Les dernieres photos du corp de notre Heros Armand Tungulu(Incroyable)

Armand Tungulu Mudiandambu : Cinq années déjà! 
 

Manifestation à Bruxelles après l’annonce de l’assassinat d’Armand Tungulu Mudiandambu

Ci-après l’article de Congo Indépendant mis en ligne le 14 octobre 2014

RD Congo : Le PGR disqualifié

En l’espace d’une douzaine de jours, le Parquet général de la République (PGR) de la RD Congo s’est fendu de deux communiqués au sujet de l’affaire Armand Tungulu Mudiandambu. Il s’agit de ce citoyen congolais qui a créé l’événement le mercredi 29 septembre 2010 en lapidant le cortège de «Joseph Kabila» sur l’avenue du 24 novembre à Kinshasa.

Dans le premier communiqué daté du samedi 2 octobre, le PGR, sous la signature de son directeur de cabinet, le 1er avocat général de la République (1er AGR), Tasile Tasilo, annonçait la mort de ce jeune bruxellois, ce même jour. Le «suicide» en serait la cause. Le second communiqué est «tombé» le mercredi 13 octobre. Ce dernier appelle quelques observations tant sur la forme que sur le fond.

Sur le plan de la forme, le directeur de cabinet du PGR a publié son texte sur le papier à en tête du Parquet général de la République portant cette mention supplémentaire : «Le Procureur général de la République.» Ce qui signifie que ce papier est réservé aux correspondances officielles du PGR ou de son délégué. Quel est le problème? Il est curieux de constater que la signature du directeur de cabinet Tasile Tasilo n’est nullement précédée par la mention «Pour le Procureur général de la République», «Par ordre» ou "Par délégation" pour souligner que le "1er AGR" agit non pas en son nom propre mais par délégation. Inutile de dire que la délégation de compétence ou de signature ne se présume pas. C’est une question de respect de la légalité. "Le 1er AGR" a en quelque sorte usurpé un titre qu’il n’a pas. Le Procureur général de la République Flory Kabange Numbi a-t-il voulu éviter de se mouiller dans une affaire scabreuse aux implications imprévisibles en laissant la "patate chaude" à son second?

S’agissant du fond, le directeur de cabinet du PGR écrit «consécutivement à son communiqué, du 02 octobre 2010, annonçant le décès de Monsieur Tungulu Mudiandambu Armand et de la réquisition faite au médecin légiste pour déterminer les causes du décès, le Parquet Général de la République informe l’opinion que l’autopsie requise n’a pas encore été effectuée étant donné que malgré les efforts entrepris, aucun membre de la famille du défunt ne s’est présenté en vue d’identifier formellement le défunt, condition préalable à toute pratique d’autopsie.» Et d’ajouter : «Aussi, le Parquet Général de la République demande aux membres de la famille du défunt de se faire connaître auprès de l’Auditorat Supérieur près la Cour d’appel de la Gombe en appelant respectivement aux numéros 0997740379 et 0998511338 ; ou encore auprès de l’Ambassade de la RDC à Bruxelles, en Belgique.»

C’est une honte pour la justice congolaise. C’est une honte de constater que les plus hauts magistrats du Parquet général de la République ne sont que des minables «super menteurs». Et dire que ces hommes ont pour mission de dire le droit. Au lieu de mettre la société congolaise à l’abri des comportements asociaux par une lutte sans merci contre l’impunité, ces magistrats se sont inféodés au pouvoir politique en se mettant au service du «mensonge d’Etat».

Est-il besoin de rappeler les faits? Armand Tungulu Mudiandambu a été arrêté et tabassé au vu et au su des passants avant d’être embarqué dans une Jeep par des éléments de la garde présidentielle. C’était le mercredi 29 septembre. Il a été gardé à vue au camp Tshatshi au-delà du délai légal de 48 heures. Il n’a pas été mis à la disposition d’une autorité judiciaire malgré l’écoulement de ce délai. Pire, il n’a pas eu le droit d’"entrer immédiatement" en contact avec sa famille ou son conseil. Bref, depuis le 29 septembre, "Armand" n’a pas été revu par ses proches. Encore moins après sa mort. En réalité, aucune autorité judiciaire ou administrative ne s’est efforcée de prendre langue avec les membres de sa famille après l’annonce de son décès. Nous n’avons pas cessé de dénoncer dans ces colonnes que ce "dossier" était géré par "Kabila" seul. Rien n’indique que le détenu a bénéficié d’un traitement nécessité par son état de santé. Cela s’appelle non assistance à personne en danger. Est-il besoin de souligner que Armand Tungulu Mudiandambu est mort en détention arbitraire dans un cachot tenu par des éléments de la garde prétorienne de «Joseph Kabila»? «La personne humaine est sacrée, proclame le premier alinéa de l’article 16 de la Constitution de la RD Congo. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger.» "Tout détenu doit bénéficier d’un traitement qui préserve sa vie, sa santé physique et mentale ainsi que sa dignité", énonce le cinquième alinéa de l’article 18. Du bla-bla?

Dans son communiqué daté du samedi 2 octobre, le directeur de cabinet du PGR écrivait notamment : «Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes du décès de M. Tungulu Mudiandambu Armand; de même que le médecin légiste a été requis pour fixer les enquêteurs sur les causes réelles et l’heure de son décès.» Que sont devenus les résultats de ces investigations? Quid du diagnostic établi par le médecin légiste appelé à la rescousse?

Le directeur de cabinet du PGR a menti sciemment en alléguant dans le communiqué daté du 12 octobre que «l’autopsie requise n’a pas encore été effectuée» au motif qu’«aucun membre de la famille du défunt ne s’est présenté en vue d’identifier formellement le défunt, condition préalable à toute pratique d’autopsie.» Tungulu a plusieurs membres de sa famille à Kinshasa. C’est le cas notamment de sa mère qui vit dans la commune de Matete. Où devaient-ils se présenter? Au camp Tshatshi? A l’ANR? Quelle est l’autorité qui a essayé de les rencontrer? Pourquoi le PGR a-t-il attendu le mardi 12 octobre, soit dix jours après l’annonce officielle du décès du détenu, pour inviter les parents du défunt «à se faire connaître auprès de l’Auditorat Supérieur près la Cour d’Appel de la Gombe en appelant respectivement aux numéros 0997740379 et 0998511338 ou encore auprès de l’Ambassade de la RDC à Bruxelles, en Belgique»? Pourquoi un administrateur de l’ANR a lui aussi attendu la journée de mardi 12 octobre pour amorcer un "timide contact" avec les proches de Tungulu? Le directeur de cabinet du PGR ignore sans doute que les amis et parents de feu "Armand" ont tenté en vain de rencontrer l’ambassadeur à Bruxelles, Henri Mova Sakanyi.

En se mettant au service du mensonge d’Etat et des intérêts mafieux du «clan kabiliste» au détriment de l’intérêt général, le Procureur général de la République Flory Kabange Numbi s’est disqualifié. Il constitue désormais un grave danger pour les droits et libertés. Son maintien à ce poste ne peut que retarder l’avènement d’un Etat impartial. Un Etat institutionnalisé qui, au-delà des contingences partisanes, fonctionne sur base des règles générales et impersonnelles. S’il avait un minimum de sens de l’honneur, le PGR Kabange Numbi devrait se démettre de ses fonctions. Il en est de même des membres de son équipe. Ils sont indignes et incapables d’assumer des fonctions qui requièrent un minimum de vertu. Un minimum d’exemplarité.

Baudouin Amba Wetshi
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