L'humiliante défaite appelle une valse de démissions

Notre Onze national congolais a été superbement humilié à domicile par les Lions de la Teranga du Sénégal. L'équipe sénégalaise a fait une promenade de santé, dimanche 5 septembre 2010 au stade Kibassa Maliba de Lubumbashi, à l'issue d'une rencontre de football à sens unique dans le cadre de la première journée des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations, Can Gabon/Guinée Equatoriale 2012. Les fauves congolais se retrouvent dans le groupe E avec le Cameroun, l'Ile Maurice ainsi que son bourreau du dimanche dernier, le Sénégal. Déjà absente aux deux dernières éditions de la Can, la RDC risque une fois de plus de briller par son absence au prochain rendez-vous de la grande messe du football africain, prévu au Gabon - Guinée Equatoriale en 2012.

Une rencontre à sens unique, nous n'avons pas trop exagéré pour le dire car la douche froide que les Léopards de la RDC ont reçue, relance le débat sur la gestion du sport roi dans notre pays. 4 buts contre 2, ce score fait rêver plus d'un férus du ballon rond, surtout que les fauves congolais évoluaient dans leurs propres installations.

L'équipe nationale congolaise a fait flop, après deux rendez-vous manqué suite à l'improvisation et à l'impréparation. Sous d'autres cieux, une telle humiliation appellerait certains dirigeants à rendre le tablier, en commençant par les dirigeants de la Fédération congolaise de football (FECOFA), l'instance supérieure du football en République démocratique du Congo. Une ASBL gérée de façon cavalière par Constant Omari qui ne peut pas couler seul. Avec lui, certains dirigeants du ministère de la Jeunesse, Sports et Loisirs, férus des "commissions".

En effet, appelés à donner des vraies orientations au gouvernement quant à la gestion du football dans notre pays, les dirigeants de la FECOFA, qui ne lésinent pas sur les moyens financiers mis à leur disposition par le gouvernement, les ententes et les ligues, se complaisent à offrir aux Congolais un spectacle désolant. La rencontre du dimanche dernier a été une parfaite illustration pour tous ceux qui pensent que ces dirigeants doivent démissionner en bloc.

De un, instance dirigeante du football en RDC, la FECOFA a laissé une équipe des Léopards constituée pour la plupart que par des nouveaux, venir se produire en ordre dispersé. La légèreté des dirigeants sportifs congolais dans la préparation de l'équipe nationale a donc provoqué le naufrage des Léopards face aux Lions de la Teranga, pourtant déterminés à prendre une longueur d'avance sur leurs adversaires. Une séance d'entrainement devant des spectateurs katangais ébahis n'a pas ému Constant Omari et ses poulains.

Au stade de la Kenya, lors de la rencontre Léopards-Lions de la Teranga, on a entendu les spectateurs exiger la démission de Constant Omari, à coup d'œufs et des pierres…Pourtant, les dirigeants de la FECOFA et tous les satellites qui gravitent tout autour étaient plus que rassurants et rassurés lors de leur déplacement pour la capitale cuprifère. Mais les esprits lucides et avertis ne présageaient rien de bon.

Du côté du staff dirigeant de l'équipe nationale, Robert Nouzaret n'a pris ses fonctions qu'au mois d'août, à quelques semaines du match. Le match de préparation annoncé avec pompe contre l'équipe du Niger n'a pas eu lieu, à cause de l'arrivée tardive des " joueurs professionnels ", la plupart rappelés à coup des commissions. On a vu une équipe des Léopards sans âme prendre l'avion à Kinshasa pour L'shi.

De deux, des dirigeants du ministère des Sports qui sont sensés servir de courroie de transmission entre la FECOFA et le gouvernement, trouvent "suffisamment du temps" pour s'entretenir avec la presse, marketing politique oblige, au lieu de s'attaquer à l'essentiel en ce moment précis où notre équipe nationale est engagée dans une si haute compétition continentale. On preste donc à la vaille que vaille, à l'à peu près et par défi. Pour défier qui ? Pour preuve, le football de notre pays est très mal géré en telle enseigne que le budget lui alloué ne dépasse pas les 2%. Et pourtant, il revient au ministère de la Jeunesse, Sports et Loisirs de convaincre par une politique cohérente et efficace. Mais à la place, l'on assiste plutôt à des discours triomphalistes et propagandistes. Même si l'on est sous le coup d'un mandat politique, le gouvernement a assigné à ces dirigeants du ministère des objectifs spécifiques pour redorer le blason terni de ce secteur des sports. Mais sur terrain, c'est plutôt le contraire.

