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« JE NE SUIS PAS VOTRE NÈGRE » ! UN ÉBLOUISSANT RÉQUISITOIRE SUR LA QUESTION RACIALE EN AMÉRIQUE (ET DANS LE MONDE(!?)) !

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« JE NE SUIS PAS VOTRE NÈGRE » ! UN ÉBLOUISSANT RÉQUISITOIRE SUR LA QUESTION RACIALE EN AMÉRIQUE (ET DANS LE MONDE(!?)) ! Empty « JE NE SUIS PAS VOTRE NÈGRE » ! UN ÉBLOUISSANT RÉQUISITOIRE SUR LA QUESTION RACIALE EN AMÉRIQUE (ET DANS LE MONDE(!?)) !

Message  ndonzwau 30/4/2017, 8:37 pm

« JE NE SUIS PAS VOTRE NEGRE » est le titre (et le sujet) d’une émission « théma » d’Arte diffusée mardi dernier 25 avril (encore visible en ligne sur Arte et aussi à partir de RFI) mais surtout le titre d’un film de Raoul Peck (nommé aux Oscars) qui doit sorti en salles en France cette semaine, déjà sorti aux Etats Unis !

C’est un documentaire consacré à l'écrivain américain James Baldwin malheureusement peu connu (en France) à mon goût : « sa pensée forte s’est attaquée aux tourments américains, à son identité fracturée, à la question noire et à l’ignorance blanche et qui n’a rien perdu, les années passant, de son tranchant. Elle a l’insigne mérite de remettre violemment les idées en place en ces temps troubles… » et à voir la récupération heureuse qu’une jeunesse noire militante en France en fait aujourd'hui , c’est en partie réussi ! (A signaler en passant que dans la version française c’est le « célèbre » Joey Starr qui double plutôt brillamment James Baldwin !)

« Le film a comme point de départ un manuscrit laissé inachevé par Baldwin, mort en 1987, des notes prises en vue de l’écriture de « Remember this house (souviens-toi de cette maison) ». Il comptait le consacrer à trois leaders des droits civiques aux Etats-Unis, tous assassinés dans les années 1960: Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King. Moins dissemblables que l’histoire n’a bien voulu le laisser croire, ils étaient amis de Baldwin, et ont surtout, à la fin de leur vie, convergé dans leurs luttes. Si Raoul Peck s’appuie sur d’autres textes de Baldwin, notamment le brillant « The Devil Finds Work », consacré à Hollywood (dont on n’a pas connaissance d’une traduction, pourvu que ça change), son film peut être vu comme la deuxième étape d’une magnifique course de relais, reprenant ‘Remember this House où Baldwin l’avait laissé.

Car, non content de raconter les destinées des trois leaders noirs, et de puiser abondamment dans les écrits de Baldwin (la voix off est assurée par Samuel L Jackson pour la VO, Joey Starr pour la VF), Raoul Peck les juxtapose à des scènes d’actualités, notamment du mouvement ‘Black Lives Matter’, démontrant habilement que la pensée de l’écrivain a gardé sa pleine vérité, notamment lorsqu’il énonce ceci : que le racisme constitutif de la nation américaine resterait son pire ennemi, tant que les mensonges fondateurs du pays (massacre des Indiens, esclavage des noirs) ne seraient pas exhumés et exposés au grand jour.
Et que les blancs, et la culture dominante (car blanc est synonyme de pouvoir, ici comme ailleurs), ont, en inventant la figure du «nègre», créé un exutoire à leurs propres terreurs, leur violence rentrée, leur «sexualité immature», le grand vide émotionnel de leur existence, vouée à une consommation toute puissante et anesthésiante.

Obama, heureux accident

Le propos, qui renverra chacun à son imaginaire et à ses préjugés, parfois douloureusement, est développé par un montage habile : aux scènes quasi insoutenables d’humiliations subies par une enfant noire se rendant, suite aux lois de déségrégation, dans une école blanche, Peck interpose des séquences joyeuses et idiotes de films de l’époque, où les blancs s’amusent entre eux, où les noirs n’apparaissent qu’aux marges, souvent en position servile. Et tandis que la voix de Baldwin évoque les corps de ses frères morts, ce sont les visages de ‘Trayvon Martin’ ou d’’Eric Garner’ qui surgissent. La démonstration fait de l’élection d’Obama un heureux accident, et de celle de Trump l’accomplissement d’une destinée manifeste dévoyée.

Si le film est captivant, c’est aussi parce qu’y apparaissent des extraits d’émissions télévisées où Baldwin, extraordinaire orateur, brille d’élégance et d’intelligence, son doux parlé staccato, sa manière faussement nonchalante vous décillant les yeux d’un coup sec. Ils font regretter l’âge d’or de la télévision, livrant aussi une critique implicite de l’’entertainment’ contemporain : qui, aujourd’hui, inviterait ce genre de penseur à discourir, et aussi longtemps, avec une telle liberté de ton? (C’est évidemment l’endroit où l’on souhaite féliciter Arte de s’être lancée dans la coproduction du documentaire).

