour. Un peloton de la police militaire est aussitôt envoyé sur place sous les ordres du capitaine Julien Gat. Il a pour mission d’empêcher quiconque d’approcher l’appareil et, surtout les soldats onusiens. Au même moment, le Ministre de l’Intérieur du Gouvernement de l’Etat du Katanga, Godefroid Munongo réunit ses principaux collaborateurs tels que Plus Sapwe, le Commissaire de police en chef, Raphaël Mumba, l’Inspecteur général de la police, Jérôme Disasi, Chef de la Sûreté, et les Belges Victor Tignée son Chef de cabinet, les Commissaires Sergers et Verscheure. Chacun d’eux aura un rôle important à jouer dans cette phase décisive. Le Commissaire belge Sergers envoie un détachement des policiers en civil à l’aéroport pour renforcer l’équipe des militaires, tandis que Verscheure s’occupera de l’installation des prisonniers à la maison Brouwez, près de l’aéroport.

Pour sa part, Verdickt, qui reste en contact permanent avec Brazzaville, Léopoldville, Bruxelles et Salisbury (Harare au Zimbabwe actuel) d’où il est suivi avec passion par Jacques Houart, Consul général de Belgique auprès de Roy Welesnky, le Premier Ministre des deux Rhodésie et du Nyassaland (Malawi) bien intéressé dans les affaires congolaises, saute immédiatement sur Luano. Munongo, Kibwe et Kitenge le confirmeront.

Sont aussi présents à l’aéroport, les lieutenants belges Michels et Grandelet ainsi que le sous-lieutenant Leva qui sont chargés du peloton. Grandelet prend place dans un auto-blindé « Greyhound » conduit par le brigadier belge Son. A l’aéroport, sur le tarmac, on reconnaît Munongo, Kibwe, Kitenge, tous Ministres de Tshombe ainsi que le colonel Vandewalle, le major Weber, le commandant Verdickt, Mme Betty Jacquemin, le capitaine d’aviation André Protin. - Photo ci-dessous Gerard Soete, Commmissionaire de la Police Katangaise.

De tout ce qui se passe, le brigadier suédois de l’ONUC présent à l’aéroport avec ses sept casques bleus se demande ce qu’il doit faire. Il est incapable de réagir face à tout ce remue-ménage.

Le Président de l’Etat du Katanga Tshombe était au ciné Palace en compagnie de Lucas Samalenge, Secrétaire d’Etat à l’information et du belge Etienne Ugeux, ils suivent un film « Liberté » du groupe helvétique « Réarmement moral » de Caux-sur-Montreux, en Suisse. Aussitôt averti de l’arrivée de Lumumba, Moïse Tshombe disparaîtra sur la pointe des pieds de la salle. Il se rend précipitamment en sa résidence...

L’avion est escorté devant le hangar militaire et est protégé par un demi-cercle de policiers militaires. Ceux-ci formés en tirailleurs se tiennent à environ 75 mètres autour de l’avion. Ils tournent le dos à l’appareil. Un auto-blindé, des camions et des jeeps militaires entourent l’avion. Une vingtaine de gendarmes font fait la haie entre l’avion et une jeep qui s’en approche. Dès que la porte s’ouvre, deux militaires d’escorte apparaissent les premiers dans l’embrasure de l’avion, mais reculent par instinct de conservation à la vue des troupes katangaises et belges. Finalement, Ferdinand Kazadi et Jonas Mukamba sortent les premiers. Ils sont accueillis au pied de la passerelle par Munongo, Kibwe et Kitenge, les Belges Gat, Protin et Michels et échangent quelques mots de passe. Puis, apparaissent les trois prisonniers, menottés et reliés par une corde. Ils gardent encore des traces de sparadraps ou de bandes adhésives sur leur visage et descendent par leurs propres moyens.

Lumumba est en pantalon kaki déchiré, sa chemise blanche est tachée de sang. C’est la même qu’il garde depuis son arrestation, le 2 décembre 1960 à Bolongo-Lodi. Son visage est tuméfié. Sa barbiche est à demi arrachée, de même qu’une partie de sa chevelure. Munongo éructe de colère, il ne veut pas que Lumumba souille le sol du Katanga. Les militaires kalonjistes qui suivent les prisonniers les poussent et les font dégringoler les dernières marches. Ils sont aussitôt cueillis par les policiers militaires qui les traînent sur la plate-forme de la jeep comme des sacs et en s’asseyant sur les rebords, les militaires posent leurs pieds sur eux.

Des précautions d’usage avaient effectivement été prises pour garder les dernières images de ces infortunés. En effet, un photographe belge du service de l’information du Katanga, Albert Pirard prend des photos. Aucune de celles-ci sur cet événement n’a été diffusée jusqu’à ce jour. En outre, l’Australien Dixon filmait la scène de l’intérieur de l’avion, comme il l’avait fait durant le vol. Le film est à ce jour porté disparu, mais se trouverait dans les archives de la Sûreté sud-africaine.

Emmanuel-Kandolo


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Message  Emmanuel-Kandolo 25/8/2009, 11:40 pm

La dernière lettre de Patrice Lumumba

Essayant de gagner la province du Kasaï contrôlée par ses partisans fin novembre 1960, Lumumba est capturé. De sa prison, il écrit à sa femme Pauline.

Ma compagne chérie,

Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du tromphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-Unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu.

Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. Que pourrai je dire d’autre ?

Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.

Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu’on dise que l’avenir du Congo est beau et qu’il attend d’eux, comme il attend de chaque Congolais, d’accomplir la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance et de notre souveraineté, car sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.

A mes enfants que je laisse et que peut-être je ne reverrai plus, je veux qu'on dise que l'avenir du Congo est beau

Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté.

Vive le Congo !

Vive l’Afrique !

Emmanuel-Kandolo


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Message  Invité 26/8/2009, 12:40 am

Merci bcp pour le recit,
nazo tanga nanu malembe malembe,
c vraiment très bien,merci encor.
a+

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