La rencontre du dimanche a donc démontré toutes ces faiblesses. De la FECOFA au ministère des Sports, tout le monde porte cette responsabilité. Les dirigeants sénégalais qui ont conduit leur équipe à mieux se préparer, grâce à une politique cohérente au bénéfice du football, ont donné une leçon de … morale aux dirigeants sportifs congolais. Ceux-là même qu'on retrouve dans des night clubs, des terrasses et autres gargotes de Kinshasa entrain de se trémousser au rythme de chansons obscènes.

Que gagne le pays avec cette catégorie des dirigeants ? Rien, en tout cas rien, à moins qu'on nous prouve le contraire.

Quatre jours après la défaite de la RDC contre le Sénégal (2-4), le sélectionneur des Léopards Robert Nouzaret s’est exprimé sur cette débâcle dans un point de presse tenu jeudi 9 septembre au siège de la Fédération Congolaise de Football Association Fecofa (Fecofa).

Raisons de la débâcle

Robert Nouzaret attribue la défaite de l’équipe nationale à beaucoup d’aspects. Il explique :

«A ce jour la RDC n’a pas les mêmes qualités, valeurs individuelles et niveau tactique que les joueurs Sénégalais et Camerounais. Aussi nous avons encaissé beaucoup de buts à cause des erreurs individuelles, que nous pouvons minimiser, car nous n’avons pas fait une bonne préparation depuis le début. Enfin cette défaite est la conséquence logique de la mauvaise préparation de l’équipe depuis 2006 à ce jour.»

A la question du choix des joueurs attribué à son adjoint Santos Mutubile, le sélectionneur déclare :

«Je suis le seul responsable, la composition était un travail d’ensemble, mon adjoint Otis Ngoma pour les joueurs évoluant en Europe, Santos Mutubile pour les joueurs locaux, avec les conseils des autres techniciens voir Diego Garzito (ancien entraîneur de Mazembe). Mais la dernière décision sur le choix des joueurs c’était moi en ma qualité d’entraîneur principal. Je ne suis pas là pour faire plaisir aux Européens ni aux joueurs locaux, mon souhait est de faire la meilleure équipe possible.»

Pour la suite de la compétition Robert Nouzaret reste optimiste :

«Rien n’est encore perdu pour la qualification, nous pouvons surprendre le Cameroun malgré le mauvais début contre le Sénégal, sauf que je ne suis pas un sorcier ni magicien. Il suffit de mettre en place un processus de reconstitution de l’effectif de l’équipe nationale, organiser la défense, avoir un leader qui peut commander l’attaque ainsi que toute l’équipe au cours d’un match.»

Pourquoi démissionner ?

Quant à sa démission réclamée par certains sportifs congolais et journalistes présents dans la salle, le sélectionneur de la RDC rétorque :

«Si je démissionne maintenant cela signifie que je manque de courage. Pourquoi démissionner ? J’ai géré deux matches seulement depuis mon arrivée, tout ce que j’ai demandé pour l’instant je l’ai obtenu, j’ai l’expérience de savoir ce qu’il faut faire pour améliorer l’équipe. La seule chose qui peut m’obliger à démissionner, est si demain je n’obtiens pas tout qui est nécessaire pour mon travail.»

S’envole pour la France

L’entraîneur de l’équipe nationale quitte Kinshasa jeudi 9 septembre dans la soirée pour la France.

Là, il va s’entretenir avec les cadres de l’équipe nationale de la RDC qui évoluent aux championnats européens, afin de dissuader ceux qui n’étaient pas présents lors match contre le Sénégal.

Ensuite, Robert Nouzaret va s’atteler à préparer en Europe le prochain match contre le Cameroun.

Entre temps à Kinshasa, son adjoint Santos Mumtubile s’occupera des joueurs locaux, ça sera sans les joueurs de TP Mazembe de Lubumbashi qui préparent, comme tout le monde le sait, la Ligue des champions de la Caf.
http://radiookapi.net/sport/2010/09/09/foot-robert-nouzaret-s%E2%80%99exprime-apres-la-defaite-des-leopards/