Quels enseignements tirer d’un tel film? Ils sont innombrables et ne concernent pas seulement les Etats-Unis. Mais on aimerait aujourd’hui rappeler la puissance d’une idée toute simple, et pourtant trop rarement énoncée : qu’en maltraitant les siens, un pays tout entier s’avilit et se condamne à la catastrophe. C’est ce message passé de mode que ce beau film martèle, et que Baldwin lui-même martelait, refusant que le «problème noir» soit vu autrement qu’un problème américain, un défi lancé au pays tout entier. »
° http://next.liberation.fr/cinema/2017/04/25/je-ne-suis-pas-votre-negre-magistrale-genealogie-du-racisme-aux-etats-unis_1565279

Voici le film :





° http://www.arte.tv/fr/videos/051638-000-A/je-ne-suis-pas-votre-negre
° http://www.rfi.fr/culture/20170216-raoul-peck-racisme-etats-unis-black-lives-matter-james-bladwin-berlinale-cinema
(“Je ne suis pas votre nègre” : le docu magistral de Raoul Peck sur la lutte pour les droits civiques)
° http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/je-ne-suis-pas-votre-negre-le-docu-magistral-de-raoul-peck-sur-la-lutte-pour-les-droits-civiques/
(“On a occulté l’œuvre de Baldwin. Or pour moi cette parole était nécessaire, urgente et fondamentale pour comprendre le monde actuel. Je ne supportais pas l’idée qu’il tombe dans l’oubli et qu’on puisse le piller sans le citer”...)
° http://www.premiere.fr/TV/News-Tele/Je-ne-suis-pas-votre-negre-un-essai-douloureux-sur-la-lutte-des-races
° http://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2017/04/29/trois-documentaires-exceptionnels-notre-choix-de-replay_5119824_1655027.html
° http://www.la-croix.com/Culture/TV-Radio/Je-suis-votre-negre-face-sombre-lidentite-americaine-2017-04-25-1200842193
° https://blogs.mediapart.fr/pol/blog/250417/je-ne-suis-pas-votre-negre


A regarder absolument !

{En complément aux enseignements plus évidents évoqués ci-dessus - le « problème noir », un défi toujours d'actualité et bien plus vaste, humain et pourquoi pas mondial -, ce documentaire m’a renvoyé personnellement à la nécessité toujours présente de ce « combat de et pour l‘homme noir » partout où il se trouve, souvent en dominé et exploité mais davantage en même temps que les actions « politiques », à travers l’intelligence que le Nègre se doit de développer de son patrimoine passé, ses droits passent ainsi par sa production historiographique et sociologique sur lui-même !
J’ai alors pensé au travail d’un Cheikh Anta Diop (CAD) sur l’« Egypte nègre » d’il y’a déjà 65 ans qui revalorisait le savoir volé de sa civilisation par une succession des « représentants intellectuels occidentaux » dès le XVIIIème siècle soit en déformant les découvertes et productions de l’Antiquité avec une lecture européocentrée soit en appuyant sans sens critique ceux-ci !

Je résumerais ma principale préoccupation à travers une anecdote personnelle : il y’a plus de deux ans j’avais devisé avec mes enfants et ma famille sur le silence de la CI à propos de la tragédie du Congo – la plus cruelle depuis la Seconde Guerre mais ignorée des opinions mondiales -, et avais acheté et leur avais distribué à l’époque des exemplaires poches du livre de Van Reybrouck ('Congo. Une histoire') mais à l'occasion aussi du livre de CA Diop (‘Nations nègres et Culture’) en soulignant à propos de ce dernier, que malgré leur brillante érudition, les démonstrations de CAD sont restées ignorées par l’establishment politique mais aussi intellectuel occidental…
L’Africain, l’Homme Noir a obligation continuelle et hardie de défendre sa dignité d’être humain et d’acteur mondial : avec Baldwin et d’autres mais aussi avec CAD et d’autres cette lutte reste d’actualité dans tous les secteurs avec leurs héritiers que nous sommes, rien ne nous sera donné…}


Compatriotiquement!


PS
Raoul Peck
est aussi l’auteur en 1991 du film «  Lumumba, la mort du prophète » ! Militant des droits de l’homme et « panafricain » il fut « opposant haïtien » aux Duvalier mais pratiqua aussi enfant le Congo où ses parents firent partie des « cadres haïtiens » recrutés au lendemain de l’indépendance dans le but de remplacer les belges qui fuirent en catastrophe, laissant un Congo indépendant fort démuni des cadres…



# Si haut que l'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul #
# Que faisait Dieu avant la création ? De toute éternité, il préparait d'épouvantables supplices pour celui qui poserait cette question. #

ndonzwau


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